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Nana d'Emile Zola, Chapitre I

Publié le 27/02/2008

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zola

Nana - Chapitre I

Emile Zola

- Incipit de l'œuvre extraite d' « une histoire naturelle et sociale d'une famille sous le Second Empire » (cycle de 20 romans)

- Nana = fille de Gervaise (personnage principal de l'Assommoir) victime de son hérédité comme de son milieu

- Le destin d'Anna Coupeau dans le roman l'Assommoir est évoqué : elle fait ses débuts dans la prostitution, sur le trottoir. Le destin va prendre une autre dimension dans le roman

- Le lecteur la découvre en même temps, que le public, au théâtre des Variétés dans « La Blonde Vénus »

- Apparition de Nana mise en valeur après une longue attente et une première déception (maladresses de comédienne) mais très vite subjuguée par sa sensualité

- Le passage se situe à la fin de la pièce, l'auteur présente au spectateur l'image du couple enlacé (Vénus et Mars) --> interromps à ce moment la narration de l'intrigue de sa pièce mythologique pour nous dévoiler l'impact du pouvoir de Nana sur le public

- Comment l'auteur va-t-il donc mettre en valeur le pouvoir particulier de l'héroïne dans ce passage?

- La structure du texte permet de souligner et de différencier le portrait d'une Nana triomphante dont on étudiera les caractéristiques et la métamorphose du public soumis à ce pouvoir

 

 

       I.            Le portrait de Nana

L'ouverture et la clôture du texte sont consacrées à Nana car c'est d'elle que dépend le comportement de la collectivité (centre du passage)

  • Le pouvoir de N se mesure par la fascination qu'elle provoque :

Ø  révélé par l'uniformité du comportement du public en véritable communion 

--> dans l'attitude et le geste

Traduit le bouleversement intérieur des personnages

-->  comparaison « comme un soupir »

Ø  le pouvoir de Nana se mesure à la progression du trouble du public

--> champ lexical de l'expansion dans les verbes

--> gradation soulignée par les adverbes « toujours davantage »

Pour arriver à une imprégnation totale

Ø  pouvoir de Nana souligné par une comparaison dans le temps

-->  « peu à peu » // « maintenant chaque homme la subissait »

 

  • La dimension mythique de son personnage :

Zola commence à construire dès sa première apparition, la dimension mythique de N en l'éloignant de son passé de courtisane (réalité toute simple)

Ø  par la substitution avec le terme de « Vénus » au lieu de son prénom (déesse mythologique de l'Amour et de la Beauté)

-->  confirmé par l'expression « chair de marbre » (statue des dieux dans l'antiquité)

Ø  pouvoir de Nana qui a quelque chose de démiurgique (action de créer)

-->  insistance sur le contraste entre le personnage unique, victorieux et destructeur (dieux et Nana) face au public

-->  ampleur de l'humanité

Ø  les personnages se présentent comme un peuple sacrifié dans son rapport à son idole

-->  opposition entre une force restée intacte et pur « chaire de marbre » « et n'en être pas entamé »

Et la fragilité, la déstabilisation qu'elle a su créer dans la conscience des spectateurs

Symptôme de la chute de ce public qui a perdu toute sa lucidité et à qui Nana a communiqué cette forme de folie animale qu'elle donnait en spectacle

 

  • Aspect du pouvoir de Nana: son animalité attribuée par Zola

Ø  désir associé au rut

Ø  comparaison renforcée par la démesure du désir dont elle est l'emblème

-->  « ainsi que d'une bête en folie »

 

  • Puissance provenant de son aisance

Dans certains gestes (aussi minimes soient-ils) qui ont la capacité de provoquer des conséquences spectaculaires

Ø  gestes minimes (« petit doigt »)

Ses conséquences, ampleur mise en valeur

-->  langage épique: « soufflait le désir » (force du vent)

-->  écriture métaphorique soulignant les changements importants qu'elle opère dans la nature humaine

Ø  un magnétisme qui émane d'elle exprimé par une écriture très métaphorique faisant appel au champ lexical de la musique

Les différentes caractéristiques définissant le pouvoir de N permettent à Z de construire la dimension mythique de personnage pour lui donner d'avantage d'ampleur et le pouvoir va se mesurer dans la description de pers représentatifs du Second Empire, pers dont la métamorphose va annoncer la décadence évoquée par la suite.

 

    II.            La métamorphose du public

Disparition du masque social qui va dévoiler des personnages ayant perdu le contrôle d'eux même

  • L'atmosphère qui règne dans ce lieu clos, propice à la métamorphose des pers :

Ø  imprégnation de toute la pièce par une sensualité qui est tenace :

-->  métonymie pour les pers associés à leur intimité et formes de sensualité (nuque, poils follets, haleines)

-->  indéfinis « des » --> fait disparaître l'individualité, individu défini plus que par sa sensualité

Ø  pers semblent victimes de l'atmosphère

emprisonne les pers dans un lieu étouffant

Ø  chute de la communauté dans un état d'envoûtement subi

-->  personnification de la salle avec progression des verbes de mvmnt

 

  • La métamorphose de personnages emblématiques de la cour du Second Empire:

Ø  pour éviter l'énumération monotone, description introduite par l'intermédiaire du regard de Fauchery (champ lexical du regard)

Ø  pers représentatifs sur 2 plans

-->  vulnérabilité/ jeunesse (et non pas par la classe sociale)

-->  la noblesse --> signes de la concupiscence (désire très violent)

Ø  thème du sang (reflux de sang ou par son aspect statique « pâle »)

-->  portrait de Steiner très burlesque (le seul à être pâle) apparence monstrueuse de son visage

-->  Daguenet au contraire a « les oreilles qui saignaient »

Ø  portrait le plus spectaculaire: celui du Comte Muffat car mis en scène

-->  créer une attente (« il restait étonné » + brièveté de l'évocation de la comtesse)

-->  contraste fait ressortir le visage métamorphosé du Comte

   --> perte du contrôle de soi (régression --> échappé de collège) « le comte se haussait »

   --> stupeur et béatitude « béant, la fasse marbrée de rouge » --> contre ses convictions religieuses

 

Pour la jeune adolescente du quartier de la Goutte d'Or dans le roman l'Assommoir, le passage au théâtre des Variétés peut apparaître rétrospectivement comme une véritable consécration. Émile Zola pour cette ouverture, a su ménager l'attente du public et celle du lecteur pour que l'apparition et la victoire définitive de Nana paraisse spectaculaire. On se rend compte que ce personnage prend déjà une dimension mythique/ allégorique d'une force qui corrompt et détruit grâce à sa sensualité. Le fait que ses victimes se trouvent dans l'entourage de Napoléon III (dénonciation d'un Second Empire corrompu) complète cette dimension allégorique. Dans cette page d'écrivain naturaliste, on n'assiste pas à la simple représentation de la réalité car l'auteur parvient à échapper à la plate reconstitution de la réalité grâce à son écriture métaphorique qui donne une certaine théâtralité et une force à ce passage. 

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