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Extrait commenté - Livre I : «On ne put m'arracher l'aveu qu'on exigeait. [ ... ] Là fut le terme de la sérénité de ma vie enfantine. » - Confessions de Rousseau

Publié le 23/10/2013

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rousseau

Mis en pension à Bossey près de Genève de 1722 à 1724, Jean-Jacques vit deux années de bonheur. Un jour pourtant cette félicité se brise: l'enfant est injustement accusé d'avoir brisé le peigne de Mademoiselle Lambercier. Malgré ses dénégations il est durement puni. Au delà de la dramatisation des faits, l'autobiographe montre que la révélation traumatisante de l'injustice, le présent et le passé s'interpénétrant, a joué un rôle décisif sur son affectivité.

rousseau

« sentais ...

»).

Cet imparfait s'oppose au passé simple de la narration rétrospective («On ne put m'arracher l'aveu[ ...

].

Je sortis»).

Quand l'autobiographe revient à son point de vue d'adulte, il utilise le présent de l'indicatif(« Je déclare à la face du ciel [ ...

].

Je ne me sens pas capable [ ...

].

Quand je lis les cruautés d'un tyran ...

»).

La solidarité de l'adulte Elle s'exprime d'abord par l'absence de tout désaveu(« Ce que je sais[ ...

] c'est que j'en étais innocent») et la permanence de l'effarement devant un événement toujours non élucidé(« Je l'ignore et ne puis le comprendre»).

Rousseau se réfère ensuite à la psychologie enfantine pour montrer quel choc psychologique et affectif l'a frappé(« Quel désordre, quel bouleversement»).

Puis il passe à une narration analytique de ses réactions : son mépris de la douleur physique, l'outrage de sa conscience, ses cris de vengeance.

La « contamination » de l'émotion par delà le temps(« Je sens en écrivant ceci») souligne le poids du traumatisme(« Ce pre­ mier sentiment de la violence ») et la haine permanente de Rousseau contre l'injustice.

Ill -UN ÉPISODE RÉVÉLATEUR L'impor13'11.C!J~~~~~()~!~ll~-~-t:}'.~l)f~n-~~ Ce texte ne relève en rien d'une confession.

Mais il permet à Rousseau de mieux cerner l'archéologie de sa personnalité.

Rousseau souligne le caractère indélébile des souvenirs d'enfance qui engagent toute la suite d'une vie, et cela d'autant plus que ce passé se rapporte à des valeurs morales fondamentales (le Bien, le Mal, la Justice) et que les douleurs morales sont bien plus fortes que les douleurs physiques.

Ces impressions ineffaçables peuvent resurgir à l'identique à tout moment (« ces moments me seront toujours présents quand je vivrais mille ans ») : le passé et le présent s'interpénètrent donc par le biais de l'écriture.

LaJllstification de la lutte contre l'injustice Rousseau élargit ensuite sa perspective : du traumatisme originel découle l'idée que toute vie doit être consacrée à la lutte contre toutes les formes d'injus­ tice.

C'est le « cœur » qui s'enflamme, parce que l'être « naturel » était bon et animé.

L'autobiographe se présente ici encore dans toute sa singularité et offre l'image d'un individu idéal dont le cœur a pu être touché, mais ne saurait être souillé.

Face à la perversion du monde, l'être« rousseauiste »conserve toute sa pureté.

Bien plus, ses qualités naturelles se trouvent consolidées par l'expérience, si cruelle soit-elle pour un enfant découvrant que la loi du monde n'est pas fondée sur la justice, mais sur la force.

Conclusion: Conséquence majeure de l'incident, la fin de l'enfance appa­ raît comme la destruction du « bonheur pur » et de l'état paradisiaque, caractérisés comme la « transparence réciproque des consciences » par Jean Starobinski.. »

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