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L'investissement favorise-t-il la croissance ?

Publié le 05/12/2010

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 Dans la mesure où la croissance est très souvent présentée comme la solution aux difficultés économiques, il est important d’en identifier les causes. Parmi les facteurs déterminants la croissance, l’investissement est souvent présenté comme l’un des plus importants. Un investissement est une dépense dont les agents économiques espèrent tirer un profit. La comptabilité nationale parle de FBCF (Formation brute de capital fixe) pour désigner l’ensemble des moyens de production durables, ceux qui ne disparaissent pas au cours du processus production. Mais en quoi l’investissement favorise t’il la croissance économique ? Dans un premier temps, nous montrerons que l’investissement a une incidence sur la croissance par le biais du progrès technique. Puis nous verrons que les auteurs keynésiens ont démontré l’influence qu’avait l’investissement sur la croissance par son action sur l’offre ou sur la demande. 

      L’investissement : véhicule du progrès technique qui influence la croissance    L’incidence de l’investissement sur la croissance est due à une accumulation des capacités de production. En effet, les gains de productivité générés sont largement le fait du progrès technique véhiculé par l’investissement dans la mesure où par l’acquisition de capital fixe supplémentaire, les entreprises intègrent les innovations à leur combinaison productive. En effet, la comptabilité nationale distingue trois types d’investissements. D’abord, les investissements de capacité étant destinés à accroitre la capacité de production d’une entreprise afin de répondre à une demande. Ensuite, les investissements de renouvellements destinés à remplacer le matériel usé ou obsolète mais n’intégrant pas de progrès technique. Puis – et c’est ce qui va nous intéresser- les investissements de productivité où l’on cherche à réduire les coûts unitaires. Ces investissements vont intégrer du progrès technique et vont tendre à améliorer l’efficacité des facteurs de production. De plus, il convient également d’ajouter à cette typologie l’investissement immatériel qui concerne toutes les dépenses liées à la recherche-développement, à l’achat de brevets et de licences, aux dépenses de formation, et aux dépenses de publicité et de marketing. De ce fait, l’incidence du progrès technique sur la croissance économique est très facilement observable. En effet, une étude des différentes contributions à la croissance suffit à justifier cette incidence. Ainsi, la croissance économique correspondant à l’augmentation de la richesse créée par la production devrait s’expliquer logiquement par la mise en œuvre d’une plus grande quantité de facteur travail et de facteur capital. Néanmoins, les chiffres montrent que ce raisonnement n’est pas complet. En effet en additionnant la variation relative des deux composantes, on n’obtient pas le taux de croissance. Ainsi, il existe un résidu appelé « productivité globale des facteurs « qui mesure l’apport du progrès technique dans la croissance économique. La relation entre le progrès technique et la croissance économique est donc théorisée par le célèbre économiste Schumpeter qui explique le rôle de l’innovation dans la croissance. Or l’innovation correspond à l’application industrielle d’une invention et est lié au progrès technique, celui-ci désignant justement l’ensemble des innovations qui peuvent améliorer la productivité du travail et du capital. Schumpeter distingue cinq formes d’innovations : la production d’un bien ou service nouveau, l’adoption d’une nouvelle méthode de production ou d’un nouveau procédé, la nouvelle organisation des entreprises ou des marchés, l’ouverture d’un nouveau débouché et l’accès à une nouvelle source de matière première ou de produits semi-finis. Pour Schumpeter, les innovations surviennent par grappes, fédérées par une innovation majeure et entrainent un rythme de croissance cyclique. En effet, les nouveaux équipements, intégrant des procédés plus modernes, permettent la plupart du temps de réaliser des gains de productivité. Ces gains désignent pour une quantité de travail et/ou d'outils de travail identique, une amélioration de la production d'une unité de production, ou d'une entreprise. Parler de "gains de productivité" signifie simplement que la productivité a augmenté. Or, l’augmentation de la productivité permet de créer de la croissance économique. Ainsi, par exemple, les gains de productivité permettent de baisser les prix, ce qui induira une hausse du pouvoir d’achat et donc de la demande, et donc une augmentation de la production. Cette baisse de prix va donc engendrer des effets favorables à la croissance économique. Les gains de productivité permettront également d’augmenter les profits. Les profits étant soit redistribués sous forme d’augmentation de salaire ou de rémunération d’actionnaires, soit conservés par l’entreprise ; dans les deux cas il résultera d’une augmentation des richesses produites. En effet, en augmentant les salaires ou en rémunérant les actionnaires, on augmente le pouvoir d’achat ce qui favorise la consommation et entraine donc une hausse de la demande. Par ailleurs, si on décide de garder le profit pour l’entreprise, on pourra s’en servir pour d’autres investissements, ce qui également favorisera la croissance économique. 

 Ainsi, l’incidence de l’investissement sur la croissance économique est due à sa relation avec le progrès technique. Néanmoins, elle ne concerne pas que le progrès technique.  

   *Une incidence macro-économique par son action sur l’offre et sur l*a demande 

      Action sur l’offre 

      Action sur la demande 

     La théorie Keynésienne prouve également l’impact de l’investissement sur la croissance. En effet, l’investissement est une des composantes de la demande globale, avec la consommation. L’investissement conduit donc à une augmentation de la demande effective qui dans la logique keynésienne entrainera la progression de l’offre et donc de la croissance. Keynes estime que les entreprises déterminent le volume de production qu’elles doivent réaliser à partir du moment où elles ont une estimation presque sûre de leurs débouchés. Il pense qu’il s’agit d’un cercle vertueux de croissance. C’est dans cette optique qu’est élaboré le multiplicateur keynésien. Il explique qu’une augmentation de l'investissement entraîne une augmentation plus que proportionnelle du revenu national, car la hausse de la demande entraîne une hausse de la production qui entraîne une hausse du revenu national. Selon Keynes, l’investissement peut donc être la clé de la croissance économique. C’est donc de cette théorie que découle la fameuse politique de relance qui fait actuellement couler beaucoup d’encre. 

 Parmi les facteurs qui déterminent la croissance économique, l’investissement occupe donc une place primordiale. En effet, de nombreux économistes qu’ils soient libéraux ou keynésiens l’ont prouvé, l’investissement agit sur la croissance aussi bien grâce à son lien avec l’offre qu’avec la demande ainsi que le progrès technique.

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