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Peut-on être heureux malgré les privations ?

Publié le 05/12/2010

Extrait du document

Introduction

 

Exposition: Si on demande aux hommes ce qui est leur but dans la vie, ils vont pratiquement tous répondre que de façon générale c’est d’être heureux. Si on continue et les demande s’ils se sentent heureux actuellement, la vaste majorité va hésiter : les uns vont se souvenir des moments passés, du « bon vieux temps « où tout était mieux qu’aujourd’hui. Les autres vont rêver du futur, des projets qui restent à réaliser avant qu’on puisse vraiment être content. Mais le résultat est le même : ils étaient heureux hier ou le seront demain, mais rares sont ceux qui se diraient heureux aujourd’hui.

 

Enoncé du sujet: Il convient donc de se demander s’il est inévitable que nous ne soyons jamais heureux ou si au contraire il est bien possible d’être heureux.

 

Annonce du plan: Il est vrai que les hommes souvent cherchent leur bonheur dans l’avenir ou croient qu’il réside dans le passé. Cependant cela ne signifie pas que l’on ne peut pas être heureux au présent.

 

Développement

 

1. Thèse : Il est inévitable que nous ne soyons jamais heureux.

 

- Nous avons tous des tâches à accomplir et des projets à mettre en action avant de pouvoir réaliser nos rêves. Ainsi le jeune dont le grand rêve est de faire le tour du monde veut d’abord finir ses études. Après avoir réussi ses examens, il découvre qu’il n’a pas assez d’argent et commence à travailler, mais prévoit de prendre une année sabbatique dans le futur. Après avoir travaillé quelques années, il ne veut pas s’en aller pour une si longue période et ainsi risquer son emploi. Donc il attend. Il se marie, fonde une famille. Il est lié par des obligations jusqu’à sa retraite. Maintenant, les enfants sont grandis, il a du temps libre. Malheureusement, il est trop âgé et faible pour faire un voyage si long et fatigant.

 

On reporte ses rêves et son bonheur à l’infini : Aujourd’hui n’est pas le bon moment, je le ferai demain, dans une semaine, une année. Ainsi on n’est jamais actuellement heureux mais espère de l’être dans le futur.

 

Dans ce sens dit Pascal (1623-1662) dans Les Pensées: « Nous ne pensons presque point au présent ; et, si nous y pensons, ce n’est que pour en prendre la lumière pour disposer de l’avenir. Le présent n’est jamais notre fin : le passé et le présent sont nos moyens ; le seul avenir est notre fin. Ainsi nous ne vivons jamais, mais nous espérons de vivre ; et, nous disposant toujours à être heureux, il est inévitable que nous ne le soyons jamais. «

 

- Mais ce n’est pas seulement dans le futur que nous posons nos espoirs, c’est aussi bien dans le passé que nous croyons d’avoir été heureux. Les gens aiment se souvenir avec un grand soupir du « bon vieux temps « quand ils étaient encore jeunes, libres, sans aucune obligation et avec toutes les possibilités ouvertes. Mais si on lamente toujours que tout était mieux autrefois, on ne va guère être content avec ce qu’on a et est au présent.

 

Ainsi dit Rousseau (1712-1778) dans Les Confessions : « Je ne vois plus rien dans l’avenir qui me tente ; les seuls retours du passé peuvent me flatter, et ces retours si vifs et si vrais dans l’époque dont je parle me font souvent vivre heureux malgré mes malheurs. « Pour Rousseau le seul véritable bonheur est donc celui de l’enfance. Après cette brève période de temps, il n’y a plus d’espoir, tout bonheur est dans le passé tandis que le présent est synonyme de malheur.

 

2. Antithèse : Il est possible d’être heureux.

 

Mais ne faut-il pas plutôt se concentrer au présent au lieu de pleurer du passé et attendre le futur ?

- C’est satisfaire nos petits désirs de la vie quotidienne ce qui nous rend content : Lire un bon livre, aller à un concert, manger un pain au chocolat ou bien prendre deux heures pour regarder notre film préféré. En donnant ainsi au présent toute sa valeur ne nous sentons pas heureux ?

Dans ce sens-là, Epicure (env. 342-270 avant J.C.) affirme la possibilité d’être heureux dans un quadruple remède (le tetrapharmakos) : il n’y a rien à craindre des dieux, il n’y a rien à craindre de la mort, on peut atteindre le bonheur et on peut supporter la douleur.

Pour lui le guide dans la recherche du bonheur sont les plaisirs. Ainsi écrit Epicure dans la Lettre à Ménécée : « Le plaisir est le commencement et la fin de la vie heureuse. « Et ce n’est pas des plaisirs exceptionnels qu’il parle, mais des plaisirs élémentaires de tous les jours : « Ne pas avoir faim, ne pas avoir soif, ne pas avoir froid ; celui qui dispose de cela, et a l'espoir d'en disposer à l'avenir, peut lutter comme il arrive, et coulera des jours heureux. « (Sentences vaticanes)

 

- Autres aspects à l’origine du bonheur sont l’amitié et la santé. Toutes les joies de notre vie valent double si on peut les partager avec quelqu’un et à l’envers on ne peut pas être heureux si on est seul et malade.

 

C’est dans ce sens-là que Voltaire (1712-1778) constate qu’ « il n’y a de bonheur dans ce monde, pour notre corps, que d’avoir ses cinq sens en bon état et, pour notre âme, que d’avoir un ami, tout le reste n’est que chimères «. Epicure, lui aussi, affirme l’importance de l’amitié et de la santé en jugeant l’amitié un bien précieux, indispensable au bonheur et en écrivant que « la santé du corps et la tranquillité de l’âme, c’est là la perfection même de la vie heureuse «.

 

3. Synthèse

 

Comme nous l’avons vu, rêver de nos grands projets du futur peut nous laisser oublier le présent. Nous reportons notre bonheur toujours dans l’avenir jusqu’à ce qu’il soit trop tard et on ne soit plus capable de le réaliser tel qu’on l’avait imaginé. Ou bien on déplore le passé où tout était mieux qu’aujourd’hui. En projetant ainsi le bonheur dans l’avenir ou bien l’estimant dans le passé, il semble que nous ne pouvons pas actuellement être heureux.

 

Mais nous avons vu aussi que le bonheur réside plutôt dans les plaisirs tout petits de la vie quotidienne et qu’en plus, la santé et l’amitié sont conditio sine qua non du bonheur.

 

En donnant ainsi au présent toute sa valeur, il paraît possible d’être heureux.

 

Conclusion

 

Beaucoup d’hommes ne cherchent leur bonheur que dans l’avenir ou croient de l’avoir laissé il y a longtemps dans le passé. Mais en vivant dans le « hic et nunc «, il nous est possible de trouver un bonheur actuel à travers les plaisirs de la vie quotidienne.

 

Cependant on peut se demander pourquoi ceux qui se plongent dans les divertissements de notre société de loisirs, qui nous promet la satisfaction de tous nos désirs, très souvent ne sont pas heureux non plus.

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