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Pologne

Publié le 11/04/2013

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pologne
1 PRÉSENTATION

Pologne, en polonais Polska, pays d’Europe centrale. Sa capitale est Varsovie. La Pologne appartient à l’Union européenne.

La Pologne est limitée au nord par la mer Baltique et la Russie (triangle de Kaliningrad), à l’est par la Lituanie, la Biélorussie et l’Ukraine, au sud par la Slovaquie et la République tchèque, et à l’ouest par l’Allemagne.

2 MILIEU NATUREL
2.1 Relief

La superficie de la Pologne est de 312 684 km². C’est essentiellement un pays de basses terres, situé dans la grande plaine nord-européenne. Seul le sud du pays présente un relief montagneux. Environ 75 % du territoire polonais se situe en dessous de 200 m d’altitude, le point le plus bas se trouvant dans le delta de la Vistule, à 1,8 m au-dessous du niveau de la mer. Les dernières glaciations quaternaires ont laissé un épais manteau de dépôts morainiques.

On distingue, du nord au sud, trois régions naturelles. La Pologne septentrionale correspond à la façade baltique. La plaine côtière, large de 40 à 100 km, constitue une zone basse et sablonneuse. La côte, longue de 694 km, est échancrée par les golfes de Szczecin (delta de l’Oder et baie de Poméranie) à l’ouest et de Gdańsk (delta de la Vistule) à l’est. L’intérieur présente un relief de basses collines, parsemées de lacs et traditionnellement appelées croupes de la Baltique. Ces collines sont formées par des accumulations morainiques déposées par le dernier inlandsis scandinave au cours de son retrait (moraine frontale). Elles forment les hauteurs de la Poméranie entre l’Oder et la Vistule, et de la Mazurie, entre la Vistule et la frontière russe. Disséquées par des cours d’eau encore mal hiérarchisés, elles présentent des dénivelés importants (100 à 200 m).

La Pologne centrale forme une région plate et monotone, constituée d’un ensemble de vastes plaines. Elle est traversée d’est en ouest par de larges vallées (Oder, Vistule, Warta, Boug). À l’est de la Vistule s’étendent les plaines de la Mazovie (drainée par la moyenne Vistule) et de la Podlachie ; à l’ouest, les plaines de la Cujavie, de la Grande Pologne (drainée par la Warta) et de la Basse-Silésie (drainée par l’Oder).

Dans le sud du pays, le relief s’élève rapidement. La Pologne méridionale est montagneuse. Le relief, très contrasté, est constitué de plateaux, de montagnes jeunes du Tertiaire (Carpates) et de massifs anciens du Primaire (Sudètes). Dans le sud-est, la bordure des Carpates occidentales (massifs des Hautes Tatras et des Beskides) marque la frontière avec la Slovaquie. Le point culminant du pays se situe à 2 499 m, au sommet du mont Rysy, dans le massif des Hautes Tatras. Au nord s’étendent le bassin de la haute Vistule et un ensemble de plateaux (Haute-Silésie, plateau de Petite Pologne, dominé par un massif ancien résiduel, les montagnes de Sainte-Croix, plateau de Lublin et Galicie occidentale). Dans le Sud-Ouest, les Sudètes marquent la frontière avec la République tchèque. Les Sudètes polonaises culminent à 1 603 m.

2.2 Hydrographie

La Pologne est traversée par deux grands fleuves, l’Oder (912 km) et la Vistule (1 090 km), tous deux tributaires de la mer Baltique. Ils forment deux grands systèmes hydrographiques couvrant la quasi-totalité du pays. Le principal affluent de la Vistule est le Boug occidental. Le principal affluent de l’Oder est la Warta. Les lacs sont nombreux dans la région des croupes baltiques et dans la plaine côtière. Les deux plus grands lacs sont le lac Śniardwy (114 km²) et le lac Mamry (104 km²), situés en Mazurie. L’épais manteau de débris sablo-argileux est à l’origine du mauvais drainage et de l’environnement lacustre ou marécageux (Podlachie). La plupart des cours d’eau, ainsi que la mer Baltique, sont gravement pollués par quantités de décharges industrielles et domestiques.

2.3 Climat

La Pologne est soumise à un climat continental. La température moyenne du mois de janvier s’échelonne de - 1 °C à l’ouest à - 5 °C dans les montagnes méridionales. En été, la température moyenne décroît vers le nord. Elle s’échelonne de 20 °C dans le sud-ouest à 17 °C près de la Baltique. Au cours de l’année, les maxima de température peuvent dépasser 40 °C en été et les minima descendre au-dessous de - 42 °C en hiver. Les précipitations annuelles s’élèvent en moyenne à 610 mm. Mais les écarts sont très importants entre les zones montagneuses (de 1 200 mm à 1 500 mm) et les plaines (de 450 mm à 600 mm).

2.4 Végétation et faune

Les forêts couvrent 29 % du territoire polonais. Les sapins et les pins sont les espèces dominantes. La majeure partie de la forêt polonaise a été défrichée pour la mise en culture. Ce qu’il reste aujourd’hui est endommagé par la pollution.

La faune locale est assez identique à celle que l’on trouve dans le reste de l’Europe. Les principales espèces sauvages sont le chamois, le lynx, le chat sauvage, le cerf, l’élan et la cigogne noire. Le bison européen est protégé dans le parc national de Białowieza. Les loups et les ours bruns survivent dans les hautes montagnes.

3 POPULATION ET SOCIÉTÉ
3.1 Caractéristiques démographiques

En 2008, la Pologne comptait 38 500 696 habitants. Avec 126,5 habitants au km², la Pologne affiche une densité de peuplement moyenne en Europe. Les densités les plus fortes se situent dans les zones montagneuses méridionales, notamment en Haute-Silésie, et dans la région de Gdańsk. Les densités les plus faibles se trouvent dans le nord-ouest et dans le nord-est du pays.

Le taux de croissance de la population en 2008 atteignait -0,04 %. L’indice de fécondité est de 1,27 enfant par femme. Les taux de natalité et de mortalité s’élèvent à 10 ‰ et 10 ‰ pour l’année 2008. La population est sur la voie d’un vieillissement. Les moins de 15 ans représentent 15,2 % de la population totale et les plus de 60 ans, 18,2 %. L’espérance de vie à la naissance, en 2008, était de 75 années.

La Pologne est, depuis un siècle, un pays d’émigration. Environ 12 millions de personnes d’origine polonaise vivent dans les Polonias (communautés polonaises à l’étranger) : entre 6 et 7 millions aux États-Unis, entre 1 et 2 millions en Russie et dans les anciennes républiques soviétiques, 1,5 million en Allemagne, 1 million en France. La chute du régime communiste et l’ouverture des frontières ont provoqué une nouvelle vague d’émigration, qui s’est accélérée avec l’adhésion de la Pologne à l’Union européenne en 2004, à destination notamment de l’Irlande et du Royaume-Uni.

Les Polonais font partie des peuples slaves d’Europe centrale et orientale. Ils appartiennent au groupe des Slaves occidentaux. Dans ses limites territoriales actuelles, la Pologne ne comporte pratiquement plus de minorités, les Polonais de souche constituant 96,2 % de la population (recensement de 2002).

La composition ethnique de la population polonaise a considérablement évolué au cours du xxe siècle. Durant l’entre-deux-guerres, les minorités ethniques représentaient environ 30 % de la population. La minorité juive, qui a été l’une des plus importantes, a été en grande partie exterminée par l’Allemagne nazie au cours de la Seconde Guerre mondiale. À l’issue du conflit, le déplacement de la frontière orientale a laissé du côté de l’ex-URSS les Lituaniens, les Biélorusses et les Ukrainiens qui avaient été incorporés à la Pologne en 1919. Les Allemands des territoires occidentaux ont été transférés en Allemagne. Les minorités polonaises vivant dans les régions rétrocédées à l’ex-URSS ont été rapatriées.

3.2 Divisions administratives et villes principales

La Pologne est divisée en 16 régions ou voïvodies (województwo) : Basse-Silésie, Cujavie-Poméranie, Lublin, Lubusz, £ódŸ, Petite-Pologne, Mazovie, Opole, Poméranie, Basses-Carpates, Podlasie, Silésie, Sainte-Croix, Warmie-Mazurie, Grande-Pologne, Poméranie occidentale.

L’urbanisation s’est accélérée depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Avec un taux d’urbanisation en 2005 de 62 %, la Pologne est nettement moins urbanisée que les pays d’Europe occidentale. Une quarantaine de villes dépassent les 100 000 habitants. Cinq seulement ont plus de 500 000 habitants en 2005 : Varsovie (1 687 600 habitants), seule ville millionnaire du pays, Łódź (760 251 habitants), Cracovie (756 267 habitants), Wrocław (634 630 habitants) et Poznań (564 951 habitants). Les autres villes importantes sont Gdańsk (457 400 habitants) et Szczecin (413 600 habitants).

3.3 Langues et religions

La langue officielle est le polonais, qui appartient au groupe des langues slaves occidentales.

Les Polonais sont près de 90 % catholiques (recensement de 2002). Le catholicisme exerce une grande influence dans la société polonaise et 75 % des Polonais sont pratiquants. La ferveur catholique polonaise a été renforcée par l’élection du cardinal polonais Karol Wojtyła comme pape, sous le nom de Jean-Paul II en 1978. Près de 3,5 millions de juifs vivaient en Pologne avant la Seconde Guerre mondiale. Plus de 90 % d’entre eux ont été tués durant l’occupation allemande. Un grand nombre de survivants ont émigré en Europe occidentale, aux États-Unis ou en Israël. Au début des années 2000, on compte environ 10 000 juifs pratiquants en Pologne.

3.4 Éducation

La Pologne possède une longue tradition en matière d’éducation. Après la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement communiste avait instauré un système scolaire calqué sur le modèle soviétique. En 2005, la quasi-totalité de la population est alphabétisée (99,8 %). L’enseignement est gratuit et obligatoire de 7 à 15 ans. La réforme du système éducatif de 1999 l’a organisé en trois niveaux de scolarité et l’a décentralisé en confiant la gestion de l’enseignement aux collectivités locales. Les adolescents ont le choix entre un cycle d’enseignement général préparant à l’entrée à l’université ou un cycle d’enseignement professionnel. L’enseignement supérieur accueillait 1,9 millions d’étudiants en 2001–2002, dans plus de 400 établissements d’enseignement, la plupart privés, alors qu’il n’en accueillait que 400 000 en 1991, dans 90 établissements publics. Certaines universités polonaises sont très anciennes. Celle de Cracovie date de 1364 et a été la deuxième université fondée en Europe centrale. En 2003, les dépenses publiques consacrées à l’éducation représentaient 5,60 % du PIB.

4 INSTITUTIONS ET VIE POLITIQUE
4.1 Historique

Ancien pays socialiste, la Pologne est devenue une république démocratique, dotée d’un régime parlementaire, avec l’adoption de la Constitution du 30 décembre 1989. La première élection présidentielle au suffrage universel a eu lieu en 1990. Le premier président de la république de Pologne a été Lech Wałęsa. L’introduction de règles et de principes démocratiques a entraîné d’importants changements dans la vie politique et dans les structures gouvernementales de la Pologne. Le monopole du Parti communiste a été aboli. Un immense travail législatif a été entrepris pour élaborer une nouvelle Constitution et faciliter le passage à l’économie de marché. La nouvelle Constitution, garantissant la démocratie et la propriété privée, a été ratifiée par référendum le 25 mai 1997 par 52,7 % des voix pour et 45,9 % des voix contre, et elle est entrée en vigueur le 17 octobre 1997.

4.2 Organisation des pouvoirs

La Constitution de 1997 fait de la Pologne une république parlementaire. Le pouvoir exécutif est détenu par le président de la République, élu au suffrage universel pour un mandat de cinq ans, renouvelable une fois. Le Premier ministre est choisi par le président avec l’approbation de la diète.

Le pouvoir législatif est détenu par l’Assemblée nationale polonaise. Celle-ci comporte deux chambres, la diète, qui comprend 460 députés élus au suffrage universel, et le Sénat, composé de 100 sénateurs. Députés et sénateurs sont élus pour un mandat de quatre ans.

4.3 Partis politiques

Les principaux partis politiques polonais sont la Plateforme civique (PO, droite libérale), Droit et justice (PiS, droite conservatrice et catholique), Gauche et démocrates (LiD, coalition de centre gauche) — comprenant notamment l’Alliance de la gauche démocratique (SLD) [ex-Parti ouvrier unifié polonais (POUP, communiste)] et les démocrates libéraux issus de Solidarité — et le Parti paysan (PSL, mouvance ex-communiste). Samoobrona (Autodéfense, agrarien populiste d’extrême gauche) et la Ligue des familles polonaises (LPR, extrême droite populiste et catholique) n’ont pas retrouvé de sièges à l’issue du scrutin de 2007.

4.4 Défense nationale

En 2004, l’armée polonaise comprenait 89 000 hommes dans l’armée de terre, 30 000 dans l’aviation et 14 300 dans la marine. Le dernier contingent de troupes russes a évacué la Pologne en octobre 1992. Au début de 1994, le pays a adhéré au programme de Partenariat pour la paix, prélude à l’adhésion à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), qui est devenue effective en 1999. Les dépenses publiques consacrées à la défense représentent, en 2003, 2 % du produit intérieur brut (PIB). En novembre 2001, la Pologne a envoyé 300 soldats en Afghanistan à la demande des États-Unis. C’est toutefois en septembre 2003 qu’a véritablement eu lieu la première mission internationale de la Pologne depuis son intégration dans l’OTAN avec la prise de commandement d’une division de 9 200 hommes, dont le quart des effectifs est polonais, dans le centre et le sud de l’Irak.

La Pologne est membre de l’Organisation des Nations unies (ONU) et de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Elle a adhéré au Conseil de l’Europe en 1991. En 1992, elle a obtenu le statut de membre associé à l’Union européenne (UE), et elle en est devenue membre en 2004.

5 ÉCONOMIE
5.1 Généralités

La Pologne est un pays postcommuniste d’Europe centrale qui a reconverti son économie de type socialiste vers une économie de marché à partir des années 1990. Ses structures économiques ont été privatisées, tandis que le secteur des services a augmenté et celui de l’industrie a diminué. Membre de l’Union européenne depuis 2004, la Pologne en retire de grands bénéfices en termes notamment d’exportations (+ 32 % en 2004), de financements agricoles et de fonds structurels, dont elle est de loin le premier bénéficiaire pour la période 2007-2013, destinés aux régions les plus pauvres de l’Union européenne, à hauteur de 59,7 milliards d’euros (19 milliards au titre des fonds de cohésion et 39 milliards au titre de la convergence). La Pologne est également devenue au milieu des années 2000 l’un des principaux pays destinataires d’investissements directs étrangers (IDE), qui ont atteint presque 12 milliards d’euros pour l’année 2006 (contre 7,9 milliards de dollars en 2004), notamment dans le secteur de l’automobile, de l’agroalimentaire, de la distribution et de l’électronique. Toutefois, ces succès ne doivent pas masquer les difficultés sociales liées aux inégalités de revenus engendrées par les réformes. La Pologne est aujourd’hui un pays à deux vitesses, marqué par de fortes inégalités sociales et spatiales (au détriment des régions orientales). Inexistant en 1989, le chômage touchait 17,7 % de la population active en 2005, le record à cette date-là parmi les pays de l’Union européenne. Entre 2004 et 2007, 1 million de Polonais auraient émigré vers le Royaume-Uni, l’Irlande et la Suède notamment, les trois pays qui n’avaient pas posé de conditions limitatives en 2004 à l’accueil sur leur marché du travail des ressortissants des nouveaux pays membres de l’UE. En 2006, le produit intérieur brut (PIB) s’élevait à 339 milliards de dollars, ce qui équivaut à un PIB par habitant de 8 883,80 dollars.

5.2 Historique

En 1947, la Pologne a adopté une économie de type socialiste sur le modèle soviétique du collectivisme et de la planification centralisée. La quasi-totalité des moyens de production (industrie, exploitation minière, production d’énergie), les transports, la finance et le commerce ont été nationalisés, et la propriété privée a été restreinte au secteur agricole et à l’artisanat. La Pologne, qui était alors un pays essentiellement agricole et peu industrialisé, a profondément modifié sa structure économique durant la période socialiste. L’industrie a acquis une place dominante, mais est demeurée sous-productive et très polluante. La prépondérance a été donnée au secteur énergétique et minier, à la métallurgie de base et aux industries d’équipement.

Au début des années 1970, la Pologne s’est lancée dans une politique coûteuse de modernisation de son appareil productif et a vécu au-dessus de ses moyens, recourant massivement à l’emprunt. Beaucoup d’investissements se sont révélés non rentables. Vers la fin des années 1970, le pays a dû faire face à une crise économique sans précédent. La dette publique envers les pays occidentaux a atteint un niveau record. Ceux-ci ont refusé d’accorder des prêts supplémentaires. À partir de 1980, la Pologne n’a plus été en mesure de rembourser ses échéances. Une crise sociale et politique s’en est suivie. Un vaste mouvement de protestation ouvrière a donné naissance en 1980 au syndicat indépendant Solidarność.

L’aggravation des problèmes économiques durant les années 1980 est en grande partie responsable de l’effondrement du régime communiste, dans le contexte des révolutions démocratiques de 1989, remplacé par une coalition dirigée par Solidarność. En décembre 1989, le nouveau gouvernement lance un vaste programme de réformes destiné à transformer l’économie socialiste en une économie libérale. Ce programme prévoit une monnaie convertible, la suppression de presque tous les contrôles des prix, l’institution d’un contrôle des salaires et la privatisation de nombreuses entreprises. Parmi les entreprises privatisées, certaines passent sous le contrôle des investisseurs étrangers. L’économie s’ouvre à la concurrence internationale. Cette restructuration provoque une augmentation rapide du chômage qui atteint un niveau élevé au début des années 1990 (18 % de la population active), et la diminution du revenu disponible, en raison d’une inflation galopante (43 % en 1992). Le produit intérieur brut (PIB) polonais chute de 18,3 % durant la période 1990-1991. La loi dite de « privatisation de masse «, en mai 1993, favorise la privatisation de 600 grandes entreprises industrielles représentant entre 15 et 20 % de la production industrielle polonaise et 10 % du PIB de la Pologne.

Après le choc initial, l’économie polonaise commence à recueillir les fruits de ses efforts. Après deux années de récession, la production nationale est en pleine croissance et atteste d’une réussite encore exceptionnelle en Europe postcommuniste. La croissance annuelle connaît une forte hausse : 2,6 % en 1992, 3,8 % en 1993, 7 % en 1995 et 5,6 % en 1997, soit 4,2 % pour la période 1990–2003. L’augmentation de la production industrielle, la diminution de l’inflation (1,9 % en 2003 contre 13,2 % en 1997), l’augmentation du pouvoir d’achat sont autant de témoignages du passage réussi à une économie de marché : la Pologne est ainsi le premier pays d’Europe centrale à retrouver en 1995 son niveau de production de 1989. Aujourd’hui, le PIB est presque entièrement assuré par des entreprises privées et la fiscalité est entièrement modernisée.

5.3 Agriculture, forêts, pêche

En 2006, le secteur agricole occupait 17,4 % de la population active et fournissait 4,5 % du PIB. En dépit de la médiocrité des sols et de la rudesse du climat, la Pologne, dont 41 % du territoire est mis en culture, est un important producteur agricole. Toutefois, sa production ne couvre pas ses besoins alimentaires. Sous le régime communiste, l’agriculture polonaise comportait un secteur nationalisé et un secteur privé. Contrairement aux autres pays de l’Europe de l’Est, un cinquième seulement des terres arables était en exploitation collective. Les terres les plus fertiles se trouvent sur les bas plateaux et le piémont de la Pologne méridionale, notamment en Haute-Silésie. Bien que moins riche du point de vue agricole que les plaines du sud, la plaine centrale est une vaste zone de cultures céréalières et un domaine d’élevage. Les rendements sont généralement assez bas. L’agriculture polonaise est une agriculture de quantité. La modernisation et la restructuration de ce secteur ont fait partie des préalables indispensables à l’entrée du pays dans l’Union européenne. La population agricole est encore très élevée (6,6 millions en 2004). Les agriculteurs travaillent sur des exploitations de 5 ha en moyenne et sont en général âgés.

La Pologne est un producteur important de céréales (blé, orge, seigle dont elle était le deuxième producteur mondial au milieu des années 2000, avoine), de pommes de terre, de betterave à sucre, de fruits (pommes, fraises, groseilles), d’oléagineux (colza) et de produits de l’élevage (porcins essentiellement et bovins). L’exploitation forestière donne une production de bois d’environ 32,4 millions de m³ (2006), fournissant pâte à papier, cartons, grumes et pâte de bois.

5.4 Mines et industrie

En 2006, le secteur minier et industriel occupait 29,2 % de la population active et fournissait 31,5 % du PIB (contre 57,2 % en 1990, avant le passage à une économie de marché).

La Pologne est richement dotée en ressources minérales. Elle possède de très importantes réserves de charbon (anthracite, lignite). Celles-ci se localisent principalement dans les montagnes méridionales. La Pologne est un important producteur de charbon (161 millions de tonnes en 2003). Les réserves sont estimées à 14 000 millions de tonnes. Elles se situent à 90 % en Haute-Silésie. Les réserves de lignite sont estimées à 12,9 milliards de tonnes. Les principaux gisements se trouvent dans les bassins de Turoszów, en Basse-Silésie. La Pologne extrait également du soufre, de l’argent (1 250 t en 2004) et du cuivre (531 000 t en 2004). L’un des plus grands gisements de soufre au monde se situe près de Tarnobrzeg, dans le sud-est du pays. La Pologne possède également des gisements de zinc (région de Katowice), de plomb, de sel gemme (région de Wieliczka), de potasse, de nickel, de chrome.

Les industries lourdes constituent le premier secteur industriel : sidérurgie, métallurgie du fer et du cuivre, pétrochimie, constructions navales. Les autres secteurs industriels sont le textile (Łódź, Wrocław), l’agroalimentaire, la mécanique, le bois, le verre et le cuir. Le bassin houiller de la Haute-Silésie (Silésie noire) est la principale région industrielle de Pologne. L’extraction de la houille, étroitement associée à la sidérurgie, à la métallurgie et à la chimie, a donné naissance à une vaste conurbation industrielle à population très dense. Les autres grandes régions industrielles sont la Basse-Silésie, le centre portuaire de Gdańsk, les villes de Varsovie, de Łódź et de Cracovie. Les investissements étrangers se concentrent au milieu des années 2000 sur les secteurs de l’automobile, de l’électronique et de l’électroménager notamment.

5.5 Services

En 2006, les services occupaient 53,4 % de la population active (contre 36,7 % en 1990) et fournissaient 63,9 % du PIB (contre 33,9 % en 1990). L’unité monétaire polonaise est le złoty, divisible en 100 groszy. Après la chute du communisme, la monnaie était devenue convertible à sa valeur réelle. Après une période d’hyper-inflation, le gouvernement a introduit le nouveau złoty sur les marchés monétaires internationaux en mai 1995.

Le tourisme est une activité en plein essor. Les principaux sites touristiques sont les plages de la mer Baltique, la région des croupes baltiques, les montagnes des Carpates et des Sudètes, ainsi que les nombreux sites historiques et culturels du pays. Le développement des stations balnéaires de la mer Baltique est néanmoins entravé par un haut degré de pollution.

La Pologne dispose d’un réseau routier de 423 997 km et d’un réseau ferroviaire de 19 599 km. Elle possède aussi près de 4 000 km de voies navigables, mais le réseau doit être modernisé pour être commercialement viable. Les principaux cours d’eau navigables sont la Vistule, l’Oder, le Boug occidental et la Warta. Les principaux ports fluviaux sont Gliwice, Wrocław et Varsovie. Trois grands ports maritimes, Gdańsk, Szczecin et Gdynia, assurent l’essentiel du trafic maritime polonais.

5.6 Commerce extérieur

Le commerce extérieur est déficitaire. En 2003, les importations se chiffraient à environ 68 milliards de dollars et les exportations à 53,5 milliards de dollars. Pendant toute la période communiste, les principaux partenaires commerciaux de la Pologne étaient les pays communistes du Comecon, en particulier l’URSS, l’Allemagne de l’Est et la Tchécoslovaquie. Au milieu des années 2000, ses principaux clients sont l’Allemagne, la France et l’Italie, et ses principaux fournisseurs sont l’Allemagne, la Russie et l’Italie.

6 HISTOIRE
6.1 Origines

Les plus anciennes traces d’installation humaine sur les territoires de la Pologne actuelle remontent au mésolithique. Au début de notre ère, le pays est occupé par des populations slaves. Vers 840, plusieurs des tribus (Polanes, Vislanes, Poméraniens et Mazoviens) à l’origine de la nation polonaise se seraient unies, sous la férule d’un homme connu sous le nom de Piast.

6.2 La dynastie Piast (960-1370)
6.2.1 Mieszko Ier et Boleslas Ier, fondateurs de l’État polonais (960-1025)

Descendant du légendaire Piast, le duc Mieszko Ier (960-992) est considéré comme le véritable fondateur de la dynastie Piast. En 966, il reçoit le baptême, acte politique qui introduit le christianisme romain en Pologne. Désormais État d’Europe, la Pologne de Mieszko Ier doit cependant reconnaître la suzeraineté du puissant Othon Ier le Grand (fondateur du Saint Empire romain germanique voisin). Sous le règne de son fils, Boleslas Ier le Vaillant (992-1025), l’Église chrétienne s’implante fermement en Pologne. Boleslas Ier est également le vainqueur des guerres menées contre Henri II, empereur du Saint Empire, et agrandit considérablement le territoire polonais (Poméranie, Moravie, Silésie, Lusace). En 1025, il est sacré roi par l’archevêque de Gniezno, et devient ainsi le premier roi de Pologne. À sa mort, la Pologne est un royaume indépendant qui s’étend au-delà des Carpates, de l’Oder et du Dniestr.

6.2.2 De la création du royaume de Pologne à son assujettissement (1025-1295)

Au cours des trois siècles suivants, la Pologne est confrontée à des difficultés dues tant à des désordres internes qu’à des invasions étrangères. Sous Casimir Ier le Rénovateur (1039-1058), la Pologne recouvre son unité, bien qu’elle soit de nouveau dépendante du Saint Empire. Boleslas II le Hardi (1058-1079) permet au pays de retrouver sa puissance passée en affirmant son indépendance à l’égard de l’aristocratie et de l’empereur. En 1079, il fait assassiner l’archevêque de Cracovie, qui a pris la tête d’une révolte de la noblesse, et s’exile sous le coup d’un interdit papal et d’une révolte nobiliaire. Après des années de chaos, Boleslas III (1102-1138) rétablit l’ordre et conquiert la Poméranie, vainc les païens de Prusse et défend la Silésie contre l’empereur Henri V. À sa mort, la Pologne est divisée entre ses quatre fils, et le royaume explose en plusieurs duchés indépendants, en conflit les uns contre les autres.

En 1240 et 1241, les Mongols envahissent la Pologne, qu’ils dévastent. Entre-temps, les possessions baltes voisines appartenant aux Prussiens sont conquises par les chevaliers Teutoniques, et des colons allemands, encouragés par les princes polonais, commencent à s’installer dans le pays. Au cours de cette période de colonisation, de nombreux juifs, fuyant les persécutions dont ils sont l’objet en Europe occidentale, trouvent refuge sur le territoire polonais.

6.2.3 La Couronne polonaise sous les derniers Piast (1295-1370)

En 1295, le duc Przemysl II est couronné roi, suivi à ce titre par Wenceslas Ier et Wenceslas II. En 1320, le duc Ladislas Ier le Bref, ayant l’appui de la szlachta (petite noblesse terrienne), est à son tour couronné roi de Pologne. De 1306 (date de son accession au duché de Cracovie) à sa mort en 1333, il inflige de sévères défaites aux chevaliers Teutoniques, permettant une réunification du royaume. Au cours du règne de son fils Casimir III, dit Casimir le Grand (1333-1370), la puissance et la prospérité de la Pologne s’accroissent considérablement. Casimir, l’un des souverains les plus éclairés de l’histoire polonaise, est également le dernier roi de la dynastie Piast. Il est à l’origine d’importantes réformes administratives, judiciaires et législatives, fonde l’université de Cracovie en 1364, accroît l’aide aux juifs réfugiés d’Europe occidentale, et conquiert la Galicie.

6.2.4 L’intermède de la maison d’Anjou (1370-1386)

Lorsque Casimir III meurt sans héritier en 1370, la Pologne est devenue un royaume incontesté. La couronne échoit à son neveu (fils de sa sœur aînée Élisabeth), Louis Ier le Grand, roi de Hongrie et membre de la dynastie d’Anjou. Puis, par le mariage en 1386 de la fille de ce dernier (Hedwige) avec le grand-duc de Lituanie (Jogaila), elle passe à la dynastie Jagellon.

6.3 La dynastie Jagellon (1386-1572)
6.3.1 Ladislas II, l’alliance entre la Pologne et la Lituanie

La deuxième dynastie de rois polonais, la dynastie Jagellon, est ainsi d’origine lituanienne. En août 1385, afin de renforcer les deux États (notamment contre la menace des chevaliers Teutoniques), la Pologne et la Lituanie s’engagent dans l’union de Krewo, qui offre la royauté au grand-duc Jogaila en contrepartie de sa conversion au catholicisme et de son mariage avec Hedwige de Pologne. L’alliance est scellée en 1386 ; Jogaila accède au trône de Pologne sous le nom de Ladislas II Jagellon (1386-1434) et christianise les Lituaniens, jusqu’alors essentiellement païens. En juillet 1410, à la bataille de Grunwald-Tannenberg, il remporte à la tête des armées polonaise et lituanienne une victoire décisive sur les chevaliers Teutoniques, élevant ainsi la Pologne au rang des plus puissantes nations européennes. L’alliance entre la Pologne et la Lituanie perdure après la mort de Ladislas.

6.3.2 Le rayonnement européen du royaume des Jagellon

Sous le règne des Jagellon, la Pologne atteint des sommets de puissance, de prospérité et de rayonnement culturel. Casimir IV (1447-1492) mène une guerre prolongée et victorieuse (1454-1466), la guerre de Treize Ans, contre les chevaliers Teutoniques. En 1466, la paix de Toruń, qui met un terme au conflit, assure à la couronne la possession de la Prusse-Occidentale, de la Poméranie ainsi que d’autres territoires. Au cours du règne de Casimir IV, les magnats (membres de la haute noblesse terrienne) et la szlachta (petite noblesse terrienne) acquièrent des privilèges étendus, essentiellement au détriment des paysans. La Diète — appelée Sejm (une assemblée bicamérale, issue principalement de la grande et petite noblesse) — commence à prendre de l’importance. Les derniers Jagellon, en particulier Sigismond Ier (1506-1548), sont en général victorieux des luttes militaires et diplomatiques, malgré quelques échecs à l’est. Par l’union de Lublin de juillet 1569, le dernier Jagellon, Sigismond II Auguste (1548-1572), réunit officiellement le royaume de Pologne et le grand-duché de Lituanie en un unique État, la République des Deux Nations, dirigée par une royauté élective.

6.4 La royauté élective et la marche vers la sujétion (1572-1795)
6.4.1 Les débuts de la République des Deux Nations

Lorsque Sigismond II Auguste meurt en 1572, la République des Deux Nations (l’union de Pologne-Lituanie) applique les termes de l’union de Lublin, en laissant à la Diète le choix du nouveau souverain. Le Français Henri de Valois, élu en 1573, est le premier roi à succéder à la dynastie Jagellon. Mais après quatorze mois de règne, il reçoit la couronne de France et quitte la Pologne. Bien que le règne du Valois continue officiellement, Étienne Ier Báthory (1575-1586) est à son tour élu pour lui succéder au trône polonais. Vainqueur d’une guerre contre le Russe Ivan le Terrible, il meurt sans héritier.

6.4.2 Une monarchie mise à mal

En 1587, Sigismond III, de la dynastie suédoise des Vasa, est élu par la Diète qui lui impose des pacta conventa visant à restreindre les pouvoirs monarchiques. Cependant, les vues personnelles du souverain sur le trône suédois et le contrôle de la Baltique entraînent des guerres continuelles et en général désastreuses contre la Suède, la Russie, les Cosaques d’Ukraine, le Brandebourg et les Turcs ottomans, qui aboutissent à la perte de territoires importants (Livonie maritime) et à la ruine d’une grande partie de la Pologne. La Pologne connaît un certain répit sous le règne neutraliste de Ladislas IV Vasa (1632-1648), mais les hostilités reprennent dès le début du règne de son successeur Jean II Casimir Vasa (1648-1668) avec la révolte des Cosaques d’Ukraine (1648-1651), qui provoque l’intervention des Russes en Pologne en 1654. Ceux-ci envahissent la Biélorussie et la Lituanie, réduisant à néant la grande politique orientale de Sigismond III. En 1660, la Suède vainc la Pologne lors de la première guerre du Nord (1655-1660). Ces nouvelles guerres ravagent le pays et aboutissent à la perte de nombreux territoires : duché de Prusse (1657), Livonie intérieure (cédée à la Suède par le traité d’Oliva, 1660), Ukraine orientale (abandonnée à la Russie en vertu du traité d’Androussovo, 1667). La Pologne sort ruinée de cette crise : récoltes détruites, commerce arrêté, pays dépeuplé.

Le règne de Jean II Casimir est en outre marqué par une nouvelle dégradation de l’autorité monarchique, notamment après l’instauration, en 1652, du liberum veto, qui accorde un droit de veto à tous les membres de la Diète. Cette pratique renforce un système de gouvernement anarchique qui fait passer les intérêts particuliers de la noblesse avant ceux de l’État. Ayant vainement tenté d’abolir le liberum veto, Jean II Casimir finit par abdiquer en 1668.

Un noble polonais, Michel Wiœniowiecki (1669-1673), lui succède, puis Jean III Sobieski (1674-1696). En 1683, les armées polonaises et allemandes placées sous l’autorité de Jean III Sobieski défont une grande armée ottomane aux portes de Vienne, mettant un terme à une sérieuse menace contre la chrétienté en Europe centrale, mais cette victoire ne suffit pas à enrayer le déclin de la Pologne.

Électeur de Saxe, Auguste II est élu roi de Pologne en 1697 et, s’étant allié à la Russie contre la Suède du jeune Charles XII, se voit défait et destitué par ce dernier en 1704, au profit de Stanislas Ier Leszczyński (1704-1709). Auguste II recouvre son trône en 1709. À sa mort en 1733 s’ouvre une crise successorale : grâce à une corruption sans vergogne d’une partie de la Diète et à l’intervention armée de la Russie, deux rois sont élus simultanément ; le fils d’Auguste II, Auguste III (1733-1763), monte sur le trône de Pologne, en même temps que Stanislas Ier Leszczyński, élu par la Diète. Ces événements sont à l’origine de la guerre de Succession de Pologne (1733-1735), qui s’achève par la reconnaissance de la souveraineté d’Auguste III (1733-1763).

6.4.3 Stanislas II Auguste Poniatowski et le démembrement de la Pologne

En 1764, les troupes russes entrent en Pologne et imposent le couronnement de Stanislas II Auguste (1764-1795), un favori de Catherine II la Grande, impératrice de Russie. L’expansionnisme russe provoque une profonde inquiétude au sein des puissances européennes. Les Ottomans déclarent alors la guerre à la Russie. La Prusse et l’Autriche, effrayées par la perspective d’un conflit général en Europe et désireuses de s’emparer d’une partie du territoire polonais, proposent au gouvernement russe un plan de partage de la Pologne.

6.4.3.1 Le partage de 1772 et la Confédération polonaise

Le gouvernement russe accepte la partition et, en 1772, le traité de partage est conclu à Saint-Pétersbourg. Aux termes de cet accord, la Russie, l’Autriche et la Prusse reçoivent une grande partie du territoire polonais, représentant environ un quart de la superficie totale du pays. Une Constitution visant à éviter un renouveau polonais est imposée. Le consentement de la Diète à cette Constitution est obtenu en grande partie grâce à la corruption.

Malgré ces restrictions politiques, la Pologne progresse dans de nombreux domaines de politique intérieure au cours de la décennie qui suit le premier partage. L’enseignement est sécularisé et entièrement modernisé. Cette période voit aussi l’émergence d’un mouvement visant à une réforme constitutionnelle, mais la noblesse polonaise empêche toute action efficace dans ce domaine. Après 1786, les relations entre la Russie et la Prusse se détériorent rapidement. Encouragés par la Prusse, des patriotes polonais de la Diète mettent en place des réformes gouvernementales radicales en 1788, et entament la rédaction d’une nouvelle Constitution. Le 3 mai 1791, malgré les violentes protestations d’une partie des magnats, la Diète adopte un texte qui fait de la Pologne une monarchie héréditaire (offerte à la dynastie de Saxe), et renforce et libéralise le gouvernement.

6.4.3.2 Le partage de 1793

Peu après la promulgation de la Constitution de 1791, les dirigeants de la noblesse mécontente et Catherine II de Russie signent un accord secret visant à la restauration de l’ordre ancien. En mai 1792, les conspirateurs polonais mettent sur pied la confédération de Targowica. Soutenue par les troupes russes, cette organisation entame immédiatement des opérations militaires contre la Pologne. L’armée polonaise, avec à sa tête le prince Józef Antoni Poniatowski, résiste pendant plus de trois mois, mais le gouvernement, abandonné par la Prusse et confronté à des adversaires trop puissants, doit capituler. Les armées russes occupent tout l’est de la Pologne. Au début de l’année suivante, la Prusse envahit l’ouest du pays. Ces emprises territoriales, qui réduisent de deux tiers le territoire polonais, sont confirmées formellement par un deuxième partage, ratifié en septembre 1793.

6.4.3.3 Le partage de 1795 et la disparition de la Pologne

En 1794, les Polonais entament une guerre révolutionnaire pour la reconquête de leurs territoires perdus. Sous la houlette de Tadeusz Kościuszko — Polonais de la petite noblesse ayant participé à la Révolution américaine (1775-1783) —, les armées polonaises rapidement reconstituées remportent une série de victoires sur les Russes, notamment à Raclawice (avril). À l’été 1794, une grande partie du territoire polonais occupé par les Russes est libérée, et ces derniers subissent une défaite humiliante à Varsovie. Toutefois, de nombreux facteurs — dont les dissensions régnant au sein du haut commandement polonais, la large supériorité numérique des Russes et l’intervention de la Prusse et de l’Autriche — font de la cause polonaise une cause perdue. En octobre 1794, les Russes remportent une victoire décisive à Maciejowice. En novembre, les forces russes du maréchal Alexandre Suvorov entrent dans Praga, un faubourg de Varsovie, et massacrent une grande partie de la population. Varsovie se rend alors, et les survivants des armées révolutionnaires se rendent à leur tour dans les semaines qui suivent. Après avoir résolu des divergences importantes, les puissances victorieuses signent, entre 1795 et 1797, plusieurs traités réglant le troisième partage de la Pologne. Aux termes de ces traités, l’Empire russe se voit accorder environ la moitié de ce qui reste du territoire polonais, et la Prusse et l’Autriche chacune environ un quart. L’État polonais disparaît alors de la carte de l’Europe.

6.5 La Pologne sous la férule étrangère (1795-1918)

À la suite du troisième partage, les Polonais restent sous le joug étranger pendant près de cent vingt-cinq ans. Une partie congrue de l’ancien État connaît d’éphémères tentatives de souveraineté, telle l’expérience napoléonienne du grand-duché de Varsovie.

6.5.1 La Pologne napoléonienne : l’éphémère grand-duché de Varsovie (1807-1815)

Ainsi, au cours des guerres napoléoniennes (1799-1815), Napoléon, qui a promis de faire renaître la Pologne, obtient une aide substantielle des Polonais, et des milliers d’entre eux s’engagent à ses côtés. En 1807, aux termes du traité de Tilsit, il crée le grand-duché de Varsovie, qui est constitué à l’origine par les territoires acquis par la Prusse en 1793 et 1795. Deux ans plus tard, Napoléon force l’Autriche à céder la Galicie de l’Ouest au grand-duché. Mis à part l’octroi d’une constitution libérale au nouvel État, Napoléon ne fait que peu de choses pour les Polonais, qui soutiennent pourtant avec enthousiasme la campagne de Russie en 1812. Le grand-duché de Varsovie disparaît avec la fin de l’épisode napoléonien, en 1815.

6.5.2 La Pologne du congrès de Vienne : le royaume de Pologne (1815-1832)

En 1815, le congrès de Vienne, établissant l’accord de paix général de l’Europe après la chute de Napoléon, crée le royaume de Pologne (dit aussi « Pologne du Congrès «), qui est constitué des trois quarts environ du territoire du feu grand-duché de Varsovie, et dont le souverain est l’empereur de Russie. Le congrès constitue également la ville de Cracovie en république indépendante, et répartit le reste du territoire polonais entre la Russie, l’Autriche et la Prusse. Alexandre Ier, empereur de Russie, octroie une constitution libérale propre au nouveau royaume en 1815, mais les nationalistes polonais lancent bientôt un mouvement indépendantiste puissant. Le 29 novembre 1830 éclate une insurrection armée. Les Polonais expulsent les autorités impériales et, en janvier 1831, proclament leur indépendance. Lors de la guerre qui s’ensuit, les Polonais gardent les Russes à distance pendant plusieurs mois. Mais ces derniers remportent une victoire importante à Ostrolenka (mai 1831), et prennent Varsovie (septembre 1831).

6.5.3 Un territoire écartelé : Pologne russe, Pologne prussienne et Pologne autrichienne

En 1832, à la suite de la rébellion polonaise, la Constitution, la Diète et l’armée polonaise sont supprimées. Les Polonais sont privés de libertés civiles, le pays est dépouillé de ses trésors littéraires et artistiques, et des mesures sévères sont prises pour russifier les institutions publiques et l’administration. D’autres insurrections et manifestations nationalistes ont lieu en Pologne en 1846, en 1848, en 1861 et surtout en 1863, mais elles sont sans lendemain. Après l’insurrection de 1863, le pouvoir russe, intensifiant son programme de russification des territoires polonais sous sa domination, introduit le russe à l’école, restreint l’usage du polonais, et interfère dans les activités de l’Église catholique. Culturellement, politiquement et économiquement, les territoires polonais occupés par les Russes sont transformés en simples provinces de l’Empire russe, et perdent pratiquement toute trace de leur ancienne autonomie. Quant aux Polonais de la Pologne prussienne, ils sont soumis à une politique de germanisation — toutefois moins sévère que la politique de russification. Les Polonais de la Pologne autrichienne sont quant à eux traités plus libéralement, et ont leurs propres chefs politiques.

6.6 La République indépendante de Pologne (1918-1939)
6.6.1 Un nouvel État dirigé par Józef Piłsudski

Pendant la Première Guerre mondiale, les Polonais enrôlés dans les armées de la Russie doivent combattre les Polonais enrôlés dans celles des puissances centrales. Après la chute de l’Empire russe en mars 1917, le gouvernement provisoire russe reconnaît le droit des Polonais à l’autodétermination. Un gouvernement provisoire polonais est alors formé à Paris. En septembre 1917, les Allemands, qui contrôlent alors complètement le pays, créent un conseil de régence comme autorité gouvernementale suprême d’un prétendu « royaume de Pologne «. Avec la défaite des puissances centrales à l’automne 1918, les Polonais retrouvent rapidement un État. En novembre, la Pologne est proclamée république indépendante, et Józef Piłsudski en devient le chef d’État à titre temporaire.

6.6.2 Une politique étrangère à la recherche d’alliances

Le traité de Versailles, signé en juin 1919, accorde à la Pologne une bande de territoire étroite (le fameux « couloir de Dantzig «), qui s’étend le long de la Vistule jusqu’à la Baltique, ainsi qu’une grande partie de la Posnanie et de la Prusse-Occidentale. Il lui donne également des droits économiques importants sur Dantzig (l’actuelle Gdańsk), érigée en ville libre. Après une guerre victorieuse menée contre la Russie soviétique en 1920, la Pologne récupère ses territoires historiques de Biélorussie et d’Ukraine (traité de paix de Riga, 18 mars 1921). Les Polonais acquièrent également plusieurs territoires de la Haute-Silésie en 1921 et en 1922, à la suite d’un vote d’autodétermination de leurs habitants.

La politique étrangère de la Pologne est principalement déterminée par la crainte que lui inspirent l’Allemagne et l’Union soviétique. En février 1921, la Pologne signe un accord de défense avec la France, puis des alliances avec la Roumanie, la Tchécoslovaquie, la Yougoslavie, la Lettonie, l’Estonie et la Finlande. En 1932, elle conclut avec l’Union soviétique un pacte de non-agression. En 1934, un accord similaire, prévu pour une durée de dix ans, est signé avec l’Allemagne. Ces deux derniers traités garantissent les frontières de la Pologne. Sous la conduite de Józef Beck, son ministre des Affaires étrangères, la Pologne poursuit une politique d’équilibre dans ses relations avec l’Allemagne et l’URSS.

Après l’adoption d’une Constitution permanente en mars 1921, la politique intérieure est marquée par les luttes incessantes auxquelles se livrent les partis conservateurs et les partis de gauche. L’incapacité du nouvel État à protéger les droits économiques et politiques des Juifs, Ukrainiens, Biélorusses, Allemands et autres minorités polonaises provoque également des frictions et des agitations constantes. En 1924, quelques concessions législatives sont faites pour répondre aux exigences de certaines de ces minorités. En décembre 1925 est promulguée une mesure qui prévoit que 20 234 ha de terre soient distribués aux paysans chaque année.

6.6.3 Dérive autoritaire et menace allemande

Entre-temps, la Pologne se débat dans les affres d’une crise financière presque continuelle. L’instabilité générale et la confusion mènent à de fréquents changements de gouvernement. En 1926, à la suite d’un coup d’État militaire, Józef Piłsudski fait élire Ignacy Moscicki à la présidence de la République. Józef Piłsudski, en tant que ministre de la Guerre, acquiert progressivement le contrôle total du gouvernement à la fin des années 1920 et au début des années 1930. En 1935, il fait adopter une nouvelle Constitution qui formalise son régime autoritaire. Mais Józef Piłsudski survit moins d’un mois à l’installation de ce nouveau régime, et le général Rydz-Śmigły lui succède à la tête de l’armée.

Le triomphe du national-socialisme en Allemagne et la politique expansionniste d’Adolf Hitler à la fin des années 1930 représentent un grave danger pour la sécurité de la Pologne. Après les accords de Munich et l’anéantissement de l’État tchécoslovaque qui leur fait suite en mars 1939, la Pologne, qui s’est vu accorder quelque 1 000 km² du territoire tchèque à Munich, devient la nouvelle cible principale de la diplomatie allemande. Fin mars, les Allemands exigent que la Pologne consente à leur céder Dantzig et qu’elle leur accorde des droits importants sur le « couloir «. Après le refus des Polonais, les Britanniques et les Français assurent la Pologne, le 31 mars, de leur appui en cas d’agression allemande. Le 28 avril, Hitler dénonce le traité germano-polonais de non-agression.

6.7 La Pologne dans la Seconde Guerre mondiale (1939-1945)
6.7.1 Une occupation terrible

Le 1er septembre 1939, l’Allemagne attaque la Pologne après avoir signé le pacte germano-soviétique (23 août) avec l’Union soviétique. C’est le début de la Seconde Guerre mondiale. L’armée polonaise ne reçoit aucune aide réelle de ses alliés occidentaux ; à la mi-septembre, au terme de la blitzkrieg, la Wehrmacht a conquis l’essentiel de la Pologne occidentale et centrale. Le 17 septembre, les troupes soviétiques envahissent l’est de la Pologne, et les deux envahisseurs se partagent le territoire polonais. Des représailles considérables sont exercées contre les Polonais à travers la zone d’occupation allemande. Depuis la zone d’occupation soviétique, des milliers de Polonais sont déportés en Sibérie. En 1940, les services de sécurité soviétiques assassinent des milliers d’officiers polonais faits prisonniers. Un charnier contenant les corps de nombre d’entre eux a été depuis découvert dans la forêt de Katyn près de Smolensk, en Russie.

De nombreux membres du gouvernement et des forces armées polonaises parviennent à s’échapper au cours des phases finales des opérations militaires allemandes et soviétiques contre le pays. La plupart des troupes polonaises réfugiées, soit près de 100 000 hommes, réussissent à atteindre la France, où elles sont regroupées en unités de combat. Ces unités ainsi que d’autres, constituées par la suite en Union soviétique, participent à l’effort de guerre allié en Afrique du Nord et en Europe. Entre-temps, un gouvernement en exil, avec à sa tête le général Władysłav Sikorski, est mis sur pied en France. Au lendemain de la défaite de la France en 1940, le gouvernement polonais établit son quartier général à Londres.

Au cours de la phase initiale de leur attaque contre l’Union soviétique en 1941, les forces armées allemandes envahissent tous les territoires polonais occupés par les Soviétiques. Pendant leur occupation du pays, les armées allemandes appliquent une politique d’extermination systématique des citoyens polonais, en particulier des juifs, dont la plupart périssent à Auschwitz (Oświęcim), Treblinka, Majdanek, Sobibór et dans d’autres camps de concentration disséminés à travers tout le pays. En avril 1943, les juifs du ghetto de Varsovie, plutôt que d’attendre, sans réagir, d’être assassinés dans les camps, choisissent l’insurrection, bien qu’elle soit sans espoir. Trois semaines de combat sont nécessaires à l’armée allemande pour en venir à bout. À la fin de la guerre, le total estimé de victimes civiles atteint 5 millions, dont la plupart sont à attribuer à l’armée allemande. Les pertes militaires de la Pologne atteignent, elles, 600 000 hommes. Les pertes matérielles sont également considérables.

6.7.2 La Libération et la prise de contrôle par l’Armée rouge

La libération de la Pologne du joug allemand commence peu après l’invasion anglo-américaine de la France en juin 1944. En juin, juillet et août, les armées soviétiques, profitant de la situation, infligent aux Allemands une série de défaites écrasantes. Avant le début de septembre, l’Armée rouge, aidée par des contingents de troupes polonaises, entame ses opérations sur le territoire polonais. En août 1944, les forces de la résistance polonaise, connues sous le nom d’Armée intérieure (Armia krajowa), prennent le contrôle de Varsovie, mais les Soviétiques ne les soutiennent pas (voir insurrection de Varsovie). En octobre, l’armée allemande reconquiert la ville et la rase après avoir fait évacuer la population. Les ruines de Varsovie tombent aux mains de l’Armée rouge en janvier 1945, et les derniers occupants allemands sont chassés du pays en mars. En juillet 1944, le gouvernement soviétique favorise la formation d’un Comité de libération nationale polonais, une organisation largement dominée par des communistes. Le Comité, qui établit ses quartiers à Lublin après sa Libération, s’autoproclame gouvernement provisoire de la Pologne en décembre 1944. Après plusieurs tentatives infructueuses, une réconciliation entre les gouvernements polonais de Londres et de Lublin intervient enfin. En juin 1945, une coalition établit un gouvernement polonais d’unité nationale. Ce gouvernement est officiellement reconnu le mois suivant par les gouvernements britannique et américain, qui obtiennent des Soviétiques, au début de l’année 1945, à la conférence de Yalta, l’assurance que se tiennent des élections libres.

6.7.3 Les modifications de frontières de l’après-guerre

Lors de la conférence de Potsdam, qui se tient en août 1945 après la reddition allemande, les Alliés placent sous administration polonaise la Basse-Silésie et la Haute-Silésie, la Poméranie, la Mazurie, Dantzig et des parties du Brandebourg, en attendant les conclusions d’un traité de paix définitif. La frontière orientale de la Pologne est déterminée par le traité conclu entre les gouvernements polonais et soviétique le 16 août 1945. Sur la base de ce document, qui établit la frontière soviéto-polonaise bien plus à l’ouest que la frontière d’avant-guerre, la Pologne cédant l’Ukraine et la Biélorussie.

6.8 La Pologne communiste (1945-1990)

Le poids des socialistes et des communistes au sein du gouvernement s’accroît de façon continue au cours des années 1946 et 1947. Lors des élections législatives de 1947, dénoncées comme non démocratiques par les États-Unis, la coalition des deux partis emporte plus de 85 % des voix.

6.8.1 La mainmise des staliniens sur le pouvoir

À partir de septembre 1948, le Parti ouvrier polonais exclut des milliers de prétendus « communistes nationalistes «, qui sont accusés d’approuver la défiance de la Yougoslavie de Tito vis-à-vis de l’Union soviétique. Parmi ceux qui sont alors emprisonnés se trouve Władysław Gomułka, secrétaire général du parti et premier vice-Premier ministre. En décembre, les socialistes et les communistes fusionnent pour former le Parti ouvrier unifié (POUP), dominé par les communistes staliniens. En 1949, le maréchal soviétique Konstantine Rokossovsky est nommé à la tête des forces armées polonaises. Dès lors, la Pologne apparaît comme l’un des plus fidèles satellites de l’Union soviétique.

Les dirigeants communistes pro-soviétiques tentent alors de fixer à la Pologne des objectifs industriels et économiques conformes au système économique et social de l’Union soviétique. Mais l’effort de collectivisation de l’agriculture est un échec, et est abandonné par la suite.

À la suite de l’excommunication de tous les communistes par le Vatican en 1949, le gouvernement polonais confisque de nombreuses propriétés de l’Église, ordonne la fermeture des établissements scolaires confessionnels et met sur pied une organisation de la jeunesse pour contrecarrer l’influence de l’Église.

Dans les années 1950, le gouvernement s’arroge le droit de superviser la nomination des prêtres, qui doivent tous lui prêter serment de fidélité. Le cardinal Stefan Wyszyński, archevêque de Varsovie et de Gniezno, s’oppose à cette mesure ; il est suspendu de ses fonctions et incarcéré en 1953.

6.8.2 Le retour de Gomułka

Au cours de l’après-guerre, la Pologne devient un membre actif du Conseil d’assistance économique mutuelle (CAEM) et du pacte de Varsovie, deux organisations dominées par l’Union soviétique. En 1952, la Pologne adopte une Constitution calquée sur celle de l’Union soviétique mais reconnaissant explicitement certains droits à la propriété privée.

Au cours de la libéralisation qui suit la mort de Staline en 1953, des artistes, des intellectuels, des étudiants et des ouvriers polonais élèvent la voix pour exiger des réformes gouvernementales et une plus grande liberté du pays par rapport à l’Union soviétique. En juin 1956, des ouvriers organisent une grève et des manifestations de grande ampleur à Poznań ; la répression fait 53 morts et plusieurs centaines de blessés. Les condamnations prononcées à l’encontre des responsables des manifestations sont assez légères. En octobre, Gomułka, qui a été réintégré dans le parti, est nommé Premier secrétaire. Il jouit d’un vaste soutien populaire. Rokossovsky et d’autres hauts responsables staliniens sont démis de leurs fonctions et le cardinal Wyszyński est libéré.

Gomułka devient la figure dominante de la Pologne. Il louvoie prudemment entre les sentiments pro-soviétiques et les sentiments nationalistes, et introduit des réformes politiques modérées. Lors des élections de 1957, les listes électorales comportent quelques candidats non communistes ou indépendants ; de plus, le nombre de candidats dépasse le double du nombre de sièges à pourvoir. Mais, au début des années 1960, Gomułka, qui a resserré l’emprise du parti sur la Pologne, met fin à la plupart des réformes.

Au printemps 1968, le mécontentement populaire se fait jour une nouvelle fois en Pologne, alors que le gouvernement répond par une répression sévère aux exigences de liberté d’expression formulées par les étudiants et les artistes. Les manifestations estudiantines commencent à Varsovie en mars, à l’université comme dans l’enseignement technique supérieur, et s’étendent rapidement aux universités de Poznań, Lublin et Cracovie. Les étudiants réclament des réformes libérales semblables à celles consenties par les autorités tchécoslovaques. Pour étouffer la contestation, le gouvernement lance une campagne antisémite. Des centaines de juifs et de réformateurs sont démis de leurs fonctions au sein du gouvernement, du parti, de l’Université et des journaux, et nombre d’entre eux quittent le pays pour l’Ouest ou Israël. Au cours des conférences qui ont lieu à Varsovie en juin et à Bratislava (Tchécoslovaquie) en août 1968, les puissances du pacte de Varsovie condamnent les réformes politiques et culturelles mises en œuvre en Tchécoslovaquie, dans le contexte du Printemps de Prague. Le 20 août, la Pologne prend part à l’invasion de la Tchécoslovaquie menée par les forces du pacte de Varsovie sous la direction des Soviétiques, en envoyant un contingent estimé à 45 000 hommes.

6.8.3 La réconciliation avec la RFA

Au début des années 1970, de sévères problèmes économiques poussent le gouvernement à infléchir nettement sa politique étrangère. Dans l’espoir d’obtenir une aide économique et technologique de la prospère République fédérale d’Allemagne (RFA), les Polonais engagent des discussions politiques avec elle en janvier. En novembre, les ministres des Affaires étrangères polonais et ouest-allemand parviennent à un accord. En décembre, le chancelier allemand Willy Brandt se rend à Varsovie pour signer le traité résultant de cet accord, dans lequel la RFA accepte formellement la perte des 100 000 km² récupérés par la Pologne sur le territoire allemand à la fin de la guerre et l’établissement de la ligne Oder-Neisse comme frontière occidentale de la Pologne. En retour, la RFA reçoit l’assurance, informelle cette fois, que les résidents polonais qui réclament la nationalité allemande (estimés à plusieurs dizaines de milliers) obtiendront l’autorisation d’émigrer. Les deux parties acceptent de résoudre leurs désaccords par des moyens exclusivement pacifiques et de s’acheminer vers une normalisation de leurs relations diplomatiques. Cette normalisation s’achève avec la ratification d’un traité par le Parlement ouest-allemand en mai 1972.

6.8.4 Le régime Gierek

À la fin des années 1970, la crise économique prend des dimensions considérables. L’industrie polonaise est loin d’avoir atteint les objectifs du plan. Le mauvais temps a gâché la récolte et forcé le gouvernement à importer des céréales. De plus, les prix du charbon, de l’alimentation et des vêtements ont considérablement augmenté. Ulcérés par les augmentations, les ouvriers polonais, surtout ceux des ports baltes de Gdańsk, Gdynia et Szczecin, organisent des manifestations qui tournent à l’émeute, à l’incendie et au pillage. L’état d’urgence est déclaré pour une semaine, et la répression provoque la mort de nombreuses personnes.

À la suite de ces émeutes, Gomułka, ainsi que d’autres dirigeants du parti, doivent quitter le Politburo (le comité exécutif du Parti communiste). Edward Gierek, membre éminent du Politburo, venant de Silésie, est élu secrétaire général. Les prix sont bloqués et, au cours des premières années de la décennie, la Pologne jouit d’une période de libéralisation politique et de prospérité économique fondée sur des emprunts faits à l’étranger.

Les visites faites par les présidents américains Richard Nixon en 1972, Gerald Ford en 1975 et Jimmy Carter en 1977 symbolisent ouvertement l’amélioration des relations avec l’Occident. la Pologne entame, également au cours des années 1970, le rapatriement de quelque 125 000 personnes d’origine allemande vers la RFA.

Après une tentative d’augmentation des prix mise en échec par des grèves et des manifestations en 1976, la vie politique polonaise stagne et l’opposition ouvrière s’accroît. En 1978, l’archevêque de Cracovie, le cardinal Karol Wojtyla, est élu pape sous le nom de Jean-Paul II. Le niveau de vie des Polonais se détériore et, à l’été 1980, des centaines de milliers d’ouvriers réagissent à une sévère hausse des prix alimentaires en se mettant en grève. En août, le pays est paralysé : pendant trois semaines les ouvriers de Gdańsk et d’autres ports de la Baltique mènent des grèves d’occupation dans les chantiers navals ; ils présentent des exigences politiques. Fin août, les autorités communistes sont obligées de faire des concessions sans précédent aux ouvriers. Il s’agit entre autres du droit de grève, de l’augmentation des salaires, de la libération de prisonniers politiques et de la suppression de la censure. La reconnaissance du droit à constituer des syndicats indépendants conduit à la mise sur pied de la fédération Solidarité à la mi-septembre. Peu après, malade et discrédité, le chef du Parti communiste, Gierek, laisse la place à Stanislas Kania.

6.8.5 Du gouvernement de Jaruzelski au triomphe de Solidarité

Solidarité et le Parti communiste se retrouvent dans l’impasse face à l’accélération du déclin économique. Le mécontentement social provoque de plus en plus souvent des tensions sociales. Face à la pression soviétique, le gouvernement ne peut pas ou ne veut pas mener à bien les réformes nécessaires. Le général Wojciech Jaruzelski devient Premier ministre en février 1981, puis il prend la tête du Parti communiste au mois d’octobre suivant. Pour contrôler la situation, il prend le prétexte des exigences de Solidarité, qui réclame des améliorations économiques et une liberté politique plus grande, pour imposer la loi martiale le 13 décembre 1980 ; à la tête d’un Conseil militaire du salut national, il déclare l’état de guerre. Solidarité est interdit et son leader, Lech Wałęsa, est emprisonné. Des milliers d’autres activistes de Solidarité sont arrêtés et même incarcérés, et environ 90 d’entre eux sont tués. Toute opposition ouvrière ou politique est interdite et les réformateurs au sein du Parti communiste sont également réduits au silence. En 1983, la loi martiale est levée, mais les autorités polonaises continuent à exercer une grande partie des pouvoirs d’exception. Solidarité perd sa base mais survit sous la forme d’une opposition clandestine, dont le soutien populaire est suffisant pour obtenir des concessions progressives du pouvoir. Elle est aidée en cela par une Église catholique de plus en plus puissante, que les visites du pape en 1983 et 1987 ont renforcée. Le gouvernement Jaruzelski relâche petit à petit la pression et tente d’introduire des réformes économiques. Celles-ci ne parviennent cependant pas à emporter un soutien populaire suffisant, et ne seront jamais menées à terme.

La Pologne sort de l’impasse politique et économique grâce à la nomination de Mikhaïl Gorbatchev à la tête de l’Union soviétique en 1985, et à la libéralisation de la politique soviétique qui en résulte. Les réformes deviennent possibles en Pologne. Poussés par les troubles qui ont eu lieu en 1988 dans l’industrie, les communistes réformateurs de Wojciech Jaruzelski et le Comité civique de Lech Wałęsa procèdent aux négociations de la table ronde (février-avril 1989). Des libertés politiques et civiques sont concédées, Solidarité redevient légal et on crée un Sénat (une chambre haute) dont les membres seront issus d’élections libres. Wojciech Jaruzelski est élu à la présidence de la République avec l’approbation de Solidarité. Lors des élections législatives de 1989, Solidarité emporte 90 des 100 sièges du Sénat ainsi que 160 des 161 des sièges qu’on lui a permis de briguer à la diète. Bien que l’équilibre politique dépende maintenant à la diète des petits partis alliés aux communistes (le Parti paysan et le Parti démocratique), ceux-ci refusent de cautionner la nomination du chef de la police issu du Parti communiste, le général Czesław Kiszczak, au poste de Premier ministre. En août, Tadeusz Mazowiecki, proche collaborateur de Wałęsa, forme un gouvernement de coalition dans lequel les communistes ont en charge les ministères de la Défense et de l’Intérieur. Tadeusz Mazowiecki, premier Premier ministre polonais non communiste en plus de 40 ans, démantèle le système communiste et renforce la transition démocratique. Son ministre des Finances, l’influent Leszek Balcerowicz, jugule l’hyperinflation et initie la rapide transition de la Pologne vers l’économie de marché.

6.9 La Pologne démocratique (depuis 1990)
6.9.1 La présidence de Lech Wałęsa (1990-1995)

En 1990, Solidarité se scinde en deux groupes opposés, dont l’un soutient Lech Wałęsa et l’autre Tadeusz Mazowiecki. En novembre, Lech Wałęsa, Tadeusz Mazowiecki et Stanislas Tyminski, un émigré millionnaire et non conformiste, s’affrontent lors de l’élection présidentielle ; Tadeusz Mazowiecki est éliminé au premier tour, et Lech Wałęsa l’emporte sur Stanislas Tyminski au second. Mais Lech Wałęsa n’a pas une vision très claire de sa fonction. C’est la raison pour laquelle la « petite Constitution « de transition adoptée en 1992 met en place une distribution ambiguë des pouvoirs respectifs du président, du Premier ministre et du Parlement. Ainsi, la Pologne post-communiste souffre-t-elle d’un processus politique confus, instable et conflictuel. La représentation proportionnelle adoptée pour les élections de 1991 aboutit à une diète composée de membres d’une douzaine de partis politiques d’importance significative. Entre 1991 et 1993, la Pologne est gouvernée par une succession de coalitions parlementaires éphémères.

La Pologne établit ou rétablit des relations diplomatiques avec la Communauté européenne (l’actuelle Union européenne), les républiques de l’ex-Union soviétique, le Vatican et Israël, et signe des traités de coopération avec l’Allemagne réunifiée et de nombreux autres États européens. Elle rejoint le Conseil de l’Europe et négocie un statut de membre associé avec l’Union européenne. En 1992, la Pologne récupère une souveraineté nationale totale avec le départ de la plupart des troupes de l’ex-Union soviétique stationnées sur son territoire, dont l’évacuation se termine en août 1993. En 1994, le pays adhère au programme « Partenariat pour la paix «, institué en 1993 par l’OTAN pour offrir aux ex-membres du pacte de Varsovie un statut d’association limitée.

Le système électoral adopté pour les élections de septembre 1993, en fixant un seuil minimal de 5 % des suffrages (8 % pour les coalitions) à l’obtention de sièges, clarifie la situation politique : seuls six partis sont représentés à la diète. Les partis successeurs du Parti communiste, le Parti social-démocrate polonais (SLD) et le Parti paysan polonais (PSL), bénéficient de l’insatisfaction de la population envers les coûts socio-économiques de la transformation et remportent une large majorité. Waldemar Pawlak, le chef du PSL, devient Premier ministre, mais Lech Wałęsa harcèle son gouvernement, qu’il accuse de vouloir ralentir les réformes économiques. Début 1995, Lech Wałęsa menace de dissoudre le Parlement si le gouvernement ne démissionne pas. Trahissant ainsi son intention de se représenter lors de l’élection présidentielle qui doit avoir lieu la même année, il propose de mettre à la tête du gouvernement un adversaire probable, Aleksander Kwaśniewski. Mais le Parlement refuse et c’est Józef Oleksy, membre du Parti social-démocrate polonais (SLD) et ancien communiste, qui est finalement choisi comme Premier ministre. Le gouvernement Pawlak voit sa motion de confiance rejetée et, le 1er mars, Pawlak démissionne et Józef Oleksy le remplace.

6.9.2 Le premier quinquennat d’Aleksander Kwaśniewski (1995-2000)

Lors de l’élection présidentielle de novembre 1995, Lech Wałęsa, qui s’est discrédité auprès des Polonais à cause de ses échecs personnels et de ses erreurs politiques, est battu par Aleksander Kwasniewśki, ancien communiste et dirigeant fondateur du SLD. Celui-ci s’engage à poursuivre le processus de réforme économique et à faire en sorte que la Pologne devienne membre à part entière de l’Union européenne et de l’OTAN. Pour tenter d’apaiser les désaccords politiques provoqués par les résultats de l’élection, Aleksander Kwasniewśki démissionne du SLD fin novembre.

En janvier 1996, le Premier ministre Oleksy, confronté à une enquête officielle faisant suite aux allégations selon lesquelles il espionnerait depuis plus de dix ans pour le compte de la Russie, démissionne. Bien qu’Oleksy, ancien membre du Comité central du Parti communiste, reconnaisse une amitié pour un agent de renseignements russe stationné à Varsovie depuis les années 1980, il nie avoir été un espion et proclame son innocence. Wlodzimierz Cimoszewicz, qui est également membre du SLD, le remplace au poste de Premier ministre en février. En avril, le procureur militaire enquêtant sur les accusations portées contre Oleksy décide de clore le dossier faute de preuves suffisantes.

En 1997, une commission parlementaire extraordinaire, dominée par d’anciens communistes, achève la rédaction d’une nouvelle Constitution. Approuvé par le Parlement en avril, le document est soumis à référendum en mai. La nouvelle Constitution est approuvée par 52,7 % des votants. Une coalition de droite associée à Solidarité et un certain nombre de catholiques s’opposent violemment à son adoption, prétendant que certains de ses articles sont beaucoup trop laïques. Synthèse de sept amendements proposés, la charte que constitue l’article 243 définit les pouvoirs du président de la République, garantit les libertés publiques de base, et établit le contrôle du pouvoir civil sur les forces armées ainsi que l’économie de marché et la propriété privée des entreprises. Nombre de ses dispositions sont conformes aux conditions d’adhésion exigées par l’Union européenne et l’OTAN.

Une coalition de nombreux petits partis regroupés au sein de l’Alliance électorale Solidarité (AWS) remporte les élections législatives de 1997. Formant un gouvernement avec les libéraux de l’Union de la liberté, l’AWS entreprend de « renforcer les valeurs chrétiennes dans le pays «. Une loi restreignant le droit à l’avortement est ainsi adoptée tandis que le concordat, signé en 1993 mais gelé par les ex-communistes lors de leur passage au pouvoir, est ratifié en avril 1998. Sur le plan économique, le retour aux finances de Leszek Balcerowicz témoigne de la volonté du nouveau Premier ministre, Jerzy Buzek, de revenir à la politique de réformes d’inspiration libérale menée de 1990 à 1993. Par ailleurs, une réforme territoriale prévoyant le découpage de la Pologne en 16 régions est adoptée par le Parlement en juillet 1998.

L’ancrage européen de la Pologne se renforce également considérablement tant sur le plan militaire qu’économique. En effet la Pologne fait partie de la première vague d’élargissement de l’OTAN, à laquelle elle est admise en mars 1999, et des candidats à l’Union européenne dont l’adhésion complète est prévue pour 2002. Le gouvernement mène une politique résolument pro-européenne, soutenue à une courte majorité par la population et le Parlement.

6.9.3 Le second quinquennat d’Aleksander Kwaśniewski (2000-2005)

En octobre 2000, Aleksander Kwaśniewski est réélu à la présidence du pays au premier tour de scrutin, pour un second mandat de cinq ans, avec 53,9 % des voix. Sa victoire est d’autant plus éclatante que Lech Wałęsa n’obtient que 1 % des voix et arrive en septième position. Dans la foulée, la coalition de gauche SLD-UP remporte une victoire annoncée lors des élections législatives de septembre 2001. Mais à 15 sièges de la majorité absolue, le futur Premier ministre, président du SLD, Leszek Miller, doit toutefois former une alliance avec le Parti paysan (PSL) pour constituer un gouvernement. La coalition sortante subit une défaite radicale : l’Action électorale Solidarité (AWS) du Premier ministre Jerzy Buzek n’atteint pas le seuil d’éligibilité et n’a plus aucun représentant à la diète. En outre, plus d’un quart des sièges reviennent à des partis anti-européens. Ces résultats interviennent à un moment où la Pologne négocie son intégration dans l’Union européenne avec quelques difficultés (seulement 17 chapitres sur les 31 qui font l’objet de négociations sont alors réglés). En outre, la situation économique est critique avec un déficit budgétaire estimé à 23 milliards d’euros pour 2002 et un taux de chômage de 16 %. Toutefois, lors du Conseil européen de Copenhague de décembre 2002, la Pologne fait partie des dix pays désignés pour rejoindre l’UE en 2004.

Malgré un climat politique dégradé — éclatement de la coalition gouvernementale en mars 2003 à la suite du limogeage des deux ministres du Parti paysan (PSL), affaires de corruption et impopularité croissante du Premier ministre —, le référendum sur l’adhésion de la Pologne à l’Union européenne se déroule dans de bonnes conditions les 9 et 10 juin 2003, et vient valider la signature officielle du traité d’adhésion des dix nouveaux États membres le 16 avril précédant à Athènes. Le taux de participation atteint 58,82 % et 77,41 % des Polonais se prononcent en faveur du « oui «, le « non « étant surtout défendu par les mouvements catholiques ultranationalistes. L’adhésion de la Pologne à l’Union européenne est célébrée le 1er mai 2004. Mais le lendemain, le Premier ministre Leszek Miller, qui pâtit d’une grande impopularité, de dissensions au sein de son parti et qui est confronté à plusieurs scandales, démissionne comme il l’avait annoncé. Il est remplacé par Marek Belka, de retour d’Irak où il était en charge des affaires économiques au sein de l’administration provisoire, et qui a occupé par le passé les fonctions de vice-Premier ministre et de ministre des Finances.

L’élection du Parlement européen, au sein duquel la Pologne dispose de 54 sièges, est marquée en juin 2004 par un taux d’abstention record au sein de l’Union européenne, à près de 80 %. La Plateforme civique (PO), formation de centre-droit dans l’opposition, arrive en tête (15 sièges), loin devant les sociaux-démocrates du SLD (6 sièges). Mais c’est le score de la Ligue des familles polonaises (LPR), une formation de droite ultracatholique opposée à la construction européenne, qui retient l’attention en arrivant en deuxième position (10 sièges). Au final, plus de la moitié des nouveaux députés européens polonais peuvent être qualifiés d’eurosceptiques, à l’exception notable de l’ancien ministre des Affaires étrangères, Bronisław Geremek, élu sur la liste de l’Union des libertés (UW, 3 sièges).

6.9.4 La présidence de Lech Kaczynski (2005- )

L’automne 2005 est marqué par une double échéance électorale. Au mois de septembre, les élections législatives voient la victoire du parti conservateur et catholique Droit et justice (PiS), issu des courants conservateurs du syndicat Solidarité. Kazimierz Marcinkiewicz, inconnu du grand public, devient Premier ministre. Au mois d’octobre, le candidat du PiS, Lech Kaczynski, remporte de manière inattendue l’élection présidentielle. Dans un contexte marqué par les désillusions de la transition postcommuniste, le discours du nouveau président — ancien ministre de la Justice, maire de Varsovie, et frère jumeau du leader du PiS — vantant un État fort et social a séduit l’électorat, notamment celui des laissés-pour-compte. Mais l’opposition de droite sortie largement victorieuse du scrutin législatif se révèle divisée, et les libéraux refusent de soutenir le gouvernement minoritaire formé par les catholiques conservateurs : ceux-ci sont par conséquent conduits à former un gouvernement avec les partis extrémistes, Samoobrona et LPR, ce qui provoque de vives réserves au sein de l’Union européenne et des tensions au sein même de l’exécutif. Ainsi, aux démissions des ministres des Finances et des Affaires étrangères succède celle du Premier ministre, Kazimierz Marcinkiewicz, au mois de juillet 2006. Le président Lech Kaczynski appelle alors son frère jumeau Jarosław, leader du PiS, à la tête du gouvernement, ce qui crée une situation politique pour le moins inédite. Le nouveau gouvernement met en place un Bureau central anticorruption (CBA) et adopte une loi de décommunisation (mars 2007) afin de contraindre intellectuels et fonctionnaires à dévoiler leur éventuelle collaboration avec la police politique communiste — elle est toutefois partiellement invalidée par le Tribunal constitutionnel de Varsovie au mois de mai suivant. Adoptant une ligne isolationniste en politique étrangère, la Pologne fait entendre une voix discordante au sein de l’Union européenne. La chute de la coalition en août 2007 conduit à des élections anticipées au mois d’octobre suivant, qui voient la victoire de la Plateforme civique (PO), représentante de la droite libérale. Son leader, Donald Tusk, qui avait échoué au précédent scrutin présidentiel, devient Premier ministre et forme un gouvernement de coalition avec la Parti populaire polonais.

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