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on a souvent reproché au roman d'entretenir les rêves et les illusions du lecteur, ce reproche vous parait il pleinement fondé ?

Publié le 22/10/2010

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Jusqu'au XIIe siècle, la chanson de geste et la poésie lyrique dominent la littérature, mais progressivement, un genre nouveau fait son apparition : le roman. Depuis le moyen-âge où l'usage du latin se restreint aux textes écrits car seule l’élite instruite le comprenait, tandis que les communications orales se faisaient en langue romane, il a fallu transcrire ou écrire en langue romane certains textes afin de les rendre accessibles à un public plus large. Le terme « roman « est alors appliqué à tous les textes écrits en langue romane, c'est donc un genre littéraire aux contours flous.

Or, « on a souvent reproché au roman d’entretenir les rêves et les illusions du lecteur, ce reproche vous parait il pleinement fondé ? « sera le sujet de cette dissertation, pour l’expliquer débutons par une définition des termes qui composent celui-ci.

Le Roman est défini comme une Œuvre d'imagination en prose, assez longue, qui présente et fait vivre des personnages donnés comme réels, dont elle raconte leurs histoire, aventures, psychologies, destins. Notons ici que ce genre « fait vivre des personnages DONNES comme réels «.Le rêve quand a lui ce défini comme une Succession d'images qui se déroulent dans la conscience pendant le sommeil et que le sujet endormi vit comme des événements réels.

Ajoutons à cela l’interprétation par Freud du rêve humain qui pense le rêve comme la satisfaction d’un désir. Les désirs interdits se satisfont dans le rêve, mais d'une façon encore détournée, voilée, symbolique.

Enfin les illusions intellectuelles qu’il convient de distinguées ici des illusions des sens, ces premières ayant pour fondements les désirs et les passions.

Ce sujet nous amène donc à répondre à la problématique suivante : « le roman est il uniquement un moyen de satisfaire des désirs d’évasion de la réalité ou bien à t-il une autre fonction ? «

Pour cela, nous allons élaborer un plan en deux parties.

Tout d’abord, dans une première partie, nous commencerons par désigner cette fonction de déconnexion du réel afin de confirmer la problématique, puis dans un second temps, nous expliquerons en quoi le roman peu avoir une autre utilité afin de nuancer celle-ci.

 

En regardant uniquement la définition du terme roman nous pouvons noter que le roman se caractérise par son contenu fictionnel : il s'agit donc pour lui, au premier abord, de raconter une histoire inventée, parfois dans le seul but de divertir un public. On pourra donner l'exemple des romans fantastiques, des romans d'aventures. Revenons d’ailleurs à ces premiers, qui ont pour caractéristiques de «introduire du surnaturel dans le cadre réaliste d’un récit, autrement dit l’apparition de faits inexpliqués et théoriquement inexplicables dans un contexte connu du lecteur «.

Nous pouvons donc ainsi citez un genre assez récent, l’héroic fantasy ; il s’agit d’œuvres centrées sur des aventures héroïques dans des mondes imaginaires au contexte fortement médiéval, qui font aussi partis de cette catégorie d’ouvrages ayant pour but de faire rêver le lecteur. Tel que l’Assassin Royal écrit par Robin HOBB, où un personnage, dénommé Fitz, Héritier bâtard de la couronne des six-duchés, va devoir affronter moult péripéties en guerroyant. Cet ouvrage pourrait donc satisfaire un désir de conquêtes et de puissance, où par le biais d’une identification au personnage, l’auteur donne l’illusion au lecteur de vivre ces aventures. Cette notion d’identification au personnage principal est très utilisée, et cela dans la plupart des genres de romans. En effet, on la retrouve aussi dans le roman policier, avec un certain dénommé « Sherlock Holmes « crée par Sir Arthur Conan Doyle, qui part le biais d’indices va pouvoir designer un coupable à l’enquête qui lui a été confiée, le tout dans un suspense tenant. Ce procédé se retrouve dans ces ouvrages, le lecteur va en effet suivre l’enquête avec le détective par le biais du docteur Watson, le narrateur, qui se trouve être dans l’histoire, le biographe de Holmes. Le lecteur pourra ici réfléchir à l’enquête, avoir l’illusion de participer a l’enquête, non comme le ferait un simple spectateur.

Cette notion est utilisée dans les titres à succès comme « Twilight « dans lequel une jeune et jolie étudiante fait la connaissance et tombe sous le charme d’un mystérieux garçon dont elle découvrira les origines pour le moins « sanguines «. Pour cet ouvrage dont l’amour est un des thèmes phares, les deux protagonistes connaissant un amour passionné mais impossible du fait de leurs origines respectives. On pourra observer le mythe du vampire beau, fort, énigmatique, de quoi faire rêver bien des jeunes filles qui auront l’illusion d’être Bella, le personnage principal du roman. Et c’est la bien le but recherché, le rêve, l’assouvissement du désir, des illusions d’un amour passionnel et impossible font encore envie, comme on peu le constater soit dit en passant par le nombre ahurissant de ventes en France : plus de 1 500 000 ouvrages. Ainsi, la satisfaction du désir, du rêve, est aussi utilisée dans le roman avec par exemple les ouvrages de Voltaire, La Princesse de Babylone et Candide. Dans lesquels, les personnages principaux vont faire le tour du monde pour retrouver leurs amours perdus. Ces romans trouvent leur utilité grâce aux lecteurs qui connaissant une vie terne, se tournent volontiers vers des romans qui les dépaysent dans le temps ou dans l’espace.

La caractéristique commune à ces ouvrages est de permettre l’évasion en sollicitant fortement l’imagination. Néanmoins le reproche qui lui est formulé semblera infondé du fait que certains lecteurs lisent ces romans afin des rêver. Mais un ouvrage ne servant qu’à cela pourrait être alors considéré comme superficiel et inutile.

Cependant, le roman même en étant une œuvre de fiction ne peu avoir pour seul but d’entretenir ces rêves et ses illusions.

 

Car le roman, interprète du réel. Cependant, le roman n'a d'autre source que le réel lui-même, il fait simplement un travail d'interprétation de ce réel. Les courants romanesques du réalisme et du naturalisme se donnent ainsi pour but de donner à voir le réel, de mettre au jour ses mécanismes comme le fait Zola en décrivant avec précision ses personnages et leurs milieux, dans le but de dessiner un portrait fidèle de la vie sous le second empire, ce qui passe par un immense travail de documentation et d'analyse quasi-scientifique.

Comme il le fait par exemple dans Germinal avec une description très appuyée de la mine et de ces travailleurs exténués ainsi que de leurs situations quotidiennes.

Il exécute et dresse dans ce roman une critique lacérante des inégalités entre les ouvriers de la mine dont le travail est épuisant et les bourgeois qui la dirige et qui vivent dans l’oisiveté la plus totale par le biais d’une représentation, d’une fiction de cette dure réalité.

Mais cet autre aspect du roman est utilisé pour désigner une situation comme le fait Voltaire dans Candide, où le personnage principal, Candide tombe éperdument amoureux de Cunégonde et qui pour la récupérer devra chasser ceux qui l’ont capturée.

Voltaire pour critiquer cette société du XVIII e siècle, va utiliser le roman pour faire perdre tout crédit à ces « ennemis « en les tournants en dérisions, en usant de la parodie et de la satire et par le biais du décalage constant que vit Candide, qui voit la réalité altérée par les illusions de son optimisme naturel qui s’opposant à la réalité devra si soumettre.

Et comme le dit Voltaire, plutôt que de s’occuper du compliqué autant « cultiver notre jardin «, il propose ici une alternative a la métaphysique grandissante a son époque et qui consiste a s’occuper du monde bien réel et non à cette science qu’il décrit comme superficielle par le biais d’une dérision de Pangloss, le maitre Philosophe accompagnant Candide.

Dans ce roman, il s’oppose tout d’abord a l’église qui s’appuyant sur la crédulité des gens simples, se sert de puissantes organisations comme l’Inquisition (VI) pour garder un pouvoir entretenu par la superstition, elle n’hésite pas à faire appel à la délation, au meurtre, à la torture et au mensonge. Manipulant les foules ignorantes, elle se dissimule derrière l’image de la vertu renvoyée au peuple, mais ses membres n’hésitent pas à se laisser aller à leurs désirs .En effet le grand Inquisiteur partage en secret Cunégonde avec un banquier juif.

D’ailleurs, en dépit de sa faible instruction, un esclave dénommé Cacambo n’a aucune de peine à pointer du doigt la contradiction entre le discours affirmant que chaque homme descend d’Eve et d’Adam et la pratique de l’esclavage, signe du mépris de la personne humaine.

Car en effet, l’esclavage sera aussi une cible privilégiée de Voltaire, a travers Candide, il montre l’esclavage comme dénudé d’humanité, il en sera de même pour la guerre qui est montrée comme monstrueuse comme au chapitre XXIII alors que Candide et son ami Martin naviguent vers l’Angleterre, ils voient un amiral condamné à mort pour « n’avoir pas fait tuer assez de monde «. Terrible leçon d’une logique violente, la guerre entraîne l’homme dans un mécanisme infernal selon Voltaire, il le démontrera aussi dans La princesse de Babylone en ironisant sur la brutalité de celle-ci lorsque les princes d’Egypte et d’Indes s’unissent et annoncent « qu’il fallait faire venir des armées pour le punir ; qu’ils avaient avaient assez de sujets qui se tiendraient fort honorés de mourir au service de leurs maitres. « ou bien lorsqu’il la donne pour inutile à la fin du chapitre V.

La guerre se trouvera peinte comme brutale et sanglante dans l’Assassin Royal, lorsque Fitz se verra enrôler pour affronter les Outrilliens et qu’il perdra sa dignité d’homme libre en se faisant capturer et affaiblit dans les cachots de ses ennemis.

Le roman ne tient donc pas pour seul rôle que celui de faire Rêver car il peu aussi faire penser en critiquant une société, une situation, une institution par le biais d’ironie, de satire et d’infirmations. En effet, le romancier écrit toujours parce qu'il entend donner à voir le réel à travers sa propre vision.

 

Nous pouvons donc conclure en annonçant que le roman a bel et bien la fonction de déconnecter le lecteur de la réalité, d’assouvir ces désirs d’évasions. En lui donnant a voir d’autres univers, d’autres situations.

Mais cette fonction se trouvera complétée par une utilité critique, en effet le roman en donnant à voir une situation imaginaire, peu en réalité critiquer une situation ou un phénomène bien réel.

Nous pouvons alors nous demander si le roman peu déformer notre perception de la réalité par le biais de la fiction ?

 

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