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Peut-on se connaitre soi même

Publié le 10/03/2011

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Depuis Socrate et l’injection de la Pythie au temple de Delphes « Connais-toi toi-même », l'homme a depuis toujours aspiré à plus de connaissances ce qui en découle aujourd'hui à la multitude de connaissances que nous avons à notre disposition. Si ces connaissances peuvent être d'ordre matériel, elles le sont donc aussi de l'ordre de la connaissance de soi. Ainsi, tout homme disant « Je » possède une certaine connaissance de lui. Malgré cette affirmation, on se demande toujours aujourd’hui si nous avons la possibilité d’avoir une connaissance complète de soi. Mais « se connaître » semble essentiel pour prendre des décisions ; mais que veut dire se connaître, comment y parvenir et quelles en sont les limites ? Nous étudierons dans un premier temps  que l’on peut se connaître soi-même, mais nous verrons ensuite qu’il est impossible de se connaître soi-même ; puis dans un dernier temps, nous étudierons les problèmes engendrés par l’envie de se connaître soi-même.

 « Je pense donc je suis » voilà ce qui fait, selon Descartes, la différence entre l’objet et le sujet, car l’objet est privé de raison. L’homme se définit donc par sa conscience. Connaitre un objet s’avère facile car il suffit d’expliquer ses caractéristiques qui ne changent pas. En effet, l’objet est souvent défini par un mode d’emploi qui nous permet de comprendre son utilisation ainsi que son installation tandis que connaitre un sujet est bien plus difficile, car l’homme évolue tout au long de son existence et aucun système n’existe pour expliquer son fonctionnement. On peut cependant chercher à le comprendre, qui vient du mot latin « cum » c'est-à-dire prendre avec, prendre ensemble, par l’intuition ; qui est un sentiment non-rationnel. Selon Bergson, l’intuition est une \"sympathie par laquelle on se transporte à l'intérieur d'un objet pour coïncider avec ce qu'il a d'unique et d'inexprimable\" c'est-à-dire l’intuition permet à l’individu de le comprendre, tout en étant à l’extérieur. C’est souvent grâce au langage que l’on essaye de connaitre un individu, car c’est une porte ouverte dans son esprit, même si les signes sont difficiles à interpréter (parole, gestes…).Selon Bergson, « toute connaissance passe par le langage. » Il s’avère donc difficile de définir ce concept de connaissance car il change de sens selon qu’il concerne un objet ou un sujet. La dignité de l’homme repose majoritairement sur l’idée de l’unité du moi : le sujet transcendantal chez Kant explique que toutes les expériences, les connaissances sont reliées à un seul et unique centre. La connaissance intellectuelle que l’homme a de lui-même renvoie à l’origine et à la formation de ses idées. C’est l’individu lui-même qui a la capacité d’émettre et de défendre ses idées. On peut dire qu’il est, ou qu’il se veut, « maître » de ses idées, ainsi Kant définit la majorité. Il définit le majeur comme étant l’individu qui pense et décide par lui-même, sans se laisser influencer par autrui et particulièrement par ceux qu’il nomme « tuteurs ». Comme Socrate le dit « Connais-toi toi-même » ; ceci n’est pas une incitation psychologique mais intellectuelle à la connaissance de soi. Il s’agit pour chacun, mais avec l’aide des autres, d’analyser ses pensées pour vérifier leur provenance : sont-ce réellement mes pensées ou des idées reçues ? Cette interrogation entraine chaque individu à penser vraiment par lui-même, comme l’ont réaffirmé Descartes et Malebranche dans le travail du « doute » qui nous libère de certains préjugés. Ceci est une démarche personnelle et le chemin pour y parvenir est complexe. L'homme a la possibilité de se connaître en ayant recours à sa propre personne. Certains auteurs tels que Montaigne procédaient à une introspection dans le but de \"se regarder à l'intérieur\". Au sens philosophique, l'introspection est une observation et analyse de soi en vue d'étudier sa propre personne ou bien de connaître l'esprit humain en général. Montaigne, dans ses \"Essais\", s'interroge sur l’amitié qu’il entretient avec Etienne de la Boétie, et essaye d'expliquer ce rapprochement qui s'est établi entre les deux hommes. L'auteur est censé avancer ses défauts et ses qualités dans le but de dresser un bilan synthétique sur sa personne. Comme le dit Kant, il est plus tentant et plus simple de suivre des tuteurs. Mais l’homme est-il alors vraiment « maître » de ses pensées ? Sur un plan psychologique ainsi qu’intellectuel, l’individu est pourtant persuadé qu’il se connaît lui-même, qu’il émet et dirige ses propres idées.

Selon Auguste Comte, l'individu pensant ne saurait se partager en deux, dont l'un raisonnerait, tandis que l'autre regarderait raisonner. Il qualifie de \"nulle\" cette prétendue méthode psychologique dans son principe. L'organe observé et l'organe observateur étant, dans ce cas identiques, comment l'observation pourrait-elle avoir lieu ? Ainsi Montaigne avoue ne pas avoir trouvé de réelles explications, se contentant d'un simple \"Parce que c'était moi, parce que c'était lui\". On peut se connaître en jugeant nos actes. La connaissance de soi provient de notre expérience. Néanmoins, l'introspection possède ses limites. En effet, du fait que l'auteur ait parfois tendance à s'idéaliser ou se déprécier, on note un possible manque d'objectivité et de lucidité. Se trouve posée la question de notre connaissance, car si la connaissance de soi a besoin d'une réflexion et d'une analyse sur soi-même, alors est-il possible de se dévoiler, tout le monde est-il capable de s'auto-analyser ? Par exemple, certains sports vont amener à s'interroger sur ses capacités, physiques ou mentales. Aura t-il le courage d'affronter la difficulté ou le danger ? Pourra t-il aller au delà de sa fatigue, se surpasser ? C'est dans cette réflexion que le sportif aura la possibilité de dresser le bilan de sa personne. Sartre estime que l'homme se définit par ses actes, il a donc besoin de s'expérimenter pour connaître son mental et ses limites. L'homme est désireux de transformer ce monde à sa manière dans le but \"qu'il se reconnaisse lui-même dans la forme des choses\" comme le dit Hegel. Néanmoins, la définition qui peut être faite de soi-même n'est que passagère car on évolue au fil du temps. Mais la profonde introspection de soi peut aboutir à des impasses.   Pourtant se connaître soi-même détient quelques limites et c'est donc pour cela que nous pouvons avoir recours aux autres. Les autres possèdent des avis et opinons différents des nôtres, par exemple lorsque nous sommes à l'école et que l'on nous recevons une mauvaise note, l'appréciation et le regard des autres nous montrent que ce que nous avons fait est mal alors la honte de nous même, de notre comportement nous donne envie de changer et de modifier notre comportement. Ce qui veut dire que grâce aux autres nous prenons conscience de nos défauts et nos limites, comme le dit Sartre « Autrui est le médiateur indispensable entre moi et moi-même » ce qui nous permet de nous « autocritiquer ». Mais peut-on faire confiance aux autres? En effet, les autres peuvent se méprendre car ils ne connaissent pas nos pensées et notre passé, c'est pourquoi ils peuvent ne pas être totalement en mesure de juger nos actes, comme le dit Merleau-Ponty les autres ont une connaissance limitée puisqu'ils nous voient de l'extérieur, par exemple on peut compatir au deuil d’autrui mais notre tristesse n’a pas la même signification que la sienne. Ils peuvent aussi ne pas comprendre pourquoi nous agissons comme cela, car parfois nous avons de raisons liées à notre passé, où à ce que nous ressentons. Donc autrui nous apporte un regard plus riche sur ce que nous sommes.

Le fait de se connaitre soi-même peut se révéler être un problème. On peut dire vouloir se connaitre soi-même mais ne pas avoir une grande volonté car cette réflexion peut nous mener à des révélations sur nous-mêmes que l'on aimerait ne pas connaitre. De même, cela peut nous mener à des souvenirs douloureux que notre conscience enfouit ou que l'on préfère oublier. On peut craindre de découvrir des choses que nous n'assumons pas ou que nous nous cachons à nous-mêmes. C'est une peur de réaliser qui sommes nous vraiment, nous nous mentons sur nos motivations réelles en se trouvant sans cesse des excuses, on fait preuve de mauvaise foi. Cependant, le fait de vouloir trop se connaitre peut amener à une forme de narcissisme. Donner trop d'importance à la recherche sur soi nous tourne exclusivement sur nous-mêmes. Ceci peut nous amener dans un renfermement vis à vis des autres. Une trop grande volonté de se connaitre n'est pas forcément ce qu'il faut car ceci peut amener à une attention portée exclusivement sur notre personne au détriment de l’intérêt pour autrui. Comme le dit Alain, « l'homme est obscur à lui-même », c'est pourquoi il est compliqué pour lui de s'analyser, il lui restera toujours des parties cachées.

Le second problème qui se pose est alors celui de la possibilité-même pour l’homme de se connaître : Il fait le constat d’actes, paroles, pensées dont il est l’acteur, qu’il fait consciemment mais dont il ne se reconnait pas en être l’auteur : Selon Freud, il faut admettre que la conscience est « lacunaire », c'est-à-dire qu’elle n’est pas en mesure d’expliquer certains faits psychiques. Pour en trouver la cause, Freud propose alors l’hypothèse d’un inconscient psychique. Celui-ci serait constitué d’éléments refoulés (souvenirs, pulsions) et d’interdits et obligations intériorisés pendant la petite enfance (ce qu’il nomme le « surmoi ») : Du conflit inconscient de ces deux pôles naîtraient des manifestations (lapsus, rêves, comportements, symptômes) que la conscience seule est bien incapable de justifier. C’est la méthode créée par Freud, la psychanalyse, qui seule permettra d’accéder à cet inconscient. Cela signifie donc, que sans cette méthode, une partie entière de notre psychisme nous restera à jamais inconnue et donc que l’homme se trompe quand il croit arriver à se comprendre lui-même par son analyse consciente.

On peut donc conclure qu’avec l’aide de procédés ainsi qu’autrui on peut se connaître soi-même malgré les théories des grands penseurs parfois opposées. Néanmoins, les philosophes de nos jours ne considèrent pas que la question soit définitivement achevée donc se réservent des futures recherches, on peut donc imaginer que ces philosophes travailleront cette question sous un autre angle : Est-il plus facile de connaître autrui que soi-même ?

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