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Morale et droit

Publié le 05/01/2011

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morale

Le sentiment de la faute consiste à se sentir coupable d'une conduite passée non conforme à la loi morale interiorisée par le sujet. Il regroupe l'ensemble des expériences vécues où le sujet juge lui-mçeme négativement sa propre conduite . Il implique donc un jugement de valeur. Le sentiment de la faute désigne une expérience de culpabilité de la part d'un être qui n'est pas seulement conscience psychologique, mais aussi conscience morale, dont l'exigence constitutive dépasse ce qui est au profit de ce qui doit être ; C'est en effet au regard de cette conscience normative que le sujet peut s'apparaître à lui même comme coupable. Mais, précisement, le paradoxe de la culpabilité ne réside - t-il pas dans cette structure de la conscience de soi par laquelle un être peut juger l'ensemble de sa personne, pour la considérer comme blâmable, au delà du caractère limité de la faute objectivement commise ? Il y a une dimension subjective de la culpabilité : celle-ci s'exprime fréquemment selon la métaphore de l'oppression ( un \" poids\" pèse sur la conscience), et se propage à l'ensemble de la personnalité sur le mode de l'auto-accusation, sont les formes extrêmes peuvent confiner à la pathologie d'un véritable \" masochisme moral\" Cette métaphore du tribunal interieur n'est possible que par la structure dédoublée de la subjectivité en tant qu'auto-observation, auto-accusation et auto-condamnation, la culpabilité implique la dualité de la conscience observante-observée. Seul un être capable de se dédoubler, sans son identité, peut se juger d'un point de vue moral : seul la structure de la conscience de soi rend possible l'imputation personelle du mal. En tant qu'elle désigne le moment subjectif de la faute, la culpabilité est inséparable de l'avènement de l'homme comme conscience de soi. Le sentiment de la faute ne peut apparaître dans une culture où la culpabilité est encore collective et est contemporain de la promotion de la conscience comme instance suprême . C'est par là que le sentiment de la faute. Mais ce processus de scission intérieure n'est qu'une conditon nécessaire, et non suffisante, de l'avènement de la culpabilité, en ce que cette denière requiert encore, comme l'a montré Paul Ricoeur , \" l'intériorisation de l'experience du mal, et, par conséquent, la promotion d'un sujet moral responsable\" La culpabilité implique l'aptitude à m'imputer mes actes; être coupable, c'est se reconnaître responsable, accepter de répondre de ses actes, parce que le sujet s'identifie à ses actions. S'imputer un acte signifie nécessaire s'en reconnaître l'auteur, c'est à dire s'identifier à l'ensemble de sa conduite présente ou passée. Comme l'a montré Paul Ricoeur dans une remarquable analyse consacrée à la culpabilité : cette auto-imputation vaut pour l'avenir: j'assume les conséquences de mes actes c'est là la dimention prospective de la responsabilité. Mais elle veut également pour le passé, que la culpabilité assume rétrospectivement. Ce mouvement rétrospectif de la responsabilité constitue l'identité du sujet moral à travers passé, présent et avenir: la reconnaissance de la culpabilité implique donc, comme sa condition, l'existence d'un moi identitaire. Autrement dit, je me maintiens identique à moi-même dans le même temps: je m'affirme dans mon ipséité,malgré le pouvoir de dispersion temporelle qui tend constamment à me séparer de moi même et de mes actes. L'homme est l'être coupable, parce qu'il est l'être en qui le passé de cesse d'être présent, colle l'atteste l'espérience du remords, où le passé et le présent coincident. Mais si la culpabilité implique sentiment de responsabilité, cet acte d'imputation n'implique-t-il pas la reconnaissance de la liberté humaine ? Comment comprendre en effet ces figures majeures de la culpabilité que le sont le regret, le remords et le repentir autrement que comme l'aveu de cette liberté par laquelle j'aurais pu agir autrement? de fait, j'aurais pu, et par conséquent j'aurais dû agir autrement. Le remords, par exemple, est un révélateur éthique: il me rappelle à la conscience de mon devoir, parce qu'il est la faute du devoir non accompli. Je me découvre ainsi comme sujet capable de suivre la loi morale, mais aussi de la transgresser. La liberté qui est en moi m'apparaît comme pouvoir d'agir selon la représentaiton d'une loi et de passer outre à l'obligation. L'homme découvre le pouvoir de son arbitraire, et la violence de ses passions. L'analyse du sentiment de la faute en révèle l'ambivalence : juste expression de l'exigence éthique, présente au coeur de la conscience morale, il peut se pervertir sous la forme pathologique de la rumination obsessionelle et du scrupule, qui signifie l'entrée de la conscience dans ce que Paul Ricoeur appelle \" l'enfer de la culpabilité\". Le passage de remords au repentir, c'est à dire du sentiment de l'iiréparable à celui de la liberté intacte, de l'histoire devenue destin à l'existence comme possibilité, doit symboliser le mouvement de la conscience morale vers sa propre libération.

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