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roman realiste le pere goriot

Publié le 27/02/2008

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1. Introduction :

1.1. L’auteur : H. de Balzac (1799-1850).

            Balzac est un des auteurs les plus importants de la littérature française, il est considéré par de nombreux critiques comme le père du roman moderne et son influence sur les écrivains postérieurs a été grande.

Balzac est l’auteur d’une œuvre très vaste (40 romans, 50 nouvelles en 20 ans). Dans son œuvre, il a entreprit de décrire la société du 19è siècle (1819-1840).

Une production d’une tel ampleur a débouché sue une œuvre inégale, moins travaillée sur le plan du style mais tous les lecteurs de Balzac lui reconnaissent un immense talent depuis 1850 : c’est une excellent observateur de la société, de la psychologie humaine et des relations entre les personnes.

 

1.2. Le Père Goriot

            Cet œuvre a été écrite en quelques mois à la fin de 1834, il s’agit d’une des œuvres la plus réussie de Balzac et probablement une des plus importante. Quand Balzac écrit cet œuvre, il est connu depuis 5 ans et quelques de ses œuvres ont un certain succès. Exemple, Les chouans (1829), c’est un roman historique sur la révolution française. La même année, La physiologie du mariage, c’est une étude qui décrit le mariage qui obtiendra un grand succès. Balzac expose son point de vue et que la femme est condamnée au malheur par le mariage.

Les scènes de la vie privée, (1830) ce sont 6 nouvelles qui ont pour thème des drames familiaux et qui obtiendront un certain succès.

            Le père Goriot marque un tournant dans l’œuvre de Balzac car c’est à ce moment là que Balzac comprend que toute son œuvre fait une unité. Et pour renforcer cette idée d’unité, il va utiliser le procédé du retour des personnages. C'est-à-dire qu’à partir du père Goriot, des personnages réapparaitront d’un roman à l’autre en créant des liens entre tous les récits de son œuvre.

            Le père Goriot est un élément important car on y retrouve un certain nombre des thèmes récurrents de Balzac ;

-l’arrivée des provinciales à Paris

-la paternité

-la quête de l’argent

-le plaisir

C’est donc une de ses œuvres les plus représentatives de Balzac, elle obtint un certain succès dès sa parution.

 

2. Le Réalisme

            Le père Goriot est une des œuvres caractéristiques du Réalisme, courant apparu au 19è siècle et est devenu le courant dominant pour les romans de la littérature française.

 

-La lecture et l’analyse des premières pages du roman vont nous aider à mieux cerner le courant.

 

            Comme souvent chez Balzac, le roman s’ouvre avec une longue description, on pourrait presque parler d’inventaire. Le cadre dans lequel va se dérouler le récit, une pension de famille, est décrite avec minutie et cela dans le but de faire vrai, ce qui est l’objectif de tous romans réalistes. Au delà de cette volonté de faire vrai, il y a également une volonté d’expliquer ca que sont les personnages par le cadre de vie.

            Cette volonté de faire vrai n’empêche pas Balzac de donner son avis à tous propos et de vouloir communiquer des impressions subjectives aux lecteurs. Ainsi, il commence par une description du quartier et tout est fait pour produire une impression négative, ce quartier serait un lieu sans vie, laissé à l’abandon entre cimetière et prison.

            On passe ensuite à l’extérieur de la maison dont la longue description confirme l’impression de pauvreté et l’abandon. De plus, comme la maison est située de manière à cacher la façade, on pourrait croire que la pension cache quelque chose de honteux.

            Enfin, Balzac termine par l’intérieur de la pension. Celle-ci confirme avec le mobilier abîmé et usé l’impression de déchéance et de tristesse renforcée ici par la saleté et le mauvais goût. On peut comprendre qu’un jeune pensionnaire qui logerait dans cette pension, sera prêt à tout pour en sortir.

            Pour produire ces diverses impressions, Balzac multiplie les jugements da valeur (gravures exécrables, nul quartier n’est plus horrible) qu’il mélange avec des observations objectives (silence de la rue, la taille du jardinet, la saleté) ce qui est une manière de les camoufler. Ce sont ces jugements de valeur qui vont orienter la position du lecteur.

            A partir de ce premier passage, on peut essayer de d’finir le Réalisme, c'est-à-dire, la volonté d’un artiste de représenter la réalité de son époque et d’explorer la vie quotidienne de toutes ses formes sans rien idéaliser.

            Le roman réaliste essaye de se présenter comme un miroir de la société mais nous voyons bien qu’il ne sera jamais tout à fait objectif, cette subjectivité chez Balzac s’exprime constamment et lui permet de communiquer la vision du monde.

            Le roman réaliste veut analyser et expliquer la société et il s’attachera particulièrement à quelques thèmes. L’étude des différents milieux sociaux et leur rapport.

-noblesse et bourgeoisie

-importance de l’argent

-l’étude des relations familiales (mari-femme)

-l’opposition entre Paris et la province

            Le roman réaliste est un genre dans lequel vont s’illustrer quelques écrivains majeures de la littérature française du 19è siècle.

-Stendhal (1783-1842) Le rouge et le noir, 1830

-Flaubert (1821-1880) Mme Bovary, 1857

-Maupassant (1850-1893) Bel ami, 1885

 

3. Le roman d’apprentissage.

            Le Père Goriot est un grand roman réaliste mais il appartient à une catégorie précise qu’on appelle le roman d’éducation ou de formation. Dans ces romans, le héros est un jeune homme sans expérience qui va être confronté à différentes situations qui vont le faire évoluer psychologiquement, intellectuellement, socialement et dans sa vie affective. D’une manière générale, les romans d’apprentissages racontent le passage à la vie adulte, en effet, le héros doit trouver sa place dans la société, et pour ce faire, il sera aidé par ses expériences et par l’appui de précieux conseillers.

Le Père Goriot présente un certain nombre de caractéristiques des romans d’apprentissages.

            3.1. La présence d’un jeune homme.

                        Ce jeune homme est un étudiant en droit, Eugène de Rastignac. C’est un jeune homme pauvre qui vient d’Angoulême et veut s’imposer dans la haute société parisienne. Deux obstacles vont se dresser sur sa route ; sa pauvreté et son ignorance de la haute société parisienne. La visite de Rastignac à la comtesse de Restaud illustre ses deux faiblesses.

 

Rue Helder- Mme de Restaud

Rue de Grenelle- Mme de Bauséant

 

La pauvreté de Rastignac est illustrée par le fait qu’il vienne à pied ce dont se moque le valet et par le fait que les bottes sont sales malgré ses efforts. Son ignorance est démontrée par trois éléments ;

                        - il ignore tout des habitudes de la Comtesse et de sa vie privée quand reçoit-elle, qui reçoit-elle et quel est son lien avec le Père Goriot.

                        - il ignore l’importance des apparences dans la haute société parisienne : il faut afficher le luxe et la richesse.

                        - l’adultère est accepté à condition qu’il reste caché, il ignore le sens de certains regards et le double sens de quelques formules de politesses.

NB : Pour bien souligner l’ignorance de Rastignac et sa différence avec la société parisienne, Balzac va l’appeler, le jeune étudiant ou le jeune provincial.

 

Rastignac va apprendre 3 choses en sortant de chez Mme de Restaud :

            - qu’un nom noble ouvre de nombreuses portes dans la société parisienne (« parent de Mme de Bauséant »).

            - il comprend que pour être accepté dans la société, il lui faudra de l’argent, des vêtements et la voiture qui feront de lui un homme respecté.

            - il apprend qu’il faut connaître une maison pour conquérir la femme qui en est la maîtresse et donc il faut qu’il se renseigne sur Mme de Restaud.

            - Rastignac est quelqu’un d’ambitieux et sur de lui (« sur de triompher un jour »).

Il est tenace : il va mettre beaucoup de temps à quitter l’hôtel des Restaud même après avoir compris qu’il gênait. Rastignac est fier, il ne supporte pas la manière dont le traite le domestique.

            - Rastignac est naïf : il se croit capable de rivaliser avec Maxime et il est toujours sur qu’il va pouvoir séduire la comtesse or qu’elle est fort amoureuse de son amant.

 

            3.2. La présence d’un guide, d’un initiateur.

                        Rastignac a connu une expérience humiliante qui lui a fait comprendre qu’il fallait qu’il apprenne les règles de la société parisienne. Deux personnes vont se prendre de sympathie pour lui et l’instruire : Vautrin et Mme de Bauséant.

 

Mme de Bauséant, elle est une dame de la haute noblesse, c’est une reine de Paris, elle habite au faubourg St-Germain (le sommet de la société parisienne à l’époque de Balzac) et sa connaissance de la haute société parisienne sera une aide précieuse pour Rastignac.

A u moment où Rastignac vient la visiter, Mme de Bauséant est malheureuse car elle vient d’apprendre que son amant, d’Ajuda, allait se marier.

 

Dans le discours de Mme de Bauséant sur la société parisienne, Rastignac peut trouver 2 enseignements précieux :

            - le monde est infâme pour elle tout y est faux même l’amitié (par exemple, Mme de langeais se réjouit du malheur de son amie). En conséquence, elle dit à Rastignac qu’il doit apprendre à cacher ses sentiments varis s’il en éprouve et qu’il doit devenir calculateur et utiliser les autres aux profits de ses ambitions et de ses désirs.

            - elle explique à Eugène qu’il ne réussira à Paris que si une jeune femme de la bonne société s’intéresse à lui, pour elle le succès est la clef du pouvoir parce que si les femmes trouvent du talent à un jeune homme, les hommes le croiront. Dès lors, elle conseille à Rastignac de séduire Delphine de Nuncingen (seconde fille du père Goriot) et d’utiliser pour se faire le désir de Delphine de surpasser sa sœur et d’avoir accès au salon de Mme de Bauséant.

 

Ce deuxième extrait montre une certaine évolution chez Eugène de Rastignac, en effet il commence à comprendre la signification de certains regards. Deuxièmement, ses propos sont moins spontanés que lors de sa 1è visite et essaye de faire des phrases qui plaisent et troisièmement, il pose beaucoup de questions sur Mme de Restaud.

 

Rastignac n’est pas tout à fait convaincu par le discours de Mme de Bauséant, en effet il a compris l’immoralité du monde et l’importance de la richesse pour se situer au dessus des lois mais il est encore convaincu qu’il peut séduire Mme de Restaud.

 

Vautrin, est un personnage mystérieux, on devine que c’est un homme qui a un certain vécu mais on ne sait pas à quoi il occupe ses journées. Il s’intéresse fort à Rastignac et semble deviner ses pensées.

Vautrin tient un long discours sur la société, il lui explique que l’homme ambitieux ne peux combler ses ambitions par le travail (autrement dit : il ne doit pas compter sur ses études pour réussir) il lui explique aussi que la société n’accorde de la réussite aux hommes de génies ou à ceux qui refusent les lois. Comme le génie est rare aux yeux de Vautrin, la réussite passe par la révolte contre la société.

 

Rastignac parait intéressé (il coupe Vautrin pour en savoir plus) mais il recule quand Vautrin évoque la nécessité de tuer le frère de Victorine Taillefer, Rastignac n’est pas près à tout pour réussir. On peut voir que la vision du monde de Vautrin rejoint celle de Mme de Bauséant. En effet, pour les deux, le monde est quelque chose de sale et Vautrin décrit sa corruption généralisée. Mme de Bauséant parlait d’un monde infâme, d’une réunion de fripons.

Pour ces deux personnages, dans le monde ceux qui sont au sommet de la société peuvent tout se permettre, ils ne doivent plus se préoccuper de morale. Ces deux personnages pensent que pour réussir, il faut tromper les autres.

 

On peut se demander pourquoi Vautrin s’intéresse tant à Rastignac.

- Vautrin a vu dans Rastignac un être supérieur, quelqu’un doté d’une vraie volonté de réussir.

- Vautrin ne fait pas mystère de son orientation sexuelle et semble être attiré par Rastignac.

NB : Vautrin est le premier grand personnage homosexuel de la littérature française, ce qui est une manière pour Balzac de montrer à quel point se situe en dehors des règles de la société.

            3.3 Dans le roman d’apprentissage, le jeune homme évolue mais perd quelque chose.

                        Quels sont les éléments de cet extrait qui permettent d’affirmer que Rastignac a reçu une éducation ?

- Rastignac perçoit la saleté du monde qui est pour lui « un océan de boue ».

- Il n’y a que trois chemins pour réussir : obéissance, lutte ou révolte, qu’il choisira en fin du récit.

- Il a découvert l’amour et surtout les plaisirs liés à l’amour grâce à Delphine, ce qui fait d’elle son troisième guide.

 

Toutefois cet extrait nous montre également que Rastignac a perdu sa pureté et sa conscience.

En effet, il place avant toute chose son ascension sociale et la satisfaction de ses plaisirs. On le voit particulièrement quand il cherche des excuses à Delphine pour ne pas à avoir à se dire la vérité et ni à sa maîtresse.

Au cours de ce récit, Rastignac perd aussi ses illusions. En effet, que peut-il attendre de Delphine vu la manière dont elle traite son père.

            3.4 Le jeune homme arrive à Paris.

                        Dans les romans français du 19è siècle, il n’y a pas de réussite sociale complète sans un passage à Paris. Outre son rôle de capitale politique, Paris est le grand centre qui attire tout ce qui compte dans tous les domaines.

Le roman d’apprentissage est donc un duel avec Paris comme le montre la fin du roman.

 

            La fin du roman nous montre que Rastignac a terminé son apprentissage, d’une part le narrateur parle de dernières larmes de jeune homme, ce qui montre qu’il est devenu adulte et que son apprentissage est terminé. Deuxièmement, Rastignac se sent près pour affronter Paris (« A nous deux maintenant ») du haut du père Lachaise, il domine toute la ville, il la regarde avec avidité et le lecteur devine que Rastignac va réussir dans la vie.

 

            On voit bien que Rastignac est sur de triompher, d’une part il a toujours confiance en lui et d’autre part parce que maintenant il sait quel chemin emprunté pour réussir, il a compris que dans la société parisienne seule les apparences comptaient (voitures vides) et il a compris qu’il était seul dans sa lutte («  A nous deux »).

 

            On doit prêter attention au dernier paragraphe du roman. Les dernières phrases commencent par un acte de défi or on voit dans le dernier paragraphe que le défi est tout relatif : aller dîner chez Mme de Nuncigen et faire comme si de rien était (l’agonie d’un homme dans l’indifférence). Cela revient à accepter l’idée que les plaisirs et l’argent l’emporte surtout et donc à suivre le conseil de Mme de Bauséant, faire semblant de se soumettre à la société.

(Paris dégoute Rastignac mais il participe encore à la vie mondaine.)

 

Conclusion sur le roman d’apprentissage.

 

Le thème de l’apprentissage du jeune homme est un des thèmes les plus courants du 19è siècle, c’est un thème qui reste d’actualité, en effet nombreux sont les romans qui évoquent les débuts d’une jeune personne dans la société adulte et ses difficultés pour y trouver une place dans cette société même si on retrouve plus les caractéristiques qui était celles du jeune au 19è siècle.

 

4. La paternité.

            Au moment où Balzac commence à écrire le Père Goriot, il place clairement le thème de la paternité au centre de son roman. La paternité est un thème récurrent de l’œuvre de Balzac. Un détour par sa biographie va expliquer l’importance de ce thème à ses yeux.

D’une part, si on remonte à son enfance ou à sa jeunesse, on découvre que Balzac ne s’est jamais senti aimer par sa mère et qu’il en a beaucoup souffert.

Ce qui implique que dans son œuvre, on trouvera beaucoup de parents qui font le malheur de leurs enfants, soit qu’ils ne les aiment pas assez soit qu’ils les aiment trop comme Goriot.

D’autre part, au moment où il vient d’écrire le Père Goriot, Balzac vient d’être père d’une petite fille. Même s’il ne la reconnait pas il sait ce qu’on éprouve quand on est père.

 

Par ailleurs, le thème des parents confrontés à des enfants ingrats et égoïstes se retrouvent dans certaine œuvres lues par Balzac, dont « le roi Lear » de Shakespeare, un auteur que Balzac admirait.

 

Dans le Père Goriot, Balzac met en scène la figure parentale la plus forte de son œuvre mais Goriot s’est présenté comme un exemple au lecteur.

Deux extraits, permettent de comprendre le sentiment de Goriot pour ses filles.

 

            - Dans le premier extrait, le Père Goriot exprime son amour à Rastignac et on peut voir que son amour est à la fois absolu et destructeur.

Il est tout d’abord absolu : « ma vie à moi est dans mes deux filles ».Si la paternité implique souvent une délégation de son propre bonheur à ses enfants, cette délégation est totale chez Goriot puisqu’il avoue que ses uniques sensations et sentiments sont ceux de ses filles. Goriot compare son amour à celui de Dieu pour le monde et estime que le sien est plus fort encore.

NB : Goriot est très dur avec ses gendres d’une part parce qu’ils ne rendent pas ses filles heureuses et d’autre part parce que le mariage de ses filles est pour lui une profanation de son amour absolu.

Cet amour est également destructeur. Cet amour a détruit la personnalité du Père Goriot puisqu’il n’existe pas en dehors de son amour pour ses filles, en leur absence il n’est qu’un automate comme lors des repas à la pension. Cet amour a détruit le lien qu’il attachait à ses filles. En effet, elle ne pense qu’à leur père que quand elles ont besoin d’argent et ne se déplacent même pas à son enterrement. Cet amour a détruit tout sens moral, toute notion du bien et du mal chez Goriot et ses filles. Par exemple, Goriot s’en prend à de Marsay non pas parce qu’il condamne l’adultère mais parce que Marsay n’a pas rendu sa fille heureuse. De même, c’est Goriot qui payera l’appartement de Rastignac.

 

            - Dans le deuxième extrait, celui de l’agonie du Père Goriot illustre bien le caractère absolu et destructeur. Ces derniers instants sont pour le Père Goriot un moment de lucidité.

Premièrement, il sait que ses filles ne viendront pas par amour pour lui, qu’elles ne s’intéressent qu’à son argent (d’où le projet d’Odessa) et que seul l’amour de Delphine pour Rastignac pourrait la faire venir.

Deuxièmement, il reconnait que son amour n’a pas été compris et a eu des conséquences négatives pour sa famille.

 

Le style de Balzac dans cet extrait traduit bine le caractère obsédant des désirs du Père Goriot.

Le Père Goriot a deux désirs, voir ses filles et voir que son amour est reconnu. Balzac traduit la force de ses désirs par la répétition de « elles viendront » et par la multiplication des phrases ayant « je » pour sujet. On retrouve également la métaphore de la soif pour illustrer le manque ressenti.

Ce discours est proche du délire malgré la lucidité. En effet, le Père Goriot se contredit dans son discours. Il affirme que ses filles vont venir puis qu’elles ne viendront pas. Il s’accuse lui-même, puis accuse ses filles quand il réalise qu’elles ne viendront pas, puis enfin il accuse ses gendres.

 

Le thème de la paternité a une importance d’autant plus grande aux yeux de Balzac qu’il a pour lui-même une satisfaction politique.

En effet, pour lui la famille est une réduction de la société et donc le père symbolise le roi. Les français ne respectent plus leur roi, ils l’ont chassé en 1830, ce que déplore Balzac, pas plus que les enfants respectent leur père ce qui pour Balzac ne peut déboucher que sur une catastrophe.

 

Ce thème de la paternité confronté à l’inaptitude des enfants est un des aspects les plus modernes de l’œuvre de Balzac, particulièrement à une époque où les observateurs de la société évoquent de plus en plus souvent la multiplication des enfants roi ou des enfants tyrans.

 

5. La vie du monde de Balzac à travers le Père Goriot.

            Comme toutes les œuvres majeures, le Père Goriot est riche en information précieuse sur la vision du monde de son auteur.

 

            5.1. La place centrale de Paris.

                        Paris joue un rôle central dans la société française dans la vie de Balzac et bien sûr dans son œuvre.

Balzac est arrivé à Paris vers 1815 et va être fasciné par la vie parisienne qu’il va observer pour en retirer une certitude. Paris use ceux qui y vivent parce qu’ils doivent dépenser une énergie énorme pour rechercher les plaisirs et l’argent.

Paris est donc le théâtre d’une lutte pour les plaisirs et l’argent.

Dans la vie réelle, Balzac a du se tuer à la tâche pour payer ses dettes suscitées par sa quête de plaisir.

Dans la fiction, Rastignac a du également s’armer pour lutter face à la société parisienne et à la fin du roman, il est près pour cette lutte.

Paris dans l’œuvre de Balzac se limite aux beaux quartiers (ceux que contemple Rastignac du Père Lachaise) les quartiers pauvres, tel que celui de la pension Vauquer sont décrits rapidement et sont présentés comme des coins inconnus, isolés et désertés de toute vie, même s’ils sont en plein centre de Paris.

 

            5.2. La vison de l’homme pour Balzac.

                        Pour Balzac, la grandeur de l’homme tient à sa volonté et non pas à ses qualités morales. En cela, Vautrin peut être vu comme un porte-parole de l’antiquité quand il évoque la grandeur de ceux qui sont mus par un objectif ou par un sentiment profond. Et pour Balzac quand on poursuit un objectif, il n’y a pas de compromis qui tiennent. Aux yeux de Balzac dans son roman, il y a trois grands personnages, Vautrin qui recherche la richesse sans se soucier des lois ni du regard des autres.

Goriot qui cherche à ne faire qu’un avec ses filles en sacrifiant tout à son amour.

Mme de Bauséant qui recherche l’amour de d’Ajuda en refusant tout compromis (rester la maîtresse malgré le mariage de son amant avec une jeune fille). Elle refuse tout compromis au point de quitter Paris, ce qui est pour Balzac un refus de vivre symbolique.

NB : Par sa volonté d’atteindre la gloire par tous les moyens, Balzac se place parmi les grands hommes à ses yeux.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Conclusion sur, Le Père Goriot.

 

            - Le Père Goriot est un roman important pour Balzac. Comme très souvent chez lui, on peut établir des analogies entre le récit et sa propre existence. Ici, ses analogies se situent au niveau des points communs entre Balzac et Rastignac, ils ont le même âge, ils ont tous les deux sœurs, ce sont tous deux des provinciaux qui arrivent à Paris dans les mêmes conditions et dès le début sont maladroits et ont tous les deux une initiatrice.

            Le Père Goriot est l’œuvre dans laquelle Balzac va comprendre pour la première fois qu’il est entrain de réaliser une fresque qui décrit toute la société. On peut dire que le Père Goriot est une des deux œuvres centrales dans la vie de Balzac («  illusion perdue » qui raconte aussi l’histoire d’un jeune provincial arrivant à Paris).

            Le Père Goriot a toutefois subit de nombreuses attaques de la critique qui portait principalement sur l’immoralité de la société décrites et sur le caractère du personnage du Père Goriot (absence de dignité, les exagérations supposées, comparaison du Père Goriot avec Dieu).

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