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Que peut prouver un exemple?

Publié le 10/02/2011

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REMARQUES D'ENSEMBLE SUR LE SUJET. ® Analyse de la question.    — Problème central: le statut de l'exemple.    La notion de preuve ne doit pas être confondue avec celle, plus générale, d'argument. Est preuve ce qui permet d'établir la vérité d une proposition en montrant qu'elle est solidaire d'un ensemble de propositions connues.    Le problème est de savoir quel rôle on peut accorder à un exemple dans une démarche intellectuelle. Cette question prend surtout un sens lorsque l'objet de la réflexion est de déterminer l'interprétation d'un phénomène, de fournir l'explication d'un processus réel, ou d'étayer une thèse donnée (la distinction de ces trois types de buts sera exploitée pour alimenter la réflexion).    — Enjeu critique de la question.    Le recours à l'exemple est très fréquent dans les discussions quotidiennes. Il fonctionne généralement comme l'invocation d'un vécu concret, singulier, dont le témoignage se suffirait à lui-même. On lui prête ainsi le pouvoir de démontrer une thèse, qui se dégagerait d'ailleurs d'elle-même de l'exemple invoqué. On renforce généralement les effets d'une telle « démonstration « en accumulant les détails descriptifs. Prenons un échantillon très répandu de ce genre d'argument, dont nous ne savons encore s'il constitue une preuve : « Un tel, fils de manœuvre, est devenu chirurgien-à-cœur-ouvert «. [Thèse défendue: «Cela prouve bien que l'origine sociale n'est pour rien dans la réussite ou dans l'échec «].    Cheminement suggéré. (Indications succinctes).    — (introduction) : le « sol du problème «. Fréquence des « raisonnements « construits sur des exemples. Mais tout exemple n'a-t-il pas son contre-exemple? Caractère problématique de l'argumentation mobilisant des exemples => nécessité d'envisager le statut réel de l'exemple.    — (première partie) : définitions des termes et mise en place générale du problème.    — (deuxième partie) : le fonctionnement de la « preuve par l'exemple «. Analyse critique des généralisations implicites, non maîtrisées, qui sous-tendent l'argumentation, à base d'exemples.    — (troisième partie) : analyse des conditions de validité de l'exemple utilisé non comme preuve, mais comme illustration représentative. Le problème de la pertinence de l'exemple, et sa signification statistique.    — (conclusion): un exemple ne prouve donc rien. Il illustre, tout au plus, ce qu'une théorie préalable explicite démontre. Aucune démonstration ne peut faire l'économie d'une réflexion critique. Un fait ne parle pas de lui-même. On rejoint ici le problème de la fausse immédiateté du concret vécu et de l'intelligibilité spontanée qui lui serait inhérente.    • Une lecture utile pour approfondir l'élucidation logique du statut de l'exemple. Lewis Caroll, Logique sans peine. (Traduction française, Hermann, pages 172 et suivantes.)   

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