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Pourquoi défendre le faible ?

Publié le 05/12/2010

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La notion de faiblesse renvoi à une idée de rapports de force entre les forts et les faibles, à l’image de la société capitaliste selon Marx. La faiblesse peut se rapporter à une défaillance, un défaut de quelque chose, ou à un manque de force. Elle renvoi donc à un ordre économique, social, politique, physique, psychique et peut toucher n’importe quelle caractéristique de l’homme. La société actuelle se base plutôt sur une défense des plus démunis, que l’on peut analyser comme héritage du christianisme. Cette défense peut s’avérer injuste notamment pour les personnes dites fortes, alors la question est de savoir au nom de quels principes défendre le faible, qu’est ce que cela peut nous apporter au niveau personnel ? Tout d’abord, selon certains principes fondamentaux à l’homme, il est obligatoire de défendre le faible. Cependant, la faiblesse peut apparaitre comme inutile à défendre, voir même néfaste pour les autres, notamment les forts. Néanmoins, les forts trouvent peut être en la défense des faibles un moyen d’affirmer leur égo.

 

 I) Il est dans la nature humaine de défendre les faibles,  et certaines institutions ont comme but de promouvoir cette défense.

 

L’instinct humain est de défendre le faible, tous les hommes sont semblables, et l’homme se voit dans la situation du faible et agit donc par compassion. Il lui parait comme naturel de défendre quelqu’un car il pense que s’il était dans la même situation, il aimerait que quelqu’un l’aide également. On peut alors lier la défense du faible aux principes du christianisme. Avec l'émergence de la personne humaine, faite à l'image et a la ressemblance de Dieu: l'homme est considéré comme sacré, la dignité absolue de l'homme se pose en principe qui ne peut être remis en question. Ainsi , les maximes de la morale chrétienne telle que  aime ton prochain comme toi-même montre bien que les hommes sont dorénavant égaux en dignité ce que n'était absolument pas le cas chez les Grecs où le citoyen était supérieur aux métèques, aux femmes. Ainsi, si les hommes sont tous égaux, c'est un devoir moral du premier ordre que de défendre ce semblable qui est le faible pour se comporter conformément aux souhaits de l’Eglise mais Cet élan vers celui qui souffre, qui n'a pas la force ou la possibilité de faire respecter ses droits doit être désintéressé.

Avec le premier article de la déclaration des droits de l’homme, on voit également les principes des lumières. Chez les Lumières, la valeur de démocratie et d'égalité est principale donc il va se soi qu'il faut respecter les droits de chacun. Si on se place dans une optique marxiste, les faibles sont représentés par les prolétaires et sont opprimés par les bourgeois, il faut alors lutter contre ce rapport de force et le changer par la lutte des classes. De ce point de vue, il est mieux de défendre le faible, de protéger son droit pour éviter que la révolte et le désordre éclate, et que la cohésion sociale soit assurée.

Dans nos sociétés, ce principe de défendre le faible se fait à travers l’idée de justice sociale, notamment exprimée par J.Rawls, qui veut au nom des libertés fondamentales valoriser les faibles pour arriver à une égalité. On voit ses principes dans nos sociétés avec les organismes comme la sécurité sociale, ou les politiques de redistribution ou d’aides pour les plus démunis.

 

 

II) Néanmoins, la faiblesse peut apparaitre inutile à défendre selon d’autres points de vue.

 

Les faibles peuvent se servir de leur faiblesse pour profiter des plus forts, et ainsi limiter la puissance de ceux-ci sur la société. La loi morale, l’éthique ne serait qu’au service de la faiblesse, la loi également protège les faibles, les politiques sont en faveur des faibles et peuvent discriminer les autres. Pour certains auteurs comme Hayek, il ne faut pas agir pour les faibles, car chaque situation est liée au mérite de chacun, et si l’on favorise ceux qui ne contribuent pas à la richesse de la société ne doivent pas être favorisés car cela enlèverait la motivation de ceux qui travaillent pour la société. La défense du faible et le concept de justice sociale implique de traiter différemment les personnes qualifiées de victimes, elle implique donc la discrimination, c'est-à-dire la violation de l'égalité en droit: « Il y a toute les différences du monde entre traiter les gens de manière égale et tenter de les rendre égaux. La première est une condition pour une société libre alors que la seconde n'est qu'une nouvelle forme de servitude. «

Il y a donc un renoncement au principe de la méritocratie, et du principe « à chacun selon ses efforts «, et les efforts de chacun ne seront pas récompensés. En effet le faible qui est protégé, défendu, risque de rester dans l’assistance et demeurer faible. Alors que la personne faible, posée devant ses responsabilités peut apprendre à passer outre ses faiblesses et sortir de la faiblesse. 

Les faibles peuvent être perçus comme un poids pour la société et qui lui coute cher  Dés le 18, 19ème, Malthus préconisait de supprimer les lois venant en aide aux pauvres car elles entretenaient cette pauvreté et appauvrissaient les riches et la société en général, car à l’époque il y avait des lois obligeant de fournir aide aux plus pauvres.

 Nietzsche est sans doute celui qui va apporter la principale critique, la distinction mal/bien issue de la morale chrétienne et socratique doit être absolue au profit de la volonté de puissance de chacun. Il qualifie la morale chrétienne de morale d'esclave car elle est basé sur la culpabilité qu'induit le péché. Elle est l'émanation d'une stratégie des faibles pour empêcher les forts à vivre leur vie pleinement. Nietzche va baser sa morale sur l'ensemble de nos désirs et passions. Ainsi, l'homme altruiste  qui va défendre le faible est perçu comme quelqu’un qui renonce à ses pulsions. Cependant, la philosophie  nietzschéenne a été reprise et réinterprétée  par les nazis, voyant en elle la justification de se débarrasser des faibles, pour les nazis : la race aryenne. Il faut donc manipuler la thèse Nietzschéenne avec précaution. 

 

III)  Au contraire de nuire aux forts, la défense du faible peut apparaitre comme un moyen de se valoriser pour ces hommes.

 

Dans la mesure où le faible désigne quelqu'un qui serait inférieur à nous dans un certain domaine, on voit ici la notion de rapport de force et de pouvoir exprimé déjà chez Marx. Par conséquent, en portant secours à un "faible", on en vient à exercer notre pouvoir sur lui, et donc conduire à l'influencer. Cela peut donner à l’homme un sentiment de puissance, et ainsi le principe d’aider les faibles peut apparaitre comme une domination, l’exercice d’un pouvoir, d’une puissance des forts sur les faibles. Ca peut sembler comme un alibi pour les forts de défendre les faibles, ils trouvent une affirmation de leur puissance et donc un meilleur sentiment de leurs conditions. Ce n’est pas de la compassion qu’ils expriment, mais plutôt de la pitié, et ils voient que leur situation est beaucoup mieux que celle qu’ils voient, ils se sentent d’autant plus supérieurs. Il faut voir alors la notion de l'égo de l'homme, qui tend à se surestimer aux dépends des autres, on peut se demander à ce propos si en voulant secourir le faible, l'homme n'en vient pas à se secourir lui même, pour conforter son égo et ne pas tomber dans la remise en cause de sa situation, de son comportement. On peut exprimer cela à partir d’un exemple. Lorsque il y a une catastrophe naturelle ou autre, par exemple pour Haïti, les gens des pays développés se sont empressés de faire des dons, on pourrait analyser cela comme si il soulage leur conscience, faire une bonne action, et justifier leur situation, ne pas la remettre en cause en participant à la défense des faibles, s’affirmer qu’ils ne sont pas égoïstes. 

Néanmoins, il faut également penser à la notion de secours, en la comparant à l'assistance et à l'éducation. D'un coté, on aide l'individu à survivre, entrainant une relation de dépendance et venant conforter notre domination sur lui, ce qui rejoint donc le thème de la relation de pouvoir, et de l'autre, on aide l'individu en lui permettant d'évoluer, de devenir notre égal, et donc de pouvoir apprendre nous même. On pourrait résumer ce dernier point dans une relation maitre/élève, ou le savoir transmis par le maitre va permettre à l'élève de le dépasser, de telle façon que le maitre apprendra lui même de son élève.

 

On peut donc dire que l’idée de défense du faible apparait dans le christianisme, puis dans les valeurs des Lumières comme la défense de l’égalité de droit et de la dignité de l’homme. Cependant, ce principe remet en cause la méritocratie, et selon Nietzsche, défendre le faible signifie obéir à la morale chrétienne et donc refouler ses pulsions, ses désirs. Enfin, l’homme fort peut affirmer son égo en se sentant supérieur aux faibles et en exerçant sa puissance. Néanmoins, la faiblesse apparait tout de même comme cause principale à défendre au nom des principes de la démocratie, de l’égalité des hommes, et également au nom des valeurs de l’humanité qui fait les hommes semblables, et que ceux qui sont en situation de faiblesse ne l’ont pas forcément mérités, que l’on ne peut pas faire disparaitre des hommes comme l’a fait le nazisme, soi disant qu’ils sont inutiles à la société, ou inférieurs.

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