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QUELLES EVOLUTIONS POUR LA CONDITION OUVRIERE ?

Publié le 13/01/2011

Extrait du document

ETUDE D’UN ENSEMBLE DOCUMENTAIRE – CORRIGE Š QUELLES EVOLUTIONS POUR LA CONDITION OUVRIERE ? Première partie Š Analysez l’ensemble documentaire en répondant aux questions suivantes1. Pendant l’âge industriel, tous les ouvriers n’effectuent pas le même travail, ni dans les mêmes conditions. Les documents 1 et 2 montrent un atelier d’ajustage dans les années 1880 et une chaîne de montage en 1930. Sur la première photo, tous les ouvriers sont debout devant leur établi, disposant du même outillage pour effectuer leur travail. Visiblement, ils effectuent tous la même tache, ce qui laisse penser qu’ils fabriquent tous une pièce identique dans son intégralité. Ceci suppose qu’ils ont un savoir-faire particulier : ce sont certainement des ouvriers qualifiés. Sur la deuxième photo, les ouvriers sont debout devant un tapis roulant qui fait passer des objets devant eux. Chacun effectue une tâche précise sur la pièce qui défile et le travail de ceux amont de la chaîne influence le travail de ceux en aval. Les cadences sont rapides et le travail répétitif. Il s’agit sans doute d’ouvriers spécialisés. 2. Entre le milieu du XIXème siècle et le milieu du XXème siècle, les conditions de vie et de travail des ouvriers se sont améliorées. Au début de l’âge industriel, l’ouvrier dispose d’un salaire très bas qui l’oblige à faire travailler quasiment tous les membres de sa famille : le document 3 fait référence aux salaires perçus par l’épouse et les enfants. De plus, la journée de travail est souvent très longue (elle varie entre 12 et 10 heures de travail quotidien dans la deuxième moitié du XIXème siècle). Le travail est souvent physique, dans des ateliers où il fait chaud, et il est aussi parfois abrutissant. Mais à la fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle, la durée hebdomadaire du travail diminue, le travail des enfants est interdit et les premiers droits sociaux protégeant les ouvriers voient le jour : ils peuvent manifester légalement leur mécontentement en faisant grève, ils disposent des premières assurances sociales contre le chômage, la vieillesse et les accidents du travail. Concernant les conditions de vie, les documents 3 et 4 mettent en évidence une évolution positive. Alors qu’en 1840, la quasi-totalité (87%) du revenu d’une famille ouvrière est consacrée au logement ou à la nourriture, cette proportion diminue nettement avec le temps : elle n’atteint pas plus que 77% en 1913 et 59% en 1937. Par conséquent, si les familles ouvrières consacrent proportionnellement moins d’argent aux besoins vitaux, elles peuvent améliorer leur confort de vie en ayant un logement plus décent (mieux chauffé, mieux meublé, plus grand). Le document 5 montre un intérieur ouvrier qui est meublé simplement mais qui ne manque de rien (table, chaises, vaisselier, lustre…). D’autre part, on voit apparaître dans le budget des postes de dépenses nouveaux, tels ceux consacrés aux loisirs et ils augmentent. C’est surtout vrai en France à partir de 1936 où les salariés obtiennent 15 jours de congés payés. 3. Un certain nombre de facteurs d’explication permettent de comprendre cette amélioration des conditions de vie. Elle s’explique d’abord par une élévation du revenu ouvrier. L’âge industriel est à l’origine de gains de productivité ce qui a permis à l’entreprise de produire plus, de vendre plus donc d’augmenter son chiffre d’affaire qu’elle a en partie redistribué à ses salariés sous la forme d’augmentations de salaires ou de primes. Par conséquent, les familles ouvrières ont bénéficié d’un revenu supérieur, ce qui leur a permis de consacrer une part moins importante de leur revenu dans les dépenses vitales. De plus, les progrès de l’hygiène – dont il est question dans le document 4 – ont permis aux populations ouvrières de vivre mieux et plus longtemps : les premiers vaccins et les médicaments sont découverts et les maladies dont on mourrait encore jusque là peuvent désormais être soignées. Les syndicats ont aussi joué un grand rôle. Ils ont souvent contribué par les grèves ou les négociations avec le patronat à obtenir des avancées sociales non négligeables : la réduction du temps de travail, les congés payés… L’organisation de la classe ouvrière en groupe de pression est une des conditions de son mieux-être à l’âge industriel. Enfin, l’Etat, en adoptant des lois sociales, a fait progresser la condition ouvrière : il s’agit de corriger les excès du libéralisme. 4. Ce constat très général d’une amélioration des conditions de vie de la classe ouvrière ne doit cependant pas cacher un certain nombre d’inégalités qui perdurent. Le document 2 montre que la généralisation du travail à la chaîne, à partir du début du XXème siècle, a rendu le travail des ouvriers souvent plus abrutissant. L’adoption de l’organisation scientifique du travail a conduit à la généralisation des ouvriers spécialisés qui font un travail répétitif, n’ont pas de qualifications et sont donc généralement peu payés. De plus, l’évolution du budget d’une famille ouvrière ne laisse, même à la veille de la Seconde Guerre mondiale, encore que peu de place pour la détente et les loisirs : bien souvent, les ouvriers – qui disposent de 15 jours de congés payés – n’ont pas les moyens de partir en vacances. 5. Le document 4 doit être manipulé car il est produit par un syndicat ouvrier français, la CGT. Ce document insiste lourdement sur les méfaits des longues journées de travail pour les ouvriers : l’argument employé sur l’affiche – les longues journées conduisent à l’alcoolisme – n’est pas très convaincant. Ce document n’est pas du tout objectif. De plus, le document 3 est lui aussi à manipuler avec précaution car il ne propose que le budget d’une famille d’ouvriers parisiens : il est donc difficile de généraliser le cas d’une seule famille à la totalité des ouvriers de France à la même époque. Il est donc ennuyeux de comparer les chiffres du document 3a, qui ne sont relatifs qu’à une famille, et ceux du document 3b, qui ont l’air d’être une moyenne nationale. Deuxième partie Š Rédigez une réponse organisée en fonction du sujet proposéAfin de bien distinguer ce qui relève des connaissances personnelles de ce qui relève des idées extraites du dossier documentaire, deux styles différents sont utilisés dans la correction : - en gras, vous trouverez les éléments tirés des connaissances personnelles ; - en italique, vous trouverez les éléments tirés du dossier documentaire. Introduction Š définition des termes et présentation du sujetL’âge industriel voit l’essor des activités industrielles dans l’économie et l’affirmation des catégories ouvrières dans la société. Elle se produit en Europe occidentale et en Amérique du Nord du milieu du XIXème siècle au milieu du XXème siècle. Vers 1850, les conditions de vie et de travail de la classe ouvrière sont encore précaires alors qu’à la veille de la Seconde Guerre mondiale, son revenu a augmenté, son temps de travail a diminué et elle est désormais protégée. Quels sont donc les manifestations et les facteurs d’une telle évolution ? A. Des conditions de travail entre progrès et reculVers 1850, les conditions de travail des ouvriers sont précaires. Ils travaillent pendant 10 à 12 heures par jour et perçoivent souvent un salaire très faible : les ouvriers sont obligés pour compléter leur revenu de faire travailler leur épouse et leurs enfants, ce qui traduit bien la pauvreté de la classe ouvrière au milieu du XIXème siècle. De plus, les ouvriers sont exposés au chômage, à l’accident du travail. Il faut attendre le début du XXème siècle pour que les premières assurances sociales voient le jour et protègent les ouvriers. Cependant, le temps passant, la durée journalière et hebdomadaire de travail est abaissée : en France, l’ouvrier ne travaille plus que 8 heures par jours (six jours sur sept) en 1919 puis 8 heures par jour (cinq jours sur sept) en 1936. Les ouvriers voient aussi la nature de leur travail évoluer. Dans la deuxième moitié du XIXème siècle, les ouvriers fabriquent seuls des objets dans leur intégralité : on les appelle les ouvriers qualifiés car ils disposent d’un savoir-faire. Au début du XXème siècle, de nouvelles formes d’organisation du travail voient le jour : le fordisme est introduit dans les usines à ce moment-là : chaque ouvrier effectue, sur une chaîne de montage une étape de fabrication que complète son collègue… et ainsi de suite. Ces ouvriers spécialisés se généralisent au début du XXème siècle. Ils y perdent en autonomie et en confort car ils répètent les mêmes gestes toute la journée mais leur salaire augmente car cette organisation du travail permet des gains de productivité donc du profit. B. Des conditions de vie de moins en moins précairesLes revenus que perçoivent les ouvriers influence largement leurs conditions de vie. Dans la deuxième moitié du XIXème siècle, le salaire des ouvriers est faible et ne suffit pas et oblige sa famille à travailler pour compléter le revenu. Disposant de revenus très modestes, les ouvriers vivent simplement : logement exigu et insalubre, alimentation peu variée (peu de viande, beaucoup de soupe et de pain). Bref, la quasi-totalité des revenus ouvriers financent les besoins de première nécessité. Cela dit, à partir du début du XXème siècle, la structure du budget d’une famille ouvrière évolue : même si le salaire reste faible au regard des dépenses, une amélioration des conditions de vie est notable, rendue possible par une hausse du revenu. Les dépenses essentielles diminuent alors que les dépenses de confort augmentent. Le logement est mieux chauffé, la nourriture se diversifie, les soins progressent… bref les ouvriers vivent mieux et plus longtemps. Enfin, au début du XXème siècle, les ouvriers accèdent aux loisirs : en France, en 1936, ils obtiennent 15 jours de congés payés, ce qui leur permet à la fois de se reposer mais aussi d’offrir à leurs enfants des moments de distractions. Mais du fait de revenus modestes, tous les ouvriers ne peuvent pas encore s’offrir de vraies vacances, même s’ils sont en congés. C. Des facteurs d’évolution Š revenus, syndicats et EtatPendant l’âge industriel, plusieurs facteurs combinés expliquent l’amélioration des conditions de vie et de travail des ouvriers. Le premier facteur est d’ordre économique. En effet, les progrès techniques ou liés à l’organisation du travail permettent aux entreprises de produire mieux, plus vite et en plus grande quantité. Ainsi, elles commercialisent des quantités plus importantes et voient leurs profits augmenter. Une partie de ces nouveaux profits est redistribuée aux ouvriers sous la forme de primes ou d’augmentations de salaire. Le deuxième facteur est syndical : l’organisation de la classe ouvrière en groupes de pression à partir de la fin du XIXème siècle, leur permet d’obtenir des avancées sociales non négligeables, souvent arrachées au prix de grèves. Enfin, le dernier facteur d’évolution est l’Etat : sous la pression ouvrière et après négociation avec les partenaires sociaux, des lois sociales sont adoptées par les parlements : limitation du temps de travail, assurances sociales. Il s’agit, pour la plupart des Etats de l’âge industriel, de corriger les excès sociaux du libéralisme dominant. Conclusion Š rappel des idées et réponse à la problématiqueDe 1850 à 1939, la condition ouvrière s’est sensiblement améliorée, à l’usine comme à la maison : les ouvriers sont mieux protégés, perçoivent un salaire plus décent, ce assure une vie meilleure… La croissance économique leur a donc aussi profité, bien que ces progrès soient très lents et largement inégalitaires.

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