Platon: La législation et la moralité

« ... La législation et la moralité étaient corrompues à un tel point que moi, d'abord plein d'ardeur pour travailler au bien public, considérant cette situation et voyant comment tout marchait à la dérive, je finis par en être étourdi. Je ne cessais pourtant d'épier les signes possibles d'une amélioration dans ces événements et spécialement dans le régime politique, mais j'attendais toujours, pour agir, le bon moment. Finalement je compris que tous les États actuels sont mal gouvernés, car leur législation est à peu près incurable sans d'énergiques préparatifs joints à d'heureuses circonstances. Je fus alors irrésistiblement amené à louer la vraie philosophie et à proclamer que, à sa lumière seule, on peut reconnaître où est la justice dans la vie publique et dans la vie privée. Donc, les maux ne cesseront pas pour les humains avant que la race des purs et authentiques philosophes n'arrive au pouvoir ou que les chefs des cités, par une grâce divine, ne se mettent à philosopher véritablement. « Platon: La législation et la moralité

• Un texte très instructif sur l'itinéraire propre à Platon. Itinéraire exemplaire dont le point de départ est l'expérience directe de la corruption politique, et le point d'aboutissement l'affirmation du rôle irremplaçable de la philosophie (la «vraie«, dit Platon). • On s'attachera à dégager les principaux moments du texte, qui est extrait de la fameuse Lettre VII (Aux parents et amis de Dion, édition de la Pléiade, page 1186). Trois aspects principaux : — Vanité d'une action dans un contexte politique totalement corrompu (premières lignes). — Caractère radical de cette corruption (cf. pour approfondissement l'analyse de la genèse des cités injustes et du cycle des gouvernements dégénérés dans le livre IV de La république). — Nécessité d'une recherche de la justice par la voie philosophique, seule capable de dégager l'essence véritable des choses et de déjouer les apparences. • On pourra enrichir le commentaire du texte à partir d'une étude comparative entre l'itinéraire décrit par Platon et l'autobiographie intellectuelle relatée par Descartes dans la première partie du Discours de la méthode.