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Méditations Métaphysiques (1) de Descartes

Publié le 25/10/2012

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descartes
Introduction : l'œuvre et le projet cartésiens     A- L'œuvre   1) Qui est Descartes? Il est né en 1596 à La Haye (en Touraine !) et est mort en 1650 à Stockholm, où il contracte une pneumonie due au fait qu'il se lève très tôt pour donner des cours à la reine Christine de Suède. A 10 ans, il entre au collège de La Flèche, une des plus célèbres écoles d’Europe. En raison de sa constitution fragile, il a droit à un traitement de faveur : il est autorisé à travailler tous les matins au lit. Il est séduit par les mathématiques, à cause de la certitude et de l’évidence de leurs raisons, et rêve d’en étendre le champ d’application. En revanche, il est déçu par l’enseignement reçu dans les autres disciplines, en particulier par la philosophie (scolastique). Aussi, dès ses études terminées, il n’aura de cesse de tout reprendre par le commencement et de ne rechercher d’autre science que celle qu’il pourrait tirer de son propre fond ou puiser dans le grand "livre du monde". Il inaugure ainsi la philosophie du sujet; et devient le symbole du rationalisme : il croit en la toute-puissance de la raison, consciente de sa capacité de rendre l’homme maître et possesseur de la nature. Il séjournera 20 ans en Hollande, et entretiendra une correspondance suivie avec la communauté scientifique et philosophique européenne.     2) Bibliographie  Règles pour la direction de l’esprit Traité du monde (non publié à cause de la condamnation de Galilée) Discours de la méthode (1637) Dioptrique, Météores, Géométrie (applications de cette méthode) Tous ces traités sont écrits en français, afin de s’adresser, non aux doctes et aux érudits, mais à tous les individus de bon sens qui font usage de leur raison. La communauté scientifique va d’ailleurs bouder cette œuvre Les méditations métaphysiques (écrites en latin, vont susciter, elles, de vifs débats) Principes de la philosophie (1644) (il a alors le sentiment d’avoir achevé son œuvre, de livrer la vraie philosophie, ie, la métaphysique, qui contient les principes de la connaissance, et d’autre part la physique qui expose les vrais principes des choses matérielles) Les passions de l’âme (son dernier objectif : préparer la voie vers le dernier degré de la sagesse : c’est sa morale définitive)     B- Projet général Sa philosophie poursuit trois objectifs fondamentaux : 1) acquérir la vraie méthode pour parvenir à la connaissance de toutes les choses dont l'esprit serait capable 2) rechercher les premiers permettant la constitution d’un système total du savoir 3) préparer la voie vers la plus haute et la plus parfaite morale, qui, présupposant une entière connaissance des autres sciences, est le dernier degré de la sagesse     C- Les Méditations Métaphysiques   1) L'ouvrage dans l'œuvre Descartes veut trouver des propositions indubitables sur la base desquelles il pourrait construire tout le reste du savoir. Pour cela, il se sert du doute, qui est un moyen de tout repenser depuis le début. Date : 1641   2) Le traité de métaphysique   C'est typique du 17e : la métaphysique est à l'époque le modèle de la vraie connaissance, celle qui atteint le fond des choses; plus spécifiquement, elle est la connaissance qui cherche quelle est la nature du monde, de l'âme, de Dieu : en ce sens, on parle de la connaissance des choses immatérielles. Elle nécessite donc une certaine abstraction à l'égard des sens.   Cf. Lettre de Descartes à Mersenne du 15 avril 1630 "On peut démontrer les vérités métaphysiques d'une façon qui est plus évidente que les démonstrations de géométrie"   Descartes va donc ici chercher à démontrer ce qu'est l'âme, que Dieu existe, que l'âme est indépendante du corps (ce sera la thèse du "dualisme"), que l'âme est immortelle.   3) La méditation Selon M. Guéroult, célèbre historien de la philosophie Français du 20e, la méditation est une combinaison entre : - le "genre géométrique" - le "genre religieux"     a) Le genre géométrique En effet, il n'y a pas de chapitres mais un enchaînement de raisons, à la manière des géomètres. Ici, on se rappellera évidemment que dans toute l'œuvre de Descartes prédominent l'ordre, la méthode, et que les mathématiques sont pour lui la méthode par excellence, sur laquelle tout savoir doit se fonder.     b) Le genre religieux Du genre religieux, parce que l'on a ici un "exercice spirituel" ("meditare" = "s'exercer") proche de l'ascèse du religieux. La méditation religieuse met en scène une personne à la recherche du salut qui, au commencement, se trouve dans l'obscurité du péché, et qui, à travers une conversion, est conduite à l'illumination spirituelle. Cf. St Augustin, Les Confessions. Leur but est d'instruire et d'initier les autres. Jusqu'au 17e, on avait écrit des méditations morales ainsi que religieuses, mais Descartes est le premier à utiliser la méditation pour une œuvre exclusivement métaphysique. Descartes veut guider le lecteur vers un salut tout intellectuel, en lui faisant part de la manière dont il a découvert la raison et dont il s'est, par là, libéré de la ténébreuse dépendance des sens, qui l'avait autrefois laissé dans l'incertitude et l'erreur. L'ascèse est métaphysique : elle consiste à s'exercer à détacher son esprit des sens, à rompre avec les préjugés de toute sorte. Par exemple, le doute radical de la première méditation sera un exercice spirituel. On a donc, comme chez St Augustin, le paradoxe d'une autobiographie impersonnelle : Descartes fait bien une autobiographie, mais l'histoire qu'il raconte est celle de ses efforts pour échapper aux limites de ce qui est simplement personnel…     Première méditation I- Projet et méthode pour y parvenir : §1et 2   A- Le projet des Méditations : §1 NB : les chiffres figurant entre () sont les étapes de l'argumentation de Descartes. (1) je veux découvrir ce qui est certain, et s’il y a quelque chose de certain.   1) le problème de Descartes : le fondement des connaissances Descartes s’est proposé de s’assurer de la validité de toutes les connaissances qu’il a acquises. Il trouve en effet que l’école transmet des connaissances, certes, mais sur un mode dogmatique. Ainsi, il se propose d’examiner à quel titre cette connaissance en est une. Il s’agit de trouver un fondement de la connaissance autre que celui de l'autorité des professeurs (il s’oppose donc à toute autorité ). cf. fait qu'à l'époque, l’autorité, c’était les textes d’Aristote, de St Thomas : quand on voulait savoir quelque chose, on consultait ce qu'ils avaient dit à son propos; c’est à ça que s’oppose Descartes   2) Le statut du Je : qui parle? a) Si Descartes parle à la première personne, le "je" qu'il emploie est pourtant un "je universel", impersonnel, dans lequel tout le monde peut se reconnaître : - sa position n'est pas celle d'un savant accompli, qui aurait déjà découvert la doctrine philosophique qui va plus tard être soutenue - au contraire, il feint de se trouver à un stade qu'il a depuis longtemps dépassé : celui d'un homme sans éducation philosophique, qui se laisse guider par ses opinions Comme il le dit dans Entretien avec Burman, AT V, 146 : il met en scène un esprit "attaché aux sens, comme nous le sommes tous avant de philosopher" Bref : il s'agit de se placer du point de vue d'un homme qui commence à philosopher b) Pourquoi se place-t-il de ce point de vue? b1) Parce que même si les principes métaphysiques sont plus clairs que les principes géométriques, si on les avance trop brutalement, on risque de les voir rejetés comme inappropriés ou invraisemblables. Ainsi Descartes met-il en œuvre, ici, ce qu'il appelle la méthode analytique : méthode qui montre comment une chose a été découverte, plutôt que de soutenir une thèse sans raconter les étapes par lesquelles on y arrive (cf. Réponses aux secondes objections) ; ce procédé a le mérite de permettre au lecteur de refaire par lui-même le propre cheminement de Descartes. b2) Et parce que son but est de conduire le novice, l'apprenti-philosophe, de la dépendance des sens vers la conscience du rôle essentiel que joue la raison dans l'acquisition des connaissances   3) le rapport à Socrate : - Points communs : a) retour sur soi de l’esprit voulant éprouver son propre pouvoir de connaître : attitude réflexive propre à la philosophie b) remise en question des connaissances de façon critique - Différence : Socrate interroge les autres pour prendre la mesure de son propre savoir; c’est au contraire dans la solitude que Descartes préfère entreprendre la révision générale de ses connaissances (cf. fait que le genre est la méditation; insister sur la retraite, nécessaire pour ce qui va suivre)   4) la distinction théorie et pratique : cf. Discours de la méthode, Partie III (la morale par provision) et Partie IV, §1.   Exigence métaphysique : théorie, connaissance, vérité exigence morale : pratique, mœurs, comportements, action - on a tout le temps de la chercher - on veut déterminer les raisons de croire - on médite sur soi-même - pas le temps de rechercher la certitude - on accepte l’incertain (du moins, on décide de le tenir pour vrai) - on se plie à l’attitude commune Dans le domaine de l'action, on n'a pas le temps de s'arrêter sur les raisons de croire, de douter. La vie est urgente!     B- La méthode : le doute hyperbolique (§2) (2) A cette fin, je dois abandonner les croyances des choses qui ne sont pas entièrement certaines et indubitables aussi prudemment que celles qui sont entièrement fausses.   1) Pourquoi partir de rien? Afin de n'admettre dans son système aucune proposition dont on n'ait préalablement montré qu'elle y trouve sa place, et de déterminer lesquelles, de ses anciennes opinions, valent ou non d'être réintégrées. C'est le doute qui va permettre la discrimination entre elles; le doute est donc son critère pour le rejet des croyances.   2) Analogie avec le panier de pommes Pour bien nous expliquer pourquoi il recourt à une telle méthode, Descartes emploie l'analogie "du panier de pommes" dans ses Réponse aux septièmes objections : il compare ici sa démarche avec celle d'une personne qui craindrait que, parmi les pommes qu'elle porterait dans son panier, certaines ne fussent pourries, et qui chercherait à les enlever pour protéger les autres; cette personne pourrait raisonnablement procéder en les examinant chacune tour à tour, ne remettant dans le panier que celles qui résistent à l'examen. De la même façon, il se propose de vider son esprit de toutes ses opinions, puis d'examiner chacune d'elles en s'efforçant d'identifier celles qui méritent d'être rétablies (1-révocation; 2-examen)   3) c’est un doute hyperbolique C'est un doute excessif, en ce qu’il rejette le douteux comme faux (hyperbole : procédé qui consiste à exagérer une expression pour produire une forte impression) Dans la vie courante, le doute est tout autre : c'est une incertitude passagère que l'on dissipe en choisissant l'opinion la plus probable, ou en questionnant les autres ou les livres pour la dissiper; ici : c'est une expérience intellectuelle qui consiste à accroître constamment le doute en exigeant une certitude absolue, qui ne soit surtout pas fondée sur l'accord avec les autres Mais Descartes ne doute pas pour douter : ce doute se justifie dans la fin qu’il vise : la découverte d’une certitude (le doute sans concession va permettre de trouver une vérité indubitable); c’est donc la méthode que se donne Descartes pour la recherche de la vérité.   4) Descartes avait-il besoin du doute, ie, des arguments sceptiques? Pour lui, le doute apparaissait comme la seule façon de se débarrasser de ses vieux préjugés : la décision de douter ne peut se maintenir sans les arguments sceptiques. Exemple : il n'est pas difficile de décider d'arrêter de fumer; mais, en prendre la décision n'équivaut à arrêter de fumer que si par la suite on adhère à cette décision. De même ici : au début, il est facile de décider de révoquer ses opinions; mais, sa résolution ne sera vraiment effective que quand il aura trouvé des raisons de douter de ses croyances. C'est sa décision initiale qui commande donc le recours aux arguments sceptiques, au doute   (3) Pour cela, je n’ai pas besoin d’examiner toutes mes croyances individuellement, mais seulement les principes de base sur lesquels elles reposent. Cette procédure est économique : Decartes va ainsi pouvoir rejeter tous les membres d'une classe donnée de jugements, s'il trouve des raisons de douter d'un principe qui leur est commun (sinon, le doute irait à l'infini) La méthode de Descartes est donc la suivante : chaque fois, il considère un principe, le critique, en propose une version nouvelle issue de sa critique, puis scrute le principe révisé pour en discerner les faiblesses, etc.  
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« fragile, il a droit à un traitement de faveur : il est autorisé à travailler tous les matins au lit. Il est séduit par les mathématiques, à cause de la certitude et de l'évidence de leurs raisons, et rêve d'en étendre le champ d'application.

En revanche, il est déçu par l'enseignement reçu dans les autres disciplines, en particulier par la philosophie (scolastique).

Aussi, dès ses études terminées, il n'aura de cesse de tout reprendre par le commencement et de ne rechercher d'autre science que celle qu'il pourrait tirer de son propre fond ou puiser dans le grand "livre du monde". Il inaugure ainsi la philosophie du sujet; et devient le symbole du rationalisme : il croit en la toute-puissance de la raison, consciente de sa capacité de rendre l'homme maître et possesseur de la nature. Il séjournera 20 ans en Hollande, et entretiendra une correspondance suivie avec la communauté scientifique et philosophique européenne.     2) Bibliographie  Règles pour la direction de l'esprit Traité du monde (non publié à cause de la condamnation de Galilée). »

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