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Rastignac et les salons

Publié le 27/02/2008

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Les élites intellectuels ont transformé le 19e siècle en un siècle de savoir plein de richesses et de découvertes où de nombreux artistes vont porter la recherche des idées à un niveau jamais atteint auparavant. Honoré de Balzac marquera ce siècle par son œuvre comptant parmi la plus imposante de la littérature française : La Comédie humaine. Elle comprend 91 romans et nouvelles parus de 1829 à 1850 dont de très célèbres telles La peau de chagrin (1831), Le colonel Chabert (1835) et Le père Goriot (1835) dans laquelle il trie les sociétés en trois catégories : scènes de la vie privée, vie parisienne, vie de province. Le Père Goriot, roman réaliste, fait partie des Scènes de la vie privée de cet ouvrage puisque ce roman s’inscrit dans le thème bien précis de l’étude des mœurs. Le père est un homme bourgeois mais malheureux et misérable, ruiné par ses filles qu’il choie. Ce passage du roman confirme l’analyse de Mme de Beauséant sur l’influence prépondérante  et le caractère théâtral des femmes dans la société et montre, d’autre part, l’éblouissement de Rastignac qui se voit déjà solidement installé dans le « grand monde ». Comment, par le biais du personnage principale, Balzac nous décrit-t-il la bourgeoisie du 19e siècle ?

      Eugène de Rastignac est un personnage ambitieux ayant toujours rêvé de faire partie de la bourgeoisie. Dans ce passage, Rastignac se présente chez une des femmes les plus influentes de Paris : Madame de Beauséant en compagnie de monsieur d’Ajuda, sur le point de partir.

Eugène se trouve en position d’infériorité, il n’est pas dans son élément et voit le lieu comme un lieu dissemblable, comme s’il n’en avait jamais vu de tel « étourdi par les scintillements d’une richesse merveilleuse », un étonnement qui devient même physique. Il se comporte nerveusement « passa la main dans ses cheveux », « se tortilla pour saluer ».  Puis il se compare et crée un contraste en décrivant sa situation exécrable allant même jusque au ridicule « qui croyait à la réalité des contes arabes », « ne savait où se fourrer ». Mme de Beauséant exerce un réel pouvoir sur les hommes ; mêmes ses gestes sont pour Rastignac magnifiques et droits  «levé l’index de sa main droite », « joli mouvement », allant jusqu’à la dérive « violent despotisme de passion », « le regarda non sans envie ».  Puis Eugène retourne à la réalité et son cœur se décompose « le mordit au cœur », « la fièvre du gain », « la soif de l’or lui sécha la gorge ». On peut remarquer sue l’argent joue un rôle important et est associée avec d’une part la générosité, et d’autre part au vice ; la richesse fera sans aucun doute le bonheur d’Eugène.  Il a besoin de devenir cette personne dont il rêve. Ces personnes sont là, autour de lui, mais lui n’a aucun pouvoir, aucune autorité sur eux.  Le marquis d’Ajuda devient alors un « démon de luxe ». Une certaine haine monte en lui. Il se lamente sur son sort et se rend compte de quelle misère il vit « il avait cent trente francs par trimestre ». Mais il revient à la réalité et remet en place son but et reprend ses esprits ambitieux.

Eugène prépare lentement, mais sûrement son entrée dans « le nouveau monde ». Il veut, malgré qui soit conscient de sa situation présente, parvenir à son but et entrer dans la bourgeoisie tant convoitée pour changer de vie.

 

        Les salons privés, chez les bourgeois sont des lieux de rencontres, de réunions, très élégants qui permettent de s’installer confortablement bien souvent autour d’une tisane. Rastignac, dans cette scène est très reculé par son infériorité de classe sociale et observe donc la scène entre la vicomtesse et le marquis attentivement. On remarque un langage corporel quelque peu excessif voire satirique « s’élance », « se précipite », « accourt » comme si le marquis était mis sous forme de héros « fin regard qui aurait rassuré toute autre femme », « prit la main », « la baisa ». La mise est scène est très snob, élégante, si précieuse que les poignées de portes  se retrouvent sous forme de « bouton de la porte ». Le langage des deux bourgeois est soutenu et distingué « je ne le puis », « l’homme au coupé » et mentionnent, par exemple le mot « affaires » ou encore « dîne chez l’ambassadeur » et se rendent dans un salon privé des « Bouffons ». Ils ont l’air d’avoir maintes occupations, du soir et du jour, ce que très certainement Rastignac n’as. Cette scène, aperçue sous les yeux d’Eugène montre bien que pour Eugène, ceci est son rêve, son but à atteindre, il décrit tout sous forme excessive et méliorative en ajoutant même du comique pour un peu « se moquer » de ce débordement de snobisme.

Ce passage du roman est à la fois un tableau de la société mondaine et un passage important du récit encore inaccessible pour Eugène de Rastignac dont il est fasciné. Dans un point de vue omniscient, nous pouvons en effet percevoir sa façon de voir la haute classe, l’échelon qu’il veut atteindre. C’est comme le commencement de son ascension à l’échelle sociale. Il croit à sa réussite et veut y persister, c’est n’est d’ailleurs pas dans un fameux dicton que l’on dit : « C’est en forgeant que l’on devient forgeron » ? Ou encore « Lorsque l’on veut on peut ? ».

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