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Faut-il défendre le faible ?

Publié le 04/06/2009

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Introduction :

 

            Le faible se comprend comme l’opposé du fort. Il est un être de manque. Cette faiblesse peut être naturelle ou politique. Ainsi suis-je plus ou moins fort que mon voisin. Dans une aristocratie, le peuple est plus faible politiquement que le petit nombre. Il semble que cette faiblesse soit donc le fruit d’une inégalité innée ou acquise, pour le dire de façon schématique. Or intuitivement, il nous apparaît « normal « de défendre le faible, l’opprimé contre le fort. La question est bien d’interroger une telle évidence ; de questionner son fondement et la valeur voire, pourquoi pas sa légitimité. Le « pourquoi « nous indique que nous devons répondre par la découverte d’une cause. L’approche est donc étiologique.

            Si nous avons tendance à défendre le faible par pitié (1ère partie), il faut remettre en cause le fondement de cette évidence et sa nécessité (2nd partie), à moins d’y découvrir une cause morale (3ème partie).

 

 

I – Pitié et égalité

 

a) Le faible peut se définir par la négative et la comparaison avec le fort. Le faible est donc celui qui possède une condition humaine inégale. La faiblesse est la marque d’une inégalité. Elle peut être de deux ordres : physique ou morale voire politique. Lorsqu’elle est physique, cela signifie qu’elle repose sur une disposition innée de l’homme ou plus exactement sur la formation d’un individu. Elle est nécessaire et il n’y peut rien. Que je sois plus fort que mon voisin voilà qui est une inégalité et peut faire de lui un être faible. Sur le plan politique, la faiblesse relève d’une inégalité acquise et voulu par l’homme. Or comme le remarque Rousseau dans le Discours l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes : « Je conçois dans l'espèce humaine deux sortes d'inégalité ; l'une que j'appelle naturelle ou physique, parce qu'elle est établie par la nature, et qui consiste dans la différence des âges, de la santé, des forces du corps, et des qualités de l'esprit, ou de l'âme, l'autre qu'on peut appeler inégalité morale, ou politique, parce qu'elle dépend d'une sorte de convention, et qu'elle est établie, ou du moins autorisée par le consentement des hommes. Celle-ci consiste dans les différents privilèges, dont quelques-uns jouissent, au préjudice des autres, comme d'être plus riches, plus honorés, plus puissants qu'eux, ou même de s'en faire obéir. «.

« consiste essentiellement à vouloir s'élever au-dessus des autres : quant à eux, il leur suffit, j'imagine, d'être auniveau des autres, sans les valoir.

Voilà pourquoi la loi déclare injuste et laide toute tentative pour dépasser leniveau commun, et c'est cela qu'on appelle l'injustice.

Mais la nature elle-même, selon moi, nous prouve qu'en bonnejustice celui qui vaut le plus doit l'emporter sur celui qui vaut le moins, le capable sur l'incapable.

Elle nous montrepartout, chez les animaux et chez les hommes, dans les cités et les familles, qu'il en est bien ainsi-que la marque dujuste, c'est la domination du puissant sur le faible et sa supériorité admise.

De quel droit, en effet, Xerxès vint-ilporter la guerre dans la Grèce, ou son père chez les Scythes ? et combien de cas semblables on pourrait citer ?Mais tous ces gens-là agissent, à mon avis, selon la vraie nature du droit, et, par Zeus, selon la loi de la nature,bien que ce soit peut-être contraire à celle que nous établissons, nous, et selon laquelle nous façonnons lesmeilleurs et les plus vigoureux d'entre nous, les prenant en bas âge, comme des lionceaux, pour nous les asservir àforce d'incantations et de momeries, en leur disant qu'il ne faut pas avoir plus que les autres et qu'en cela consistele juste et le beau ».b) Pour Nietzsche dans la Généalogie de la morale , certains hommes, ceux qu'il appelle les faibles ou encore les esclaves, le troupeau des agneaux bêlants, ne pouvant agir directement contre les forts sont devenus des hommesdu ressentiment.

Pour un faible le fait même d'exister est un malheur à cause du désir.

Toute chose permettantd'échapper aux douleurs d'exister a alors une valeur.

C'est ainsi que ce montre au grand jour l'ascétisme qui est pourNietzsche le ressentiment qui se retourne sur lui-même.

Ne pouvant réagir sur le monde, l'homme du ressentimentréagit sur lui-même.

Il s'agit d'une volonté de néant, autodestructrice et auto-castratrice.

Cependant, l'hommefaible est aussi animé par une vengeance contre l'homme fort, contre sa volonté de puissance.

L'homme duressentiment se venge de son malheur venant de sa propre faiblesse contre les autres et notamment contre ceuxqui ont échappé au ressentiment parce qu'ils sont forts.

Ainsi fait place la morale, la religion, la loi et la société.

Onprétend améliorer l'homme alors qu'il s'agit en réalité de le domestiquer, de le soumettre.

Il s'agit donc pourNietzsche de produire plutôt une défense de l'homme fort contre l'homme faible qui ne cesse d'attaquer la volontéde puissance.c) Or c'est bien ce sens que l'on peut comprendre le développement de cette volonté de puissance et le tragique del'homme faible avec sa lumière cherchant Dieu dans le paragraphe 125 du Gai savoir de Nietzsche : « L'insensé.

— N'avez-vous pas entendu parler de cet homme fou qui, en plein jour, allumait une lanterne et se mettait à courir surla place publique en criant sans cesse : « Je cherche Dieu ! Je cherche Dieu ! » — Comme il se trouvait làbeaucoup de ceux qui ne croient pas en Dieu son cri provoqua une grande hilarité.

A-t-il donc été perdu ? disaitl'un.

S'est-il égaré comme un enfant ? demandait l'autre.

Ou bien s'est-il caché ? A-t-il peur de nous ? S'est-ilembarqué ? A-t-il émigré ? — ainsi criaient et riaient-ils pêle-mêle.

Le fou sauta au milieu d'eux et les transperça deson regard.

« Où est allé Dieu ? s'écria-t-il, je veux vous le dire ! Nous l'avons tué, — vous et moi ! Nous tous, noussommes ses assassins ! Mais comment avons-nous fait cela ? Comment avons-nous pu vider la mer ? Qui nous adonné l'éponge pour effacer l'horizon ? Qu'avons-nous fait lorsque nous avons détaché cette terre de la chaîne deson soleil ? Où la conduisent maintenant ses mouvements ? Où la conduisent nos mouvements ? Loin de tous lessoleils ? Ne tombons-nous pas sans cesse ? En avant, en arrière, de côté, de tous les côtés ? Y a-t-il encore unen-haut et un en-bas ? N'errons-nous pas comme à travers un néant infini ? Le vide ne nous poursuit-il pas de sonhaleine ? Ne fait-il pas plus froid ? Ne voyez-vous pas sans cesse venir la nuit, plus de nuit ? Ne faut-il pas allumerles lanternes avant midi ? N'entendons-nous rien encore du bruit des fossoyeurs qui enterrent Dieu ? Ne sentons-nous rien encore de la décomposition divine ? — les dieux, eux aussi, se décomposent ! Dieu est mort ! Dieu restemort ! Et c'est nous qui l'avons tué ! Comment nous consolerons-nous, nous, les meurtriers des meurtriers ? Ce quele monde a possédé jusqu'à présent de plus sacré et de plus puissant a perdu son sang sous notre couteau — quieffacera de nous ce sang ? Avec quelle eau pourrons-nous nous purifier ? Quelles expiations, quels jeux sacrésserons-nous forcés d'inventer ? La grandeur de cet acte n'est-elle pas trop grande pour nous ? Ne sommes-nouspas forcés de devenir nous-mêmes des dieux pour du moins paraître dignes des dieux ? Il n'y eut jamais action plusgrandiose, et ceux qui pourront naître après nous appartiendront, à cause de cette action, à une histoire plus hauteque ne fut jamais toute histoire » ».

Dieu est ici le symbole de toutes les servitudes de l'homme.

Sa mort annonce lalibération de la volonté de puissance, celle d'une nouvelle ère.

Transition : Ainsi nous ne devons nécessairement défendre les faibles, mais bien plutôt les forts.

Pourtant, il nous semble bienque la piété soit effective et rende compte d'un sentiment profond d'humanité que nous qualifions de morale.Défendre le faible, n'est-ce pas alors un devoir ? III – Morale, Respect & dignité a) Le « tu dois » représente une des expériences fondamentales de la conscience morale.

Le devoir exprime uneobligation qui n'a rien à voir avec la nécessité ou la contrainte.

Car ce qui est obligatoire peut être fait ou ne pasfait, alors que je ne puis en aucun cas me soustraire à ce qui est nécessaire.

L'obligation morale et le devoir sontlibres ; au contraire, devant le nécessaire, la volonté doit s'incliner.

Ainsi pour Kant dans la Fondation de la métaphysique des mœurs , le devoir est un idéal de la raison pure et une valeur a priori.

L'expérience en tant que telle ne nous fournit jamais de normes universelles et nécessaires.

Or, le devoir commande absolument.

Cetteexigence ne découle pas de l'empirie.

Si nous voulions fonder la morale sur les faits, elle serait rapidement ruinée.

Ledevoir, loin d'être une réalité, représente une norme de la raison, valable pour tous les êtres raisonnables.

Or lamorale, avec l'impératif catégorique nous enjoins de défendre le faible.b) Le pur devoir a priori commande catégoriquement.

L'impératif catégorique est le seul purement moral.

L'impératifhypothétique représente une action comme nécessaire pour parvenir à une certaine fin.

Ainsi pour Kant dans la Fondation de la métaphysique des mœurs , l'impératif moral n'exprime nullement la nécessité pratique d'une action. »

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