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« Quel est le principe moteur du bonheur conjugal ?»

Publié le 17/08/2010

Extrait du document

 

Vous croyez peut-être que les chercheurs en sciences sociales ont pris l'habitude d'étudier l'excellence dans le but d'en apprendre davantage sur ce phénomène comme tel, mais il n'en est rien. Au cours des cents dernières années, ou à peu près, la pensée dominante a dicté que le bien était l'opposé du mal. Par conséquent, pour comprendre le bien, il fallait étudier le mal, après quoi il suffisait d'inverser les conclusions. Ainsi, la dépression et la névrose faisaient l'objet d'études dans le but de comprendre la joie. Les enfants drogués faisaient l'objet d'études pour que l'on comprenne comment dissuader les jeunes de consommer de la drogue. L'absentéisme scolaire faisait l'objet d'études afin de déterminer comment prévenir le décrochage. Et les mariages malheureux faisaient l'objet d'études pour aider les gens à éviter le divorce. Il n'est pas étonnant de constater que ces études aient mené à la conclusion que, dans les mariages malheureux, un des deux partenaires ne comprend pas très bien l'autre, et qu'il se révèle incapable de nommer avec précision les forces, les faiblesses et les valeurs de son conjoint. Par conséquent, sur la base de la conception dominante selon laquelle le bien était l'opposé du mal, les conseils donnés aux gens qui suivaient une thérapie de couple consistaient à dire que l'amour pouvait être aveugle, mais qu'une relation solide ne devait pas l'être. Dans une relation solide, une connaissance claire des forces, des faiblesses et des valeurs du partenaire devrait, avec le temps, remplacer avantageusement l'élan passionnel des premières amours. Il fallait donc être à l'écoute de son conjoint, comprendre qu'il ou elle puisse voir les choses différemment. Il fallait l’aimer pour ses forces, mais aussi savoir en quoi consistaient ses faiblesses, les accepter et lui offrir du soutien. C'est ainsi qu'un tout parfait était formé à partir de deux moitiés imparfaites. À première vue, ce conseil — remplacer l'amour aveugle par une compréhension précise de la personne qu'est réellement notre conjoint — semble plein de bon sens. En effet, si un homme connaît sa femme à fond, celle-ci se sentira mieux comprise et donc plus en sécurité dans la relation. En revanche, si cet homme s'attend à ce que son épouse possède des forces qu'elle n'a pas en réalité, un affrontement risque de survenir lorsque le comportement de la femme prendra le mari par surprise. Pire, si une personne s'accroche à une vision idéalisée de son conjoint ou de sa conjointe, il arrivera tôt ou tard un moment où ce dernier ne sera pas à la hauteur des attentes, et la relation, fragile parce que bâtie sur une illusion, risque de craquer de toutes parts. Ainsi, ce conseil semble tenir la route à bien des égards. Toutefois, depuis deux décennies, les études portent de moins en moins sur les mauvais mariages. Sous l'influence des leaders de l'école de la psychologie positive — Martin Seligman, Donald O. Clifton, Mihaly Csikszentmihalyi, Ed Diener —, la conception dominante a commencé à intégrer l'idée selon laquelle le bien n'est pas l'opposé du mal, mais qu'il constitue quelque chose de tout simplement différent, et que si l'on veut vraiment déterminer en quoi consistent les caractéristiques des mariages réussis, il faut étudier ces mariages avec autant d'attention et de rigueur que l'avaient été jusque-là les échecs matrimoniaux. Si l'on pouvait découvrir ce qui se trouvait au cœur des mariages réussis, et offrir des conseils formulés à partir de ces découvertes, on serait beaucoup plus en mesure d'aider les gens à bâtir des rapports satisfaisants et durables. Les chercheurs de la State University of New York à Buffalo, des universités du Michigan, de la Colombie- Britannique et de Waterloo ainsi que de la Sussex University, au Royaume-Uni, ont opté pour cette approche, et les résultats qu'ils ont obtenus viennent directement remettre en question l'idée tenue pour acquise jusque- là selon laquelle un mariage heureux repose sur une compréhension claire de son conjoint et une acceptation mutuelle profonde. Ces chercheurs ont plutôt établi une caractéristique de base des mariages heureux. Cette caractéristique est si contraire à l'intuition que la plupart des gens ont de la difficulté à l'accepter au départ. Mais après mûre réflexion, elle permettra peut-être de nous mener à l'idée maîtresse qui se trouve au cœur de tous les mariages réussis. Ces chercheurs ont interviewé des milliers de couples heureux en mariage et vivant ensemble, dans le cadre de nombreuses études différentes. Cependant, pour les besoins de notre exposé, je m'en tiendrai à celle qui a attiré mon attention en premier. Dans cette étude, le Dr Sandra Murray, professeur à la SUNY à Buffalo à la voix douce et posée, a commencé, avec ses collègues, par demander à 105 couples (77 étaient mariés et 28 vivaient en union de fait) de s'évaluer mutuellement à partir d'une liste de qualités telles que « gentil et affectueux «, « ouvert et communicatif «, « tolérant et porté à l'acceptation «, « patient «, « chaleureux « et « sociable «. Ils ont ensuite demandé aux couples noter le degré de satisfaction que leur procurait leur relation. Loin d'être des tourtereaux en pleine lune de miel, ces participants étaient en couple depuis longtemps. La durée moyenne des relations était de 10,9 années. (Note : à partir d'ici, je vais m'exprimer en adoptant le point de vue du mari qui évalue son épouse. Cela sera plus facile pour moi et, j'ose l'espérer, rendra mes explications des résultats de l'étude plus faciles à comprendre. Si vous n’avez pas envie de prendre connaissance vous-même du document de recherche, vous allez devoir me faire confiance quand je vous dis que tout ce que je suis sur le point de décrire s'applique tant au mari qui évalue sa femme qu'à la femme qui évalue son mari. Si vous voulez l'étude, elle s'intitule « What the Motivated Mind Sees « [Ce que voit l'esprit motivé], et elle a été publiée dans la revue Journal of Experimental Social Psychology, volume 36, p. 600-620. S’il est vrai qu'une compréhension claire de son conjoint est essentielle à l'établissement d'une relation solide, dans ce cas, lorsqu'un mari donne une note élevée à sa femme dans les catégories « patiente «, « chaleureuse « et « sociable « et une note plus basse pour « ouverte et communicative «, et que la femme se donne la même évaluation, alors on aura affaire à un couple des plus heureux. En autres termes, lorsque les évaluations des conjoints correspondent, le degré de satisfaction face au mariage devrait être élevé. Or, apparemment, il n'en est rien. Il n'existe aucune corrélation entre, d'une part, une correspondance entre la note attribuée par le mari à sa femme et celle qu'elle s'attribue elle-même et, d'autre part, le degré de bonheur que procure la relation. Je ne dis pas qu'il y a une corrélation négative. Une connaissance éclairée de la part des conjoints de leurs forces et faiblesses mutuelles, ne rend pas non plus le couple plus insatisfait. Il n'existe tout simplement aucune corrélation, aucun lien observable entre une compréhension claire de l'autre et la satisfaction conjugale. Toutefois, une tendance distincte est ressortie dans le cadre de l'étude. Dans les couples les plus heureux, le mari avait donné à sa femme une note plus élevée que celle qu'elle s'était elle-même octroyée, et ce, pour chacune des qualités. Pour une raison ou pour une autre, le mari, dans une relation hautement satisfaisante, attribuait systématiquement à sa conjointe des qualités qu'elle ne croyait pas posséder. J'entends déjà les cyniques affirmer que le mari a attribué ces notes parce qu'il souffrait de confusion mentale. Si ma femme ne croit pas avoir certaines qualités, mais qu'au bout de dix ans je crois encore qu'elle les possède, alors le mot « confusion « n'est peut-être pas trop fort. Les chercheurs, toutefois, ont opté pour des termes un peu plus modestes, comme « illusions positives «, « distorsions bienfaisantes « et « idéalisations « ; mais quelle que soit la formule employée, la conclusion ne faisait aucun doute : dans les couples les plus heureux, le mari demeure aveugle. Peut-être vous demandez-vous si l'heureux mari, aveuglé par ses illusions positives, ne fonce pas tout droit vers l'échec. Du genre : ma femme et moi sommes heureux aujourd'hui, mais malheur à nous le jour où ma femme ne se comportera plus selon mes attentes. Comme les chercheurs ont eu cette même réflexion, ils ont décidé d'observer les couples pendant quelques années. Qu'ont-ils découvert ? Au bout de quelques mois, le mari qui avait accordé à sa femme une note élevée pour des qualités qu'elle ne croyait pas posséder, s'est dit non seulement encore plus content de sa relation, mais a rapporté un sentiment de satisfaction encore plus élevé, avec moins de conflits et moins de moments de doute. Alors voilà : le mari qui suppose que sa femme possède des qualités dont elle-même se croit dépourvue, jouira d'un mariage solide aujourd'hui, et encore davantage demain. Je dois admettre que lorsque j'ai pris connaissance de cette conclusion, celle-ci m'a semblé pour le moins bizarre, comme c'est peut-être aussi votre cas. Une compréhension mutuelle claire entre les deux conjoints ne mène pas à une relation plus solide ? Comment cela peut-il être vrai ? Étant donné que toutes les études confirmant ce singulier résultat sont parues dans des publications scientifiques spécialisées, j'avais confiance en la véracité de leurs conclusions. Mais pourquoi ces conclusions étaient-elles exactes ? Voici comment les chercheurs commencent leurs explications : Peu de décisions ont un enjeu plus grand que celle de s'engager dans une union avec une personne en particulier. Il n'existe probablement aucun autre contexte où des adultes acceptent de lier la réalisation de leurs espoirs et de leurs objectifs à la bonne volonté d'une autre personne. Pour se sentir heureux et en sécurité face à une telle vulnérabilité, les gens ont besoin de croire que leur relation est vraiment saine et qu'ils peuvent compter sur le fait que leur partenaire demeurera attentif et présent en tout temps et dans toutes les situations. Lorsque j'unis ma destinée à celle de ma femme, je prends l'un des engagements les plus importants de ma vie. Pour éviter toute dissonance cognitive, je me fais croire que cet engagement est bon pour moi. Mon problème, c'est que ma femme n'est pas parfaite et ne voit pas le monde exactement de la même façon que moi. Si je m'attarde trop sur ces imperfections et ces différences de perspective, je risque d'éprouver un sentiment d'insécurité face à ma décision et, par voie de conséquence, face à la solidité de ma relation. Je serai alors moins à l'aise dans les situations d'intimité, j'aurai moins tendance à pardonner, je serai moins positif dans mes jugements face à mon épouse, et notre relation finira par s'écrouler. C'est pourquoi j'exagère les aspects positifs pour rendre mon engagement plus facile. J'en viens à croire que ma femme possède plus de qualités qu'elle pense elle-même en avoir. Ces perceptions sont peut-être inexactes, dans le sens qu'elles ne reflètent peut-être pas la personne qu'est réellement mon épouse, mais elles sont très utiles au maintien de notre union. Elles me font me sentir sûr de ma décision et confiant dans ma relation, et c'est pourquoi, même dans les moments de grande vulnérabilité, la confiance que j'ai dans ma relation l'emporte sur mon besoin de conservation de soi. Étant donné que mes illusions positives me donnent de la force, lorsque ma femme fait quelque chose qui me contrarie, je n'ai pas tendance à me retirer et à chercher une façon de prendre ma revanche (pas souvent, ni délibérément ; du moins, pas souvent délibérément), mais plutôt à aller vers elle et à établir une communication plus intime. Par conséquent, au fil du temps, mes illusions positives créent une spirale d'amour ascendante. Mes illusions me procurent un sentiment de conviction, et cette conviction me permet de me sentir en sécurité. Cette sécurité favorise l'intimité, qui à son tour, contribue à renforcer l'amour. Si l'on met ensemble toutes ces conclusions, l'idée maîtresse que l'on obtient peut alors constituer le principe moteur du bonheur matrimonial : Trouver l'explication la plus généreuse des comportements de l'autre et y croire. L'amour commence toujours par des illusions positives, mais dans les mariages solides, ces illusions positives ne s'effacent pas pour faire place à un inventaire dénué de passion des forces et des faiblesses du conjoint. Ces illusions imprègnent plutôt de leur force la fibre même de la relation, jusqu'à devenir la relation elle-même. Elles sont le moteur de leur propre concrétisation. Bref, pour dire les choses clairement, ce sont les illusions positives qui font durer l'amour. Comme toutes les idées maîtresses, ce principe moteur devrait vous aider à agir avec une plus grande précision dans le but de solidifier votre relation. Par exemple, les chercheurs nous disent que lorsque vous remarquez une faiblesse chez votre conjoint, vous devriez éviter de la compartimenter. Il ne faut pas tracer une ligne autour de cette caractéristique, ni lui donner un nom. Il importe aussi de ne pas la placer d'un côté en essayant, de l'autre, de l'équilibrer avec des caractéristiques positives, comme l'illustre le raisonnement qui suit : « Bien sûr, elle a mauvais caractère, mais d'un autre côté, elle est aussi attentionnée et créative «. Le fait d'équilibrer des faiblesses clairement délimitées avec des qualités tout aussi clairement délimitées pourrait paraître sensé, mais malheureusement, cela n'aidera aucunement votre relation. La recherche révèle que les conjoints qui ont tendance à procéder de la sorte finissent par avoir plus de doutes et plus de conflits, et que leur relation devient moins satisfaisante avec le temps. C'est presque comme si, en définissant les faiblesses de votre conjoint de façon précise et claire, vous leur confériez un pouvoir indu. Ces faiblesses resteront tapies dans les coulisses pendant quelque temps, mais comme le vilain personnage d'une pièce de théâtre, elles peuvent surgir de la pénombre à tout moment et tout faire basculer. Les chercheurs nous conseillent plutôt, lorsque nous remarquons une faille chez notre conjoint, de la formuler dans notre esprit comme un aspect d'une force. Ainsi : - « elle n'est pas impatiente, elle est intense « ; ou « elle n'a pas l'esprit étroit, elle est concentrée «. Au départ, vous aurez sûrement l'impression de vous mentir à vous-même, alors qu’en fait, vous manœuvrez de façon très intelligente. Souvenez-vous : les relations qui demeurent solides au fil du temps sont celles où chaque partenaire trouve le moyen de capitaliser sur l'image idéalisée qu'il a de l'autre. En transformant des faiblesses en aspects d'une force, vous intégrez toute l'information existante sur votre conjoint dans cette image idéalisée. Par conséquent, cette image idéalisée est plus forte et plus solide parce qu'aucune nouvelle information, aucun défaut nouvellement découvert ne peuvent la défaire. Toute nouvelle lacune est tout simplement reformatée pour devenir une partie d'une force, laquelle est immédiatement intégrée dans votre image idéalisée. Comme je l'ai dit précédemment, cette façon de voir va à l'encontre de l'opinion généralement acceptée en matière de mariage, et vous aurez probablement de la difficulté à la concilier avec la vision que vous avez de votre propre relation. Cela veut-il dire que vous ne devriez pas essayer de comprendre votre conjoint ? Cela veut-il dire que vous et votre conjoint ne devriez jamais vous disputer ? Que se passe-t-il si vos illusions positives sont constamment détruites parce que vous et votre partenaire accordez de l'importance à des choses diamétralement opposées ? Les réponses à ces questions pourraient probablement faire l'objet d'un livre entier, et comme elles dépassent largement mon propos, je ne m'y attarderai pas dans le cadre du présent ouvrage. Néanmoins, en dépit de ces questions, j'ai choisi d'inclure les résultats de cette recherche récente sur le bonheur conjugal parce qu'ils découlaient clairement d'une étude rigoureuse de l'excellence. Ces résultats devraient à tout le moins vous inciter à vous arrêter et à réfléchir à la façon dont vous choisissez de percevoir votre conjoint. Comme le révèle la recherche, en plus de colorer votre réalité présente, vos perceptions, en influant sur votre relation, contribuent du même coup, à façonner votre réalité future. Et si vous craignez que toutes ces conclusions soient issues d'une nouvelle étude à la mode dont les résultats seront probablement réfutés par d'autres études à venir, je me permets de citer William Blake, poète du dix-huitième siècle. Il affirme en substance la même chose que l'étude, nous rappelant par le fait même que pratiquement tout a déjà été dit : Les désirs de l'homme sont limités à ses perceptions, on ne peut désirer ce qu'on ne perçoit pas. Alors, lorsque vous regarderez votre conjoint ou votre conjointe, choisissez avec soin vos perceptions, car ce sont elles qui alimenteront votre désir.

 

 

« basse pour « ouverte et communicative », et que la femme se donne la même évaluation, alors on aura affaire à un couple desplus heureux.

En autres termes, lorsque les évaluations des conjoints correspondent, le degré de satisfaction face au mariagedevrait être élevé.Or, apparemment, il n'en est rien.

Il n'existe aucune corrélation entre, d'une part, une correspondance entre la note attribuée parle mari à sa femme et celle qu'elle s'attribue elle-même et, d'autre part, le degré de bonheur que procure la relation.

Je ne dis pasqu'il y a une corrélation négative.

Une connaissance éclairée de la part des conjoints de leurs forces et faiblesses mutuelles, nerend pas non plus le couple plus insatisfait.

Il n'existe tout simplement aucune corrélation, aucun lien observable entre unecompréhension claire de l'autre et la satisfaction conjugale.Toutefois, une tendance distincte est ressortie dans le cadre de l'étude.

Dans les couples les plus heureux, le mari avait donné à safemme une note plus élevée que celle qu'elle s'était elle-même octroyée, et ce, pour chacune des qualités.

Pour une raison oupour une autre, le mari, dans une relation hautement satisfaisante, attribuait systématiquement à sa conjointe des qualités qu'elle necroyait pas posséder.J'entends déjà les cyniques affirmer que le mari a attribué ces notes parce qu'il souffrait de confusion mentale.

Si ma femme necroit pas avoir certaines qualités, mais qu'au bout de dix ans je crois encore qu'elle les possède, alors le mot « confusion » n'estpeut-être pas trop fort.

Les chercheurs, toutefois, ont opté pour des termes un peu plus modestes, comme « illusions positives »,« distorsions bienfaisantes » et « idéalisations » ; mais quelle que soit la formule employée, la conclusion ne faisait aucun doute :dans les couples les plus heureux, le mari demeure aveugle.Peut-être vous demandez-vous si l'heureux mari, aveuglé par ses illusions positives, ne fonce pas tout droit vers l'échec.

Du genre: ma femme et moi sommes heureux aujourd'hui, mais malheur à nous le jour où ma femme ne se comportera plus selon mesattentes.Comme les chercheurs ont eu cette même réflexion, ils ont décidé d'observer les couples pendant quelques années.

Qu'ont-ilsdécouvert ? Au bout de quelques mois, le mari qui avait accordé à sa femme une note élevée pour des qualités qu'elle ne croyaitpas posséder, s'est dit non seulement encore plus content de sa relation, mais a rapporté un sentiment de satisfaction encore plusélevé, avec moins de conflits et moins de moments de doute.Alors voilà : le mari qui suppose que sa femme possède des qualités dont elle-même se croit dépourvue, jouira d'un mariagesolide aujourd'hui, et encore davantage demain.Je dois admettre que lorsque j'ai pris connaissance de cette conclusion, celle-ci m'a semblé pour le moins bizarre, comme c'estpeut-être aussi votre cas.

Une compréhension mutuelle claire entre les deux conjoints ne mène pas à une relation plus solide ?Comment cela peut-il être vrai ? Étant donné que toutes les études confirmant ce singulier résultat sont parues dans despublications scientifiques spécialisées, j'avais confiance en la véracité de leurs conclusions.

Mais pourquoi ces conclusions étaient-elles exactes ?Voici comment les chercheurs commencent leurs explications :Peu de décisions ont un enjeu plus grand que celle de s'engager dans une union avec une personne en particulier.

Il n'existeprobablement aucun autre contexte où des adultes acceptent de lier la réalisation de leurs espoirs et de leurs objectifs à la bonnevolonté d'une autre personne.

Pour se sentir heureux et en sécurité face à une telle vulnérabilité, les gens ont besoin de croire queleur relation est vraiment saine et qu'ils peuvent compter sur le fait que leur partenaire demeurera attentif et présent en tout tempset dans toutes les situations.Lorsque j'unis ma destinée à celle de ma femme, je prends l'un des engagements les plus importants de ma vie.

Pour éviter toutedissonance cognitive, je me fais croire que cet engagement est bon pour moi.

Mon problème, c'est que ma femme n'est pasparfaite et ne voit pas le monde exactement de la même façon que moi.

Si je m'attarde trop sur ces imperfections et cesdifférences de perspective, je risque d'éprouver un sentiment d'insécurité face à ma décision et, par voie de conséquence, face àla solidité de ma relation.

Je serai alors moins à l'aise dans les situations d'intimité, j'aurai moins tendance à pardonner, je seraimoins positif dans mes jugements face à mon épouse, et notre relation finira par s'écrouler.C'est pourquoi j'exagère les aspects positifs pour rendre mon engagement plus facile.

J'en viens à croire que ma femme possèdeplus de qualités qu'elle pense elle-même en avoir.

Ces perceptions sont peut-être inexactes, dans le sens qu'elles ne reflètentpeut-être pas la personne qu'est réellement mon épouse, mais elles sont très utiles au maintien de notre union.

Elles me font mesentir sûr de ma décision et confiant dans ma relation, et c'est pourquoi, même dans les moments de grande vulnérabilité, laconfiance que j'ai dans ma relation l'emporte sur mon besoin de conservation de soi.

Étant donné que mes illusions positives medonnent de la force, lorsque ma femme fait quelque chose qui me contrarie, je n'ai pas tendance à me retirer et à chercher unefaçon de prendre ma revanche (pas souvent, ni délibérément ; du moins, pas souvent délibérément), mais plutôt à aller vers elle età établir une communication plus intime.Par conséquent, au fil du temps, mes illusions positives créent une spirale d'amour ascendante.

Mes illusions me procurent unsentiment de conviction, et cette conviction me permet de me sentir en sécurité.

Cette sécurité favorise l'intimité, qui à son tour,contribue à renforcer l'amour.Si l'on met ensemble toutes ces conclusions, l'idée maîtresse que l'on obtient peut alors constituer le principe moteur du bonheur. »

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