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L'utopie est elle vraiment vivable?

Publié le 17/03/2011

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L’UTOPIE EST ELLE VRAIMENT VIVABLE ? INTRODUCTION : Au 16ème siècle, Thomas More, un écrivain britannique invente une société idéale dans son récit Utopia. La notion d’utopie apparaît alors et devient un genre littéraire qui consiste à décrire une société idéale mais chimérique. En effet, étymologiquement, utopie signifie « ce qui n’existe nulle part «. Les textes utopiques nous montrent donc des communautés d’individus vivant heureux et en harmonie mais l’utopie est elle réellement applicable ? Sa perfection apparente nous pousserait à la décrire comme vivable mais l’utopie rencontre aussi des limites qui révèle une société factice. I. EN EFFET, L’UTOPIE EST APPLICABLE : A) Une Société hyper hiérarchisée : La première impression qui se dégage d’une utopie est la perfection de son organisation, en effet aucun détail de l’utopie ne semble négligé. Une perfection de l’organisation que l’on retrouve dans Candide de Voltaire au moment de l’accueil de Candide et de Cacambo au pays de l’Eldorado avec l’énumération de toutes les actions qui semblent donc parfaitement réglées malgré le nombre d’organisateurs « vingt belles filles «, « les grands officiers et les grandes officières « et deux files de « mille musiciens « chacune. Cette organisation s’explique donc par le rôle bien déterminé de chacun qui permet une société d’harmonie et de respect où les conflits n’ont plus leur place. Ainsi comme on peut le voir dans Le Meilleur de Monde de Huxley, les rapports entre le professeur et son élève son très clairs puisque lorsque le professeur a finit de parler, l’élève se retrouve « éperdu d’admiration «. B) Personnages extraordinaires : L’organisation des rapports professeurs-élèves nous montrent l’importance de l’éducation dans les utopies. En effet chaque personnage semble extraordinaire, ils ont toutes les caractéristiques de la perfection humaine, puisqu’ils ont la santé, la richesse, la beauté et l’intelligence, comme le souligne la répétition de l’adverbe si dans Gargantua de Rabelais pour décrire les Thélémites qui sont « si preux, si nobles, si habiles […], si élégantes, si mignonnes «. Mais en plus de leur qualités physique et leur intelligence, ils ont aussi une nature vertueuse qui « les éloigne du vice « malgré l’unique règle de l’abbaye de Thélème qui est « fais ce que tu voudras «. Leur perfection physique et mentale explique donc comment la société peut elle aussi bien fonctionner. C) Absence de criminalité. Lieux protégé : Les utopies reposent donc aussi sur l’absence de criminalité, bien souvent le mal n’existe pas comme on peut le voir dans le 4ème Voyage de Gulliver de Swift, en effet les habitants de l’île les Houyhnhnms n’ont pas assez de mots pour désigner les choses mauvaises, ils doivent alors dire « la chose qui n’est pas « pour qualifier le mal. Ils ne peuvent donc pas concevoir les crimes et ne connaissent pas les notions de justice et de mensonge. De plus, les utopies se déroulent toujours dans des lieux clos et protégé comme l’abbaye de Thélème dans Gargantua ou la ville entourée de forteresse de la citée d’Utopia de Thomas More par exemple. Les utopies sont donc toujours des Sociétés protectrices où le mal n’existe pas. D) Plaisir, Divertissements : Enfin on remarque que les utopies tournent très souvent autour du plaisir et du divertissement, dans des citées prospères, on ne parle pas souvent de travail, ou alors si on en parle, il n’est pas associé à la souffrance. Tout n’est que plaisir mais ce plaisir est toujours partagé, puisque l’utopie cherche toujours à faire passer le plaisir du groupe avant le plaisir individuel. On peut ainsi reprendre l’exemple de Gargantua puisque dans l’abbaye de Thélème si « l’un ou l’une d’entre eux disait « buvons «, tous buvaient «, de même pour jouer ou pour se déplacer quelque part. On remarque donc l’importance du groupe qui entraîne l’effacement de l’individu. En remarquant ce détail, on peut alors se mettre à réfléchir à la fausseté de ce monde parfait, qui ne l’est peut être en réalité qu’en apparence. I. CEPENDANT, L’UTOPIE N’EST PAS CONCRETEMENT APPLICABLE : En effet, au premier aspect les sociétés décrites dans les utopies semblent parfaites et très plaisantes à vivre mais en y regardant de plus près, on peut remarquer de nombreuses contradictions qui entraîne l’effondrement de cette perfection. A) Culte de l’élitisme_ Lieux clos. Tout d’abord ces sociétés parfaites ne sont pas accessibles à tous puisqu’elles pratiquent le culte de l’élitisme comme nous le révèle le texte de Gargantua lorsque Rabelais parlent des Thélémites comme des gens « bien nés, biens éduqués «. Ils sont donc sélectionnés et on remarque alors le premier paradoxe puisque les personnages ne sont alors plus bon naturellement mais par leur noblesse et leur éducation. On voit donc ici, les personnages d’une façon un peu moins extraordinaires et la disparition de l’égalité qui est pourtant normalement l’un des grands principes de l’utopie. B) Soumission : Le deuxième des grands principes de l’utopie qu’est la liberté, n’est lui non plus pas respecté puisque ces sociétés officiellement idéales sont en réalité basées sur la terreur. En effet on peut le voir dans 1984 d’Orwell puisque malgré l’absence totale d’interdiction, Winston est obligé de se cacher pour écrire son journal et hésite avant de «faire un trait sur le papier « qui est « un acte décisif «. On sent donc bien le sentiment de peur ambiant très présent dans 1984, roman dystopique. Ce sentiment est lui aussi présent dans les utopies mais il n’est pas énoncé clairement et est uniquement sous entendu, notamment dans Gargantua où le règlement se repose sur une unique règle qui est « fais ce que tu voudras «. Cette unique règle est alors l’un des plus gros paradoxes de la littérature puisque l’utilisation de l’impératif nous oblige à être libres. C) Conditionnement : Après l’absence de liberté et d’égalité, les utopies cherchent à faire disparaître l’esprit critique ainsi sans esprit critique, pas de conflit et l’harmonie reste totale. En effet le conditionnement est très présent dans les utopies notamment dans le Meilleur des Mondes de Huxley où deux méthodes sont utilisées : Tout d’abord la science utilisée afin de faire disparaître l’amour de la nature qui n’est pas rentable, ils cherchent alors à associer dans l’esprit des bébés, les fleurs aux secousses électriques. Ils utilisent ensuite l’éducation comme méthode de conditionnement, comme on peut le voir à la fin du faux dialogue dialectique entre le professeur et l’élève ou l’élève se tait et se retrouve « éperdu d’admiration « sans aucun esprit critique. D) Déshumanisation La Science a en effet un rôle important dans les utopies et lorsqu’elle est associée au conditionnement, elle fait de l’homme une machine puisque les sentiments négatifs n’existent pas et sont remplacés par des sentiments artificiels. On assiste donc à un phénomène d’uniformisation où les Hommes semblent faire des actions sans réfléchir. Si on reprend par exemple la phrase de Rabelais dans Gargantua « si l’un ou l’une d’entre eux disait « buvons «, tous buvaient « qui semblent au premier abord un partage de plaisir entre tous, on remarque en réalité qu’ils agissent tous comme des robots et ne réfléchissent alors plus à leurs actes. L’individu ne compte donc plus, seul le groupe est important. III. LE ROLE DE LA LITTERATURE ARGUMENTATIVE : Cependant malgré la fausseté de ces mondes idéaux, les utopies ont un rôle déterminant dans la littérature française. En effet par le biais d’une société imaginaire, les écrivains peuvent faire passer de nombreux messages et dénoncer ce qui ne fonctionne pas dans la société puisque le concept d’une utopie est d’inverser la société, il est alors possible de pousser les défauts de la société à l’extrême. On peut voir cela dans Candide où Voltaire, en utilisant le conte en apparence enfantin, peut dénoncer la royauté en la tournant au ridicule lorsque Cacambo demande comment il faut saluer le roi « si on se jetait à genoux ou ventre à terre « ou « si on léchait la poussière de la salle «. On retrouve donc l’exagération qui permet d’insister sur le ridicule des cérémonies qui se déroule autour du roi. Ce genre de littérature engagé qu’est l’utopie offre donc à l’Homme un miroir critique. Et comme l’affirme très justement Eduardo Galeano, un journaliste et écrivain sud-américain : « L’utopie est à l’horizon. Je fais deux pas en avant, elle s’éloigne de deux pas. Je fais dix pas de plus, elle s’éloigne de dis pas. A quoi sert l’utopie ? A cela : elle sert à avancer. « CONCLUSION : En étudiant ces textes, on peut donc dire qu’ils décrivent bien des sociétés idéales ce qui nous pousserait à dire qu’elles sont applicables, cependant on ne peut l’affirmer puisqu’en étudiant ce sujet de plus près, on remarque de nombreuses limites à la perfection. On ne peut donc rationnellement pas dire qu’une utopie est vivable pour tous, puisque chacun en a une notion différente. En effet une utopie n’est pas vraiment réalisable sans une certaine dose de conditionnement et d’uniformisation. Et comme la dit Eduardo Galeano les utopies servent donc à avancer même si on ne pourra jamais les atteindre mais un anonyme a ajouté « Il n’y a pas de grande réalisation qui n’ait été d’abord utopique «. Dans certains cas, il peut donc être bon de croire en ses utopies, Martin Luther King y a crut lors de son célèbre discours «I have a dream« et depuis nous allons vers un mondé d’égalité raciale toujours plus important notamment avec l’élection de Barack Obama qui marque un pas important dans la lutte antiségrégationniste.

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