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Madame Bovary

Publié le 22/01/2011

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Madame Bovary, une œuvre réaliste

  • Qu’est-ce que le réalisme ? 

Le réalisme est un courant littéraire du XIXe siècle (vers 1850-1890) qui donna pour mission au roman d'exprimer le plus fidèlement possible la réalité, de peindre le réel. Les histoires réelles (vécues) sont privilégiées, les personnages ont des sentiments vraisemblables et le milieu ainsi que le physique des personnages sont évoqués avec minutie et objectivité (importance de la documentation).

 

  • Les éléments proprement réalistes dans l’œuvre :

 

Madame Bovary, roman par Gustave Flaubert, représente l’obstination de la description. Ce roman est un de ceux qui rappellent le dessin linéaire, tant il est fait au compas, avec minutie ; calculé, travaillé, tout a angles droits, et en définitive sec et aride. Flaubert a mis plusieurs années a le faire. En effet les détails y sont comptés un à un, avec la même valeur ; chaque rue, chaque maison, chaque chambre, chaque ruisseau, chaque brin d’arbre est décrit en entier ; chaque personnage, en arrivant en scène, parle préalablement sur une foule de sujets inutiles et peu intéressants, servant seulement à faire connaitre son degré d’intelligence. Par suite de ce système de descriptions obstinée, le roman se passe presque toujours par geste, pas une main, pas un pied ne bouge, pas un muscle du visage, qu’il n’y ait deux ou trois lignes ou même plus pour le décrire.

 

Loin d’être seulement la critique d’une imagination enflammée, Madame Bovary présente les principaux éléments caractéristiques du réalisme.

 

 - Tout d’abord, comme nous l’avons noté plus haut, Flaubert n’a pas inventé la trame de son récit, il l’a  tirée d’un fait divers. Comme un journaliste, il a enquêté sur place pour mieux comprendre les personnages  qu’il allait mettre en scène. Il a amassé des documents pour atteindre à l’exactitude : il a lu des traités de médecine pour connaître les symptômes d’un empoisonnement par l’arsenic avant de décrire l’agonie d’Emma. Il n’a pas hésité à consulter un avocat pour ne pas commettre d’erreurs dans les désordres financiers de son héroïne non plus que dans leur règlement. Flaubert se livre à un véritable travail de bénédictin. Afin d’assurer la cohérence interne de son récit, en ce qui concerne la localisation des événements, il va jusqu’à dessiner un plan d’Yonville.

 

- Au-delà de ce souci de vérité, Flaubert cherche l’objectivité avec cette « impartialité qu’on met dans les sciences physiques ». Il jette un regard quasi médical sur le monde qu’il décrit. Il essaie de peindre ce qui est visible. À défaut de pouvoir rendre toute la réalité, il choisit les détails pittoresques et justes. La cuisine du père Rouault est autant le lieu poétique où la lumière du soleil joue au travers les persiennes que l’endroit sordide où les mouches mènent leur bal répugnant. En arrivant aux Comices, « les fermières des environs retiraient, en descendant de cheval, la grosse épingle qui leur serrait autour du corps leur robe retroussée, de peur des taches ». Le détail est non seulement vivant, il est révélateur de la légendaire vertu d’économie normande. Comme un photographe, Flaubert apprend à connaître ses modèles de l’extérieur vers l’intérieur. Au travers des comportements, nous voyons peu à peu les caractères se dessiner. Flaubert nous convie à observer. Avec lui, nous devinons progressivement la timidité maladive de Charles Bovary, son incompréhension, son application bornée comme si nous étions les témoins amusés du chahut déclenché par l’arrivée du “nouveau”. Voilà posé l’essentiel de la personnalité de celui qui sera incapable de satisfaire et de comprendre sa femme ! De même la sensualité d’Emma nous est révélée, avant même qu’elle envahisse sa vie, par la manière dont la jeune campagnarde boit la liqueur par petits coups de langue gourmands.

 

- Cette volonté de réalisme, nous la retrouverons aussi dans la façon de parler. Chaque personnage possède le langage de sa classe sociale, en accord avec sa psychologie. Ainsi le père Rouault s’exprime comme un campagnard madré ; ses propos sont émaillés de provincialismes tels que « la petite », « manger le sang », « chez nous » (pour \"à la maison\") et dévoilent sa compréhension aussi exacte qu’intuitive de la situation : il n’imposera pas au timide Charles l’aveu quasi impossible de sa passion. Lors de l’arrivée des époux Bovary à Yonville, Homais leur tient un discours où il se gargarise de termes savants pour impressionner son auditoire mais où, sous l’éloquence scientifique, percent l’intérêt et la stupidité.

 

- Ensuite nous devons noter cette tendance continuelle à expliquer les caractères par l’influence du milieu et du tempérament. Comme un savant, Flaubert constate les lois biologiques qui régissent individus et sociétés. S’il insiste sur l’adolescence d’Emma, c’est que son héroïne est en partie conditionnée par ses expériences de pensionnat. Mais il faudrait ajouter que ces expériences ont elles mêmes un retentissement très personnel sur cet esprit mystique du fait des origines de l’enfant. Cette jeune paysanne qui lit Le Génie du Christianisme de Chateaubriand et y découvre le sentiment romantique de la nature, ne peut idéaliser ce qu’elle connaît fort bien : la campagne, aussi reportera-t-elle son lyrisme sur des paysages inconnus : la mer tempétueuse ou les ruines. Ainsi Flaubert veut-il montrer le déterminisme qui nous gouverne.

 

- Enfin l’œuvre objective doit renoncer à l’hérésie du moralisme. Le roman n’a pas à défendre une thèse, il se doit d’exposer des faits. Au lecteur à tirer les leçons ! Le livre ne doit plus faire de concessions à un prétendu « bon goût ». Flaubert n’hésitera pas à heurter notre sensibilité par des détails insupportables lors de l’agonie d’Emma. Rien ne nous est épargné.

 

 

 

 

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