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PAUL ET VIRGINIE DE BERNARDIN DE SAINT-PIERRE

Publié le 15/09/2006

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  Bernardin de Saint-Pierre était connu pour être passionné par la nature. Ainsi, dans Paul et Virginie, comme l’action se déroule dans un lieu exotique, l’auteur nous livre de nombreuses descriptions utopiques et extraordinaires de la nature. Plus particulièrement, dans l’extrait étudié, il y accorde une importance particulière puisqu’il la place comme supérieure à l’homme, comme une nécessité incontestable pour l’humanité. En effet, il décrit dans un premier temps la nature comme un moyen de fournir l’heure et le temps : « Dès que le chant du coq annonçait le retour de l’aurore, Virginie se levait «, « Bientôt après, quand le soleil dorait les pitons de cette enceinte, Marguerite et son fils se rendaient chez Madame de la Tour «. La nature a donc un rôle indéniable de repère. Elle est essentielle à leur vie. Par ailleurs, la nature a également pour fonction de fournir toute la nourriture et tous les besoins du quotidien. On peut aisément l’associer à la corne d’abondance de la mythologie grecque : « Virginie […] allait puiser l’eau à la source voisine «, « berceau de bananiers, qui leur fournissait à la fois des mets tout préparés dans leurs fruits substantiels, et du linge de table dans leurs feuilles larges, longues et lustrées «, « une nourriture saine et abondance développait rapidement les corps des deux jeunes gens«. Tout est dans l’exagération, la démesure. Les humains n’ont pas besoin de travailler la terre, elle leur offre déjà généreusement le nécessaire. On ressent ainsi une osmose entre les hommes et la terre : les hommes traitent correctement la nature alors elle leur fournit l’essentiel. Par ailleurs, il est intéressant de souligner que les verbes et les adjectifs qu’emploie Bernardin de Saint-Pierre font également référence à la nature : « ombrageaient «, « lèvres de corail «, « brillaient «, « rayonnaient «. La nature et l’homme font donc fusion, ils sont une unité à part entière. 

 Le romancier propose un texte extrêmement détaillé et axé principalement sur la description des deux enfants dans le contexte de la nature. Cependant, même s’ils n’ont que douze ans, Bernardin de Saint-Pierre envisage déjà Paul et Virginie comme un couple amoureux, ils sont prédestinés à vivre l’avenir ensemble. En effet, l’auteur fait référence à la mythologie grecque pour définir les deux jeunes gens : « A leur silence, à la naïveté de leurs attitudes, à la beauté de leurs pieds nus, on eût cru voir un groupe antique de marbre blanc représentant quelques-uns des enfants de Niobé «. Niobé était la fille de Tantale et la femme d’Amphion. Elle mit au monde sept garçons et sept filles (les Niobides). Très orgueilleuse, elle vantait sa fertilité et la beauté de sa progéniture et se moqua de Léto, la mère d’Apollon et d’Artémis, qui n’avait que deux enfants. Cette dernière, vexée, chargea les deux dieux de massacrer tous les enfants de Niobé à coups de flèches. Le renvoi à Niobé dans l’extrait de Paul et Virginie fait certainement référence à la grâce des deux protagonistes. Ils sont aussi beaux que les enfants de la fille de Tantale. De plus, le rythme ternaire accentue cette dimension divine, Paul et Virginie ont toutes les qualités pour être au même rang que les dieux. D’ailleurs, il est important de souligner la métaphore « on eût cru voir un groupe antique de marbre blanc «. Les deux jeunes gens sont associés à du « marbre «, comme si il s’agissait de statues et le « blanc « désigne certainement leur pureté naturelle. Paul et Virginie ont donc cette grâce spontanée et cette beauté pure qui les élèvent au rang de dieux. 

 Paul et Virginie ont indéniablement cette inclinaison naturelle à former un couple passionné. Pourtant, la fin tragique de l’œuvre peut déjà se déceler dans certaines formulations de l’auteur. Effectivement, il faut noter que le personnage de Virginie est bien plus mis en avant que Paul, Marguerite et Madame de la Tour. Assurément, son prénom est cité à trois reprises alors que celui des trois autres personnages ne l’est qu’une seule fois. Virginie apparait donc comme une jeune femme à l’écart des autres. De plus, la référence à la mythologie grecque et à l’histoire de Niobé est curieuse. En effet, ils sont comparés à ses enfants qui ont tous été tués. Il y a manifestement un indice sur l’issue du livre. D’ailleurs, l’évocation de Niobé est renforcée par « un groupe antique de marbre blanc «, faisant ainsi référence à des statues et par conséquent au figement, à la froideur et définitivement à la mort. Enfin, Paul et Virginie sont comparés au couple d’Adam et Eve. Virginie représente donc le personnage d’Eve, c’est-à-dire celle qui commet une erreur et qui est chassée du jardin d’Eden, comme Virginie sera chassée de l’Île de France par sa mère. Ainsi, par tous ces petits signes équivoques, le lecteur peut percevoir la fin tragique de l’œuvre. Le couple divin ne résistera pas aux forces de la nature, comme bon nombres de couples mythologiques. 

 Paul et Virginie est un roman où règne harmonie et utopie. Dans le texte étudié, ces deux thèmes sont parfaitement retranscrits par la pause descriptive et la dimension religieuse. En effet, Bernardin de Saint-Pierre insiste sur la prospérité de l’Île de France, île exotique où règne le bonheur et où la nature est généreuse. Ainsi, l’auteur acquiert l’admiration de ses pairs autant par ses descriptions très poussées de la nature que par la dimension religieuse, très présente dans le texte. Chateaubriand note à ce propos : « Il est certain que le charme de cette idylle consiste en une certaine morale mélancolique qui brille dans l’ouvrage et qu’on pourrait comparer à cet éclat uniforme que la lune répand sur une solitude parée de fleurs «.

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« Il est important de noter que c'est l'un des premiers vers dans lequel Phèdre est évoquée : elle doit donc être associée à sesparents, à sa généalogie. Aricie :Aricie est présentée par Hippolyte lui-même qui insiste dès lors sur sa généalogie : il souligne sa parenté aux Pallantides dans lesvers 51, 53/54, 105/106/107/108.Aricie incarne ainsi la fratrie fautive, elle porte la faute attachée à ses origines (les Pallantides ont comploté pour s'emparer dutrône).

La faute rejaillit ici toujours chez les femmes, ce qui donne plus de poids à une lecture janséniste de la pièce par Racine(réflexion sur le pêché originel de l'homme) : la parenté est ici interdite. Les liens entre les personnages Outre leur généalogie, les personnages sont présentés en tenant compte des liens qui les unissent. Théramène/Hippolyte :Théramène est le gouverneur de H : il a donc la charge de son éducation, il doit le préparer au pouvoir et à la politique mais aussilui apprendre l'art de la guerre (vers 133).Mais Théramène représente également pour H un véritable confident (vers 37, 67, 73, 75) : c'est un personnage attentionné,protecteur, conciliant et qui lui prodigue des conseils et n'hésite pas à l'encourager à aimer (vers 55, 119/120).

Il fait ainsi l'officede père de substitution.Mais Théramène a aussi un important rôle dramatique : par de nombreuses questions, il permet les révélations et l'aveu. Thésée/Hippolyte :On apprend les liens qui unissent le père et le fils par le biais du portrait indirect qu'H fait de son père.

Dès lors, on peut dire queces deux personnages apparaissent antagonistes :Le père est un « héros intrépide » dont la réputation est éclatante grâce à ses nombreux exploits (champ lexical de la gloire «nobles exploits », « monstres étouffés et les brigands punis », « glorieux », « long amas d'honneurs », « vainqueur »… ; gradation :vers 79/82 ; énumération : vers 80 et hyperbole : vers 84).

C'est un guerrier vainqueur des monstres, des brigands (c'est unjusticier, il est du côté de la loi « par des lois sévères » vers 105) et des femmes (vers 84 à 90 : homme séducteur, inconstant,insensible : rapport de force avec les femmes).

On peut donc dire que Thésée est un personnage emblématique qui détient laforce « surnaturelle », le courage, la beauté et le charisme.Hippolyte au contraire apparaît d'abord jeune et inexpérimenté voire même inconscient dans sa ferme volonté de partir (vers 1à3).

Bien que très admiratif de son père, il n'arrive pas à sa hauteur et s'en sent d'autant plus inférieur (vers 97, 99/100 : H secompare ici explicitement à son père et cette comparaison est mise en relief avec « comme lui » en fin de vers).

Mais H n'a passeulement réussi moins d'exploits, il se montre également réticent à l'amour : c'est un personnage relativement pur, aux valeurs trèsfortes comme le courage (il décide de partir à la recherche de son père), la fidélité (il regrette les « jeunes erreurs » de Thésée, «cette indigne moitié d'une si belle histoire » vers 23 et 94), le respect au père (vers 22) et à la loi (vers 105/106, 111/112).

Cettedistance face à l'amour s'explique en effet d'abord par un fort sentiment de culpabilité lié à sa généalogie (c'est un fils d'Amazone,guerrière qui méprise l'amour) mais aussi parce qu'il porte la culpabilité des frasques du père (il en a honte) et qu'il ne voudraitpas y être associé à son tour.

De plus, Hippolyte nourrit un amour secret pour Aricie qui se voit contrarié pour des raisonspolitiques : Thésée «défend de donner des neveux à ses frères » et « veut avec leur sœur ensevelir leur nom » (vers 106 et 108)par peur que la lignée de Pallante reprenne le pouvoir.

L'objet d'amour d'H, Aricie, repose donc sur un interdit qui a valeur de loi.H est donc face à un dilemme cornélien : il a le choix entre l'amour et le pouvoir, le trône, Thésée.

Cet amour est donc d'embléeplacé sous le signe de la faute ce qui renvoie à une lecture janséniste.

Il y a donc une toute puissance du père, le roi, qui dicte laloi : son autorité est castratrice puisqu'il empêche son fils d'accéder au statut d'homme, d'adulte.On peut donc dire que ces deux portraits de Thésée et d'H sont opposés : d'un côté, Thésée incarne le héros légendaire dont lesexploits lui assurent une réputation éclatante et de l'autre, H montre un personnage beaucoup plus fragile, sujet au doute mais dela sorte, beaucoup plus humain.

Toutefois il nécessaire de noter que ce portrait de Thésée est fait à partir du récit de Théramène :il est donc idéalisé, c'est un éloge (tous ses comportements sont « excusables » même les plus amoraux envers les femmes), cequi suggère une discordance entre la perception d'H et la réalité.

En revanche, H, avec ses nombreuses hésitations, provoque lapitié du lecteur/spectateur : la catharsis s'opère. II/ Une entrée placée sous le signe de la fuite Le départ d'Hippolyte. »

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