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Müller, Heiner - littérature.

Publié le 30/04/2013

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Müller, Heiner - littérature. 1 PRÉSENTATION Müller, Heiner (1929-1995), dramaturge et poète allemand contemporain, dont l'oeuvre est intimement liée aux traumatismes historiques de l'Allemagne. 2 D'UNE ALLEMAGNE À L'AUTRE Né à Eppendorf (Saxe), Heiner Müller a découvert très jeune l'horreur du nazisme et de la guerre. Son père est arrêté dès l'avènement du régime hitlérien, en 1933. Lui-même, à quinze ans, fait partie d'un bataillon. Après la guerre, il s'installe dans la zone soviétique, qu'il ne quittera plus, malgré les difficultés et les pressions politiques. Habitant de Berlin-Est, Müller est ainsi témoin de tous les heurts de l'histoire allemande, depuis la scission jusqu'à la réunification. Son engagement critique déplaît au régime socialiste : il peine à faire représenter ses pièces dans les années soixante et en 1961, année de la construction du mur de Berlin, il est exclu de l'Union des écrivains. Il travaille, au début des années soixante, au Berliner Ensemble, puis à la Volksbühne, dirigée par Benno Besson, à partir de 1976. Tandis qu'il inquiète le régime est-allemand, de plus en plus fermé et sclérosé, le théâtre de Müller est progressivement reconnu et joué à l'Ouest, en France, en Belgique, en Allemagne fédérale. Müller poursuit sans compromis son travail d'écriture et de mise en scène. Au moment de la réunification allemande, il organise la fusion de l'Académie des arts de Berlin. De l'automne 1992 jusqu'à sa mort, en décembre 1995, il assume la direction du Berliner Ensemble. 3 LE BRUIT ET LA FUREUR Riche d'une vingtaine de pièces, souvent issues de fragments d'autres textes, l'oeuvre d'Heiner Müller est comme une chambre de résonance de l'histoire (ou de la non-histoire) contemporaine. Ses premières pièces interrogent, de manière critique, la mise en place du réalisme socialiste en RDA dans les années cinquante. Relevant de l'héritage brechtien, le Briseur de salaire (1956), l'Émigrante ou la Vie à la campagne (1956-1961), le Chantier (1964) lui valent des ennuis avec le régime. Il se détourne alors de la contemporanéité et recourt aux histoires de la mythologie antique ou de Shakespeare, qu'il adapte et réécrit. Avec OEdipe tyran (1965-1966), Héraklès 5 (1964), Prométhée (1967-1968), puis Macbeth (1971) et Hamlet-machine (1977), il dénonce la monstruosité d'un monde en état de guerre perpétuelle et dresse le tableau d'une société occidentale abjecte et sanglante. Hamlet-machine, qui paraît la même année qu'un texte annonçant la fin des théories brechtiennes (Adieu à la pièce didactique), se réclame de la mort des idéologies : le champ de ruines qu'est le monde enlève toute possibilité de croire aux héros de l'histoire, qu'ils aient pour nom Marx, Lénine ou Mao. 4 AUTOPSIES DE LA MÉMOIRE COLLECTIVE Influencé par les pensées de Michel Foucault, de Gilles Deleuze et de Jean Baudrillard, Heiner Müller participe à la fondamentale mise en crise (parfois dite « postmoderne «) des conceptions anthropologiques, historiques et linguistiques qui se joue dans le dernier quart du XXe siècle. Dans les charniers monstrueux de l'histoire (histoire de la Prusse militarisée dans Vie de Gundling Frédéric de Prusse Sommeil Rêve Cri de Lessing, 1977 ; histoire de la France révolutionnaire dans la Mission, 1979 ; histoire allemande contemporaine dans Germania. Mort à Berlin, 1956-1971, ou Germania 3. les Spectres du mort-homme, 1995), Müller ne cesse de rechercher une obscure vérité de l'Homme. Celle-ci se trouve peut-être dans l'alliance obscène du désir et de la mort : c'est la vérité du spasme, de la chair et du sang, celle qui rassemble et déchire les personnages de Valmont et de Merteuil dans Quartett (1980). Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

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