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Mai de Guillaume Apollinaire

Publié le 16/10/2010

Extrait du document

apollinaire

 

Le poème "Mai" a douze syllabes dans chaque vers, et les pauses choquantes dans le poème soulignent les mots "mai," "roulotte," "lierre," "celle," et "mai" une deuxième fois.  J'ai montré les pauses choquantes, et j'ai mis les mots que ces pauses soulignent en italique.  J'ai indiqué dans la copie du poème ci-dessous les autres chocs de rime.  Ces chocs sont en gras.  Il y a aussi un choc de rythme.  Dans toutes les quatre strophes sauf la troisième, il y a quatre vers; dans la troisième, il y en a cinq.

 

Le mai / le joli mai en barque sur le Rhin

Des dames regardaient du haut de la montagne

     Vous êtes si jolies mais la barque s'éloigne

     Qui donc a fait pleurer les saules riverains

 

     Or des vergers fleuris se figeaient en arrière

     Les pétales tombés des cerisiers de mai

     Sont les ongles / de celle que j'ai tant aimée

     Les pétales flétris sont comme ses paupières

 

     Sur le chemin / du bord du fleuve lentement

     Un ours / un singe / un chien menés par des tziganes

     Suivaient une roulotte / traînée par un âne

Tandis que s'éloignait dans les vignes rhénanes

     Sur un fifre lointain un air de régiment

 

     Le mai / le joli mai a paré les ruines

     De lierre de vigne vierge / et de rosiers

     Le vent du Rhin secoue sur le bord les osiers

     Et les roseaux jaseurs et les fleurs nues des vignes

 

Les mots accentués par les rimes choquantes sont "Rhin," "arrière," "rhénanes," et "osiers."  Ces quatre cas sont des rime riches, et toutes les autres sont des rimes suffisantes.  J'ai choisi "arrière" et non "paupière" parce que je pense que ce mot souligne la signification des événements dans le passé.  J'ai choisi "osiers" et non "rosiers" parce que tout le mot "osiers" se trouve dans le mot "rosiers" et c'est un indice que c'est le mot le plus important.  A côté des chocs de rythme et de rime j'ai trouvé plusieurs chocs de sens dont les plus importants sont les groupes de mots "fait pleurer les saules riverains," "se figeaient en arrière," "sur un fifre lointain, un air de régiment," et "mai a paré les ruines."

   A une première lecture le poème semble raconter une histoire simple sans beaucoup de signification.  Au début le narrateur est en barque et la barque part.  Des femmes sur le sommet de la montagne lui regardent.  C'est le mois de mai, donc au printemps et des vergers fleurissent.  Il y a aussi des tziganes avec des animaux et une roulotte.  A la fin, c'est toujours mai, et il y a beaucoup de plantes.  Néanmoins, les quatre chocs de sens et les chocs de rime et de rythme que j'ai déjà soulignés indiquent qu'un autre sens figuré domine dans le texte.  Le poème commence par une pause choquante qui accentue le mot "mai."  C'est aussi le titre du poème.  Évidemment, le titre dis que le poème passe au printemps, mais il y a une deuxième signification.  Dans tout le poème, le poète décrit des images des fleurs et des plantes et des vergers.  Ce lexique apporte un sens de la beauté, et du bonheur.  Il y a une juxtaposition avec la tristesse du narrateur.  La beauté est partout, mais quand même il est triste.  Il y a les femmes sur le sommet de la montagne et il leur dit qu'elles sont jolies, mais la barque part est et le rivage s'éloigne.  Cela peut représenter l'amour qui semble à s'éloigner.  Il voudrait aimer, mais c'est impossible, parce que l'amour, comme les jolies femmes, s'éloigne.  On ne sait pas s'il cherche une femme particulière ou n'importe quelle femme.  Dans le quatrième vers, on voit le premier choc de sens.  "...a fait pleurer les saules riverains."  Ici, les choses inanimées ont les comportements humains, c'est-à-dire que les arbres peuvent pleurer.  Cela montre l'air triste; même les arbres, comme leur nom littéral suggère, pleuvent pour l'homme qui ne peut pas obtenir l'amour.  C'est un mélange des deux sens: le sens littéral et le sens figuré.

La deuxième strophe commence par des images du printemps.  Dans le premier vers se trouve le deuxième choc de sens.  "Des vergers se figeaient en arrière."  À mon avis, il y a deux possibilités qui expliquent toutes les images de la beauté.  Soit la beauté représente l'amour qui est autour de l'homme mais qu'il n'arrive pas à attraper, soit la beauté représente le souvenir de l'amour passé.  Ce vers-ci suggère la deuxième possibilité, mais je pense que les deux sont bien possibles.  "Se figeaient en arrière" peut représenter les pensées de l'homme qui sont figées dans le passé avec son amour perdu.  La rime riche des mots "arrière" et "paupières" souligne le mot "arrière," qui représente le passé.  Juste après ce vers, il y a plus d'images du printemps, et le pétales tombés lui fait penser aux ongles d'une femme.  Il parle explicitement, dans le troisième vers de cette strophe, de cette femme qu'il a aimée dans le passé.  Le fait que "les pétales flétris sont comme ses paupières" peut suggérer qu'elle est morte, parce que les paupières d'une personne flétrissent avant de mourir.  C'est aussi possible que la femme a perdu sa beauté comme les fleurs ont perdu la leur.  Peut-être qu'il ne voulait plus vivre avec la femme après qu'elle avait perdu sa beauté, et puis il a changé d'avis mais c'était trop tard.  De toute façon, toutes ses images de la beauté lui font se souvenir d'une femme.

Dans la troisième strophe, il y a un changement de rythme, et donc un choc.  Cette strophe a cinq vers, et les autres strophes n'en ont que quatre.  La longueur de cette strophe peut montrer un changement dans le dépassement du temps.  Dans le premier vers de cette strophe, on trouve le mot "lentement," qui peut être le thème de la strophe.  L'autre choc dans cette strophe, c'est que le narrateur n'existe plus.  Le début de la strophe décrit des animaux menés par des tziganes avec un âne qui traîne une roulotte.  On peut écouter le rythme de leurs pas.  C'est encore un autre moyen de montrer le déroulement du temps, qui est, dans cette strophe, très lente.  À la fin de cette strophe, on trouve le troisième choc de sens, "Sur un fifre lointain, un air de régiment."  Ce vers lui-même a du sens, mais le lexique de la guerre est choquant.  Encore une fois dans cette strophe, la lenteur est accentuée par cette référence à la musique qui accompagne les soldats qui marchent.  Leurs pas sont rythmiques comme leurs tambours.

La dernière strophe commence par une répétition du premier vers du poème.  Le fait que c'est mai, au printemps avec des belles choses partout est renforcé.  Dans ce premier vers, on trouve le dernier choc de sens.  "Le joli mai a paré les ruines."  Je pense que les ruines sont un symbole de la vieillesse.  En restant beau, le joli mai a réussi à rester jeune aussi, parce que normalement on perd la beauté avec la vieillesse.  Peut-être que la femme dont le narrateur est tombé amoureux est devenue vieille et laide.  En tout cas, il n'y a plus de référence ni au narrateur ni à la femme.  Tout ce qui reste dans la dernière strophe sont les plantes, dont les noms sont soulignés par la pause choquante et la rime riche, respectivement.

Les sens figurés des quatre chocs de sens nous aident à comprendre le sens figuré du poème en général.  Je pense que tous ces chocs et toutes les significations alternatives qu'ils soulignent suggèrent que le poème suit le cours d'une année et la nature représente la femme dont le narrateur est tombé amoureux.  Le mois de mai représente le début et aussi la fin de l'année.  Donc, dans la première strophe, nous avons mai, juin, et juillet: tout l'été.  Toutes les images de la nature sont associées à la femme, et dans le choc de sens de cette strophe, les arbres pleuvent parce qu'ils savent que la beauté n'est pas invariable, qu'elle change toujours.  Le rivage commence à s'éloigner comme la beauté de la femme.  C'est le mois du mai qui est souligné parce que c'est le début de l'été, la partie la plus belle de l'année, et la jeunesse est la partie la plus belle de la vie de la femme.  La deuxième strophe représente août, septembre, et octobre: toute la saison de l'automne.  "Les vergers fleuris se figeaient en arrière," la deuxième choc de sens, veut dire que la beauté de la femme est figée en mai, malgré qu'elle est toujours au présent, qui n'est plus le printemps.  Les pétales tombent et flétrissent, comme les feuilles en automne et comme la beauté de la femme.  La troisième strophe représente l'hiver: les mois de novembre, décembre, et janvier.  Ils sont les mois les plus difficiles, et donc il semble qu'ils passent plus lentement, comme cette strophe qui est la plus longue.  Le troisième choc, "sur un fifre lointain, un air de régiment" renforce le longueur de cette partie de la vie, et de l'année.  Les animaux peuvent représenter que quelquefois pendant les périodes les plus difficiles, les êtres humains ressemblent aux animaux.  De temps en temps pendant l'hiver il faut être malin comme un singe ou féroce comme un ours pour survivre.  Les tziganes montrent la pauvreté qui accompagne souvent l'hiver.  Il n'y plus d'images de la nature partout; il n'y a que les vignes rhénanes.  La femme est bouleversée parce qu'elle ne voit plus sa beauté.  La quatrième strophe recommence avec mai, et c'est le printemps encore.  Le quatrième choc, "le mai a paré les ruines" veut dire que la femme a paré la vieillesse et la mort, mais désormais ce sont les images des autres plantes comme les osiers, les roseaux, et les fleurs nues des vignes qui décrivent sa beauté.  Cela montre que la beauté de la femme a changé pendant l'année.  Elle a échappée à la mort, mais elle a vieilli un peu quand même.  Les images de sa beauté ne sont plus d'images des fleurs et pétales, mais les images des plantes qui sont mois souples et mois colorées.  Ces images sont belles quand même, mais moins manifestement.  Elle reste tranquille encore parce qu'elle a retrouvé sa beauté bien qu'elle prenne une nouvelle forme.  Je pense que ce poème décrit le passage d'une année par rapport à la beauté de la vie des êtres humains qui change et évolue sans cesse, mais ne meurt jamais.

 

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