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Popper: Misère de l'historicisme

Publié le 22/02/2012

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Il n'y a pas de mal, par exemple, à décrire les changements dans l'organisation sociale, dans les méthodes de production, etc., comme des mouvements. Mais nous devons comprendre que nous ne faisons qu'employer une métaphore, et une métaphore plutôt trompeuse. Car, si nous parlons en physique du mouvement d'un corps ou d'un système de corps, nous n'avons pas alors l'intention de signifier que le corps ou le système en question subit quelque-changement interne ou structural, mais seulement qu'il change de position relativement à un système (arbitrairement choisi) de coordonnées. Au contraire, le sociologue signifie par un « mouvement de la société » un certain changement interne ou structural. En conséquence, il admettra qu'un mouvement de la société doit être expliqué par des forces tandis que le physicien admet que seuls les changements de mouvement, mais non le mouvement comme tel, doivent être expliqués de cette façon. Les idées de vitesse, ou de tracé, ou de trajectoire, ou de direction d'un mouvement social sont de la même façon inoffensives dans la mesure où l'on en use simplement pour rendre une certaine impression intuitive ; mais si l'on en use avec quelque chose comme une prétention au scientifique, elles deviennent tout simplement du jargon scientiste, ou plus précisément, du jargon totaliste. Sans doute, tous les genres de changement d'une qualité sociale mesurable, l'accroissement de population par exemple, peuvent être représentés graphiquement par un tracé, tout comme la trajectoire d'un corps en mouvement ; mais il est clair qu'un tel diagramme ne décrit pas ce qu'on signifie par mouvement de la société - en considérant qu'une population stationnaire peut subir un bouleversement social radical. Karl POPPER, Misère de l'historicisme.

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