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Plan de commentaire : La Princesse de Babylone, Voltaire

Publié le 15/09/2006

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babylone

1) Une utopie --Un pays imaginaire : un e région à l'écart de tout ; un cadre spatio-temporel qui reste indéterminé(« la rive orientale du Gange «), un nom qui fait cependant rêver et qui renvoie à l'Orient, source de rêverie pour les Européens du XVIIIe (noter aussi le nom d'Amazan…) --Luxuriance et profusion . une nature prodigue : « les prés [sont] éternellement fleuris « ; les moutons « innombrables « ; leur laine est « plus fine et plus brillante que la plus belle soie « (noter que le commerce en est prospère et fait la richesse des bergers et du pays tout entier)) ; les diamants abondent (même les bergers en ont !) ; les temples sont de cèdre (bois précieux) ; il est fait mention de « belle[s] pelouse[s] «et de « bocage « généralement fertile… Les adjectifs laudatifs (de l'éloge) les nombreux superlatifs absolus et redoublés : « plus fine et plus brillante que la plus belle des soies « témoignent de cette prospérité générale ; de nombreuses hyperboles ( « éternellement fleuris …troupeaux innombrables …tout ce qui peut flatter le s désirs des hommes «) souvent même redondantes , comme toujours dans les utopies tentent de donner une idée de la richesse de ce pays. Les références à la nature rapprochent, par ailleurs, ces passages de « l'idylle «, petit poème (ou tableau) à sujet pastoral bien dans le goût de l'époque. --Le recours au merveilleux Topos (lieu commun) de l'utopie, on le retrouve dans ce texte : c'est d'abord un oiseau qui prend le récit en charge ; puis il est fait allusion aux licornes(animal mythique, fabuleux)au pouvoir surnaturel, là aussi décrites par une avalanche de superlatifs(« le plus bel animal, le plus fier…) ; les perroquets prêchent… --Une société idéale . L'égalité : une société sans classes sociales : les hommes y sont égaux, la justice y règne donc ; point n'est besoin de roi (on sent bien qu'Amazan a un statut privilégié mais « il est berger comme eux «) ; les hommes y ont tout ce qui leur est nécessaire et même au-delà (les diamants). L'égalité existe même avec les animaux que non seulement l'on ne mange pas (les Gangarides sont végétariens) mais qui participent à la vie politique (« le conseil ayant pris l'avis des licornes «) ou religieuse (les perroquets). Noter enfin que le système est démocratique (« le conseil des Gangarides «) . Clémence et pacifisme : voir l'attitude vertueuse des Gangarides à l'égard de leurs ennemis qu'ils ne torturent ni netuent mais qu'ils tentent de « guérir « de leur fureur guerrière considérée comme une « maladie «et qu'ils renvoient « chez eux « humainement «. Ces Gangarides défendent donc des valeurs humanistes (proches bien sûr de celles des Lumières). Ils sont pacifiques, n'ayant fait que se défendre contre les Indiens.

2) Une utopie au service de la critique. Une critique qui se fait par l'implicite : au lecteur de déchiffrer les intentions de l'auteur, comme c'est toujours le cas dans l'utopie. --Critique du système politique français par trop inégalitaire : les « bergers « renvoient bien sûr aux paysans français (remarque : vous n'avez pas assez transposé…) et au-delà, sans doute, au Tiers-Etat. Mais les paysans représentant l'immense majorité de la population française, c'est avant tout à eux qu'il est fait allusion. Allusion plus que claire à la misère qui accable la paysannerie au XVIIIe siècle (disettes, maladies qui provoqueront des révoltes :cf double page distribuée en début d'année sur le XVIIIe). C'est ainsi que l'on peut comprendre la remarque non dénuée d'ironie : « ces bergers…qui, couverts à peine de lambeaux déchirés, gardent des moutons infiniment mieux habillés qu'eux. « Misère redoublée par les impôts multiples qui pèsent sur les paysans : « et qui payent à un exacteur la moitié des gages chétifs qu'ils reçoivent de leurs maîtres « Allusion aussi ici aux nobles qui possédaient les terres. Rappelez-vous les affiches de la Révolution française où le Tiers-Etat est représenté courbé sous le poids de la noblesse et du clergé. --Critique de la monarchie, avec une perfide remarque de Voltaire, doublée d'un paradoxe, le tout riche de sous-entendus (tout à fait dans son style…) : « Amazan… Il n'est pas roi et je ne sais même s'il voudrait s'abaisser à l'être ; il aime trop ses compatriotes. « Ce qui signifie sans doute qu'être roi, contrairement à ce que croit l'opinion commune , c'est être en quelque sorte« nuisible « à ses sujets et qu'un homme qui a le sens de la dignité, qui porte des valeurs humanistes n'accepterait en aucun cas d'endosser ce rôle…Noter aussi qu'il y a (comme on l'a déjà dit) un « conseil « au pays des Gangarides (Voltaire rêvait d'une monarchie parlementaire depuis son séjour en Angleterre). --Critique acérée (bien sûr…) de la guerre : voir l'épisode avec le roi des Indes. Les assaillants sont montrés comme particulièrement belliqueux : ils attaquent les Gangarides avec « dix mille éléphants « et ils sont « un million de guerriers «. (Au passage, ne soyez pas dupes de ces hyperboles, elles sont ironiques…) Allusion aux nombreuses guerres (guerre de sept ans, par exemple) qui ravagent l'Europe. Ceux qui s'en rendent coupables (le roi= les gouvernants) sont montrés comme des impérialistes (le roi veut « conquérir « la nation des Gangarides) ,des fous (le mot est employé plusieurs fois) et des « malades « assoiffés de sang, et de préférence du sang des autres : « «Leur principale démence est la fureur de verser le sang de leurs frères « , qui ruinent tout sur leur passage , et n'ont pour but que de « dévaster des plaines fertiles «, ce qui signifie qu'ils anéantissent tout ce que l'homme et la nature peuvent produire de beau et de bon. Et ce, de la façon la plus absurde et la plus gratuite, puisque Voltaire rajoute avec sa sombre ironie (et un nouveau paradoxe) que le résultat est qu'ils finissent « par régner sur des cimetières «. On se demande en effet quel en est l'intérêt et on ne peut que souscrire au « diagnostic « de l'auteur : ce sont bien des « malades « et des « fous «. Enfin, l'épisode des « soins « ironiquement administrés aux « malades «, « dans les eaux salutaires du Gange « et les privant de nourritures carnées et de breuvages alcoolisés (allusion aux fastes gastronomiques de Versailles ? ) reprend un motif cher aux philosophes, celui de l'éducation, la clé de tout, puisque les Indiens repartent assagis vers leur pays d'origine : « cette leçon les rendit sages… «C'est par la pédagogie qu'on les aura instruits et qu'ils auront appris la tolérance : « …depuis ce temps, les Indiens respectèrent les Gangarides. « Voltaire l'anticlérical ne pouvant écrire un texte sans que la religion n'y soit évoquée sous une forme ou sous une autre, la question est abordée à la fin du texte. On note que chez les Gangarides, point n'est besoin de clergé, les prêtres étant ironiquement remplacés par des « perroquets qui prêchent à merveille « ; et, d'autre part, que si les fidèles prient, ce n'est pas , comme le font les Chrétiens pour solliciter sans cesse Dieu mais pour lui « rendre grâce «, c'est-à-dire pour le remercier de ses bienfaits. Enfin, il faut comprendre que la présence des animaux dans le texte (moutons, licornes, perroquets) est également une marque d'ironie : les licornes sont considérées comme des sages puisqu'on leur demande leur avis au sommet de l'état (au conseil) sur une éventuelle libération des prisonniers indiens ; les perroquets prononcent des prêches qui semblent largement valoir ceux des prêtres européens ; tout ceci sous-entend malicieusement que les politiques et les dignitaires de l'Eglise, si imbus de leur importance en France, pourraient être avantageusement remplacés p Plan de commentaire : La Princesse de Babylone Voltaire 1) Une utopie --Un pays imaginaire : un e région à l'écart de tout ; un cadre spatio-temporel qui reste indéterminé(« la rive orientale du Gange «), un nom qui fait cependant rêver et qui renvoie à l'Orient, source de rêverie pour les Européens du XVIIIe (noter aussi le nom d'Amazan…) --Luxuriance et profusion . une nature prodigue : « les prés [sont] éternellement fleuris « ; les moutons « innombrables « ; leur laine est « plus fine et plus brillante que la plus belle soie « (noter que le commerce en est prospère et fait la richesse des bergers et du pays tout entier)) ; les diamants abondent (même les bergers en ont !) ; les temples sont de cèdre (bois précieux) ; il est fait mention de « belle[s] pelouse[s] «et de « bocage « généralement fertile… Les adjectifs laudatifs (de l'éloge) les nombreux superlatifs absolus et redoublés : « plus fine et plus brillante que la plus belle des soies « témoignent de cette prospérité générale ; de nombreuses hyperboles ( « éternellement fleuris …troupeaux innombrables …tout ce qui peut flatter le s désirs des hommes «) souvent même redondantes , comme toujours dans les utopies tentent de donner une idée de la richesse de ce pays. Les références à la nature rapprochent, par ailleurs, ces passages de « l'idylle «, petit poème (ou tableau) à sujet pastoral bien dans le goût de l'époque. --Le recours au merveilleux Topos (lieu commun) de l'utopie, on le retrouve dans ce texte : c'est d'abord un oiseau qui prend le récit en charge ; puis il est fait allusion aux licornes(animal mythique, fabuleux)au pouvoir surnaturel, là aussi décrites par une avalanche de superlatifs(« le plus bel animal, le plus fier…) ; les perroquets prêchent… --Une société idéale . L'égalité : une société sans classes sociales : les hommes y sont égaux, la justice y règne donc ; point n'est besoin de roi (on sent bien qu'Amazan a un statut privilégié mais « il est berger comme eux «) ; les hommes y ont tout ce qui leur est nécessaire et même au-delà (les diamants). L'égalité existe même avec les animaux que non seulement l'on ne mange pas (les Gangarides sont végétariens) mais qui participent à la vie politique (« le conseil ayant pris l'avis des licornes «) ou religieuse (les perroquets). Noter enfin que le système est démocratique (« le conseil des Gangarides «) . Clémence et pacifisme : voir l'attitude vertueuse des Gangarides à l'égard de leurs ennemis qu'ils ne torturent ni netuent mais qu'ils tentent de « guérir « de leur fureur guerrière considérée comme une « maladie «et qu'ils renvoient « chez eux « humainement «. Ces Gangarides défendent donc des valeurs humanistes (proches bien sûr de celles des Lumières). Ils sont pacifiques, n'ayant fait que se défendre contre les Indiens. 2) Une utopie au service de la critique. Une critique qui se fait par l'implicite : au lecteur de déchiffrer les intentions de l'auteur, comme c'est toujours le cas dans l'utopie. --Critique du système politique français par trop inégalitaire : les « bergers « renvoient bien sûr aux paysans français (remarque : vous n'avez pas assez transposé…) et au-delà, sans doute, au Tiers-Etat. Mais les paysans représentant l'immense majorité de la population française, c'est avant tout à eux qu'il est fait allusion. Allusion plus que claire à la misère qui accable la paysannerie au XVIIIe siècle (disettes, maladies qui provoqueront des révoltes :cf double page distribuée en début d'année sur le XVIIIe). C'est ainsi que l'on peut comprendre la remarque non dénuée d'ironie : « ces bergers…qui, couverts à peine de lambeaux déchirés, gardent des moutons infiniment mieux habillés qu'eux. « Misère redoublée par les impôts multiples qui pèsent sur les paysans : « et qui payent à un exacteur la moitié des gages chétifs qu'ils reçoivent de leurs maîtres « Allusion aussi ici aux nobles qui possédaient les terres. Rappelez-vous les affiches de la Révolution française où le Tiers-Etat est représenté courbé sous le poids de la noblesse et du clergé. --Critique de la monarchie, avec une perfide remarque de Voltaire, doublée d'un paradoxe, le tout riche de sous-entendus (tout à fait dans son style…) : « Amazan… Il n'est pas roi et je ne sais même s'il voudrait s'abaisser à l'être ; il aime trop ses compatriotes. « Ce qui signifie sans doute qu'être roi, contrairement à ce que croit l'opinion commune , c'est être en quelque sorte« nuisible « à ses sujets et qu'un homme qui a le sens de la dignité, qui porte des valeurs humanistes n'accepterait en aucun cas d'endosser ce rôle…Noter aussi qu'il y a (comme on l'a déjà dit) un « conseil « au pays des Gangarides (Voltaire rêvait d'une monarchie parlementaire depuis son séjour en Angleterre). --Critique acérée (bien sûr…) de la guerre : voir l'épisode avec le roi des Indes. Les assaillants sont montrés comme particulièrement belliqueux : ils attaquent les Gangarides avec « dix mille éléphants « et ils sont « un million de guerriers «. (Au passage, ne soyez pas dupes de ces hyperboles, elles sont ironiques…) Allusion aux nombreuses guerres (guerre de sept ans, par exemple) qui ravagent l'Europe. Ceux qui s'en rendent coupables (le roi= les gouvernants) sont montrés comme des impérialistes (le roi veut « conquérir « la nation des Gangarides) ,des fous (le mot est employé plusieurs fois) et des « malades « assoiffés de sang, et de préférence du sang des autres : « «Leur principale démence est la fureur de verser le sang de leurs frères « , qui ruinent tout sur leur passage , et n'ont pour but que de « dévaster des plaines fertiles «, ce qui signifie qu'ils anéantissent tout ce que l'homme et la nature peuvent produire de beau et de bon. Et ce, de la façon la plus absurde et la plus gratuite, puisque Voltaire rajoute avec sa sombre ironie (et un nouveau paradoxe) que le résultat est qu'ils finissent « par régner sur des cimetières «. On se demande en effet quel en est l'intérêt et on ne peut que souscrire au « diagnostic « de l'auteur : ce sont bien des « malades « et des « fous «. Enfin, l'épisode des « soins « ironiquement administrés aux « malades «, « dans les eaux salutaires du Gange « et les privant de nourritures carnées et de breuvages alcoolisés (allusion aux fastes gastronomiques de Versailles ? ) reprend un motif cher aux philosophes, celui de l'éducation, la clé de tout, puisque les Indiens repartent assagis vers leur pays d'origine : « cette leçon les rendit sages… «C'est par la pédagogie qu'on les aura instruits et qu'ils auront appris la tolérance : « …depuis ce temps, les Indiens respectèrent les Gangarides. « Voltaire l'anticlérical ne pouvant écrire un texte sans que la religion n'y soit évoquée sous une forme ou sous une autre, la question est abordée à la fin du texte. On note que chez les Gangarides, point n'est besoin de clergé, les prêtres étant ironiquement remplacés par des « perroquets qui prêchent à merveille « ; et, d'autre part, que si les fidèles prient, ce n'est pas , comme le font les Chrétiens pour solliciter sans cesse Dieu mais pour lui « rendre grâce «, c'est-à-dire pour le remercier de ses bienfaits. Enfin, il faut comprendre que la présence des animaux dans le texte (moutons, licornes, perroquets) est également une marque d'ironie : les licornes sont considérées comme des sages puisqu'on leur demande leur avis au sommet de l'état (au conseil) sur une éventuelle libération des prisonniers indiens ; les perroquets prononcent des prêches qui semblent largement valoir ceux des prêtres européens ; tout ceci sous-entend malicieusement que les politiques et les dignitaires de l'Eglise, si imbus de leur importance en France, pourraient être avantageusement remplacés pPlan de commentaire : La Princesse de Babylone Voltaire 1) Une utopie --Un pays imaginaire : un e région à l'écart de tout ; un cadre spatio-temporel qui reste indéterminé(« la rive orientale du Gange «), un nom qui fait cependant rêver et qui renvoie à l'Orient, source de rêverie pour les Européens du XVIIIe (noter aussi le nom d'Amazan…) --Luxuriance et profusion . une nature prodigue : « les prés [sont] éternellement fleuris « ; les moutons « innombrables « ; leur laine est « plus fine et plus brillante que la plus belle soie « (noter que le commerce en est prospère et fait la richesse des bergers et du pays tout entier)) ; les diamants abondent (même les bergers en ont !) ; les temples sont de cèdre (bois précieux) ; il est fait mention de « belle[s] pelouse[s] «et de « bocage « généralement fertile… Les adjectifs laudatifs (de l'éloge) les nombreux superlatifs absolus et redoublés : « plus fine et plus brillante que la plus belle des soies « témoignent de cette prospérité générale ; de nombreuses hyperboles ( « éternellement fleuris …troupeaux innombrables …tout ce qui peut flatter le s désirs des hommes «) souvent même redondantes , comme toujours dans les utopies tentent de donner une idée de la richesse de ce pays. Les références à la nature rapprochent, par ailleurs, ces passages de « l'idylle «, petit poème (ou tableau) à sujet pastoral bien dans le goût de l'époque. --Le recours au merveilleux Topos (lieu commun) de l'utopie, on le retrouve dans ce texte : c'est d'abord un oiseau qui prend le récit en charge ; puis il est fait allusion aux licornes(animal mythique, fabuleux)au pouvoir surnaturel, là aussi décrites par une avalanche de superlatifs(« le plus bel animal, le plus fier…) ; les perroquets prêchent… --Une société idéale . L'égalité : une société sans classes sociales : les hommes y sont égaux, la justice y règne donc ; point n'est besoin de roi (on sent bien qu'Amazan a un statut privilégié mais « il est berger comme eux «) ; les hommes y ont tout ce qui leur est nécessaire et même au-delà (les diamants). L'égalité existe même avec les animaux que non seulement l'on ne mange pas (les Gangarides sont végétariens) mais qui participent à la vie politique (« le conseil ayant pris l'avis des licornes «) ou religieuse (les perroquets). Noter enfin que le système est démocratique (« le conseil des Gangarides «) . Clémence et pacifisme : voir l'attitude vertueuse des Gangarides à l'égard de leurs ennemis qu'ils ne torturent ni netuent mais qu'ils tentent de « guérir « de leur fureur guerrière considérée comme une « maladie «et qu'ils renvoient « chez eux « humainement «. Ces Gangarides défendent donc des valeurs humanistes (proches bien sûr de celles des Lumières). Ils sont pacifiques, n'ayant fait que se défendre contre les Indiens. 2) Une utopie au service de la critique. Une critique qui se fait par l'implicite : au lecteur de déchiffrer les intentions de l'auteur, comme c'est toujours le cas dans l'utopie. --Critique du système politique français par trop inégalitaire : les « bergers « renvoient bien sûr aux paysans français (remarque : vous n'avez pas assez transposé…) et au-delà, sans doute, au Tiers-Etat. Mais les paysans représentant l'immense majorité de la population française, c'est avant tout à eux qu'il est fait allusion. Allusion plus que claire à la misère qui accable la paysannerie au XVIIIe siècle (disettes, maladies qui provoqueront des révoltes :cf double page distribuée en début d'année sur le XVIIIe). C'est ainsi que l'on peut comprendre la remarque non dénuée d'ironie : « ces bergers…qui, couverts à peine de lambeaux déchirés, gardent des moutons infiniment mieux habillés qu'eux. « Misère redoublée par les impôts multiples qui pèsent sur les paysans : « et qui payent à un exacteur la moitié des gages chétifs qu'ils reçoivent de leurs maîtres « Allusion aussi ici aux nobles qui possédaient les terres. Rappelez-vous les affiches de la Révolution française où le Tiers-Etat est représenté courbé sous le poids de la noblesse et du clergé. --Critique de la monarchie, avec une perfide remarque de Voltaire, doublée d'un paradoxe, le tout riche de sous-entendus (tout à fait dans son style…) : « Amazan… Il n'est pas roi et je ne sais même s'il voudrait s'abaisser à l'être ; il aime trop ses compatriotes. « Ce qui signifie sans doute qu'être roi, contrairement à ce que croit l'opinion commune , c'est être en quelque sorte« nuisible « à ses sujets et qu'un homme qui a le sens de la dignité, qui porte des valeurs humanistes n'accepterait en aucun cas d'endosser ce rôle…Noter aussi qu'il y a (comme on l'a déjà dit) un « conseil « au pays des Gangarides (Voltaire rêvait d'une monarchie parlementaire depuis son séjour en Angleterre). --Critique acérée (bien sûr…) de la guerre : voir l'épisode avec le roi des Indes. Les assaillants sont montrés comme particulièrement belliqueux : ils attaquent les Gangarides avec « dix mille éléphants « et ils sont « un million de guerriers «. (Au passage, ne soyez pas dupes de ces hyperboles, elles sont ironiques…) Allusion aux nombreuses guerres (guerre de sept ans, par exemple) qui ravagent l'Europe. Ceux qui s'en rendent coupables (le roi= les gouvernants) sont montrés comme des impérialistes (le roi veut « conquérir « la nation des Gangarides) ,des fous (le mot est employé plusieurs fois) et des « malades « assoiffés de sang, et de préférence du sang des autres : « «Leur principale démence est la fureur de verser le sang de leurs frères « , qui ruinent tout sur leur passage , et n'ont pour but que de « dévaster des plaines fertiles «, ce qui signifie qu'ils anéantissent tout ce que l'homme et la nature peuvent produire de beau et de bon. Et ce, de la façon la plus absurde et la plus gratuite, puisque Voltaire rajoute avec sa sombre ironie (et un nouveau paradoxe) que le résultat est qu'ils finissent « par régner sur des cimetières «. On se demande en effet quel en est l'intérêt et on ne peut que souscrire au « diagnostic « de l'auteur : ce sont bien des « malades « et des « fous «. Enfin, l'épisode des « soins « ironiquement administrés aux « malades «, « dans les eaux salutaires du Gange « et les privant de nourritures carnées et de breuvages alcoolisés (allusion aux fastes gastronomiques de Versailles ? ) reprend un motif cher aux philosophes, celui de l'éducation, la clé de tout, puisque les Indiens repartent assagis vers leur pays d'origine : « cette leçon les rendit sages… «C'est par la pédagogie qu'on les aura instruits et qu'ils auront appris la tolérance : « …depuis ce temps, les Indiens respectèrent les Gangarides. « Voltaire l'anticlérical ne pouvant écrire un texte sans que la religion n'y soit évoquée sous une forme ou sous une autre, la question est abordée à la fin du texte. On note que chez les Gangarides, point n'est besoin de clergé, les prêtres étant ironiquement remplacés par des « perroquets qui prêchent à merveille « ; et, d'autre part, que si les fidèles prient, ce n'est pas , comme le font les Chrétiens pour solliciter sans cesse Dieu mais pour lui « rendre grâce «, c'est-à-dire pour le remercier de ses bienfaits.

babylone

« ruinent tout sur leur passage , et n'ont pour but que de « dévaster des plaines fertiles », ce qui signifie qu'ils anéantissent tout ceque l'homme et la nature peuvent produire de beau et de bon.

Et ce, de la façon la plus absurde et la plus gratuite, puisqueVoltaire rajoute avec sa sombre ironie (et un nouveau paradoxe) que le résultat est qu'ils finissent « par régner sur des cimetières».

On se demande en effet quel en est l'intérêt et on ne peut que souscrire au « diagnostic » de l'auteur : ce sont bien des «malades » et des « fous ».

Enfin, l'épisode des « soins » ironiquement administrés aux « malades », « dans les eaux salutaires duGange « et les privant de nourritures carnées et de breuvages alcoolisés (allusion aux fastes gastronomiques de Versailles ? )reprend un motif cher aux philosophes, celui de l'éducation, la clé de tout, puisque les Indiens repartent assagis vers leur paysd'origine : « cette leçon les rendit sages… »C'est par la pédagogie qu'on les aura instruits et qu'ils auront appris la tolérance : «…depuis ce temps, les Indiens respectèrent les Gangarides.

»Voltaire l'anticlérical ne pouvant écrire un texte sans que la religion n'y soit évoquée sous une forme ou sous une autre, la questionest abordée à la fin du texte.

On note que chez les Gangarides, point n'est besoin de clergé, les prêtres étant ironiquementremplacés par des « perroquets qui prêchent à merveille » ; et, d'autre part, que si les fidèles prient, ce n'est pas , comme le fontles Chrétiens pour solliciter sans cesse Dieu mais pour lui « rendre grâce », c'est-à-dire pour le remercier de ses bienfaits.Enfin, il faut comprendre que la présence des animaux dans le texte (moutons, licornes, perroquets) est également une marqued'ironie : les licornes sont considérées comme des sages puisqu'on leur demande leur avis au sommet de l'état (au conseil) sur uneéventuelle libération des prisonniers indiens ; les perroquets prononcent des prêches qui semblent largement valoir ceux desprêtres européens ; tout ceci sous-entend malicieusement que les politiques et les dignitaires de l'Eglise, si imbus de leurimportance en France, pourraient être avantageusement remplacés pPlan de commentaire : La Princesse de Babylone Voltaire1) Une utopie--Un pays imaginaire : un e région à l'écart de tout ; un cadre spatio-temporel qui reste indéterminé(« la rive orientale du Gange»), un nom qui fait cependant rêver et qui renvoie à l'Orient, source de rêverie pour les Européens du XVIIIe (noter aussi le nomd'Amazan…)--Luxuriance et profusion.

une nature prodigue : « les prés [sont] éternellement fleuris » ; les moutons « innombrables » ; leur laine est « plus fine et plusbrillante que la plus belle soie » (noter que le commerce en est prospère et fait la richesse des bergers et du pays tout entier)) ; lesdiamants abondent (même les bergers en ont !) ; les temples sont de cèdre (bois précieux) ; il est fait mention de « belle[s]pelouse[s] »et de « bocage » généralement fertile… Les adjectifs laudatifs (de l'éloge) les nombreux superlatifs absolus etredoublés : « plus fine et plus brillante que la plus belle des soies » témoignent de cette prospérité générale ; de nombreuseshyperboles ( « éternellement fleuris …troupeaux innombrables …tout ce qui peut flatter le s désirs des hommes ») souvent mêmeredondantes , comme toujours dans les utopies tentent de donner une idée de la richesse de ce pays.

Les références à la naturerapprochent, par ailleurs, ces passages de « l'idylle », petit poème (ou tableau) à sujet pastoral bien dans le goût de l'époque.--Le recours au merveilleuxTopos (lieu commun) de l'utopie, on le retrouve dans ce texte : c'est d'abord un oiseau qui prend le récit en charge ; puis il est faitallusion aux licornes(animal mythique, fabuleux)au pouvoir surnaturel, là aussi décrites par une avalanche de superlatifs(« le plusbel animal, le plus fier…) ; les perroquets prêchent…--Une société idéale.

L'égalité : une société sans classes sociales : les hommes y sont égaux, la justice y règne donc ; point n'est besoin de roi (on sentbien qu'Amazan a un statut privilégié mais « il est berger comme eux ») ; les hommes y ont tout ce qui leur est nécessaire et mêmeau-delà (les diamants).

L'égalité existe même avec les animaux que non seulement l'on ne mange pas (les Gangarides sontvégétariens) mais qui participent à la vie politique (« le conseil ayant pris l'avis des licornes ») ou religieuse (les perroquets).

Noterenfin que le système est démocratique (« le conseil des Gangarides »).

Clémence et pacifisme : voir l'attitude vertueuse des Gangarides à l'égard de leurs ennemis qu'ils ne torturent ni netuent maisqu'ils tentent de » guérir » de leur fureur guerrière considérée comme une « maladie »et qu'ils renvoient « chez eux « humainement».

Ces Gangarides défendent donc des valeurs humanistes (proches bien sûr de celles des Lumières).

Ils sont pacifiques, n'ayantfait que se défendre contre les Indiens.2) Une utopie au service de la critique.Une critique qui se fait par l'implicite : au lecteur de déchiffrer les intentions de l'auteur, comme c'est toujours le cas dans l'utopie.--Critique du système politique français par trop inégalitaire : les « bergers » renvoient bien sûr aux paysans français (remarque :vous n'avez pas assez transposé…) et au-delà, sans doute, au Tiers-Etat.

Mais les paysans représentant l'immense majorité de lapopulation française, c'est avant tout à eux qu'il est fait allusion.

Allusion plus que claire à la misère qui accable la paysannerie auXVIIIe siècle (disettes, maladies qui provoqueront des révoltes :cf double page distribuée en début d'année sur le XVIIIe).

C'estainsi que l'on peut comprendre la remarque non dénuée d'ironie : « ces bergers…qui, couverts à peine de lambeaux déchirés,gardent des moutons infiniment mieux habillés qu'eux.

» Misère redoublée par les impôts multiples qui pèsent sur les paysans : » etqui payent à un exacteur la moitié des gages chétifs qu'ils reçoivent de leurs maîtres » Allusion aussi ici aux nobles qui possédaient. »

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