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Obéissance et Soumission

Publié le 03/11/2011

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Obéissance et soumission 

 

A première vue, la différence entre obéissance et soumission est bien mince. Cela est dû à la notion de hiérarchie impliqué par chacun des deux termes. Au même niveau hiérarchique, il y a celui qui ordonne et celui qui soumet. Au niveau hiérarchique inférieur, il y a celui qui obéit et celui qui est soumis. C’est au niveau inférieur qu’apparaît une différence : celui qui obéit est actif, celui qui est soumis est passif. L’obéissance et donc une action consentie sous l’autorité. On a le choix entre deux alternatives : obéir, ou son action contraire, désobéir. Si quelconque forme de violence ou de contrainte apparaît,, l’obéissance n’est plus une réaction à une autorité reconnue librement et bascule dans le cadre de la soumission, qui ne dépend plus de notre pleine volonté d’obéir ou de désobéir. La contrainte que l’on subit implique une dépendance ou un état duquel on peine à sortir. En cela, on peut considérer l’action contraire de la soumission comme étant la libération. Par cela, nous voyons que les notions d’obéissance et de soumission mettent en jeu celles de la volonté et de la liberté.

 

 

 

L’obéissance n’est pas perçue, contrairement à la soumission, comme quelque chose de négatif. En effet, obéir témoigne d’une attitude positive, de discipline. L’obéissance implique également que la source de l’ordre soit reconnue comme légitime. On obéit par exemple à ses parents, ou son responsable légal, qui sont sensés nous donner des ordres qui ont souvent la valeur de conseils. On obéit à ses éducateurs, ses instituteurs qui nous donnent des ordres pour notre apprentissage, ce qui est tout à fait nécessaire. On obéit à un patron au travail, ce qui relève notre sérieux. On obéit à des lois établies pour l’intérêt général. Ce sont là les bases du respect et du fonctionnement de la société. Obéir, contrairement à la soumission, n’est donc pas un fait négatif.

En effet, obéir aux règles de la société témoigne d’une façon de choisir son gouvernement. S’il convient, on le suit. Ce gouvernement est établi par le peuple même. C’est le peuple qui définit les lois pour un intérêt commun. C’est l’idée du pacte social chez Rousseau qui est défini ainsi. Le peuple n’a pas de raison de désobéir aux lois ou rendre le système injuste, car toute enfreinte à la loi le pénaliserait en fait. C’est lui qui établit pour lui-même son propre mode de fonctionnement, qu’il se décide volontairement ensuite à appliquer.

On parle souvent d’obéissance à un Etat reconnu, mais de soumission à un tyran. Or, d’où le tyran peut-il tirer sa puissance d’influence sur les autres ? Pour la Béotie, cela vient du fait que l’homme naît sous la contrainte. Il s’y habitue. Il ne peut pas lutter contre, car il n’a jamais connu d’autre état. Il veut servir le tyran car c’est la seule condition qu’il connaît. Il est donc sous une certaine forme de dépendance qui le contraint. Le tyran n’est donc pas inquiété du peuple, si celui-ci l’a laissé venir au pouvoir. C’est ce qui explique que certains tyrans soient restés au pouvoir des décennies. L’obéissance, au contraire, peut également être un outil de l’expression de la liberté. En effet, la désobéissance civile, qui consiste à enfreindre des lois jugées injustes et à en assumer malgré tout les conséquences judiciaires, en est une expression.

 

 

La soumission vient d’un état qui n’est pas librement choisi. La soumission vient d’une forme de persuasion qui empêche l’homme de  penser une conduite différente que celle qui lui est dictée. C’est par exemple le cas de la religion. L’homme, qui craint la sentence divine, n’hésite pas à se conformer à certains dogmes qui lui dictent un certain nombre de choses à accomplir. Dans une période très pieuse, au XVème siècle plus qu’actuellement, les hommes déboursaient même de l’argent aux profits de prêtres escrocs pour racheter leur place au paradis. La conformité au système du travail et l’obéissance à son patron relève aussi d’une forme de soumission. On ne peut se soustraire à ce système hiérarchique, il est largement ancré dans ancré dans la société.

Cependant, suivre aveuglément des règles ou un système non choisi établit la présence d’un choix. Obéir aveuglément, sans réfléchir parfois, n’est pas naturel. Cela provient souvent de l’exercice d’une force physique, ou d’une pression psychologique. Mais malgré toute contrainte éventuelle, l’homme n’a-t-il pas toujours un dernier recours ? En tant qu’individu, il a le choix entre se soumettre ou bien subir l’objet des menaces. Mais rien, sinon la crainte, ne le contraint de choisir la soumission. De même, le peuple, uni, est plus puissant qu’un tyran seul, et s’il ne souhaite pas garder ce tyran à la tête de l’Etat, il peut se soulever, comme l’a montré le Printemps arabe.

Cette possibilité du choix pose un problème éthique. En effet, si l’on considère la pression exercée sur des hommes pour leur faire exécuter des ordres à l’encontre de la loi morale (emprisonner, tuer, faire du mal à ses pairs), aucune menace ne justifie de tels actes. Les hommes sont, si l’on considère cette capacité, cette liberté de résister aux menaces en tout dernier recours, responsables. D’ailleurs, choisir de se soumettre est contre-nature. Par conséquent, la soumission totale pose un véritable problème éthique, dans le cas où les ordres donnés seraient eux-aussi contre nature, inhumains.

 

 

 

En conclusion, l’obéissance, qui est une forme d’expression d’une certaine liberté à l’égard du pouvoir exercé, puisque c’est par l’obéissance ou la désobéissance qu’on choisit le gouvernement que l’on établit et respecte, est un fait plutôt positif qui nous permet à tous de vivre dans une bonne entente. La soumission quant à elle ne témoigne pas de cette liberté mais d’une conformité aveugle à des systèmes de pensée à cause de la persuasion, par la force, la menace, la contrainte, la crainte, qui cependant ne peuvent en aucun cas justifier la soumission à des ordres inhumains contre-nature, et pose un véritable problème éthique.

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