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Rousseau, les Confessions (extrait).

Publié le 07/05/2013

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Rousseau, les Confessions (extrait). Lorsque Rousseau commence la rédaction de ses Confessions, il a cinquante-trois ans. Cette autobiographie est bien, comme il l'affirme dans ce texte liminaire, une « entreprise qui n'eut jamais d'exemple «. Contrairement aux Confessions de saint Augustin, qu'elles prennent toutefois pour modèle, les siennes n'ont pas pour sujet central la relation à Dieu, mais la peinture d'un « homme dans toute la vérité de la nature « : par la plongée dans son histoire, et en particulier dans son enfance, et par une introspection qui vise davantage à la sincérité qu'à la vérité, Rousseau inaugure l'autobiographie au sens moderne : celle d'un individu -- et, qui plus est ici, d'un écrivain -- à la fois unique et susceptible, selon lui, d'aider par cette entreprise à la connaissance des hommes en général (« un ouvrage unique et utile, lequel peut servir de première pièce de comparaison pour l'étude des hommes «). Les Confessions de Jean-Jacques Rousseau (livre premier, 1712-1728) Je forme une entreprise qui n'eut jamais d'exemple et dont l'exécution n'aura point d'imitateur. Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature ; et cet homme ce sera moi. Moi seul. Je sens mon coeur et je connais les hommes. Je ne suis fait comme aucun de ceux que j'ai vus ; j'ose croire n'être fait comme aucun de ceux qui existent. Si je ne vaux pas mieux, au moins je suis autre. Si la nature a bien ou mal fait de briser le moule dans lequel elle m'a jeté, c'est ce dont on ne peut juger qu'après m'avoir lu. Que la trompette du Jugement dernier sonne quand elle voudra, je viendrai, ce livre à la main, me présenter devant le souverain juge. Je dirai hautement : « Voilà ce que j'ai fait, ce que j'ai pensé, ce que je fus. J'ai dit le bien et le mal avec la même franchise. Je n'ai rien tu de mauvais, rien ajouté de bon, et s'il m'est arrivé d'employer quelque ornement indifférent, ce n'a jamais été que pour remplir un vide occasionné par mon défaut de mémoire ; j'ai pu supposer vrai ce que je savais avoir pu l'être, jamais ce que je savais être faux. Je me suis montré tel que je fus ; méprisable et vil quand je l'ai été, bon, généreux, sublime quand je l'ai été : j'ai dévoilé mon intérieur tel que tu l'as vu toi-même. Être éternel, rassemble autour de moi l'innombrable foule de mes semblables ; qu'ils écoutent mes confessions, qu'ils gémissent de mes indignités, qu'ils rougissent de mes misères. Que chacun d'eux découvre à son tour son coeur aux pieds de ton trône avec la même sincérité ; et puis qu'un seul te dise, s'il l'ose : Je fus meilleur que cet homme-là. Source : Rousseau (Jean-Jacques), les Confessions, 1782-1789. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

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