Devoir de Philosophie

L'ignorance est-elle une faute ?

Publié le 28/10/2010

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Ignorer, c'est le fait de ne pas savoir. L'ignorance est donc un défaut de connaissance vraie. Dès lors dans une logique qui serait celle de la recherche de la vérité et de l'acquisition du savoir, l'ignorance représenterait une déficience, une altération, voire un échec qu'il faudrait condamner comme une faute, le bien étant ici la certitude ou le savoir. De même, en matière de morale ou de m' urs, l'ignorance peut être préjudiciable à l'harmonie de la communauté car si je suis ignorant des conséquences de mes actes, je peux alors être jugé inconscient ou irréfléchi. Pensons un moment à cette « fiction « juridique qui apparaît comme nécessaire : « Nul n'est sensé ignorer la loi «, selon la police. En effet, l'ignorance ne peut en rien être une excuse ici et le savoir de la loi est la condition nécessaire pour vivre ensemble, en commun, sous les mêmes lois. L'ignorance, dans les deux cas, m'éloigne alors de la raison. Pourtant l'ignorance est peut être préférable à l'état de celui qui croit savoir mais ne sait pas. En effet, il vaut mieux ne rien savoir du tout que de prendre pour vrai ce qui n'est que vraisemblable. Ainsi Socrate a dit qu'il n'y a avait qu'une chose qu'il savait c'était qu'il ne savait pas. L'ignorance, suivant ce sens, est peut être ce qui nous permet d'avancer pas à pas vers la vérité, en étant un point de départ dont nous devons convenir pour ne pas être dans l'illusion et le préjugé. L'ignorance c'est donc l'absence de préjugés et d'aprioris, ce qui équivaut au doute puisque douter, c'est supposer que l'on ignore ce que l'on pensait savoir. Ainsi, l'ignorance peut être un bien car elle est le point de départ de la philosophie et de la science. Elle ne doit pas être une fin, mais elle nous apprend que mieux vaut ne rien savoir que de savoir mal. Donc l'ignorance est-elle male?, Une telle interrogation peut prendre deux acceptions différentes : en effet le sens de faute peut appartenir au langage courant, et, dans ce cas l'idée est banale (le manque de connaissance est compris comme dommageable), ou la faute appartient au registre moral et s'oppose alors au Bien, signifiant que l'ignorance est condamnable au nom d'une certaine éthique. La philosophie a toujours opposé le Bien et le Mal du point de vue de la morale. On ne peut pas penser l'un des deux termes sans l'autre, aussi bien dans la philosophie antique que moderne. "Et il est certain que ce sont nos sentiments, et non la raison, qui distinguent le bien et le mal en morale [...]." D. Hume. Il apparaît alors qu'aucune perspective spécifiquement rationnelle ne parvienne à approcher les notions, et qu'en fait nous en ayons une perception plutôt intuitive, profondément déterminée en outre par notre appartenance culturelle. Ainsi nous verrons comment l'ignorance peut être entretenue ensuite nous étudierons comment l'ignorance peut être mise à mal enfin nous connaîtrons les limites de l'ignorance… Le Christianisme a associé l'ignorance à une valeur ("Heureux les pauvres par l'esprit, les ignorants car le Royaume de Dieu est à eux" Augustin, Sermon sur la Montagne), imposant le silence au peuple et faisant admettre à celui-ci que la compensation à son asservissement lui serait donnée après la mort. L'intérêt du pouvoir a toujours été de maintenir la société dans un certain degré d'ignorance afin de préserver sa domination sans menace et sans risque. Dans ce cas, tout un discours officiel a été prononcé visant à considérer que l'absence de savoir ne pouvait être tenue pour négative. Il allait de soi que dans le même temps le savoir était l'affaire de spécialistes, de clercs qui avaient seuls les possibilités de réflexion et d'action et appartenaient à une caste régissant l'ensemble d'un État. « La connaissance des vérités nécessaires et éternelles est ce qui nous distingue des simples animaux et nous fait avoir la raison et les sciences, en nous élevant à la connaissance de nous-mêmes et de Dieu. « Leibniz, La Monadologie. Ainsi le pouvoir rend despotique, à l'image de l'Eglise, cependant cet obscurantisme forcé fut progressivement vaincu par la Science ou autre Philosophie… La pression de l'Église mettant la parole biblique en avant et associant celle-ci à une vérité, à contribué à la persécution des savants à la recherche de vérités authentiques. On se souvient du combat des grands physiciens, comme Galilée à qui on avait reprocher sa contre argumentation sur physique d'Aristote et du géocentrisme de Ptolémée, soit la Création et de la Terre comme centre du monde. Ces luttes sont la traduction de l'idée que l'ignorance est un mal, une faute, puisque ces scientifiques ont dû, au péril de leurs propre vie, tenter de faire admettre un certain nombre de connaissances qui devaient par la suite faire considérablement avancer l'humanité. On peut mentionner la dissection interdite mais pratiquée clandestinement et qui seule à permis le développement de la biologie et de la médecine. Il s'agissait alors de faire l'éloge de la Science, science qui signifie par ailleurs la connaissance, terme qui avec le temps nécessite un pluriel (les sciences), car l'exactitude mathématique ou physique ne suffit pas à la progression de la pensée : « La philosophie n'est pas contraire à la science, elle se comporte elle-même comme une science, travaille en partie avec les mêmes méthodes, mais elle s'en éloigne dans la mesure où elle s'accroche à l'illusion de pouvoir livrer une image du monde cohérente et sans lacune. « Freud, Nouvelles Conférences sur la psychanalyse. Grâce au progrès scientifique, l'humanité peut prendre conscience d'elle-même. Les réponses de la science permettent aux philosophes de trouver eux aussi des réponses à leurs questions. On peut donc penser l'interdépendance stricte des deux mouvements. Mais qu'appeler « progrès « ? C'est évoluer du moins bien vers le mieux, s'améliorer. Il s'agit d'un passage graduel, d'une marche allant dans le sens d'une amélioration. Le progrès sous-entend généralement la sortie de l'archaïsme, de l'obscurantisme, il semble accompagner l'idée de civilisation. Les « grandes « civilisations s'affirment par le biais du développement des sciences et des techniques, mais aussi par l'encouragement des arts, et la quête d'une qualité de la vie aussi bien morale que politique. « Le progrès n'est pas nécessaire d'une nécessité métaphysique : on peut seulement dire que très probablement l'expérience finira par éliminer les fausses solutions et par se dégager des impasses. Mais à quel prix, par combien de détours ? Il n'est même pas exclu en principe que l'humanité, comme une phrase qui n'arrive pas à s'achever, échoue en cours de route. « Merleau-Ponty. Ainsi l'obscurantisme imposé par le pouvoir qui entraîne l'ignorance à des limites… Si l'ignorance en tant que telle n'est pas une faute, tout au moins, elle y conduit. Platon a établi une hiérarchie des différents degrés de la connaissance, où l'on trouve en neuvième et dernière position le Tyran. Démontrant ainsi que celui qui est capable d'exercer une tyrannie sur autrui est avant tout un ignorant. C'est donc par la sottise que l'on en vient au mzl, à la faute. Car Platon part de la thèse que si tout homme est naturellement bon il ne peut pas vouloir faire de mal. De plus, il souligne le fait que l'on ne peut pas vouloir faire à autrui ce que l'on ne veut pas qu'il nous fasse à nous même. On ne peut donc pas désirer faire souffrir quelqu'un dans la mesure où l'on ne souhaite pas souffrir nous-même. Celui qui est donc capable de barbarie et d'exercer sa force comme un droit sur autrui est donc dépourvu de tout savoir et de toute connaissance. Il faut donc se méfier de l'homme ignorant. C'est en vue de la crainte de la tyrannie que Platon suggère que le gérant d'un État doit avant toute autre chose être savant donc par la même être un philosophe, ce qui n'est malheureusement pas le cas dans notre société actuelle, surtout en France avec l'équipe au pouvoir d'aujourd'hui... Car l'homme instruit saura faire la différence entre la faute du point de vue morale et le Bien et saura protéger la Cité. Il mettra son intelligence au service du peuple. Alors que l'homme ignorant est égoïste et ne pense qu'à son intérêt au détriment du bien de la cité. IL faut donc se méfier de celui qui ne sait pas. C'est dans le « Gorgias « de Platon que l'on trouve exposé le paradoxe à la Socrates : « Nul n'est méchant volontairement «. Cette thèse surprenante de prime abord doit être reliée aux deux autres : « Commettre l'injustice est pire que la subir « ; « Quand on est coupable il est pire de n'être pas puni que de l'être «. L'injustice est un vice, une maladie de l'âme, c'est pourquoi, nul ne peut vraiment la vouloir (on ne peut vouloir être malade), et la punition, qui est comparable à la médecine, est bénéfique à celui qui la subit. L'attitude commune face à la justice est résumée par Polos dans « Gorgias « et Glaucon au livre deux de la « République «. Les hommes souhaiteraient être tout-puissants et pouvoir commettre n'importe quelle injustice pour satisfaire leurs désirs. Il vaut donc mieux, selon eux, commettre l'injustice que la subir. Cependant, comme subir l'injustice cause plus de dommage que la commettre de bien, les hommes se sont mis d'accord pour faire des lois en vue de leur commune conservation. Nous ne sommes donc justes, en vérité, que par peur du châtiment. Si nous pouvions être injustes en toute impunité, comme Gygès qui possède un anneau le rendant invisible, nous agirions comme lui : nous ne reculerions devant aucune infamie pour nous emparer du pouvoir, devenir tyran. Bref, nous serions injustes pour satisfaire nos désirs. Platon réfute inlassablement cette thèse, cette hypocrisie qui consiste à ne vouloir que l'apparence de la justice, l'impunité, pour pouvoir accomplir n'importe quelle injustice. Le nerf de l'argument consiste à montrer que, en réalité, « Commettre l'injustice est pire que la subir «. C'est par une ignorance du bien réel que les hommes souhaitent pouvoir être injustes. Parce que nous confondons le bien apparent (le plaisir, la satisfaction immédiate des désirs les plus déréglés) avec le bien réel, la santé de l'âme. Nous croyons vouloir commettre l'injustice, alors que c'est impossible, que « nul n'est méchant volontairement «, parce que nous le voulons. Etre injuste est faire son malheur en croyant se faire plaisir. L'antagonisme, l'opposition entre le point de vue habituel et la position de Socrate est magnifiquement exposé par le débat entre Calliclès et Socrate, dans le « Gorgias «. Calliclès prétend : « Voici, si l'on veut vivre comme il faut, on doit laisser aller ses propres passions, si grandes soient-elles, et ne pas les réprimer . « Socrate pense, lui, que l'accès au bonheur, au Bien, « cela veut dire être raisonnable, se dominer, commander aux plaisirs et aux passions qui résident en soi-même «. Pour tenter de réfuter Calliclès, Socrate lui montrera que son idéal de mode de vie ressemble bien à une « passoire «. L'intempérance consiste à accumuler des plaisirs qui n'ont aucune consistance, à ne pas savoir se mesurer, se satisfaire, mais au contraire à être habité par des désirs tels que pour les combler il faut « s'infliger les plus dures peines «. L'erreur fondamentale de Calliclès est de confondre l'agréable et le bon, de confondre la démesure des désirs déréglés et irrationnels avec l'équilibre de la satisfaction véritable. C'est que l'injustice est une maladie de l'âme, et plus précisément encore la subversion d'un ordre. Le magnifique mythe de l'attelage ailé dans le « Phèdre « décrit d'une façon imagée ce qu'est l'âme. Elle est comparée à un attelage composé d'un cocher et de deux chevaux. L'un est blanc, docile, l'autre est noir, à les oreilles poilues et se montre sourd aux injonctions du cocher ; il menace ainsi l'équilibre de l'attelage. Il y a donc trois instance dans l'âme. Le cocher figure la raison, qui a pour tâche de diriger. Le « cheval blanc « représente le siège de l'honneur, de la colère. Le « cheval noir « symbolise l'âme concupiscible, siège des désirs, et plus précisément des désirs liés au corps. Or ces désirs ont pour caractéristiques d'être multiples, tyranniques, de ne rien respecter (Platon anticipe dans certaines descriptions sur tous les cas cliniques décrits par Freud). Or, la justice consiste d'abord dans le respect de la hiérarchie naturelle des trois instances, qui doivent s'ordonner sous la conduite de la raison. Se dominer, être maître de soi, tenir en bride le « cheval noir «, c'est faire régner l'ordre. L'injustice consiste au contraire dans la subversion de cet ordre, dans la prédominance que l'on accorde à l'âme concupiscible. C'est une maladie, une perversion, qui remet en cause la totalité de l'individu. Dans cette tyrannie du supérieur par l'inférieur, l'homme devient esclave des désirs sans frein ; c'est pourquoi il est nécessairement malheureux. Il devient incapable de jugement, d'honneur, et, au lieu d'être maître de soi, il est soumis à ce qu'il y a de plus bestial en lui. Céder aux passions, au désir, rêver d'être tyran est donc en fait rêver d'être impuissant, confondre ce qui est agréable avec ce qui est bon. Nul ne peut être véritablement maître des autres sans être d'abord maître de soi. Le projet d'hommes comme Calliclès est contradictoire : on ne peut à la fois être soumis à ses propres désirs et libre, être maître et serviteur. Le « Grogias « tissait la métaphore des deux tonneaux. L'homme maître de lui-même, ordonné, est celui qui sait combler ses désirs sans leur céder, accorder au corps ce qu'il faut. L'homme tyrannique poursuit sans trêve des plaisirs nouveaux, comme on verse du liquide dans un tonneau ; mais ce que ne sait pas cet être de la démesure, ce qu'il ne veut pas voir, c'est que sa conduite déréglée en fait un « tonneau percé «. Il peut sans fin accumuler les plaisirs : il ne sera jamais comblé, et s'épuisera en pure perte. Le dérèglement est donc d'abord une faute de jugement : c'est une incompréhension de ce qu'est le bien véritable, une confusion entre bon & agréable. Ainsi, il est clair que « Nul n'est méchant volontairement «. Eclairer les intelligences, c'est ipso facto redresser les conduites. Mais puisque l'injustice est une maladie de l'âme, une perversion de l'ordre, alors la punition est le remède approprié. Le châtiment est conçu par Platon comme analogue du médicament. On accepte la souffrance physique pour se soigner, pour réparer un mal, parce qu'on sait que le traitement enduré est finalement bénéfique. Il doit en aller de même pour l'âme : la souffrance endurée, là encore, doit être comprise comme nécessaire au rétablissement d'un équilibre que l'injustice avait compromis. C'est pourquoi, aussi paradoxale que paraisse la thèse, « il est pire de ne pas être puni que de l'être «. L'homme injuste impuni est semblable au malade abandonné à son sort. Platon inaugure la grande tradition de l'ascétisme. En un sens, toute notre morale est restée imprégnée des thèses platoniciennes, et il n'y a guère que Nietzsche pour avoir reconnu en Calliclès un modèle. Enfin, en conclusion au fait que l'ignorance soit une faute, c'est-à-dire qu'elle n'est pas le Mal (avec la diabolisation qui accompagne cette idée). Rousseau pose même que ce qu'un jugement hâtif nous ferait prendre pour un progrès ne serait en fait qu'un recul significatif de notre humanité : « Les hommes sont méchants ; une triste et continuelle expérience dispense de la preuve ; cependant, l'homme est naturellement bon [...] ; qu'est-ce donc qui peut l'avoir dépravé à ce point sinon les changements survenus dans sa constitution, les progrès qu'il a faits et les connaissances qu'il a acquises ? « J.-J. Rousseau, Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes. La nature renverrait à une forme de primitivité heureuse dégagée des pseudo-bienfaits de la connaissance.

 

« différents degrés de la connaissance, où l'on trouve en neuvième et dernière position le Tyran.

Démontrant ainsi quecelui qui est capable d'exercer une tyrannie sur autrui est avant tout un ignorant.

C'est donc par la sottise que l'onen vient au mzl, à la faute.

Car Platon part de la thèse que si tout homme est naturellement bon il ne peut pasvouloir faire de mal.

De plus, il souligne le fait que l'on ne peut pas vouloir faire à autrui ce que l'on ne veut pas qu'ilnous fasse à nous même.

On ne peut donc pas désirer faire souffrir quelqu'un dans la mesure où l'on ne souhaite passouffrir nous-même.

Celui qui est donc capable de barbarie et d'exercer sa force comme un droit sur autrui est doncdépourvu de tout savoir et de toute connaissance.

Il faut donc se méfier de l'homme ignorant.

C'est en vue de lacrainte de la tyrannie que Platon suggère que le gérant d'un État doit avant toute autre chose être savant donc parla même être un philosophe, ce qui n'est malheureusement pas le cas dans notre société actuelle, surtout en Franceavec l'équipe au pouvoir d'aujourd'hui...

Car l'homme instruit saura faire la différence entre la faute du point de vuemorale et le Bien et saura protéger la Cité.

Il mettra son intelligence au service du peuple.

Alors que l'hommeignorant est égoïste et ne pense qu'à son intérêt au détriment du bien de la cité.

IL faut donc se méfier de celui quine sait pas.C'est dans le « Gorgias » de Platon que l'on trouve exposé le paradoxe à la Socrates : « Nul n'est méchantvolontairement ».

Cette thèse surprenante de prime abord doit être reliée aux deux autres : « Commettre l'injusticeest pire que la subir » ; « Quand on est coupable il est pire de n'être pas puni que de l'être ».

L'injustice est un vice,une maladie de l'âme, c'est pourquoi, nul ne peut vraiment la vouloir (on ne peut vouloir être malade), et la punition,qui est comparable à la médecine, est bénéfique à celui qui la subit.L'attitude commune face à la justice est résumée par Polos dans « Gorgias » et Glaucon au livre deux de la «République ».

Les hommes souhaiteraient être tout-puissants et pouvoir commettre n'importe quelle injustice poursatisfaire leurs désirs.

Il vaut donc mieux, selon eux, commettre l'injustice que la subir.

Cependant, comme subirl'injustice cause plus de dommage que la commettre de bien, les hommes se sont mis d'accord pour faire des lois envue de leur commune conservation.

Nous ne sommes donc justes, en vérité, que par peur du châtiment.

Si nouspouvions être injustes en toute impunité, comme Gygès qui possède un anneau le rendant invisible, nous agirionscomme lui : nous ne reculerions devant aucune infamie pour nous emparer du pouvoir, devenir tyran.

Bref, nousserions injustes pour satisfaire nos désirs.Platon réfute inlassablement cette thèse, cette hypocrisie qui consiste à ne vouloir que l'apparence de la justice,l'impunité, pour pouvoir accomplir n'importe quelle injustice.Le nerf de l'argument consiste à montrer que, en réalité, « Commettre l'injustice est pire que la subir ».

C'est parune ignorance du bien réel que les hommes souhaitent pouvoir être injustes.

Parce que nous confondons le bienapparent (le plaisir, la satisfaction immédiate des désirs les plus déréglés) avec le bien réel, la santé de l'âme.

Nouscroyons vouloir commettre l'injustice, alors que c'est impossible, que « nul n'est méchant volontairement », parceque nous le voulons.

Etre injuste est faire son malheur en croyant se faire plaisir.L'antagonisme, l'opposition entre le point de vue habituel et la position de Socrate est magnifiquement exposé par ledébat entre Calliclès et Socrate, dans le « Gorgias ».

Calliclès prétend : « Voici, si l'on veut vivre comme il faut, ondoit laisser aller ses propres passions, si grandes soient-elles, et ne pas les réprimer .

» Socrate pense, lui, quel'accès au bonheur, au Bien, « cela veut dire être raisonnable, se dominer, commander aux plaisirs et aux passionsqui résident en soi-même ».Pour tenter de réfuter Calliclès, Socrate lui montrera que son idéal de mode de vie ressemble bien à une « passoire».

L'intempérance consiste à accumuler des plaisirs qui n'ont aucune consistance, à ne pas savoir se mesurer, sesatisfaire, mais au contraire à être habité par des désirs tels que pour les combler il faut « s'infliger les plus durespeines ».

L'erreur fondamentale de Calliclès est de confondre l'agréable et le bon, de confondre la démesure desdésirs déréglés et irrationnels avec l'équilibre de la satisfaction véritable.C'est que l'injustice est une maladie de l'âme, et plus précisément encore la subversion d'un ordre.

Le magnifiquemythe de l'attelage ailé dans le « Phèdre » décrit d'une façon imagée ce qu'est l'âme.

Elle est comparée à unattelage composé d'un cocher et de deux chevaux.

L'un est blanc, docile, l'autre est noir, à les oreilles poilues et semontre sourd aux injonctions du cocher ; il menace ainsi l'équilibre de l'attelage.

Il y a donc trois instance dansl'âme.

Le cocher figure la raison, qui a pour tâche de diriger.

Le « cheval blanc » représente le siège de l'honneur, dela colère.

Le « cheval noir » symbolise l'âme concupiscible, siège des désirs, et plus précisément des désirs liés aucorps.

Or ces désirs ont pour caractéristiques d'être multiples, tyranniques, de ne rien respecter (Platon anticipedans certaines descriptions sur tous les cas cliniques décrits par Freud).Or, la justice consiste d'abord dans le respect de la hiérarchie naturelle des trois instances, qui doivent s'ordonnersous la conduite de la raison.

Se dominer, être maître de soi, tenir en bride le « cheval noir », c'est faire régnerl'ordre.

L'injustice consiste au contraire dans la subversion de cet ordre, dans la prédominance que l'on accorde àl'âme concupiscible.

C'est une maladie, une perversion, qui remet en cause la totalité de l'individu.

Dans cettetyrannie du supérieur par l'inférieur, l'homme devient esclave des désirs sans frein ; c'est pourquoi il estnécessairement malheureux.

Il devient incapable de jugement, d'honneur, et, au lieu d'être maître de soi, il estsoumis à ce qu'il y a de plus bestial en lui.Céder aux passions, au désir, rêver d'être tyran est donc en fait rêver d'être impuissant, confondre ce qui estagréable avec ce qui est bon.

Nul ne peut être véritablement maître des autres sans être d'abord maître de soi.

Leprojet d'hommes comme Calliclès est contradictoire : on ne peut à la fois être soumis à ses propres désirs et libre,être maître et serviteur.Le « Grogias » tissait la métaphore des deux tonneaux.

L'homme maître de lui-même, ordonné, est celui qui saitcombler ses désirs sans leur céder, accorder au corps ce qu'il faut.

L'homme tyrannique poursuit sans trêve desplaisirs nouveaux, comme on verse du liquide dans un tonneau ; mais ce que ne sait pas cet être de la démesure, cequ'il ne veut pas voir, c'est que sa conduite déréglée en fait un « tonneau percé ».

Il peut sans fin accumuler lesplaisirs : il ne sera jamais comblé, et s'épuisera en pure perte.Le dérèglement est donc d'abord une faute de jugement : c'est une incompréhension de ce qu'est le bien véritable,une confusion entre bon & agréable.

Ainsi, il est clair que « Nul n'est méchant volontairement ».

Eclairer les. »

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