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Prépace d'anthologie poétique de la poésie engagée

Publié le 04/11/2011

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Le poète est parfaitement habilité à s’engager dans les luttes de son temps, armé d’un art : la poésie.

        Tout comme Picasso, qui s’engage avec son tableau Guernica contre la barbarie fasciste, le poète est un homme qui se prononce sur les débats de son temps. Cette poésie engagée permet d’ailleurs de donner envie de lire de la poésie à des lecteurs qui auraient pu trouver ce genre « difficile », pour preuve, la poésie n’a jamais été autant lue que pendant la seconde Guerre Mondiale.

        Aussi, il ne faut pas oublier que si la poésie est un moyen d’expression comme un autre, il peut parfaitement devenir un art engagé. En témoigne l’usage des Fables de La Fontaine qui permettent à l’auteur d’allier poésie et critique sociale. Comme dans Les obsèques de la Lionne où il critique violement la cour. L’utilisation du poème comme arme politique se retrouve dans le contexte de la Guerre Froide, l’art se trouve alors au service d’un parti, tout comme l’Ode à Staline de Paul Eluard qui s’inscrit véritablement dans le culte de la personnalité de la doctrine jdanovienne.

        Le poète qui mène un tel combat sert alors de tous les procédés d’écriture que permet la poésie. D’abord des figures de style comme la métaphore, que l’on retrouve dans Strange Fruit d’Abel Meeropol, qui, afin de dénoncer les pendaisons des Noirs dans le sud des Etats-Unis, assimile les pendus à « un fruit étrange ». Mais aussi dans Les obsèques de la Lionne de La Fontaine, où ce dernier met en scène des animaux afin d’effectuer une critique de la société dans laquelle il vit, tout en distrayant le lecteur. Parmi les figures de style utilisées dans la poésie engagée, nous retrouvons l’hyperbole, employée avec abondance dans le poème Melancholia de Victor Hugo, où ce dernier décrit avec exagération le supplice des enfants au travail afin de faire réfléchir le lecteur sur de telles pratiques.

Le poète engagé peut aussi avoir recours à différents procédés d’écriture comme la répétition d’un vers, procédé que l’on retrouve dans le poème Liberté de Paul Eluard, composé de 21 quatrains où est répété à la fin de chacun « J’écris ton nom ». Sachant que le « ton » se rapporte à la Liberté, le refrain devient métaphorique, il apparait comme un  rêve ou un espoir, une véritable revendication de la liberté. Avec l’habile jeu d’assonances et d’allitérations, ce poème acquiert un rythme, lui donnant  une certaine musicalité. Nous retrouvons ce procédé dans L’Homme qui te ressemble de René Philombe où « Ouvre-moi mon frère » est également repris à chaque fin de vers. Ces rimes kyrielles permettent au lecteur de mémoriser le poème et le poussent ainsi à prendre parti dans l’engagement du poète.

Malgré tout, on peut s’interroger sur la cause de l’engagement d’un poète. En effet si beaucoup de poètes se sont engagés, on remarquera que la raison de cet engagement peut être variée. Le poète peut choisir de défendre une cause sociale, une injustice ou une inégalité, comme c’est le cas dans Melancholia de Victor Hugo, déjà évoqué précédemment, où l’auteur dénonce avec force le mortel travail des enfants. René Philombe, grand homme de la littérature Camerounaise, défend lui aussi une cause sociale qui est le racisme dans L’Homme qui te ressemble.  Cette cause peut aussi relever du plan religieux, comme le poème Pater Noster de Prévert qui se révèle être profondément anticlérical, mais aussi Agrippa d’Aubigné lors de son combat dans les guerres de religion, à travers Les Tragiques, où il défend la cause protestante tout en montrant les misères de la France de l’époque. Une dernière cause d’engagement est la politique, que l’on retrouve chez Aimé Césaire dans son long poème de dénonciation de la colonisation et de célébration de la « négritude », Carnet d’un retour au pays natal. Ou encore chez certains poètes résistants comme Desnos qui par Le Legs fait une virulente critique des principaux acteurs de la seconde Guerre Mondiale à savoir Hitler et Goebbels ainsi que Pétain. Aragon quant à lui publiai un poème intitulé Strophes pour se souvenirs pour dénoncer la manipulation exercée par l’affiche rouge afin de rétablir la vérité, que personne n’oublie le sacrifice des hommes du groupe Manouchian. Enfin, nous retrouvons cette cause d’engagement dans la chanson Le Deserteur de Boris Vian, en réaction au recrutement de la guerre d’Indochine. Elle prend la forme originale et provocatrice d'une lettre ouverte au président de la République de l’époque René Coty.

Derrière les poésies de ces différents auteurs nous retrouvons la complexité d’une époque, d’un monde et d’une pensée. Leur engagement, qu’il se veuille ponctuel ou universel, donnera toujours matière à penser aux générations futures. C’est pourquoi j’ai choisi ce thème, la poésie engagée.

Bonne lecture. 

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