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Quartier Libre (J. Prévert)

Publié le 01/01/2011

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Introduction : Prévert (1900 – 1977) publie, après la Seconde Guerre Mondiale, son recueil Paroles qui, comme ceux qui vont suivre, annonce un parti pris de simplicité dans une démarche poétique pourtant ambitieuse, basée sur la rupture. Il utilise l’humour, le plus souvent au service de la critique sociale ou des corps constitués comme l’armée. C’est le cas avec Quartier Libre, grâce notamment à l’un de ses mots clés de sa poésie : l’oiseau. Après avoir étudié le contexte militaire de l’œuvre, nous verrons qu’il s’agit d’un texte antimilitariste.

 

 

I – Un contexte militaire.

 

1)      L’univers militaire dans le poème.

Tout d’abord, on trouve le champs lexical de cet univers : « Quartier libre « ; « képi « ; « saluer « ; … On trouve, par la suite, trois occurrences du mot dans le poème : « commandant « dont le grade est compris entre celui du capitaine et celui du lieutenant – colonel. Le grade est certainement choisi pour ses connotations d’autorités.

Ce poème est bien marqué du sceau du vocabulaire militaire, ce qui permet de préciser les personnages essentiels du texte.

 

                    2 ) Les personnages.

Le personnage qui dit « Je « (vers 1 ; 2 ; 11), d’après le contexte qu’est celui de l’armée, sans doute de la caserne, le « je « qui conduit à l’énonciation est certainement un appelé, un soldat. Le poème est battit sur une opposition, un dialogue contradictoire entre les deux personnages, il y a une présence d’une structure négative. Le commandant, représentant l’officier supérieur, l’autorité. Enfin, le troisième personnage est l’oiseau dont on peut remarquer qu’il se confond avec le « je « de l’énonciation puisqu’il répond à sa place (vers 7 ; 9 ; 13 ; 14)

De part son contexte militaire, un champs lexical abondant, les personnages opposés hiérarchiquement (un officier, un second de classe), le poème s’oriente vers un antimilitarisme malicieux, c'est-à-dire traiter par l’humour, où l’oiseau, mot clé de la poésie de Prévert, joue tout son rôle.

 

 

II – Un poème malicieusement antimilitariste.

 

1)      Le renversement des valeurs.

Le départ du poème est constitué par une image forte, surréaliste (Prévert a fait un bout de chemin avec eux). Les valeurs sont renversées et pourtant, tout semble à sa place, comme s’il s’agissait de l’ordre naturel des choses. « Képi « et « cage « connote l’enfermement et l’oiseau et la tête font bon ménage, expriment un pensée libre, la liberté contre l’enfermement, d’où la justification du titre. La force de l’image de départ est soulignée par le choix en écho, en début de vers 1 et 2, de deux passés composés qui marquent l’accompli et la décision irrévocable et qui tranchent avec l’ordinaire.

 

 

 

 

2)      Le rôle, les fonctions, les valeurs incarnés par l’oiseau.

Sa place sur la tête au vers 3 fait de lui un emblème, celui de la liberté de pensées, associé à un acte fort. L’assurance de l’oiseau est un rien ironique, avec la reprise vers 8 et 9. L’inflexion du code militaire de l’arrogance à la courtoisie, la politesse, le respect du subalterne est aussi symbole d’un acte fort. Cet oiseau est la mise en doute des certitudes des codes intangibles, notamment ceux de l’armée (vers 11).

Encore une fois chez Prévert, l’oiseau, personnage essentiel, représente la fantaisie, l’humour, la liberté, les renversement des valeurs, la promotion des valeurs simples de la vie comme la politesse, le respect envers les humbles, ici un subalterne.

 

 

Conclusion :  Ainsi, le titre du recueil, Paroles, ce poème court, au vocabulaire simple, pourrai laisser penser à une certaine facilité de la poésie de Prévert. Le poème Quartier Libre, par sa forme suxinte et sa densité, vient de nous démontrer le contraire. Le champ lexical du militaire, les oppositions supérieurs/subalternes, le renversement des valeurs, nous oriente vers un des chevaux de batailles de Prévert, l’antimilitarisme. Associé à un de ses mots clé, l’oiseau, le mélange est détonnant ! Mais plus que la contestation du corps constitué, l’oiseau, avec sa fantaisie, son humour, sa politesse, sa détermination aussi représente, particulièrement dans ce poème, la part de liberté irréductible de tout individu, fut-il un soldat.

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