Devoir de Philosophie

Quels Sont Les Effets Du Progrés Technique Sur L'emploi ?

Publié le 17/01/2011

Extrait du document

technique

Le progrès technique est depuis longtemps l'objet de fortes inquiétudes et de conflits sociaux, en effet l’apparition du fordisme a provoqué des révoltes ouvrières car les salariés considéraient  le travail à la chaîne aliénant et répétitif. Pourtant cette innovation de procédé a engendré d'énormes gains de productivité. Le progrès technique est l'ensemble des éléments qui permettent d'améliorer les méthodes de production et d'accroître la productivité. Cependant quels effets le progrès technique a t-il sur l’emploi ? Est-il destructeur d’emplois ? Modifie t-il la qualification de la population active ? Dans un premier temps nous verrons les conséquences quantitatives du progrès technique sur l'emploi en France, lors de ces trente dernières années puis nous étudierons ses effets sur la nature des emplois (conséquences qualitatives) .

 

 Le progrès technique a tout d'abord des conséquences quantitatives, c'est à dire des conséquences sur le volume de l'emploi. En effet celui - ci peut détruire mais aussi créer des emplois.

 

    Le progrès technique est à l'origine d'une destruction des emplois : voici une idée largement partagée par l'opinion publique. En effet, à court terme,  le progrès technique semble détruire des emplois. Tout d'abord lorsqu’il prend la forme d’innovations de procédé (Taylorisme, Fordisme, Toyotisme…) il se traduit le plus souvent par une augmentation de la productivité. Le progrès technique permet de créer d’avantage de valeur ajoutée en consommant moins d’heures de travail, on débouche donc automatiquement sur des destructions d’emplois. L’introduction de nouvelles machines plus productives a en effet pour conséquence de réduire le nombre d’emplois nécessaires à la réalisation du volume de production désiré. Cette thèse est la «théorie technologique du chômage « : pour un niveau donné de la production, une augmentation de la productivité telle que l’engendre le progrès technique réduit l’emploi disponible. Cette idée montre pourquoi le nombre d'agriculteurs a sensiblement baissé (cf document 5) entre 1982 et 2002 (il y a cinq fois moins d'agriculteurs de nos jours), les techniques de production et de nouvelles machines plus productives ont remplacé les Hommes .

 

    D'autre part Le Progrès Technique, lorsqu’il prend la forme d’innovations de produits (nouveaux bien ou services) se traduit parfois par la disparition de biens anciens ce qui engendre une baisse des emplois auxquels ils étaient associés. En effet, ces innovations conduisent au développement de secteurs innovants mais aussi à la disparition de secteurs traditionnels dans un processus de '' destruction créatrice '' (Schumpeter). Par exemple,  lorsque l’énergie nucléaire se substitue au charbon, il faut fermer les mines, et les emplois liés à ces activités disparaissent, de même pour les métiers du disque face au développement du téléchargement sur Internet plus récemment. A long terme, on assiste à un chômage structurel qui éloigne ceux qui n'ont pas les qualifications requises et qui n'ont pas pu s'adapter

 

 Cependant, le progrès technique peut être aussi source de création d'emplois.

   Le Progrès Technique se traduit le plus souvent par des gains de productivité. Ces gains de productivité peuvent être partagés entre plusieurs facteurs : les entreprises (profits), les salariés (les salaires) et les consommateurs (les prix) .En premier lieu, ils peuvent servir à baisser les prix ou augmenter les salaires (document 3): dans les deux cas le pouvoir des ménages s'accroît, ceux - ci consomment plus (hausse de la demande) : cela stimule la croissance économique et à terme l'emploi. D'autre part le partage des gains de productivité peut aussi  servir à augmenter les profits, ainsi l'investissement sera stimulé et pour acheter plus de capital fixe il faut en produire plus ce qui créé aussi des emplois. Selon H. Schmidt le progrès technique génère des profits qui sont '' les investissements de demain et les emplois d' après demain ''.

 

   Les innovations de produits sont elles aussi créatrices d’emploi, comme le rappelle Alfred Sauvy dans sa théorie de la compensation (ou de déversement). Il faut en effet du monde pour fabriquer les nouveaux biens et services, les nouvelles machines. Cette théorie montre que la destruction des emplois (dans les secteurs en déclin) est plus que compensée par la création de nouveaux emplois (dans les secteurs en expansion). Ainsi s'analyse le déclin de l'emploi agricole et la montée de l'emploi dans le secteur secondaire, puis le récent déclin de l'emploi industriel au profit du secteur tertiaire, qui est normalement moins mécanisable. Cette hypothèse, semble vérifiée, jusqu'à présent, sur le long terme, sans nier toutefois les difficultés de transition, liées aux ajustements structurels (chômage frictionnel).On peux aussi citer comme exemple les emplois de mineurs qui ont disparus mais EDF et GDF emploient aujourd’hui près de 160.000 personnes .De plus les innovations de produit permettent l'apparition de produits plus performants , de nouveaux marchés se créent (nouvelle demande , effet de mode) et à long terme cela est générateur de nouveaux emplois.

 

  Le Progrès Technique a donc des effets contrastés sur le volume de l’emploi, de plus la croissance du pays est aussi à prendre en compte dans le développement des emplois ( cf document 2 ) , en effet lorsque les gains de productivité issus du Progrès Technique ne s’accompagnent pas d’une forte croissance économique, il s’ensuit des pertes d’emplois importantes. Mais l’impact du Progrès Technique ne se limite pas au volume de l’emploi, car il affecte également la nature, la structure des emplois.

 

  Le progrès technique affecte de manière ambiguë le niveau de qualification des emplois. On peut retrouver deux tendances.

 

     Le progrès technique est, à première vue, source de hausse de la qualification. En effet, la technicité croissante appelle des qualifications plus élevées, ce qui conduit soit un allongement de la durée de la formation initiale (augmentation de la durée de scolarisation et donc réduction de la population active), soit un recours accru à la formation professionnelle continue. Cette qualification plus élevée favorise la polyvalence des compétences, donc partiellement la flexibilité de la production de l'entreprise. Cette idée se confirme dans le document 5, où l'on constate que les professions les plus qualifiées ont nettement progressé, par exemple le nombre de cadre a quadruplé entre 1962 et 2002 et les professions intermédiaires ont plus que doublé tandis que les ouvriers sont moins nombreux aujourd'hui qu'en 1962. De plus, dans le document 4 le développement d'emplois tertiaires marchands de haute qualification est souligné, ceci est dû d'un coté à l'offre d'emplois, mais aussi à la montée du niveau de qualification des demandeurs d'emplois.

 

      Cependant cette thèse peut être nuancé car on constate dans le document 6 que le nombre de salariés non qualifiés a stagné, il y a donc certes, une augmentation de la qualification dans certains domaines, pourtant dans le secteur des services notamment , le nombre d'emplois non qualifiés n'a pas baissé. Ceci s'explique par le développement de certaines formes de progrès technique comme la taylorisation avec certaines professions de service (caissière, préparateur en restauration rapide ...) et de nombreux emplois peu qualifiés qui se sont développés dans le secteur tertiaire où la demande s'est accrue (hôtellerie, sécurité, entretien ...). De plus le secteur des services où il y a beaucoup d'emplois peu qualifiés ne peut parfois pas être mécanisé, par exemple les coiffeurs, les esthéticiennes ne pourront jamais être remplacés par des robots. D'autre part, le progrès technique a permis dans une première phase de déposséder les ouvriers de leur qualification en divisant d'avantage le travail et en utilisant des machines ce qui a permis l'embauche de générations de travailleurs très peu qualifiés issus de l'exode rural ou de l'immigration.

 

   D'autre part le progrès technique modifie aussi la structure des emplois.

 

    Le progrès technique conduit à une tertiarisation de l'emploi, en effet tous les pays développés ont connu un basculement progressif de leurs emplois du secteur primaire au secteur secondaire puis aujourd’hui un développement des emplois du secteur tertiaire. Cette idée a été mise en évidence par Alfred Sauvy dans la théorie du déversement. Les gains de productivité issus du progrès technique a conduit à l'élévation du pouvoir d’achat, ainsi les consommateurs cherchent à satisfaire de nouveaux besoins notamment  dans le domaine des services : c'est la loi d' Engel. Les emplois attachés à la production de ces biens et services vont donc se développer. La demande de services augmentant, on constate d'ailleurs dans le document 5 que le nombre des employés a nettement augmenté entre 1962 et 2002 (il a plus que doublé).

 

   De plus, le progrès technique affecte les conditions de travail de façon complexe. Il a tendance à transformer les contraintes qui pèsent sur le travailleur, en effet  les nouvelles technologies modifient les relations de travail, en supprimant souvent la séparation entre production et contrôle, c'est-à-dire l'un des fondements de la hiérarchie des unités de production. Enfin, le développement des technologies de la communication et de l'information est à l'origine d'une nouvelle forme d'organisation du travail : le télétravail, ou travail relié à domicile, qui permet notamment la réduction des coûts externes du travail (transport, encombrement urbain), et la réduction des coûts de transaction. Le progrès technique créé donc de nouveaux emplois.

 

  En définitive, nous pouvons dire que les conséquences du progrès technique sur l'emploi sont nombreuses tant sur la plan quantitatif que qualitatif, les théories divergent certains pensent qu'il conduit à détruire des emplois , au contraire d'autres pensent que cela en créer, quoi qu'il en soit le progrès technique n'est pas l'unique facteur à prendre en compte, la croissance du pays par exemple est aussi déterminante dans la création d'emplois .D'autre part, le progrès technique a conduit à une certaine hausse de la qualification, [ déversement des « peu qualifié « vers le secteur Tertiaire ] pour autant les emplois peu qualifiés sont très nombreux aujourd'hui dans le secteur tertiaire. Une forte croissance et le progrès technique mettent-ils vraiment la population à l'abri du chômage ?

Liens utiles