Nouvelle écrite par Meryem Uakkas
Publié le 23/06/2011
Extrait du document
12 Décembre
Cher journal,
C’est vraiment bizarre de s’adresser à un bout de papier… J'ai toujours ris des filles qui écrivaient chaque jour dans leur journal tout rose, et pensé qu'elles n'étaient vraiment pas nettes voire déséquilibrées et mal dans leur peau. Je n’ai jamais tenu un journal de ma vie, m’étant toujours contenté d’écrire quelques vers par ci par là et deux ou trois nouvelles qui ont toutes fini à la poubelle. Et pourtant, c’est bien moi qui suis affalé sur mon lit, une plume à la main et l’air tout à fait concentré sur mes confessions. Scène digne d’une comédie pour ados américaine. Avec la différence près que je suis un garçon. Ayant dépassé la majorité de quelques mois. Pitoyable, non ? Mais il y a bien un début à tout. Et question de fierté masculine, les faits que je m’apprête a y écrire et que j’ai vécus ne devront pas sortir d’entre ces pages. Par où commencer, cher Journal ? En réalité, je n'ai pas envie de parler de tout ça. Je n'ai pas envie de revivre une telle histoire à travers des pages imbibées d'encre morbidement noire. J'ai juste envie de me défouler encore et encore, et de gribouiller toutes tes feuilles jusqu'à ce qu'elles se trouent sous ma plume ravageuse ... Mais je n'y gagnerai qu'à te trouver un remplaçant. Crois-moi, J'ai déjà essayé.
Qu’est-ce que j’ai fait aujourd’hui ? J’ai réalisé que je l’aime.
On me dis souvent : « Vis le présent et crois en l’avenir ! » Mais comment y parvenir si le présent est corrompu et que l’avenir s’étend à perte de vue ? C’est une question à laquelle je me suis souvent surpris à penser. Le présent, pour moi du moins, est troublé. Certes rien de morbide, de ténébreux et de considéré comme proprement grave ou tragique. Mais un présent qui reste tout de même marqué. De sa présence.
J’aimerais quand même lui dire que tout ce que j’écris, je l’écris à la lumière de son sourire. Lui faire l’aveu que toutes ces envies d’être à deux, je les puise à l’encre de ses yeux. Qu’elle est mon tout. Qu’elle m’inspire et que c’est pour elle que je respire. Aujourd’hui, je me suis rendu compte que dans l’enchevêtrement de mes sombres idées, il y a une lumière : Elle. C’est ainsi que je n’ai pas vraiment écouté pendant le cours de Maths. Ni durant celui d’Anglais. Ni même à celui de français. En fait, ma présence n’a été que physique. Mon esprit a vogué ailleurs. Quelque part avec elle. Tout mon être n’est orienté que vers elle. Je ne me souviens pas m’être réveillé, m’être habillé et être allé en cours. Et pourtant, j’ai bien fait tout ça.
Elle n’est pas du genre de fille que l’on remarque du premier regard. Bien au contraire. Elle est de ce genre de personnes, qui, tassée dans l’ombre de l’amitié, préfère attendre la lumière de l’amour pour la refléter. Au début, c’est-à-dire quand on commence à se rendre compte que l’on pense et que l’on ressent des choses que l’on ne devrait pas, on n’y croit pas. Ou plutôt, on refuse de l’admettre et on préfère refouler ce genre de pensées, tel un enfant surpris par sa mère en flagrant délit. On est constamment en colère et on se maudit intérieurement de se comporter de la sorte, surtout en sa présence. On est également assailli de critiques et de remarques de ses proches. Ou du moins des personnes de notre entourage. C’est là que l’on est stupéfait de la quantité de critique que peut renfermer un imbécile. Ou des imbéciles.
« Pas elle, c’est impossible ! » est une phrase qui se grave dans votre cerveau et qui s’y répète une centaine de milliers de fois par heure, comme une sorte d’écho est réduit au mutisme en sa présence et reprend immédiatement et encore plus fort en son absence. Et puis comme rien n’est éternel, l’écho disparaît, remplacé par des « Et puis après tout, pourquoi pas ? ». C’est là que l’on assume. Hier encore, je n’assumais pas. Mais aujourd’hui est une nouvelle page. Et maintenant ? Maintenant rien du tout. J’attends.
28 Décembre
Cher journal,
J’ai attendu. Comme le jour attend la nuit. Comme les fleurs attendent la pluie. J’ai attendu tout ce temps. Toutes ces pages que j’aurais pu écrire entre la dernière fois et aujourd’hui et qui sont restées vierges, sont témoins de ma patience. 16 jours. Qui m’ont paru durer une éternité. 384 heures qui m’ont paru durer des années. 23 040 minutes qui m’ont semblé des mois. 1 382 400 secondes qui m’ont paru durer des semaines ! Excuse-moi de n’avoir rien écrit. Mais il m’a semblé que rien ne valait la peine d’être écrit. Ma routine quotidienne m’a paru désespérante sans elle. Insignifiante, même. Ce que je ne savais pas, durant toute cette période. C’est que sans en avoir l’air, elle aussi me regardait à cœur ouvert. Aujourd’hui, ça s’est fait ! Nous nous sommes avoués l’inavouable. Et je crois que mon émotion débordant ne me permet plus d’écrire. Je dois trouver autre chose que l’écriture pour me défouler. Aller courir quelques centaines de kilomètre ? L’amour est révolutionnaire ! Il vous donne tant de force que vous pourriez braver les enfers !
12 Janvier
Cher journal,
Je crois que ce que nous vivons en ce moment, elle et moi, personne d’autre ne pourrait le vivre. Tout simplement parce qu’une passion plus forte, ce serait la mort. Nous nous suffisons. Quand je le vois, tout ce qui se trouve autour devient trouble et le monde cesse brusquement de tourner. Son sourire m’illumine. Son regard me foudroie. Ses pupilles m’hypnotisent. La jalousie est bien une preuve d’amour, c’est bien aujourd’hui que je le remarque ! Lorsqu’elle adresse ne serait-ce qu’un sourire à un autre que moi, je le jalouse. Allant même jusqu’à le haïr, car pour moi, son sourire est un trésor précieux et en le regardant, il le souille de ses yeux. Pour elle, il en est de même. Il lui paraît tout bonnement inconcevable que mon regard se tourne vers une autre. Il m’arrive, dans mes fréquents excès de tendresse à son égard, de murmurer à son oreille des phrases qui me font autant frissonner qu’elle : « Telle une étoile dans le ciel illuminant la nuit, tu es l’être de mes rêves illuminant mes jours ». Et ce qui me fait tant d’effet, c’est de me rendre compte que c’est vrai. Avant elle, c’était la routine. Aujourd’hui, je vis. Mais c’est en vivant un tel amour, en vivant une telle passion que l’on commence à craindre l’illusion. J’ai beau tout rêver, elle dépasse le rêve et j’ai de plus en plus peut que ce que l’avenir peut nous réserver.
23 Février
Cher journal,
J’avais raison. Malgré tous ces bons moments. Malgré le fait que nous nous promettions le firmament. Et malgré cet amour grandissant, cela ne change rien au milieu dans lequel nous vivons. Les gens parlent. De tout et de rien. Et ils trouvent le bonheur dans le mensonge. Se complaisant dans l’idée de laisser leurs imaginations inventer de toutes pièces des histoires aussi stupides qu’invraisemblables. Les gens prennent également grand plaisir à faire passer le fruit de leur imagination aussi vite que possible. Et c’est ainsi que la rumeur est arrivée aux oreilles de mon aimée. C’est là que nos ennuis ont commencé. Refusant tout dabord d’y croire, elle fut contrainte finalement de laisser l’image de la « lumière de sa vie » avec une autre qu’elle rôder dans son esprit. Et cette image s’est imposée a elle comme une réalité à laquelle elle n’a cessé de penser. Une trahison qu’elle n’a pu laisser passer. Suite à tous mes pleurs, elle a finit pat entendre raison et me croire. Mais elle n’a plus jamais été la même. Je ne sais pas exactement ce qui lui est passé par la tête mais je pense que cette image la perturbait puisqu’à peine deux semaines plus tard, au cours desquelles elle a été plus que bizarre, ce fut à mon tour de ressentir une infime souffrance. Confirmée par elle-même, l’histoire était bien réelle. On avait beau tenter de me consoler, rien n’y faisait. Et nos chemins se sont séparés.
Aujourd’hui encore il m’arrive de penser à elle. Très souvent, même. Aimer quelqu’un c’est lui donner le pouvoir de vous détruire. Ce genre de choses là, on ne les oublie pas, on vit avec. Je ne pourrais plus jamais la voir de la même façon. Même si mes sentiments pour elle, sont toujours les mêmes. Mais rien ne se crée, rien ne se perd et tout se transforme et il ne sert à rien de privilégier tout ce qui existait au dépends de tout ce qui est là. Peut être qu’un jour nous parviendrons a mettre cette histoire de côté pour prendre un nouveau départ. Du moins c’est ce que j’espère. Mais à trop vouloir, on finit par ne rien avoir et pour l’instant, je me retourne vers l’immensité de l’avenir en espérant qu’un jour peut être nos chemins se croiseront peut être de nouveau. Et ce jour là, nous cesserons de nous regarder pour voir devant nous, main dans la main.
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