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Panama, nettoyage dans l'arrière-cour américaine

Publié le 22/02/2012

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20 décembre 1989 - Cette fois, c'est la bonne : après plus de deux ans de pressions économiques, de poursuites légales, de " putschs " encouragés en sous-main et de déclarations belliqueuses, les Etats-Unis ont attaqué, dans la nuit du mardi 19 au mercredi 20 décembre, le quartier général de l'homme fort du Panama, Manuel Antonio Noriega. Pour le pire, et le meilleur. Le pire, ce sont d'abord ces visions d'un autre âge, de chars et d'avions, et déjà des morts, rappelant les heures les plus noires de l' " impérialisme américain ". Car, toute considération morale mise à part, il y a une certaine ironie dans l' " anachronisme " que représente cette intervention-fût-elle pour restaurer " en force " la démocratie au Panama-à l'heure où la plupart des régimes totalitaires d'Europe de l'Est s'écroulent presque d'eux-mêmes, et où le vieux dictateur Augusto Pinochet vient d'organiser, même à son corps défendant, la transition démocratique au Chili. Le meilleur, c'est peut-être aussi, cyniquement, cet autre paradoxe qui veut que le climat général de détente entre deux blocs qui ne rêvent plus officiellement que " désarmement " et coopération ait permis cette intervention armée. Avec un Cuba désormais isolé, Washington, tenu en échec si longtemps dans ce qui fut son " arrière-cour " en Amérique centrale par un petit dictateur corrompu, s'est-il senti autorisé à faire enfin le ménage ? Pour le président Bush, taxé de " mollesse " et de suivisme en dépit de quelques beaux succès diplomatiques, c'était aussi une chance de s'affirmer. Et ce dernier paradoxe n'était pas le moins piquant : si pendant huit ans on a craint les coups de tête d'un tonitruant Reagan, tout juste capable d'envahir la minuscule Grenade en 1983, c'est du trop " timide " George Bush qu'est venu l'ordre d'attaquer. BULLETIN DE L'ETRANGER Le Monde du 21 décembre 1989

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