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Préserver Entre Les Générations Une Culture Commune Vous Semble T Il Important ?

Publié le 23/10/2010

Extrait du document

culture

 

Le résumé: méthodologie

Il ne demande pas de grandes compétences littéraires, juste une technique.

 

1. Définition: Le but de l'exercice est de réduire de façon claire et fidèle un texte pour quelqu'un qui ne l'aurait pas lu. 2. Travail préparatoire: • • Lisez le texte attentivement : deux ou trois lectures peuvent être nécessaires Demandez-vous quelle est l'idée principale, ensuite les arguments qui la soutiennent causes -conséquences de cette idée- les analyses descriptives ou historiques- par quelles étapes on est passé pour en arriver là. Classez vos éléments suivant leur importance par rapport au sujet. Soulignez les phrases importantes: environ une par paragraphe Encadrez les mots de liaison en début de phrase: - ce sont des articulations syntaxiques comme:" mais, pourtant, cependant…." - Ils peuvent être des repères temporels:" maintenant, autrefois…" Faites le plan du texte : trouvez environ deux ou trois grandes parties que vous diviserez en sous-parties.

 

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3. La rédaction: Contrôlez environ au 50ème mot que vous avez résumé un quart du texte si le résumé doit faire 200 mots. • Restez concentré sur la fin du résumé, ne la bâclez pas • Respectez l'ordre du texte, sans regrouper les idées identiques • Faites en sorte que votre résumé ait des parties proportionnées: Pas une grande première partie, une seconde très courte, etc… • Restez neutre : vous n'inventez pas d'argument n'étant pas dans le texte; vous ne donnez pas votre avis; vous ne portez pas de jugement; n'ajoutez rien au texte. • Vous prenez la place de l'auteur, vous parlez en son nom et non pas en votre nom. Il est donc exclu de commencer par: "dans ce texte, l'auteur dit que…, propose…" Vous êtes l'auteur. Par contre, si le texte est écrit à la première personne du singulier (je), vous devez gardez ce"je" qui n'est pas vous cependant, si on ne vous précise pas explicitement:"résumez, sans utiliser la première personne…" • Ne faites pas des trop longs paragaphes, ni trop courts. • Ne reprenez pas les mots du texte. •

 

MG Clouet 1/2

 

4. Les mots, le style: • Pas de citations mises bout à bout. • Pas de synonymes : en gardant la même structure de phrase. • Pas d'images: Elles sont là pour attirer l'attention, elles n'appartiennent pas au résumé. Par contre, vous pouvez utiliser vos images personnelles dans votre résumé, celles qui traduisent votre compréhension du texte. • Pas de reprise de mots rares : mais utilisation des mots techniques du texte • Utilisation d'un vocabulaire précis : un médecin n'est pas un biologiste • Tous les mots comptent : "c'est à dire"= 4 mots • La tolérance de dépassement est environ de 10%: " Résumez le texte en 200 mots environ", signifie entre 180 et 220 mots. Les mots en trop sont lourdement pénalisés. • Restez correct dans votre syntaxe: On ne dit pas: "il se rappelle de" mais "il se rappelle quelque chose"… Si vous utilisez"on", ne le reprenez pas par"nous" N'oubliez pas la première partie de la négation :"ne", je ne sais pas • Ne soyez pas familier, ni prétentieux dans votre style : N'écrivez pas des mots tels que"s'embêter, se faire engueuler, super, branché…"

 

 

Remarques sur le sujet: Il s’agissait de vous prononcer sur l’importance de repères transgénérationnels, partagés par tous. Il était donc nécessaire de prendre position, mais en justifiant vos idées, et en envisageant d’éventuelles objections. Mais il fallait aussi indiquer ce qui pouvait constituer, selon vous, de tels repères: l’art (doc. 1), l’histoire (doc. 4), la culture de manière générale (doc. 3) ? Notez que cette « culture commune « regroupe des éléments très variés: culture d’entreprise, valeurs humanistes (les Droits de l’Homme), références artistiques communes…

 

N’oubliez pas que vous devez discuter les documents dans l’écriture personnelle.

 

Les bonnes copies seront celles qui parviendront:

 

1/ à formuler un avis justifié, confronté à des objections,

 

2/ à définir précisément en quoi peut consister cette culture commune,

 

3/ à éviter les plans points positifs / points négatifs, avantages / inconvénients,

 

4/ à éviter de faire des listes de ce qui peut être partagé,

 

5/ à illustrer son propos avec des références culturelles variées (art, littérature, cinéma…),

 

6/ à discuter les idées des documents,

 

7/ à s’exprimer dans un français correct.

 

Ici, plus que pour la synthèse, il n’y a pas un corrigé unique. Beaucoup d’autres idées, références, positions pouvaient être proposées.

 

Problématique: Quelles valeurs communes devraient partager les différentes générations?

 

L’introduction d’un sujet d’écriture personnelle doit dégager une problématique. Celle-ci met en lumière de façon plus nette le problème évoqué dans le sujet. Or, quel est ce problème?

 

Pour le trouver, essayons de réfléchir à ce qui se passerait s’il n’y avait pas de culture commune entre les générations: la société serait fragmentée, et même divisée par les conflits de génération. Comme le dit Lévi-Strauss dans les Structures élémentaires de la parenté, 1949, « le rôle primordial de la culture est d’assurer l’existence du groupe comme groupe «, et définit la culture comme « toutes nos habitudes ou aptitudes apprises par l’homme en tant que membre d’une société «. Inversement, si toutes les générations adoptaient la même culture, il serait à craindre une certaine inertie, un manque d’innovation: le moteur du progrès n’est-il pas la révolte? Par conséquent il convient de trouver ce qui doit constituer le dénominateur commun entre les générations, de façon à assurer la cohésion de la société et son aptitude au renouvellement.

 

Plan:

 

I. Clivage ou brouillage générationnel ?

 

1/ La fracture numérique:

 

D’accord avec le constat fait dans les doc. 2 et 4.

 

- Nous avons de plus en plus le sentiment que les « nouvelles générations « sont différentes des précédentes. Si cette impression n’est pas nouvelle, il semble bien qu’elle se soit précisée depuis une dizaine d’années, avec l’émergence de cette fameuse « Génération Numérique «, ou « Digital Native «, qui déconcerte tellement leurs aînés. La nouvelle génération ne s’intéresse plus à la culture classique, et s’investissent dans la « culture des pairs «, partagée via internet.

 

-Le groupe des pairs a pris le pas sur l’influence familiale. La réforme Haby, qui a institué le collège unique, peut expliquer en partie ce phénomène: jamais dans l’histoire les jeunes ne sont restés aussi longtemps ensemble. Ils partagent des références communes, ce qui limite le rôle des adultes dans leur construction.

 

- Un débat fait désormais l’actualité: Internet rend-il bête? Nous n’avons bien sûr pas la prétention de trancher un tel débat. Remarquons simplement qu’il manifeste le désarroi des « Digital Immigrants « devant leurs enfants. Il y aurait une « fracture numérique « entre les générations:

 

- Un exemple: la « crise de l’école «: les élèves se révèlent de plus en plus hermétiques à la culture classique et, plus largement, aux méthodes traditionnelles d’enseignement. Les professeurs font désormais usage des TICE (Technologies de l’Information et de la Communication pour l’Education) pour mieux transmettre leurs connaissances. Les manuels ont été numérisés, des cours sont disponibles sous toutes formes de format de façon à s’intégrer aux nouvelles habitudes culturelles des jeunes: lecteur MP3, réseaux sociaux… Tous les chefs d’oeuvre de la culture humaine sont désormais disponibles sur Internet. Pensons à l’immense bibliothèque numérique (les « e-books «), à la musique classique, aux oeuvres d’art. Beaucoup de ressources sont consultables gratuitement. Il y ainsi un paradoxe: à mesure que la culture (entendue comme culture classique) devient plus facile d’accès, les jeunes s’en désintéressent.

 

2/ Le brouillage générationnel:

 

- Paradoxalement, ce clivage générationnel s’accompagne d’un phénomène de brouillage: les frontières entre les générations s’effacent: les enfants sont de plus en plus tôt adolescents, les adolescents adultes de plus en plus tard, les séniors de plus en plus jeunes. Par conséquent, nous pourrions penser qu’une véritable culture commune s’installe entre les générations. Tocqueville prédisait déjà dans De la Démocratie en Amérique l’homogénéisation culturelle dans les sociétés démocratiques.

 

- Les sociétés humaines ont toujours fonctionné en séparant les sexes, mais aussi les différents âges. Les frontières des « Âges de la vie « ont bien sûr évolué dans le temps et dans l’espace. Ainsi, l’historien médiéviste Philippe Ariès, dans L’enfant et la vie familiale sous l’Ancien Régime, 1960, montre que ce n’est que tardivement que les hommes ont pris conscience de la spécificité de l’enfance.

 

- Des rites de passage marquaient le passage d’un âge à l’autre. Par exemple, le service militaire marquait le passage d’un jeune homme à l’âge adulte. De tels rites tendent à disparaître. Le sociologue Olivier Galland a montré combien l’entrée dans l’âge adulte était progressive et accompagnée de retour en arrière, du fait de la précarité de la société actuelle. Cette période dure en moyenne quinze ans.

 

- L’obsession de la jeunesse a imprégné les mentalités. Passé un certain âge, les employés sont menacés de licenciement, car ils sont jugés peu performants. Les « soixante-huitards « essaient de garder une allure jeune. Inversement, les enfants imitent leurs aînés. Il semble que la société entière veuille avoir entre 18 et 35 ans. Mais une telle uniformisation n’est-elle pas dangereuse? Celle-ci risque de conduire à l’exclusion des personnes vieillissantes. Nous serions alors dans une situation semblable à celle de la nouvelle de Buzzati « Chasseurs de vieux «, où les plus jeunes attaquent les plus âgés. Inversement, des enfants trop précoces sont exposés à des dangers. Enfin, une standardisation culturelle prive une société d’une richesse indispensable à son renouvellement.

 

3/ La crise de l’autorité:

 

- Le processus démocratique, nous dit Tocqueville, repose sur une égalisation des conditions. Ainsi, les jeunes veulent les mêmes prérogatives que les plus âgés, alors que les société ont toujours fonctionné selon le « principe de séniorité « (domination des plus âgés). La « crise de l’autorité « est ainsi contenue en germe dans le processus démocratique. Aujourd’hui les parents négocient souvent avec leurs enfants, refusant de leur imposer une conduite. Les enfants sont éduqués de façon à être plus autonomes, qualité essentiel dans une société où la flexibilité est le maître mot.

 

- Mais les enfants ont de plus en plus de difficultés à se construire, faute de se confronter à leurs parents. Alors que Françoise Dolto donnait la parole à des enfants inhibés, écrasés par les adultes, les psychologues doivent aujourd’hui traiter des enfants « tout-puissants «, sans limite. La société de demain risque d’être ingouvernable.

 

Conclusion: Il manque donc des repères claires, communs à toutes les générations, mais qui respecteraient « ceux qui savent «: l’expérience des plus âgés profiterait aux plus jeunes.

 

II.  La culture classique peut-elle être une culture commune?

 

Discussion du doc. 3.

 

1/ Le débat:

 

- Nous pourrions alors nous demander si la culture classique, académique, peut encore constituer une référence commune pour toute la société. N’est-elle qu’une culture « morte « (cf. doc. 3)?

 

    * L’helléniste Jacqueline de Romilly, académicienne, a beaucoup milité contre l’abandon de l’enseignement des langues anciennes. Selon elle, la connaissance des cultures qui nous précédent est indispensable pour comprendre notre société. La littérature antique nous fait réfléchir aux problèmes fondamentaux de l’existence humaine.

    * Remarquons qu’en réalité, elle ne l’a jamais été: très peu de personnes avaient accès à celle-ci. Elle était même, selon le sociologue Pierre Bourdieu, l’instrument d’une « violence symbolique « faites à l’encontre des classes sociales moins dotées de capital culturel (cf. doc. 3). Plantu, dans sa série de caricatures intitulée Wolfgang, tu feras informatique!, dénonce avec humour les dysfonctionnements du monde éducatif.

    * Faut-il renoncer à l’enseignement de cette culture de « dominants «? Les nouvelles formes culturelles comme le rap par exemple, sont désormais intégrées à l’enseignement du français. Alain Finkelkraut, dans La défaite de la pensée (1987), s’est insurgé contre ce qu’il qualifie de « relativisme culturel «. Ce nivellement de la culture, qui associe aux chefs d’oeuvre de la pensée humaine des produits de la société de masse conduit à une déclin de la réflexion. Remarquons le retour à l’enseignement de la littérature classique dès l’école primaire: les enfants devraient connaître quelques fables de La Fontaine, quelques poésies célèbres, qui les accompagneront toute leur vie.

    * un tel débat est ancien, si l’on songe à la fameuse « Querelle des Anciens et des Modernes « au 17ème siècle, opposant les défenseurs de l’imitation des Anciens (Boileau, La Bruyère) et les « novateurs « (Perrault, Fontenelle). Force est de constater que tous ces auteurs sont désormais « classiques «.

 

2/ La « culture de masse « est-elle une culture commune?

 

- Il existe une culture « commune «: la culture de masse. Mais faire de cette culture de masse (émissions télévisées, musique de variété, publicités…) la culture commune capable de rassembler les différentes générations conduirait à une autre division: celles des gens instruits, ayant accès à la culture classique, et les autres. En réalité, même la culture de masse repose sur des références à la culture classique: les publicités, par exemple, font souvent allusion à des oeuvres célèbres. D’autre part, cette culture de masse est éphémère, soumise aux modes passagères. Elle ne pourrait donc fournir de repères, puisqu’en perpétuel changement: une culture commune aux générations est justement celle qui traversera les âges sans vieillir.

 

3/ Qu’est-ce qu’un « classique «?

 

- Les oeuvres « classiques « peuvent donc fournir des références « transgénérationnelles «. Mais ces oeuvres classiques peuvent très bien être des oeuvres contemporaines, aux formes nouvelles: comme le dit Italo Calvino dans La Machine Littérature, un « classique « est une oeuvre qu’on a jamais fini de relire et d’interpréter, et qui est toujours réactualisé (cf. doc. 3). De cette façon, « les classiques nous servent à comprendre qui nous sommes et où nous en sommes arrivés «. Ainsi s’explique le fait que certains auteurs célèbres de leur vivant tombent en désuétude. Ils intéressaient leur génération, mais n’ont pas su traverser le temps, faute de pouvoir être relus, réactualisés.

 

Conclusion: Les oeuvres « classiques « peuvent fournir des repères communs aux générations. Mais reste le délicat problème de l’accès à de telles oeuvres. La solution aux inégalités sociales et culturelles n’a pas encore été trouvée. La culture commune ne saurait donc n’être qu’une culture au sens de connaissances littéraires. Elle doit aussi reposer sur des valeurs morales et humaines communes.

 

III. Des valeurs à partager:

 

1/ Des jeunes plus conservateurs?

 

- Des enquêtes tendent à montrer que les jeunes, contrairement à leurs parents « soixante-huitards «, opteraient pour des valeurs traditionnelles: fidélité, mariage, rôle indispensable de la police, de l’armée.

 

- Si la générosité fait indéniablement partie des valeurs des jeunes, on observe également une radicalisation et une montée des extrêmes pour certains. L’abolition de la peine de mort n’est parfois plus une évidence.

 

2/ Se battre pour la liberté:

 

- Emile Zola dans sa Lettre à la jeunesse de 1897 remarquait que les jeunes oubliaient les combats de leurs aînés pour la liberté. Or, la liberté est une conquête sans fin: la tyrannie peut toujours être rétablie. Il appelle donc les jeunes à poursuivre les luttes de leurs prédécesseurs.

 

- Les jeunes doivent donc apprendre ce que signifie la liberté, et pourquoi il faut lutter contre toute forme d’intolérance et de tyrannie. Seule la culture peut exercer l’esprit critique, comme l’indique Voltaire dans son texte polémique De l’horrible danger de la lecture. La culture suppose aussi le travail de mémoire, pour éviter de nouvelles atrocités.

 

3/ La solidarité inter-générationnelle:

 

- Liberté, égalité, mais aussi fraternité: à l’heure où la population vieillit, où la question de la gestion des personnes très âgées se pose, la fraternité doit rester une valeurs essentielle. La très délicate réforme des retraites suppose une solidarité très forte entre les générations, sans laquelle un véritable conflit de générations risque d’apparaître: les plus jeunes ne comprendront pas pourquoi ils doivent se priver pour les plus âgés. Inversement, comme l’a montré le sociologue Louis Chauvel dans Le Destin des générations, les nouvelles générations sont dans une situation plus difficile que celle connue au même âge par leurs parents. Ces derniers doivent souvent aider leurs enfants pour réussir leur entrée dans la vie adulte.

 

Conclusion: Dans une société où l’espérance de vie est allongée, et donc dans laquelle il y a de plus en plus de générations en contact, la perte de repères communs semble menacer la cohésion de la société. Une société a besoin de renouvellement, mais aussi de stabilité: on ne peut construire de grandes oeuvres que sur la durée. Inversement, il faut lutter contre une homogénéisation culturelle appauvrissante . La fréquentation des oeuvres classiques fournit des références indispensables pour comprendre notre existence. La transmission des valeurs fondamentales de notre société: liberté, égalité, fraternité garantit un dialogue fructueux entre les générations, sans conflits ni confusion.

 

NB: Il aurait peut-être fallu s’impliquer davantage dans ce devoir. J’ai surtout proposé des pistes de réflexion.

 

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