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PREMIER PAYSAN.

Publié le 17/10/2012

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PREMIER PAYSAN. - Ça ne se verra pas : là-bas tous les hommes sont aussi fous que lui. HAMLET. - Comment est-il devenu fou ? PREMIER PAYSAN. - Très étrangement, à ce qu'on dit. HAMLET. - Comment cela ? PREMIER PAYSAN. - Eh bien ! en perdant la raison. HAMLET. - Sous l'empire de quelle cause ? PREMIER PAYSAN. - Tiens ! sous l'empire de notre roi en Danemark. J'ai été fossoyeur ici, enfant et homme, pendant trente ans. HAMLET. - Combien de temps un homme peut-il être en terre avant de pourrir ? PREMIER PAYSAN. - Ma foi ! s'il n'est pas pourri avant de mourir (et nous avons tous les jours des corps vérolés qui peuvent à peine supporter l'inhumation), il peut vous durer huit ou neuf ans. Un tanneur vous durera neuf ans. HAMLET. - Pourquoi lui plus qu'un autre ? PREMIER PAYSAN. - Ah ! sa peau est tellement tannée par le métier qu'il a fait, qu'elle ne prend pas l'eau avant longtemps ; et vous savez que l'eau est le pire destructeur de votre corps mort, né de putain. Tenez ! voici un crâne : ce crâne-là a été en terre vingt-trois ans. HAMLET. - A qui était-il ? PREMIER PAYSAN. - A un fou né d'une de ces filles-là. A qui croyez-vous ? HAMLET. - Ma foi ! je ne sais pas. PREMIER PAYSAN. - Peste soit de l'enragé farceur ! Un jour, il m'a versé un flacon de vin sur la tête ! Ce même crâne, monsieur, était le crâne de Yorick, le bouffon du roi. HAMLET, prenant le crâne. - Celui-ci ? PREMIER PAYSAN. - Celui-là même. HAMLET. - Hélas ! pauvre Yorick !... Je l'ai connu, Horatio ! C'était un garçon d'une verve infinie, d'une fantaisie exquise ; il m'a porté sur son dos mille fois. Et maintenant quelle horreur il cause à mon imagination ! Le coeur m'en lève. Ici pendaient ces lèvres que j'ai baisées, je ne sais combien de fois. Où sont vos plaisanteries maintenant ? vos escapades ? vos chansons ? et ces éclairs de gaieté qui faisaient rugir la table de rires ? Quoi ! plus un

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