Devoir de Philosophie

SARTRE: Huis clos, scène I

Publié le 05/12/2010

Extrait du document

sartre

INTRODUCTION

Huis clos est une pièce de théâtre de Jean-Paul Sartre rédigée à la fin de l'année 1943 et créée le 27 mai 1944 au théâtre du Vieux-Colombier à Paris. Sartre y réunit trois personnages venant de mourir en enfer pour y subir leur damnation éternelle. Aucun d’eux ne se connaît avant qu’un hasard apparent ne les réunisse ; En cherchant les raisons secrètes qui ont pu motiver leur réunion, ils vont progressivement se découvrir.

Dans cette première scène, comme dans un hôtel, un « garçon d’étage « introduit un homme dans un salon « style second Empire «. L’homme s’étonne de ne pas y trouver les instruments de torture dont l’imagerie traditionnelle peuple l’enfer. Garcin, c’est le nom du personnage, n’est concerné en rien par ce décor. Par son intermédiaire, le spectateur va découvrir ce lieu, le jour précis de l’entrée en enfer des personnages. La description du lieu va permettre de mettre à jour la nature du piège que constitue cet enfer et le caractère de celui qui se trouve dans cette situation.

On va voir dans un premier temps que cette exposition répond à la conception du théâtre selon Sartre, une scène en situation ; puis qu’elle donne à voir les caractéristiques de l’enfer selon l’auteur.

 

     I- Une exposition en situation

 

La didascalie initiale indique « salon style second empire…une cheminée « mais c’est à travers le regard et les propos de Garcin et les réponses du garçon d’étage à ses questions que l’on va découvrir le lieu et la nouvelle situation de celui-ci. Le regard important est d’ailleurs indiqué à plusieurs reprises :  « il regarde autour de lui « p. 13, p. 14.

1.1 le décor/lieu et sa fonction :

- une sorte de grand hôtel international comme l’indique le garçon d’étage: « il nous vient des chinois, des Hindous « p.14 ; « est-ce que toutes les chambres sont pareilles ? « demande Garcin p. 13 ; on sait alors qu’il y a « d’autres chambres et des escaliers « et « un couloir « .

- ainsi que les avantages du lieu « nous avons l’électricité à discrétion « indique le garçon p. 19

- Le choix du moment : « il entre « : entrée dans l’enfer ; confirmé par la réplique du garçon à Garcin « vivre… « Le personnage est mort et il entre en Enfer. On sait donc avec clarté que le lieu est bien l’enfer.

1.2 Garcin : découverte du lieu va de paire avec découverte de la situation pour le personnage de Garcin qui permet au spectateur de découvrir son caractère

- Le langage est révélateur de la condition sociale des personnages; ici, les paroles de Garcin révèlent un homme lettré : il sait décrire les choses comme un simple battement de paupières. Il est « romanesque « comme le dit le garçon d’étage.

- Mais il en dit aussi long sur le caractère : Garcin est un personnage de mauvaise foi. Tout en prétendant qu’il « veut regarder la situation en face « « je regarde la situation en face « p.16 et « je veux regarder la situation en face « p. 17 il cache mal sa nervosité ; Il passe d’un ton sérieux au rire tout au long de la scène ( rire certes mais à cause de la prise de conscience du châtiment éternel. Ironie « c’est ça l’enfer ? «, « pour l’amour de Dieu «)

 + style elliptique (phrases courtes, nombreuses questions, contestation – sa colère quand il reproche au garçon d’étage de n’avoir pas de brosse à dents à disposition).

- sa fureur se traduit enfin par ses actes : lorsqu’il frappe le bras du fauteuil ; cela dément l’indifférence qu’il affecte au début de la scène. Garcin est incapable de se dominer.

= Son agressivité verbale et physique obéit à un désir de supprimer les obstacles et non de les surmonter comme s’il suffisait de crier ou frapper pour qu’une vérité cesse d’en être une. Ce que Sartre appelle « conduite magique « : croyance que l’on peut modifier le réel. Plus que cela, son comportement et ses propos montrent sa mauvaise foi : il s’est construit un monde fait d’excuses et de situations fausses comme il le dit « Après tout je vivais toujours dans des meubles que je n’aimais pas et des situations fausses ; j’adorais ça « ; il est lui-même en situation fausse et s’est résigné à mentir et à ruser avec la réalité. 

Ses émotions traduites dans les répliques et les gestes de Garcin indiqués par les didascalies mettent à jour sa conscience.

 

Si cette scène permet de donner certaines informations comme le moment, le lieu et le caractère des personnages, il s’agit aussi de décrire, de donner les caractéristiques de l’enfer selon Sartre.

 

    II- L’enfer selon Sartre

 

Cette première scène nous introduit dans un monde fantastique : la survie incarnée. C’est l’occasion pour les spectateurs de contempler l’impossible : l’univers des morts. Cet ailleurs qui se présente comme un salon style second empire se révèle déroutant, inquiétant.

 

2.1 un lieu clos et inquiétant :

- Le lieu est clos qui occupe tout l’espace scénique ; c’est le seul visible par les spectateurs. Lieu qui fonctionne comme un piège « pas de fenêtres « donc pas d’ouvertures sur l’extérieur.

C’est un lieu mystérieux proche de l’absurde des objets caractérisés par leur absence ou leur inutilité : absurdité et caractère déroutant, inquiétant pour le spectateur sorte d’en-soi « massif, étouffant; - des conditions de « vie «inhabituelles :

* plus de sommeil et plus de nuit (des lampes qui ne s’éteignent jamais) : pas de repos possible « la vie sans coupure « comme le fait remarquer Garcin,

* un jour, donc,  exempt de temporalité

2.2 Le présent immobile, l’atemporalité : Cette scène ne décrit pas l’éternité mais l’accès à l’éternité, quand l’homme vient de mourir. Ce sont les premières minutes qui se répèteront exactement= donc un présent immobile car à jamais identique à lui-même.

 

Tout est présenté comme un piège, un « huis clos « absurde

 

CONCLUSION

Une scène qui correspond à un théâtre de situation tel que le veut Sartre ; situation la plus commune possible = la mort, situation excessive qui permet de mettre à jour la conscience des personnages. Ils sont ce qu’ils ont fait.

Liens utiles