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PLANIFICATION (de type soviétique)

Publié le 22/02/2012

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La planification comme mode de coordination économique centralisé et impératif, opposé à la coordination par le marché, est née en Union soviétique. Elle a peu à voir avec la planification indicative mise en oeuvre à certaines époques par des pays comme la France. Le premier plan pluriannuel, Goelro, visant l'électrification du pays, fut lancé en 1919 et le Gosplan, l'organisme chargé de la planification, créé en 1921. Mais la planification de l'ensemble de l'économie nationale n'a vu le jour qu'avec le premier plan quinquennal (1928-1932), dont la priorité fut le développement de l'industrie lourde (notamment la sidérurgie, l'énergie et la production d'armements). Cette orientation globale, privilégiant le secteur industriel au détriment du secteur agricole et la production des biens de production au détriment des biens de consommation, ne s'est pas démentie jusqu'à la fin des années 1950. La « déstalinisation » entreprise alors par Nikita Khrouchtchev (1953-1964) comprenait entre autres une modification des priorités relatives en faveur de l'agriculture et de l'industrie légère. « Le plan, c'est la loi ». La structure du plan global comportait un triple aspect : géographique (régions), sectoriel (branches) et fonctionnel (production, investissement, approvisionnement des unités de production, commerce intérieur, commerce extérieur, développement de la sphère « non directement productive » - santé, éducation). Du point de vue temporel, la planification soviétique comprenait l'existence des plans à long terme (dix à vingt ans), des plans à moyen terme (en principe quinquennaux) et des plans annuels. Seuls ces derniers étaient impératifs, ce qui signifie que les objectifs fixés par le plan annuel (sous forme d'indicateurs précis) étaient imposés avec force de loi à tous les agents économiques, la non-observation du plan pouvant faire l'objet de poursuites pénales. « Le plan, c'est la loi », disait Staline. À son époque, le nombre d'indicateurs obligatoires (quantité à produire en unités physiques, normes d'utilisation des matières premières et de l'énergie, nombre d'ouvriers, etc.) atteignait parfois le chiffre de 150 par unité de production. Après une concertation avec les entreprises, les collectivités territoriales et les ministères sectoriels, le Gosplan élaborait des plans en testant leur cohérence par la méthode des balances qui consiste à mettre en rapport, pour les facteurs de production comme pour la répartition, les ressources, d'une part, et les besoins ou l'emploi, d'autre part. Le Gosplan était également chargé de surveiller la bonne exécution des plans. Les réformes des années 1960. Les réformes visant à améliorer le système, afin d'assurer une croissance soutenue et une meilleure efficacité des entreprises (1965-1967), ont réduit le nombre d'indicateurs planifiés obligatoires à neuf et introduit trois fonds de stimulation en vue de permettre un autofinancement limité d'investissements de l'entreprise, le versement de primes aux travailleurs ayant contribué à la réalisation du plan et le financement de mesures sociales et culturelles (construction de logements, financement des vacances, etc.). En 1979, une nouvelle réforme économique (ou plutôt une antiréforme) a tenté de réduire cette autonomie des entreprises. Après la Seconde Guerre mondiale et la soviétisation de l'Europe de l'Est, la planification soviétique a été transposée aux autres économies socialistes, mais elle n'a réussi à se maintenir jusqu'à la fin des années 1980, dans des variantes plus ou moins réformées, que dans les pays regroupés dans le cadre du CAEM et en Albanie. Les autres économies socialistes telles celles de la Yougoslavie ou de la Chine, après avoir tenté d'appliquer le modèle soviétique à diverses époques, ont pris respectivement le chemin de l'« autogestion » et d'un modèle où l'économie de marché se développe au sein d'un régime politique communiste. Les réformes entreprises par l'URSS, la RDA et la Tchécoslovaquie dans les années 1960 et 1970 (jusqu'à l'idée de perestroïka - restructuration) n'ont pas remis en cause le modèle de planification centralisée et impérative, qui a également conservé la préférence de la bulgarie, de la roumanie et de l'Albanie. En revanche, la Hongrie (à partir de 1968) et la Pologne (à partir de 1982) ont essayé de combiner le plan et le marché par le biais de la décentralisation du système de planification et la déconcentration de l'appareil productif, ainsi que par l'introduction des régulateurs économiques tels que les prix, les taux de change, la fiscalité. Liliane PETROVIC

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