L'idée de volonté générale est-elle une illusion ?
Publié le 22/07/2004
Extrait du document

Souvent utilisée dans le vocabulaire politique, la notion de volonté générale recouvre cependant des acceptions très différentes, voire contradictoires, selon qu'on la rapporte à la théorie politique ou aux cas concrets des régimes en vigueur. Dans l'œuvre de Rousseau, la volonté générale joue un rôle fondamental, en autorisant la conciliation de deux exigences apparemment antinomiques : la liberté individuelle et la souveraineté collective. En effet, le problème central du Contrat Social peut se formuler ainsi : « Trouver une forme d'association qui défende et protège de toute la force commune la personne et les biens de chaque associé, et par laquelle chacun s'unissant à tous n'obéisse pourtant qu'à lui-même et reste aussi libre qu'auparavant. « Le concept de volonté générale, selon Rousseau, apporte la solution à cette difficulté. Dans l'instauration de toute communauté politique organisée, chaque individu contracte avec le corps politique tout entier conçu comme personne morale, et dont il est lui-même partie intégrante. Ainsi chaque individu est envisagé simultanément comme membre du souverain, donc comme législateur, et comme particulier, donc sujet. Il en va de même à chaque décision prise par l'ensemble de la collectivité. Par conséquent, en obéissant à la volonté générale, le citoyen ne s'aliène pas, il ne délègue pas son pouvoir de décision à une instance étrangère ; il ne fait qu'obéir à une loi qu'il s'est lui-même prescrite. En effet, la volonté générale s'identifie à sa propre volonté lorsque, délaissant son intérêt particulier, celle-ci délibère et statue « dans le silence des passions «, en ayant en vue la seule utilité du groupe. S'il fait abstraction de ses désirs personnels et n'écoute que sa raison, chaque individu exprimant un avis doit rencontrer l'intérêt général. Fruits de la raison et dénuées de toutes passions, les délibérations individuelles doivent dégager, dans des conditions normales, ce qui est utile au groupe. La décision prise dans ces conditions n'est autre que la loi.
Liens utiles
- La volonté générale décrite par Rousseau est-elle la solution idéale pour gérer les rapports humains ?
- Rousseau et la volonté générale
- « Il semble bien, dit Bergson, que nous ne débutions ni par la perception de l’individu, ni par la conception du genre, mais par une connaissance intermédiaire, par un sentiment confus de qualité marquante on de ressemblance. » En vous inspirant de ce texte ou en le discutant, vous rechercherez comment nous dégageons et formons une idée générale.
- ROUSSEAU: Comment le suffrage individuel peut-il se tromper dans le repérage de la volonté générale ?
- La volonté peut-elle être générale ?