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Quelle distinction faites-vous entre l'homme et l'animal ?

Publié le 25/07/2011

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La volonté parle encore quand la nature se tait. » Cette affirmation de Rousseau résume à elle-seule la pensée du philosophe au sujet d’un thème dont le siècle des Lumières s’est saisi, celui de la différence entre l’homme et l’animal. Il s’agissait en effet de poser les fondements d’une philosophie nouvelle, l’humanisme, destinée à se substituer à la cosmologie grecque et au christianisme, tous deux en perte de vitesse face au doute alimenté par les découvertes de la science et l’évolution des mœurs. Mais une doctrine du salut originale, qui se revendique comme exclusivement anthropocentrique, ne peut exister qu’à condition de définir la singularité chez l’homme et ainsi lui permettre d’être la pierre angulaire de cette pensée novatrice. La philosophie va donc s’atteler à déterminer la ou les spécificités de l’être humain par rapport à son environnement, en axant toute la réflexion sur ce qui nous différence de l’animal car c’est celui qui au monde nous ressemble le plus. La production philosophique sera donc très dense sur cette question. Descartes par exemple s’y intéresse et conclut que l’animal n’est pas un homme parce qu’il ne souffre pas. Il considère la bête comme une machine, certes particulièrement complexe, mais qui n’en est pas moins régie par des mécanismes dont la souffrance serait exclue. D’autres théoriciens prolongent la tradition aristotélicienne, à savoir que l’homme est un animal comme les autres mais avec la raison en plus. Quant à Rousseau, il ne partage pas ces deux conceptions. Il observe la nature et se rend compte que l’intelligible et l’émotion y sont bien présents. Les animaux développent des signes d’intelligence, il est vrai à des degrés moindres par rapport aux aptitudes humaines. L’animal souffre également, notamment celui de compagnie qui ressent de la tristesse lorsqu’il se trouve séparé de son maître. Rousseau réfute ainsi les idées qui l’ont précédé quant à la singularité de l’être humain et énonce une théorie qui parachève le débat. Selon lui, l’homme se distingue du règne animal par la liberté qui le caractérise, c'est-à-dire par sa capacité à dépasser sa nature pour tendre vers la perfectibilité. Le progrès est une composante humaine, comme le démontre l’évolution des villes comparée à l’immobilisme des sociétés animalières. L’animal quant à lui n’a pas cette faculté de se sortir du cadre naturel qui est le sien, de se soustraire à ses penchants instinctifs. L’homme au contraire peut s’arracher du réel, se poster en observateur du monde et ainsi procéder à des jugements ; il connaît l’alternative et choisit en conséquence. On ne peut décider pour agir, au-delà de tout enchaînement primitif, qu’à condition de ne pas être immergé dans son milieu sans avoir la capacité d’en sortir la tête. La liberté, c’est être disposé à commettre l’excès.

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