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Primo Levi - Commentaire Du Poème Liminaire De Si C'est Un Homme

Publié le 05/12/2010

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primo levi

Primo Levi est un italien né à Turin en janvier 1919 d’une famille juive. En 1938  enseignement, armée, administration interdits aux juifs. En 1941, il obtient un doctorat de chimiste clandestinement et travaille dans un laboratoire de chimie à Milan. En 1943, il entre dans la résistance antifasciste « Justice et Liberté «. Le 13 décembre 1943 il est arrêté en tant que résistant. Le 22 Février 1944 il est déporté à Auschwitz. Il a travaillé à Monowitz dans une usine de caoutchouc synthétique. Fin 1944 les nazis ont besoin de chimistes et Primo Levi va alors travailler dans un laboratoire dans de meilleures conditions. Le camp est libéré en janvier 1945 mais Primo Levi ne rentre qu’en octobre 1945 en Italie. Il a tout de suite écrit Si c’est un homme publié en 1947. Au début, le livre n’a pas eu de succès (refus de croire l’expérience des camps) puis il est traduit dans toutes les langues. Le 11 avril 1987, il se suicide en se jetant de ses escaliers.

 

Ce texte est un liminaire de Si c’est un Homme. Il est resté sans succès jusqu’en 1958. Il a été écrit le 10 janvier 1946. Il sert d’épigraphe (indique l’esprit d’un livre). Il a été traduit de l’italien par Martine Schrusffeneger. 

 

I – L’adresse au lecteur

II – L’évocation des camps

III – Le devoir de mémoire

 

I – L’adresse au lecteur

 

1) Texte ancré dans la situation d’énonciation :

L’auteur montre sa présence (contraire du texte coupé de la situation d’énonciation). Le « je « est implicite. Les « vous « qui désignent les lecteurs au début et à la fin du texte, les impératifs et la malédiction finale montre la présence de Primo Levi dans le texte et interpellent le lecteur. 

2) Le titre original :

1er titre du texte : Shema  mot hébreu qui signifie « écoute « qui est le premier mot d’une prière : référence aux versets 4 et 9 du Deutéronome  où Moïse a reçu les 10 commandements de Dieu et il ordonne de les graver et de les transmettre.

3) Injonctions :

Texte construit sur les injonctions avec « considérez « (v.5-10) ; «n’oubliez pas « (v.15) ; …

Ces impératifs sont renforcés par les anaphores « Gravez ces mots dans votre cœur « (v.17) est une métaphore. « Pensez « (v.18) est renforcé par les compléments de lieu et de temps qui généralisent le verbe.

 

 

II – L’évocation des déportés (juifs, tziganes, homosexuels, handicapés)

 

1) Les déportés :

Le travail dans les camps est évoqué par des périphrases qui désignent les déportés.

Evocation des hommes (v.6-7-8-9) puis des femmes (v.10-11-12-13-14) avec « celui qui « et « celle qui «. Le pronom démonstratif « cela « (v.15) reprend les hommes et les femmes déshumanisés.

2) Les conditions de vie :

Les conditions de vie dans les camps sont évoqués de façon réaliste avec le travail (v.6) ; l’épuisement et la fatigue (v.7) ; la famine et la lutte pour la nourriture (v.8) et la mort (v.9). 

Il y a le champ lexical de la souffrance.

3) La déshumanisation :

Pour les femmes, l’auteur insiste sur la perte des repères humains  avec : 

- la déshumanisation (v.11)  les noms disparaissent et deviennent des matricules et perte des cheveux (c’est un zeugma = figure de style qui associe un COD abstrait et concret avec le même verbe)

- perte de mémoire (v.12)

- perte de la capacité de penser (v.13)

- adjectif « froid « qui vient qualifier le nom « sein « indique l’incapacité d’allaiter et d’enfanter : caractéristique propre à une femme

- comparaison avec une grenouille  dénuement et hibernation mortelle  animalisation 

 

III – Le devoir de mémoire

 

1) Devoir du lecteur :

Primo Levi s’adresse au lecteur de l’après-guerre qu’il présente au début du poème en antithèse avec la suite car les premiers vers évoquent la paix, le confort, la sécurité et l’amitié

2) Opposition du bonheur :

En opposition avec cette vision de bonheur on a :

- le passé des camps qui est actualisé par du présent de l’indicatif (valeur de vérité générale et de narration)

- la nécessité douloureuse de ce souvenir permanent (v.18-19)

- l’antithèse avec la malédiction des 3 derniers vers qui détruit ce bonheur et cette paix si le mémoire de devoir n’est pas fait

3) Malédiction :

La malédiction n’est pas un besoin de vengeance mais une malédiction vers tous les hommes qui n’ont pas connus les camps, qui n’en sont pas forcément responsables mais qui ont un devoir de mémoire à respecter. La malédiction prend la forme de souhait, de menace : elle est au subjonctif. On remarque une anaphore avec « que « (v.21-22-23) (traduction française).

C’est un anathème, une imprécation (=menace, maudit)

Cette malédiction est une référence au Deutéronome où Moïse voue au malheur ceux qui ne font pas le devoir de mémoire, il annonce des fléaux. Primo Levi prend la place de Moïse : cela transmet des images violentes. 

L’objectif est que l’horreur des camps ne se reproduise plus.

 

 

Conclusion :

 

Ce texte est un excellent exemple de poème argumentatif dont l’objectif est de persuader plus que convaincre de la nécessité du devoir de mémoire de la Shoahterme de Claude Lanzman pour l’holocauste)

Le récit en prose plus près du documentaire diffère de ce  poème.

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