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Pakistan

Publié le 11/04/2013

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pakistan
1 PRÉSENTATION

Pakistan, en ourdou Pākistān et en anglais (autre langue officielle) Pakistan, pays d’Asie méridionale. Sa capitale est Islamabad.

Le Pakistan est limité par l’Inde à l’est, la mer d’Oman au sud, l’Iran à l’ouest, l’Afghanistan et la Chine au nord-est. Le Cachemire, partagé entre l’Inde et le Pakistan, est un territoire revendiqué par les deux pays.

2 MILIEU NATUREL
2.1 Relief et hydrographie

La superficie du Pakistan est de 796 095 km². Son territoire est formé de deux grands ensembles : une vaste plaine, parcourue par l’Indus et ses affluents, et les montagnes du Nord et de l’Ouest. D’une largeur oscillant entre 80 et 320 km, la plaine de l’Indus, qui traverse le pays du nord au sud jusqu’à la mer d’Oman, couvre plus de 518 000 km². Les affluents de l’Indus — d’ouest en est, Jhelum, Chenab, Ravi, Beas et Sutlej — alimentent le système d’irrigation qui arrose le Pendjab à l’ouest, et le Sind au sud. La grande plaine, séparée du désert de Thar par la frontière indienne, se termine au sud par une étroite plaine côtière en bordure de la mer d’Oman.

Montagnes et plateaux couvrent la partie occidentale du pays. On trouve, au nord, les chaînes de l’Hindu Kush et du Karakorum, ce dernier culminant au K2, deuxième sommet du monde (8 611 m). Plus au sud, les monts Safed Koh sont percés par la passe de Khyber, aux confins du Pakistan et de l’Afghanistan. Les monts Toba Kakar et les monts Sulayman, au centre du pays, sont prolongés au sud par le grand plateau du Baloutchistan.

2.2 Climat

Le Pakistan est un pays de climat sec, caractérisé par des altitudes et des températures très contrastées. La mousson, de juin jusqu’en septembre, n’arrive que très atténuée. Dans le Pendjab, où les précipitations sont les plus importantes, il tombe plus de 500 mm de pluie par an, mais pas plus de 150 mm dans les plaines, où le manque d’eau est compensé par l’irrigation. Les hivers sont secs et assez frais, et les températures descendent alors en dessous de 0 °C dans les régions montagneuses du Nord et de l’Ouest. Dans la plaine de l’Indus, elles oscillent entre 32° et 49 °C environ en été, pour une moyenne hivernale de 13 °C.

2.3 Ressources naturelles

Les ressources du Pakistan sont essentiellement agricoles. Le sous-sol n’a pas été entièrement exploré, mais il contient du sel, de la chromite, du gypse, de la pierre à chaux, du fer, de l’argile, du graphite et du cuivre. Le pétrole, trouvé dès 1915 en petites quantités, est exploité plus intensivement depuis 1980 dans le Sind. D’importants gisements de gaz naturel, découverts au cours des années 1950, sont présents dans la région de Multan (à la frontière entre le Pendjab et le Baloutchistan).

2.4 Végétation et faune

La flore du Pakistan abrite environ 5 000 espèces de plantes sauvages, dont environ 370 sont endémiques. Le couvert forestier ne représente, en tout, que 2,4 % du territoire. Dans une grande partie du pays, la végétation naturelle est essentiellement constituée d’herbes et d’arbustes adaptés à la sécheresse. Une flore alpine pousse sur les versants des montagnes plus élevées ; des épicéas, des chênes verts, des cèdres de l’Himalaya (ou déodars) et des pins s’élèvent sur les versants humides. Des mangroves semi-arides sont caractéristiques de la végétation du Sind, qui inclut le delta de l’Indus.

La faune du Pakistan est riche et diversifiée. Outre quelque 20 000 espèces d’invertébrés, on y trouve une vingtaine d’espèces d’amphibiens et plus de 170 espèces de reptiles. Parmi eux figurent près de 90 espèces de lézards et 70 espèces de serpents ; dans les cours d’eau se rencontre le crocodile des marais (le gavial, autre crocodilien, semble avoir disparu du territoire). La faune aviaire comprend plus de 700 espèces sédentaires ou migratrices. De nombreux échassiers migrateurs (grues, hérons, cigognes, courlis, etc.) se retrouvent en hiver dans le Sind. Le Pakistan possède également plus de 35 espèces de rapaces diurnes (aigles, buses, vautours, faucons, etc.). Les mammifères, au nombre de 185 espèces environ, comprennent de grands herbivores (cerf élaphe, bouquetin dit de Sibérie, sanglier, antilopes [nigault, antilope pallas)] ainsi que de nombreux carnivores. Ces derniers sont notamment représentés par plusieurs félins (manul [un chat sauvage], panthère des neiges, caracal, lynx, chat des marais), des canidés (chacal doré, loup), des mustélidés (loutre de rivière, hermine, fouine), etc. Dans les régions montagneuses vivent deux espèces d’ours : l’ours brun et l’ours à collier. Plusieurs grands prédateurs (guépard, lion, tigre) ont disparu du Pakistan sous les effets de la chasse et de la disparition de leur habitat ; il en est de même pour le rhinocéros unicorne de l’Inde.

Les eaux douces comme les eaux marines recèlent une grande variété de poissons (on recense ainsi quelque 400 espèces de poissons marins, dont une vingtaine d’espèces de requins), des cétacés (une dizaines d’espèces) et deux espèces de tortues marines (la tortue bâtarde et la tortue franche).

2.5 Problématiques environnementales

L’un des problèmes environnementaux majeurs du Pakistan est la dégradation des sols et des écosystèmes. Dans les vallées et les plaines de l’est du pays, région la plus peuplée, le défrichement pratiqué pour l’agriculture et les installations humaines est à l’origine d’une importante érosion. Le surpâturage (par les troupeaux de caprins en particulier), qui touche également les pâturages de haute montagne, est un problème majeur, lui aussi à l’origine de phénomènes d’érosion. Par ailleurs, les pratiques d’irrigation pour l’agriculture entraînent une salinisation des sols conduisant, à terme, à leur stérilité. Dans le delta de l’Indus, l’érosion se combine à la pollution des eaux pour affecter les riches écosystèmes de mangroves.

Nombreuses sont les espèces végétales ou animales sauvages menacées. La chasse de plusieurs espèces en danger (telles l’antilope pallas, ou cervicapre, et la gazelle à goitre) est désormais très réglementée, tandis que l’exportation de peaux d’animaux sauvages est interdite. Le Pakistan est signataire de plusieurs traités de conservation de la nature : notamment la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES), la Convention de Ramsar sur les zones humides, la Convention sur la diversité biologique et la Convention sur les espèces migratrices (ou Convention de Bonn) ; il a également ratifié le protocole de Kyoto. En revanche, les zones protégées ne représentent que 9,1 % du territoire.

3 POPULATION ET SOCIÉTÉ
3.1 Caractéristiques démographiques

La population du Pakistan était estimée, en 2008, à 167,8 millions d'habitants ; c’est l’un des pays les plus peuplés du monde. Le taux d’accroissement naturel de la population atteignait 1,9 % en 2008 (contre environ 3 % dans les années 1980), soit une diminution moins sensible que dans plusieurs autres pays asiatiques (comme l’Inde ou la Chine) en raison de la mise en place tardive d’une politique de prévention des naissances. Le taux de fécondité demeure élevé (3,6 % en 2008) et le taux de natalité soutenu (26,9 ‰) ; la population pakistanaise est relativement jeune (environ 40 % de la population a moins de 15 ans). Elle connaît une situation sanitaire médiocre ; l’espérance de vie moyenne est de 64,1 ans (2008), et le taux de mortalité infantile atteint 67 ‰. Au milieu des années 2000, le Pakistan était classé parmi la cinquantaine de pays à faible niveau de développement humain.

Pays d’émigration (notamment vers le Royaume-Uni, l’Amérique du Nord, l’Arabie saoudite et les autres États du golfe Persique), le Pakistan a connu à partir des années 1980 un afflux important de réfugiés en provenance de l’Afghanistan, qui s’est accentué avec la prise de pouvoir des talibans en 1998. Le nombre de ces réfugiés était estimé à deux millions de personnes au milieu des années 2000.

3.2 Divisions administratives et villes principales

Le Pakistan est divisé en quatre provinces — le Baloutchistan (à l’ouest, à la frontière avec l’Iran et l’Afghanistan, avec pour capitale Quetta), la province de la Frontière du Nord-Ouest (au nord-ouest, à la frontière avec l’Afghanistan, avec pour capitale Peshawar), le Pendjab (au nord-est, à la frontière avec l’Inde, avec pour capitale Lahore) et le Sind (au sud-est, avec pour capitale Lahore) — et deux territoires : le territoire de la capitale fédérale d’Islamabad, dans le nord-est, et le territoire formé par les « zones tribales « (situées dans une bande étroite le long de l’Afghanistan, au nord-est du Baloutchistan).

La population pakistanaise est très inégalement répartie : la densité moyenne est de 215,4 habitants au km² (2008), mais elle peut doubler dans les zones les plus peuplées du Pendjab et être extrêmement basse dans les zones désertiques du Baloutchistan. Plus de la moitié de la population est en effet concentrée dans le Pendjab, et 20 % environ dans le Sind, soit dans les régions irriguées par l’Indus. En croissance, le taux d’urbanisation n’est que de 35 % (2005). Toutefois, la plus grande ville pakistanaise, Karachi, figure parmi les agglomérations urbaines les plus peuplées du monde (9 339 023 habitants en 2006) ; ancienne capitale fédérale située dans la zone du delta de l’Indus, elle demeure le principal centre commercial et industriel du pays. Les autres centres urbains importants sont Lahore (5 063 499 habitants), Faisalabad, Rawalpindi, Hyderabad, Multan et Peshawar. La capitale fédérale Islamabad a été fondée en 1961 pour succéder à Karachi.

3.3 Peuples, langues et religions

Le Pakistan réunit une mosaïque de peuples, qui diffèrent sensiblement par leur culture, leur langue et leurs coutumes. Aux quatre grandes régions citées précédemment (le Pendjab, la Frontière du Nord-Ouest, le Sind et le Baloutchistan), correspondent quatre groupes majoritaires. Le plus important est constitué par les Pendjabis (qui représentent près de la moitié de la population du pays) ; leur société, rurale, est très fortement organisée autour des propriétaires fonciers (zamindar), qui possèdent les pouvoirs politique et économique. Dans les montagnes du Nord-Ouest, les Pathans (appellation indienne des Pachtounes), qui représentent environ 15 % de la population totale, se caractérisent par la persistance de liens tribaux puissants. Les Sindhis, rassemblés au voisinage de l’Indus, forment aussi environ 15 % de la population ; leur région se caractérise par la permanence de vastes propriétés. Enfin, les Baloutches (environ 5 %) sont, comme les Pathans, solidement structurés en tribus.

D’un point de vue religieux, la population est en revanche plus homogène avec 97 % de musulmans (dont 80 % de sunnites et 20 % de chiites). Cette homogénéité est le fruit du départ massif, lors de la partition de l’Inde et de la création du Pakistan, en 1947, de 6 millions de non-musulmans (hindouistes et sikhs) et de l’arrivée de 8 millions de musulmans en provenance de l’Inde (appelés Mohajirs, « ceux qui ont migré «). Parmi les groupes religieux minoritaires, les principaux sont les hindouistes et les chrétiens ; il existe également un petit nombre de sikhs, de parsis et de bouddhistes.

Sur les quelques 80 langues parlées dans le pays (pour la plupart indo-iraniennes), la plus importante numériquement est le pandjabi (parlé par 48 % de la population toutes variétés cumulées) ; elle est suivie des différentes variétés du pachto (15 % environ), du sindhi (14 %) et du baloutche (3 %). Les deux langues officielles sont l’ourdou et l’anglais — dans la province du Sind, le sindhi a également acquis le statut de langue officielle. Bien qu’il ne soit la langue maternelle que de 7 à 8 % de la population (essentiellement dans les centres urbains, peuplés principalement par les réfugiés venus d’Inde), l’ourdou (qui se distingue de l’hindi par le fait qu’il s’écrit avec l’alphabet arabe) a été choisi comme langue officielle lors de l’indépendance du Pakistan, en raison de la volonté politique d’utiliser la langue comme instrument de l’unité nationale dans un pays aux fortes diversités ethniques.

3.4 Éducation

L’enseignement est gratuit et obligatoire de 5 à 9 ans, soit pendant les cinq années d’école primaire. Le Pakistan accuse un retard important dans la scolarisation et l’alphabétisation lié à des raisons économiques et des obstacles culturels (les filles subissent en particulier une forte discrimination) ; les zones rurales souffrent en outre d’une grave pénurie d’écoles. Dans ce contexte, les madrasas (les écoles religieuses) comblent le vide créé par le manque de moyens de l’école publique. Le taux de scolarisation dans l’enseignement primaire n’est que de 68 % (2002–2003), et chute à 57 % pour les filles ; il est de 23 % en moyenne dans l’enseignement secondaire. Seuls 3 % des jeunes accèdent à l’enseignement supérieur. Le taux d’alphabétisation s’élève en moyenne à 47,4 % (2005) et n’atteint que 32,4 % chez les femmes. La part du budget consacré aux dépenses d’éducation est l’une des plus basses au monde (1 % en 2001), de même que celle du budget de l’enseignement public par rapport au PNB (1,8 % pour la période 2000–2001).

Parmi la trentaine d’universités que compte le pays, les principales sont celles de Karachi (fondée en 1951), du Pendjab (1882) à Lahore, de Peshawar (1950), du Sind (1947) à Jam Shoro, et l’université de l’Agriculture (1909) à Faisalabad.

4 INSTITUTIONS ET VIE POLITIQUE

L’histoire politique de la République islamique du Pakistan se caractérise par une alternance de dictatures militaires et de périodes démocratiques, les gouvernements civils étant affaiblis par une forte instabilité. Aussi, la Constitution de 1973, qui instaure un régime parlementaire, a-t-elle été plusieurs fois suspendue, et amendée à de nombreuses reprises. Cette évolution heurtée s’explique notamment par les difficultés de l’État pakistanais à construire son unité en raison des rivalités entre les différentes communautés ethniques qui le composent, par les problèmes de mauvaise gouvernance et de corruption, ainsi que, dans ce contexte, par le rôle déterminant de l’institution militaire dans le domaine politique.

4.1 Historique

Les grandes étapes de l’évolution politique pakistanaise sont marquées par le premier coup d’État militaire de 1958, qui porte au pouvoir sans effusion de sang le général Ayyub Khan, auquel succède le général Yayha Khan en 1969. Le gouvernement civil de Zulfikar Ali Bhutto est renversé dans le sang en 1977 par le général Zia ul-Haq. La loi martiale est instaurée jusqu’à l’amorce d’un processus de démocratisation à partir de 1985. Les élections législatives de 1988 et la victoire de la fille d’Ali Bhutto, Benazir Bhutto, consacrent le retour de la démocratie. Jusqu’en 1999, les gouvernements s’alternent — sous la direction de Benazir Bhutto (1988-1990 ; 1993-1996) et de son rival Nawaz Sharif (1990-1993 ; 1996-1999) —, dans un contexte national marqué par la montée des violences interconfessionnelles et par une grave crise économique et sociale. Le coup d’État mené en octobre 1999 par le général Pervez Moucharraf est alors bien accueilli par la population pakistanaise. Celui-ci rétablit les institutions en 2002 tout en imposant un régime autoritaire. Les élections législatives de 2007 se soldent par la victoire de l’opposition.

4.2 Organisation des pouvoirs
4.2.1 Pouvoir exécutif

Selon les termes de la Constitution de 1973, le président de la République est le chef de l’État, il incarne l’unité de la République. Il est élu pour un mandat de cinq ans par un collège électoral constitué des membres du Parlement et des assemblées provinciales. Le chef du gouvernement est le Premier ministre ; celui-ci est désigné par le président et élu par l’Assemblée nationale (il s’agit habituellement du dirigeant du parti ou de la coalition majoritaire). Les autres membres du gouvernement sont nommés par le président de la République parmi les députés.

4.2.2 Pouvoir législatif

Le pouvoir législatif fédéral est dévolu à un Parlement bicaméral, composé d’une Chambre basse, l’Assemblée nationale, et d’une Chambre haute, le Sénat. L’Assemblée nationale est composée de 342 sièges (dont 60 réservés aux femmes), et ses membres sont élus au suffrage universel direct pour cinq ans. Le Sénat est composé de 100 sièges (dont 17 réservés aux femmes), et ses membres sont élus indirectement par les assemblées provinciales pour un mandat de six ans.

Si la Constitution de 1973 instaure un régime parlementaire, plusieurs amendements constitutionnels apportés durant les périodes de dictature militaire ont visé à accroître les prérogatives présidentielles. Sous le régime du général Zia ul-Haq, par exemple, un amendement constitutionnel de 1985 confère au président de la République le pouvoir discrétionnaire de dissoudre l’Assemblée nationale et de révoquer le Premier ministre. De même, le général-président Moucharraf fait adopter en 2002 près d’une trentaine d’amendements afin de renforcer son pouvoir. En outre, la mise en place d’un Conseil de sécurité national, composé de quatre chefs militaires et de huit responsables civils (sous la présidence du chef de l’État), et chargé d’exercer un contrôle sur le gouvernement, tend à institutionnaliser le rôle politique de l’armée, qui a toujours joué un rôle prépondérant dans l’histoire du pays.

4.2.3 Pouvoir judiciaire

Au sommet de la pyramide judiciaire du Pakistan se trouve la Cour suprême. Une Cour fédérale de la charia (loi islamique), créée par le général Zia en 1985, est chargée de déterminer la conformité d’un texte législatif à l’islam.

4.2.4 Institutions provinciales

Le Pakistan est une fédération divisée en quatre provinces — le Baloutchistan, la province de la Frontière du Nord-Ouest, le Pendjab et le Sind —, dotées d’une Assemblée élue au suffrage universel et d’un gouverneur nommé par le président, et deux territoires — le territoire de la capitale fédérale, administré par le gouvernement fédéral d’Islamabad, et les zones tribales (FATA), placées sous l’autorité directe du président de la République. Les lois du Pakistan ne sont pas appliquées dans les FATA, qui sont administrées d’après les coutumes traditionnelles des tribus pachtounes locales. Ce statut spécial témoigne de la difficulté pour l’État pakistanais d’établir son autorité sur la totalité d’un territoire très disparate.

Le Pakistan possède des frontières fragiles, avec notamment la question du Cachemire toujours en suspens. Il contrôle ainsi une partie du Cachemire, l’Azad-Cachemire (Cachemire libre), qui possède ses propres gouvernement, président, Premier ministre et tribunaux, tout en maintenant des liens forts avec le Pakistan.

4.3 Partis politiques

Le paysage politique pakistanais est dominé par deux formations principales : le Parti du peuple pakistanais (PPP, social-démocrate), fondé en 1967 par Zulfikar Ali Bhutto, puis présidé par sa fille Benazir Bhutto de 1979 jusqu’à sa mort en 2007, et la Ligue musulmane du Pakistan (PML, libérale), fondée en 1962 mais à plusieurs reprises subdivisée en de multiples factions. Après le coup d’État de 1999 perpétré par le général Moucharraf, les deux principales factions de la Ligue musulmane sont la PML-Q, qui rassemble les partisans du président Moucharraf, et la PLM-N, restée fidèle à Nawaz Sharif. Le Muttahidda Qaumi Movement (MQM), anciennement baptisé Mohajir Qaumi Movement, rassemble des citoyens pakistanais immigrés d’Inde. Les partis islamiques jouent un rôle important sur l’échiquier politique, au niveau national mais surtout au niveau provincial (au Baloutchistan et dans la province de la Frontière du Nord-Ouest) ; les plus influents sont la Jamaat-e-Islami (fondamentaliste sunnite) et la Jamiat Ulema-e-Islami (Rassemblement des oulémas de l’islam), rassemblés avec d’autres formations au sein de la Muttahida Majlis-e-Amal (MMA, Conseil uni pour l’action). Un certain nombre de partis ont des visées nationalistes, notamment le Parti national Awami, parti nationaliste pachtoune actif dans la province de la Frontière du Nord-Ouest, et le Parti national du Baloutchistan.

4.4 Défense nationale

Le service militaire est obligatoire pour tous les hommes. En 2004, les forces armées du pays étaient constituées de 619 000 hommes. Le Pakistan, qui n’est pas signataire du traité de non-prolifération nucléaire (TNP, 1968), est officiellement devenu une puissance nucléaire lors de ses essais souterrains de mai 1998. En 2002, la part de la défense dans les dépenses publiques s’élevait à 18 % (soit le 10e rang mondial). La part des dépenses militaires dans le PIB était de 4,5 % en 2003.

5 ÉCONOMIE

Pays presque exclusivement agricole au moment de son accès à l’indépendance en 1947, le Pakistan connaît un développement économique irrégulier, entravé par une situation politique souvent instable et par les tensions récurrentes avec l’Inde (voir conflit indo-pakistanais). Fortement dépendante de l’aide financière internationale, et par conséquent de la conjoncture géopolitique régionale, l’économie pakistanaise demeure sous-développée et pâtit chroniquement du fardeau du service de la dette extérieure, de déficits budgétaires élevés, du poids des dépenses militaires (avec pour conséquence le sous-développement social), de la faiblesse des investissements privés, en particulier étrangers, et des effets de l’accroissement rapide de sa population.

5.1 Historique

Les débuts de l’indépendance sont marqués par l’essor de l’industrie (du coton notamment) et les progrès de l’agriculture (grâce à l’irrigation et à l’emploi d’engrais chimiques). Après la bonne croissance économique des années 1960, le pays est confronté en 1971 à la sécession du Pakistan-Oriental (qui devient le Bangladesh) et subit un ralentissement de sa croissance. Les années 1970 sont marquées par une vague de nationalisations et le développement d’une industrie lourde très coûteuse ; afin de juguler les effets de la crise sur l’emploi, le gouvernement pakistanais encourage l’émigration de la main-d’œuvre pakistanaise vers les pays du Moyen-Orient. Le Pakistan connaît une nouvelle phase de croissance dans les années 1980, portée par trois facteurs principaux : le boom de l’aide financière et militaire américaine lié au soutien du Pakistan contre l’occupation soviétique de l’Afghanistan voisin (voir guerre d’Afghanistan) ; l’afflux de devises étrangères provenant des travailleurs émigrés ; de bonnes conditions météorologiques entraînant une production agricole accrue dans un pays soumis aux aléas climatiques. Dans ce contexte pourtant favorable, la croissance ne bénéficie pas aux plus défavorisées, le pays demeure largement dépendant de son agriculture et les déficits se creusent en raison de la hausse des dépenses militaires. À la fin des années 1980, le Pakistan se tourne vers une politique de libéralisation et d’ouverture aux investissements étrangers sous l’égide du Fonds monétaire international (FMI). Le climat est cependant peu propice à la croissance en raison de la montée des extrémismes religieux et des violences intercommunautaires. Les années 1990 connaissent ainsi une forte détérioration de la situation économique et sociale, caractérisée par des déficits budgétaires élevés (notamment imputables à l’inefficacité du système fiscal) et par un lourd endettement extérieur (aggravé par les sanctions financières découlant des essais nucléaires pratiqués par le Pakistan en 1998).

Dans un contexte géopolitique marqué par la fin de l’isolement du Pakistan sur la scène internationale au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 et par son alliance avec les États-Unis, le pays engage de profondes réformes structurelles pour relancer son économie : réforme du secteur bancaire, libéralisation du commerce extérieur, réforme de l’administration fiscale, privatisations dans les secteurs de l’électricité et du raffinage. Ces réformes, conjuguées à l’assistance des bailleurs de fonds internationaux, permettent à l’économie pakistanaise de renouer avec une croissance soutenue et de retrouver son équilibre interne et externe. Toutefois, cette croissance ne se traduit pas par une amélioration notable du niveau et des conditions de vie des Pakistanais. Avec un PIB par habitant de 710,90 dollars en 2005, le Pakistan est classé parmi les pays à faible revenu par la Banque mondiale, avec 40 % de la population rurale et 25 % de la population urbaine considérés comme pauvres. Le gouvernement pakistanais affiche la volonté de lutter contre la pauvreté en misant sur les effets de la croissance économique et en favorisant les dépenses d’infrastructures (électricité, eau, communications), de santé et d’éducation.

5.2 Secteur primaire : agriculture, forêts et pêche

Le secteur primaire contribue à 19 % du PIB (2006) et emploie 42 % de la population active (2002) —, faisant vivre près des deux tiers de la population. En dépit des tentatives de réforme agraire notamment mises en œuvre dans les années 1970, environ la moitié des terres arables du Pakistan sont entre les mains d’un petit nombre de grands propriétaires fonciers, et la grande majorité de la population paysanne est encore constituée de métayers au tournant des années 2000.

Les terres arables représentent 27,6 % de la superficie totale du pays ; ces terres sont situées pour la plupart dans les plaines du Pendjab (environ 75 %) et du Sind, irriguées par le bassin de l’Indus. En effet, le secteur agricole repose sur un vaste système d’irrigation à partir des eaux de l’Indus et de ses affluents, mis en place par les Britanniques, puis développé par l’État pakistanais (avec notamment la construction du barrage de Tarbela, dans la province de la Frontière du Nord-Ouest). Ce système permet d’irriguer environ 18 millions d’hectares de terres agricoles, soit le plus grand bassin irrigué du monde ; il expose cependant les terres à des risques d’excès d’eau et de salinisation, nécessitant des travaux réguliers.

Grâce aux effets de la « révolution verte «, le pays est devenu autosuffisant en blé à la fin des années 1970 ; c’est également un exportateur de riz (cultivé dans les plaines inondables du Sind). Les principales plantes industrielles sont le coton, la canne à sucre, le tabac et les oléagineux. Le Pakistan est l’un des premiers producteurs de coton au monde, et le coton est l’un des ses premiers produits d’exportation, ainsi que la base d’une industrie textile florissante.

Les politiques de diversification agricole ont permis de développer l’élevage (en particulier bovin et ovin), qui constitue un secteur très important ; il assure notamment une production de lait (majoritairement de bufflonne) parmiles plus élevées au monde (plus du fait du nombre d’animaux que des faibles rendements liés à des techniques archaïques). Seulement 2,4 % du territoire pakistanais est couvert de forêts, qui fournissent essentiellement du combustible. Enfin, le Pakistan possède des ressources halieutiques considérables, et la pêche (en mer principalement) est un secteur en développement.

5.3 Secteur secondaire : mines et industries

Le secteur industriel contribue pour 27 % à la formation du PIB (2006) et emploie 21 % de la population active (2002). Il repose en grande partie sur l’industrie textile (filature et tissage du coton, habillement), et dans une moindre mesure sur les autres industries agroalimentaires (sucreries, savonneries, tanneries, fabriques de chaussures). La sidérurgie constitue une branche importante, ainsi que la production de ciment, l’industrie mécanique, le raffinage du pétrole et l’industrie chimique (axée sur la production d’engrais).

Les ressources énergétiques et minières sont encore peu exploitées et en cours d’exploration. Le Pakistan produit notamment du gaz naturel, dont il possède des réserves importantes, et du pétrole en moindre quantité (et en partie exporté), mais cette production est loin de couvrir ses besoins en énergie ; le charbon, de qualité médiocre, est extrait en petites quantités. Le secteur minier offre des perspectives de développement, en particulier dans l’exploitation d’importantes réserves de cuivre, de minerai de fer, d’aluminium, de plomb et de zinc.

Le Pakistan est dépendant des importations d’hydrocarbures pour sa production d’électricité (fournie pour 64 % par l’énergie thermique), mais possède un important potentiel hydroélectrique (les barrages hydrauliques sur l’Indus fournissent 34 % de l’électricité) ; le reste de l’énergie produite provient du nucléaire (centrale de Karachi).

5.4 Secteur tertiaire : services, finances et commerce

Le secteur tertiaire contribue à 53 % du PIB (2006) et emploie 37 % de la population active (2002). Les principales activités sont le commerce de gros et de détail, le transport et les télécommunications.

L’unité monétaire est la roupie pakistanaise, divisée en 100 paisas. Nationalisé dans les années 1970, le secteur bancaire fait l’objet d’un processus de privatisation depuis le début des années 1990.

La balance des paiements est traditionnellement déficitaire, les rentrées de devises étrangères provenant surtout de la diaspora pakistanaise.

Membre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) depuis sa création (1995), le Pakistan est entré au début des années 2000 dans une phase de libéralisation de son commerce extérieur. Sa balance commerciale est traditionnellement déficitaire. Le pays importe principalement du pétrole, des engrais, des produits alimentaires, des biens d’équipements, du fer et de l’acier. Il exporte du coton, du textile et de l’habillement, de la laine et des tapis, du riz et des poissons. Ses principaux partenaires commerciaux sont le Koweït, l’Arabie Saoudite, les Émirats arabes unis, les États-Unis, la Chine, le Japon, le Royaume-Uni et l’Allemagne.

Zone de transit historique reliant l’Asie centrale à l’Inde (notamment par la passe de Khyber), le Pakistan est freiné dans son développement par une topographie rendant difficiles les transports par voie terrestre et par la rareté et la vétusté des infrastructures ferroviaires et routières. Le réseau ferroviaire (7 791 km) est vieillissant, la plupart des installations datant de l’époque coloniale ; un axe principal relie Karachi aux agglomérations du nord (Lahore, Peshawar) en se ramifiant au Pendjab. Le réseau routier est relativement pauvre (258 340 km de routes) ; une autoroute relie Islamabad à Lahore, et Karachi à Hyderabad. L’autoroute de Karakoram, inaugurée au début des années 1980, relie Islamabad à la ville chinoise de Kashgar et présente un grand intérêt stratégique ; longue de 1 300 km, elle traverse l’Himalaya et atteint une altitude de 5 000 m au col de Khunjerab. L’ouverture du Pakistan sur la mer d’Oman est elle-même difficilement exploitable en raison d’une côte accidentée. Pendant longtemps, le port de Karachi a constitué le principal accès au commerce maritime extérieur, mais au début des années 2000, le financement de la Chine a permis de construire un nouveau port en eaux profondes à Gwadar, dans la province du Baloutchistan, sur la côte de Makran, aux portes du stratégique détroit d’Ormuz ; ce port (inauguré en 2007) a pour ambition de desservir non seulement l’Asie centrale mais aussi, à terme, la Chine. Les communications aériennes jouent un rôle très important ; le Pakistan est doté de plusieurs aéroports internationaux (à Karachi, Lahore et Islamabad) et d’une trentaine d’aéroports nationaux.

6 HISTOIRE

Le Pakistan est un pays récent, né de l’indépendance de l’ancienne Inde britannique et de sa partition, en 1947, en deux États distincts : l’Inde (à majorité hindouiste) et le Pakistan (à majorité musulman). L’histoire antérieure de la région correspondant au Pakistan actuel se confond ainsi avec celle de la péninsule indienne, depuis les premiers développements de la civilisation de l’Indus — dont les sites majeurs se trouvent sur le territoire pakistanais actuel —, jusqu’aux révoltes indigènes contre le gouvernement colonial britannique au xixe siècle. Cette section ne se consacrant qu’à l’histoire du Pakistan à partir de 1947, pour toute information antérieure, se reporter à la section historique de l’article Inde.

6.1 La création du Pakistan et l’antagonisme indo-pakistanais

Après la révolte des cipayes de 1857 (une mutinerie de soldats indigènes servant dans l’armée britannique des Indes), le gouvernement britannique abolit les pouvoirs de la Compagnie britannique des Indes orientales — qui gouverne depuis 1756 —, et décide d’administrer directement la péninsule indienne en créant la colonie des Indes britanniques. Afin de préserver les intérêts de la minorité musulmane de la colonie, en 1906 est fondée la Ligue musulmane indienne — pendant musulman du Congrès national indien créé en 1885, et représentant l’écrasante majorité hindoue. Quand, en 1909, les Britanniques adoptent des réformes constitutionnelles, les musulmans obtiennent des listes électorales séparées. L’idée d’un État musulman indépendant est élaborée en 1930 par le poète et philosophe Muhammad Iqbal, qui aurait forgé le nom de « Pakistan « à partir des initiales des provinces censées constituer cet État : Pendjab, Afgania, Kashmir, Indus-Sind et Baloutchistan. À la fin des années 1930, Muhammad Ali Jinnah, leader de la Ligue musulmane et considéré comme le père fondateur du Pakistan, met à son programme la fondation d’un État musulman séparé.

En 1946, lors des pourparlers préalables à l’indépendance, le gouvernement britannique se prononce pour la partition et, le 15 août 1947, transfère ses pouvoirs à l’Inde et au Pakistan de manière séparée. La division de la péninsule indienne entraîne d’immenses bouleversements au sein des populations, accompagnés de violences et de massacres. Quelque 6 millions d’hindous et de sikhs se déplacent du Pakistan en Inde, et près de 8 millions de musulmans émigrent depuis l’Inde vers le Pakistan.

Dès sa naissance, les frontières de l’État pakistanais apparaissent fragiles. Le pays est formé de deux territoires, séparés de plus de 1 600 km par l’Inde : à l’est se trouve le Bengale (dont la partie orientale, à majorité musulmane, a été rattachée au Pakistan) ; à l’ouest se trouvent le Pendjab occidental, la province de la Frontière du Nord-ouest, le Sind et le Baloutchistan. La délimitation de la frontière avec l’Afghanistan, dans le nord-ouest, suit la ligne Durand, tracée en 1893 par les autorités britanniques ; or celle-ci divise en deux l’ethnie pachtoune, suscitant des revendications séparatistes encouragées par l’Afghanistan, favorable à la création d’un « Pachtounistan «. Enfin, à la frontière nord, les tensions dans l’ancien État princier du Cachemire (dirigé par un prince hindou, mais en majorité musulman) débouchent dès 1947 sur la première guerre indo-pakistanaise ; c’est le début de l’un des plus longs différends frontaliers du xxe siècle. Après l’intervention des Nations unies, le 1er janvier 1949, le Cachemire est partagé en deux, le long de la ligne de cessez-le-feu. Le tiers nord-ouest revient au Pakistan — et prend le nom d’Azad Cachemire (« Cachemire libre «) — tandis que le reste forme l’État indien du Jammu-et-Cachemire.

6.2 La difficile construction de l’unité politique

Ces trois questions — les relations avec l’Afghanistan, les antagonismes avec l’Inde et l’existence de « deux Pakistan « —, auxquelles s’ajoutent les grandes disparités ethniques et régionales, sont déterminantes pour l’histoire de la politique étrangère et intérieure du jeune État. Au plan international, dans le contexte de la guerre froide, le Pakistan privilégie l’alliance avec les États-Unis. À l’intérieur, il doit s’employer à construire ses institutions et son unité, à développer une économie presque exclusivement agricole et à organiser l’intégration de ses millions de réfugiés (les Mohajirs, « ceux qui ont migré «), qui s’installent surtout dans la capitale Karachi. D’emblée, dans la partie orientale du pays, la population bengali s’estime lésée par les ambitions hégémoniques, notamment en matière politique et linguistique, des populations de l’Ouest (en particulier au sein des élites urbaines mohajirs). Le Baloutchistan, province la moins développée du Pakistan malgré la richesse de ses ressources naturelles, conteste aussi l’autorité du pouvoir central, et dès 1958 une première insurrection est réprimée.

Après la mort du gouverneur général Muhammad Ali Jinnah, en 1948, le Pakistan connaît une forte instabilité politique, marquée notamment par l’assassinat de son successeur Liaquat Ali Khan (1951) et par la dislocation de la Ligue musulmane. La Constitution finalement adoptée en 1956 instaure une République islamique fédérale, dont Iskander Mirza devient le président provisoire. Afin de contrer la supériorité numérique de la partie orientale (qui regroupe 54 % de la population pakistanaise sur 14 % du territoire), la Constitution regroupe au sein d’une seule entité les provinces de l’Ouest ; l’État fédéral est ainsi constitué de deux entités majeures, selon un système de gouvernement baptisé « One Unit Scheme « : le Pakistan-Occidental et le Pakistan-Oriental.

Face à la persistance de l’instabilité gouvernementale, Iskander Mirza, soutenu par le commandant en chef des armées Muhammad Ayyub Khan, proclame la loi martiale le 7 octobre 1958 et dissout le Parlement. Quelques jours plus tard, le général Ayyub force le président à démissionner et assume lui-même la présidence. Sur fond de menace indienne, ce coup d’État pose l’armée comme garante de la stabilité politique et de la sécurité, une position solidement ancrée dans les développements de l’histoire pakistanaise. L’armée pakistanaise étant essentiellement composée de Pendjabis, et de Pachtounes dans une moindre mesure, cela contribue à alimenter les divisions ethniques et les ressentiments des Baloutches et des Sindhis.

6.3 La dictature militaire du général Ayyub (1958-1969)

Muhammad Ayyub Khan gouverne le Pakistan avec un pouvoir quasi absolu pendant plus d’une décennie, plaçant le pays sous le signe d’une stabilité politique inédite et de l’essor de l’économie (à la faveur notamment d’un accord avec l’Inde en 1960 sur le partage des eaux de l’Indus). Il engage une réforme agraire, sans pour autant remettre profondément en cause les rapports de type féodal prévalant dans les campagnes et caractéristiques de la société rurale pakistanaise. Il modernise le droit de la famille, en imposant des restrictions sur la polygamie et le divorce, et en renforçant les droits de succession des femmes et des mineurs. Les années 1960 sont également marquées par le déplacement de la capitale de Karachi à Rawalpindi (1961), puis à Islamabad (1967), ainsi que par la perte d’influence politique des Mohajirs et l’émergence des Pendjabis (déjà majoritaires au sein de l’armée) comme élite dominante. À l’extérieur, le général Ayyub parvient à maintenir des relations cordiales avec les États-Unis jusqu’en 1965, lorsqu’éclate une nouvelle guerre entre l’Inde et le Pakistan à propos du Cachemire et que l’administration américaine suspend son aide militaire et économique aux deux pays. La médiation de l’URSS (en la personne d’Alekseï Kossyguine) aboutit aux accords de Tachkent (janvier 1966).

Ces accords de paix provoquent un fort ressentiment populaire à l’égard du président Ayyub, ainsi que la démission du ministre des Affaires étrangères Zulfikar Ali Bhutto, qui passe dans l’opposition et crée le Parti du peuple pakistanais (PPP). En mars 1969, le président Ayyub démissionne. Le commandant en chef des armées, le général Agha Muhammad Yahya Khan, devient président et proclame la loi martiale.

6.4 La sécession du Pakistan-Oriental et la création du Bangladesh (1971)

À la centralisation politique mise en œuvre par les élites du Pakistan-Occidental répond une radicalisation des revendications d’autonomie du Pakistan-Oriental, relayées par le leader de la ligue Awami, Mujibur Rahman. Le général Yahya Khan assouplit le régime en supprimant le « One Unit Scheme « et en organisant des élections libres (décembre 1970). Celles-ci consacrent la victoire écrasante du « cheikh Mujib « au Pakistan-Oriental, tandis que le Parti du peuple pakistanais (PPP) de Zulfikar Ali Bhutto émerge en tant que premier parti du Pakistan-Occidental. Après l’échec des négociations avec le président Yahya Khan pour un partage du pouvoir, Mujibur Rahman proclame l’indépendance du Pakistan-Oriental sous le nom de Bangladesh (du bengali « nation du Bengale «), le 26 mars 1971. Il est arrêté tandis que l’armée pakistanaise réprime la sécession dans le sang. Les leaders de la ligue Awami se réfugient à Calcutta et établissent un gouvernement en exil. Finalement, l’Inde intervient le 3 décembre 1971, et l’armée pakistanaise rend les armes treize jours plus tard. Le 20 décembre, le général Yahya abandonne le pouvoir à Zulficar Ali Bhutto et, en janvier 1972, naît l’État indépendant du Bangladesh.

6.5 Le gouvernement civil de Zulfikar Ali Bhutto (1971-1977)

Premier Sindhi à diriger le pays, Zulfikar Ali Bhutto hérite d’un Pakistan amputé de 144 000 km2. Il met en œuvre un programme d’inspiration socialiste fondé sur les nationalisations (des industries de base, des compagnies d’assurance, des banques, des écoles et universités) et les réformes agraires. En 1973, il fait adopter une nouvelle Constitution et abandonne la présidence (au profit de Fazal Elahi Chaudhy) pour devenir Premier ministre. L’année suivante, le Pakistan reconnaît l’existence de l’État du Bangladesh.

Sa politique coûte à Ali Bhutto l’hostilité des milieux d’affaires et des élites économiques, ainsi que celle des leaders religieux, qui voient dans son socialisme un ennemi de l’islam ; il prône alors un modèle de « socialisme islamique « afin de gagner le soutien des partis religieux. Peu enclin à l’ouverture vers l’opposition, il réprime sévèrement les insurrections dans la province du Baloutchistan. Confronté à une opposition unie et accusé de fraude électorale, il est renversé le 5 juillet 1977 par le général et chef d’état-major des armées, Muhammad Zia Ul-Haq.

6.6 Le régime du général Zia (1977-1988) et l’islamisation du pays

Le général Zia assume officiellement la présidence en 1978 et suspend la Constitution en 1979. Condamné à mort, Ali Bhutto est exécuté par pendaison le 4 avril 1979. Sa fille, Benazir, qui a pris la succession de son père à la tête du PPP, est contrainte à l’exil. En contrepartie du soutien des partis islamiques, le nouveau régime accentue les réformes favorisant l’influence de l’islam dans les institutions du pays : Zia impose l’application de la loi islamique, instaure un système d’imposition islamique fondé sur l’aumône (zakat), confie aux écoles coraniques (les madrasas) un rôle considérable dans le système éducatif et fait adopter des peines sévères pour l’adultère et la consommation d’alcool.

À la suite de l’occupation soviétique de l’Afghanistan, en décembre 1979, le Pakistan devient la tête de pont de l’aide occidentale à la résistance afghane, en contrepartie d’une aide économique et militaire des États-Unis. La guerre d’Afghanistan provoque cependant l’afflux de trois millions de réfugiés afghans au Pakistan. En 1985, après avoir procédé à des amendements constitutionnels étendant les pouvoirs présidentiels, le général Zia assouplit le régime en levant la loi martiale et en rétablissant un gouvernement civil. En août 1988, il meurt dans un accident d’avion aux circonstances mystérieuses. Ghulam Ishaq Khan lui succède à la présidence du pays.

6.7 Le Pakistan entre violences interconfessionnelles et course à l’arme nucléaire

Les élections démocratiques de novembre 1988 sont remportées par le PPP, et son leader, Benazir Bhutto, accède au poste de Premier ministre, devenant ainsi la première femme à la tête d’un État islamique. Elle entre en conflit avec les éléments traditionnels de l’establishment politique et militaire et, dès le mois d’août 1990, elle est limogée pour incompétence et corruption. Son successeur, le leader de l’Alliance démocratique islamique Nawaz Sharif, poursuit le programme de privatisations et d’encouragement à l’investissement étranger entrepris dans les années 1980. Des querelles de pouvoir entre le Premier ministre Nawaz Sharif et le président Ghulam Ishaq Khan provoquent la tenue de nouvelles élections en octobre 1993, remportées par le PPP. Benazir Bhutto retrouve le poste de Premier ministre, et Faruq Leghari devient président.

Avec le retour de Benazir Bhutto à la tête du gouvernement, les tensions entre l’Inde et le Pakistan s’accentuent, celle-ci soutenant ouvertement la guérilla séparatiste menée au Jammu-et-Cachemire par des combattants islamistes pakistanais. Tandis que l’Inde détient l’arme atomique depuis les années 1970, le Pakistan poursuit son programme de développement nucléaire. Sur le plan intérieur, l’islamisation de la société mise en œuvre dans les années 1980 entraîne une radicalisation du sunnisme (qui représente environ 80 % de la population pakistanaise) et l’apparition de violences entre extrémistes sunnites et chiites ; l’unité fragile du Pakistan est ainsi ébranlée au milieu des années 1990 par une vague d’attentats terroristes et une escalade des violences interconfessionnelles, ainsi que par une recrudescence de la rébellion des tribus pachtounes à la frontière afghane. Sur fond de scandales politico-financiers, Benazir Bhutto est de nouveau démise de ses fonctions en novembre 1996 et accusée de « népotisme, corruption et violation répétée de la loi «.

Les élections législatives de février 1997 ramènent au pouvoir Nawaz Sharif. Celui-ci s’emploie à réduire les prérogatives présidentielles, restaurant ainsi les pouvoirs du Premier ministre et du gouvernement élu. Au plan international, le Pakistan soutient le régime taliban en Afghanistan, ce qui contribue à accroître son poids stratégique dans la région. Toutefois, combiné aux effets de l’islamisation de la société pakistanaise, ce soutien aux fondamentalistes afghans entraîne un durcissement des violences entre les communautés chiite et sunnite. Parallèlement, le conflit avec l’Inde donne lieu à une course aux essais atomiques qui coûte au Pakistan, entré dans le cercle des puissances nucléaires, des sanctions économiques et commerciales dramatiques dans un contexte de faillite.

Le dialogue entre le Pakistan et l’Inde, renoué en octobre 1998, débouche sur la signature de la déclaration de Lahore (février 1999), par laquelle les deux parties s’engagent à trouver une solution à la question du Cachemire. Le différend menace cependant régulièrement de dégénérer en conflit ouvert.

6.8 Le régime du général Moucharraf (1999- )

La question du Cachemire est ainsi à l’origine de la guerre dite de Kargil (mai-juillet 1999), et d’une grave crise entre le gouvernement de Nawaz Sharif et le chef des armées Pervez Moucharraf, qui se solde le 12 octobre 1999 par un coup d’État militaire. Ayant proclamé l’état d’urgence, le nouveau chef de l’exécutif promet de « restaurer la vraie démocratie « et la « désescalade militaire « le long de la frontière avec l’Inde. Nawaz Sharif, accusé de conspiration criminelle contre le général Moucharraf, est condamné à la prison à vie (avant de voir sa peine commuée en un exil en Arabie saoudite). Bien accueilli par la population, le nouveau dirigeant du Pakistan promet également de relancer l’économie : après une décennie de déclin, celle-ci repose principalement sur le trafic de l’opium et la vente d’armes au régime des talibans en Afghanistan. Mais la communauté internationale suspend toutes ses aides et ses prêts au Pakistan, appelant à un retour à la démocratie. En juin 2001, Pervez Moucharraf est investi comme président du Pakistan, mais il demeure un proscrit sur la scène internationale.

6.8.1 Le Pakistan, allié clé des États-Unis dans la « guerre contre le terrorisme «

La situation géopolitique du Pakistan change radicalement au lendemain des attentats qui frappent les États-Unis le 11 septembre 2001. Pour mener leur riposte contre le terrorisme sur le sol afghan, où les talibans protègent Oussama Ben Laden et les membres de son réseau Al Qaida, les États-Unis obtiennent le soutien du Pakistan en échange d’une aide économique. Le général Moucharraf retire son soutien aux talibans et devient un allié clé pour Washington. Il interdit plusieurs mouvements extrémistes islamistes au mois de janvier 2002, accusés d’avoir « créé un État dans l’État «, et annonce des mesures visant à encadrer les madrasas (écoles coraniques) et le fonctionnement des mosquées. Légitimé par un référendum qui confirme son mandat pour cinq ans (avril 2002), Pervez Moucharraf s’engage à rendre le pouvoir aux civils conformément aux délais fixés par la Cour suprême, tout en s’employant auparavant à renforcer les prérogatives du président et le rôle de l’armée, et à éliminer du jeu électoral ses principaux opposants, Benazir Bhutto et Nawaz Sharif.

L’alliance avec les États-Unis nuit cependant à sa popularité et à son crédit. Tandis que les attentats contre des cibles occidentales se multiplient, la contestation anti-américaine s’accroît, aussi bien au sein de l’armée que dans la population, comme en témoigne la percée des partis religieux fondamentalistes aux élections législatives et provinciales d’octobre 2002, en particulier dans les provinces frontalières de l’Afghanistan (province de la frontière du Nord-Ouest et Baloutchistan). Le Parlement pakistanais est finalement rétabli au mois de novembre 2002 par l’élection d’un Premier ministre civil, Mir Zafarullah Khan Jamali. Compte tenu de la vigueur de l’opposition parlementaire, sa marge de manœuvre est d’autant plus faible que le président-général Moucharraf demeure l’unique acteur décisionnel de la politique pakistanaise. Moins de deux ans plus tard, il est contraint à démissionner ; le ministre des Finances Shaukat Aziz lui succède en août 2004.

Le retour du Pakistan sur la scène internationale — en mai 2004, le pays est réintégré au sein du Commonwealth, dont il avait été exclu en 1999 — s’accompagne d’un rapprochement avec l’Inde. Le rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays est annoncé en mai 2003, tandis qu’un cessez-le-feu sur leur frontière commune au Cachemire entre en vigueur en novembre 2003, puis est prolongé en septembre 2004. En avril 2005, les premières liaisons de bus entre les parties indienne et pakistanaise du Cachemire concrétisent un processus de paix déclaré « irréversible « par Pervez Moucharraf et son homologue indien Manmohan Singh. De même, lors du très violent séisme qui frappe le Cachemire le 8 octobre 2005 (73 000 victimes côté pakistanais), l’aide proposée par l’Inde pour secourir les dizaines de milliers de blessés, et les trois millions de sans-abri isolés et bloqués dans les montagnes, est une première dans l’histoire des relations entre les deux pays.

6.8.2 Un pays dans la spirale de la violence

À partir du milieu des années 2000, sous la pression des États-Unis, qui rendent le Pakistan en partie responsable de l’enlisement de la guerre en Afghanistan par l’infiltration de combattants à travers la frontière afghan-pakistanaise, Pervez Moucharraf intensifie sa campagne militaire dans les zones tribales (frontalières de l’Afghanistan) contre les talibans afghans, leurs alliés pakistanais et les combattants d’Al Qaida. L’autorité de l’État pakistanais est également de plus en plus mise à mal dans la province du Baloutchistan, qui connaît en 2006 une résurgence de la guérilla nationaliste en faveur d’une plus large autonomie. Au mois de juillet 2007, l’assaut de l’armée sur la Mosquée rouge, bastion fondamentaliste à Islamabad, qui se solde par la mort d’une centaine de personnes, provoque une vague d’attentats sanglants en représailles. Le pays connaît en outre une escalade de la violence interconfessionnelle entre les communautés sunnite et chiite. Pour conserver un pouvoir vacillant, Pervez Moucharraf multiplie les manœuvres contre le pouvoir judiciaire et contre ses opposants politiques ou issus de la société civile. Il parvient à faire valider sa réélection (en octobre 2007, au scrutin indirect) par un pouvoir judiciaire mis au pas, puis accepte, sous la pression de la communauté internationale, d’abandonner son poste de chef des armées au mois de novembre suivant. Endeuillée par l’assassinat de Benazir Bhutto, tout juste rentrée d’exil, la campagne électorale pour les élections législatives de février 2008 est émaillée de nombreux attentats meurtriers. Le scrutin est marqué par la défaite des partisans de Pervez Moucharraf, l’effondrement des partis islamistes et la victoire des deux principaux partis d’opposition : le Parti du peuple pakistanais (PPP), mené par l’époux de Benazir Bhutto, Asif Ali Zardari, et la Ligue musulmane du Pakistan (PML-N) de l’ancien Premier ministre Nawaz Sharif. Les deux partis forment un gouvernement de coalition, dirigé par Youssouf Raza Gilani.

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En effet, it existe de grandes disparites dans coats et delais des services proposes par les banques nationales et entre pays pour les paiements trans- frontaliers. Au niveau europeen, des discussions entre les diffe- rents partenaires, en vue d'adopter une charte ou une directive, sont actuel- lement en cours pour am& liorer les paiements trans- frontaliers. [ration des douanes les sommes, titres ou valeurs qu'elles importent ou exportent pour leur propre compte ou pour celui d'autrui, lorsqu'ils sont egaux ou sup& rieurs a 50 000 F.

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