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Pessõa, Fernando - littérature.

Publié le 30/04/2013

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Pessõa, Fernando - littérature. 1 PRÉSENTATION Pessõa, Fernando (1888-1935), poète portugais, auteur notamment du Livre de l'intranquillité, qui fut l'une des figures les plus originales de la littérature du XXe siècle. 2 DÉBUTS Né à Lisbonne, Fernando António Nogueira Pessõa perdit son père très jeune et suivit sa mère, remariée avec un consul portugais, en Afrique du Sud. Il fit de brillantes études littéraires et commerciales en langue anglaise à l'université du Cap, et y découvrit la littérature anglaise classique tout en se familiarisant avec la philosophie de Nietzsche et de Schopenhauer. Son retour au Portugal, en 1906, fut marqué par les troubles politiques qui sévissaient alors et par sa difficulté à se réapproprier la langue portugaise. Sa parfaite connaissance de l'anglais lui permit néanmoins de trouver un emploi en tant que secrétaire à la correspondance étrangère dans une maison de commerce. Toute sa vie, il occupa ainsi des fonctions modestes au service de divers établissements commerciaux, sans se préoccuper aucunement de réussite sociale. 3 DU NOSTALGISME AU SENSATIONNISME Pessõa fit ses débuts littéraires dans la revue Águia, où ses poèmes parurent influencés par le mouvement du « nostalgisme « et mêlant des thèmes nationalistes à l'expression d'un certain désenchantement. Très vite, pourtant, sa poésie évolua vers un type inédit de sensibilité et d'inspiration ; il créa ainsi, au sein de la littérature portugaise, le « sensationnisme «, appréhension nouvelle de la poésie, qui représentait une tentative pour concilier les influences du romantisme anglais et de la poésie symboliste de l'école française. Son poème Pausis, paru dans la revue A Renascença (1912), est représentatif de cette nouvelle manière. 4 RENCONTRE AVEC LES MODERNISMES L'année 1914 marqua un profond bouleversement dans la pratique poétique de Pessõa. Il fit la connaissance du jeune poète portugais, Mário de Sá-Carneiro, qui vivait à Paris, et qui l'initia aux recherches et aux expérimentations esthétiques menées par les mouvements d'avant-garde, notamment le cubisme et le futurisme. Ce fut pour Pessõa une période d'intense activité créatrice ; il s'illustra par une démarche particulièrement originale, en fait quasiment unique dans les annales de la littérature, en s'adjoignant une série d'auteurs « hétéronymes « qu'il désigna comme les créateurs de son univers poétique. Parmi les plus célèbres de ces poètes fictifs, citons Álvaro de Campos ( Poésies, 1942), incarnation du « modernisme « et de ses désillusions, Ricardo Reis (Odes, 1946), adepte d'Horace et de la philosophie épicurienne, et enfin Alberto Caeiro, qui incarne la sagesse païenne, à l'écoute de la Nature (Poèmes, 1946) et que Pessõa considérait comme la figure principale de cette constellation d'identités littéraires. À ces trois noms, il faut ajouter encore celui de Bernardo Soares, l'humble employé de bureau à qui Pessõa attribua le Livre de l'intranquillité (1982). Adepte de l'introversion et de la méditation, réfugié dans le rêve (« Ce qu'il y a de primordial en moi, c'est l'habitude et le don de rêver. [...] Toute réalité me trouble «), trop conscient de la vanité de la vie (« Mon âme est un maelström noir, vaste vertige tournoyant autour du vide, mouvement d'un océan infini, autour d'un trou dans du rien «), Soares ne parvient finalement pas à se définir, sinon dans la multiplicité (« Chacun de nous est plusieurs à soi tout seul «, dit-il). En 1915, Pessõa fonda avec Sá-Carneiro les revues Orpheu et Portugal Futurista, au sein de laquelle il fit notamment paraître son poème Ultimatum ainsi que l'immense Ode maritime, qu'il attribua à Álvaro de Campos. 5 UN ITINÉRAIRE SOLITAIRE Le suicide, à Paris, de Sá-Carneiro en 1916, bouleversa Pessõa et contribua à accentuer son isolement sur la scène littéraire. Il se consacra dès lors exclusivement à son oeuvre, qu'il conserva la plupart du temps secrète. Entre 1918 et 1921, il fit cependant publier, à compte d'auteur, des plaquettes de poésie écrites directement en anglais, comme Trente-Cinq Sonnets, Inscriptions, Antinoüs, Épithalame. Ce n'est qu'à partir de 1927 que Pessõa accéda à un début de reconnaissance. Les jeunes poètes de l'école de Coimbra lui rendirent hommage dans un numéro de leur revue Présence puis la publication de son recueil Messages (1934) lui valut un prix littéraire gouvernemental. Malade, épuisé par des crises chroniques de neurasthénie, convaincu d'être un médiocre écrivain, enferré dans son angoisse (« Je suis dans un de ces jours où je n'ai jamais eu d'avenir. Il n'y a qu'un présent immobile, encerclé d'un mur d'angoisse «, écrivait-il dans le Livre de l'intranquillité), Pessõa mourut le 30 novembre 1935 à Lisbonne. 6 MODERNITÉ DE PESSÕA La majeure partie de l'oeuvre de Pessõa, retrouvée dans un coffre, ne fut découverte qu'à partir de 1942 ; les huit volumes de ses OEuvres complètes furent publiés entre cette date et 1956. Plus encore que de l'harmonie inimitable de son style, tour à tour épique, élégiaque, parfois syncopé, l'originalité et la modernité de l'univers de Pessõa proviennent de son incessant questionnement et de l'impression de totale irréalité qu'il éprouva vis-à-vis de lui-même et du monde : la création d'hétéronymes fut pour lui le moyen d'explorer tous les aspects et toutes les contradictions de sa personnalité. Ainsi l'érotisme et la sensualité, omniprésents dans Ode maritime, le sentiment d'échec et de désenchantement qui règne dans Bureau de tabac, l'un de ses plus célèbres poèmes, sont-ils les reflets de sa diversité. Son chef-d'oeuvre, le Livre de l'intranquillité, exprima dans une prose extraordinairement riche et sensible l'essence même de son génie poétique : la douleur paradoxale de l'impossibilité de vivre. Voir Poésie. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

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