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Publié le 12/11/2014

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Questions Sciences po 1 -Les caractéristiques du processus de démocratisation en Europe occidentale L'extension du droit de suffrage est un processus diversifié, pas homogène. Un politiste Norvégien Stein Rokkan a distingué deux modèles : un français et un anglais. L'anglais est caractérisé par ce processus lent, continu, sans retournement. Ce modèle est typique d'États qui se sont construits dans une période relativement ancienne, où le territoire a été unifié dans les siècles passés, dès le moyen Age, où l'État-Nation est donc ancien, mais également ce sont des États où il y a une grande continuité institutionnelle. Exemple existence de la chambre des Lords. Le modèle français : l'extension du droit de suffrage est très chaotique. Le SU masculin est introduit en France par un décret au printemps 1848. 1847 : 250 000 votants. Avec la réforme, on passe à 10 Millions d'électeurs. Retour en arrière en 1850, restrictions au droit de suffrage : il faut avoir résidé au moins 3 ans dans la circonscription. Exclusion de ceux qui ont eu certaines condamnations pénales. Diminution importante : - 4 Millions d'électeurs. Modèle français correspond bien à la situation de pays qui se sont consolidés tardivement. Processus chaotique va concerner bon nombre d'états continentaux en Europe. SUM est introduit en Autriche en 1918. La république de Weimar : 1919 SU & vote des femmes. L'avènement des régimes autoritaires conduit à un retour en arrière dès la fin des années 1920. Autriche en 1939, Allemagne en 1933. Deuxième élément : Extension du suffrage s'est fait au détriment de certaines catégories sociales, ce qui a permis d'en favoriser d'autres. Le droit de vote se répand mais est très inégalitaire. Les élites politiques considèrent que certaines catégories doivent être exclues de la démocratisation. On va essayer de protéger la société des populations considérées comme néfastes. Cas des personnes juives en GB. En France résistance au droit de vote des femmes. Facteur politique. Les radicaux et les socialistes s'inquiètent de l'accès des femmes au droit de vote. Crainte de l'influence de l'Église catholique. Pousserait à un vote conservateur. Mouvements de mobilisation menés par des femmes. Parlementaires ont été très divisés. Facteur historique. Histoire politique de la France = longue exclusion des femmes du pouvoir. Résulte de l'héritage franc, les femmes sont exclues de la succession au trône. Finalement le souverain citoyen reprend les attributs du roi, et donc les femmes sont exclues de ce nouveau pouvoir politique. Facteur culturel. Dimension prépondérante dans l'exclusion des femmes et notamment dans les pays latins. Les femmes en Angleterre sont perçues comme ayant une identité propre. Elles sont considérées comme des individus à part entière. Le combat des suffragettes est un combat pour intégrer au sein de la société politique. Donc les suffragettes anglaises luttent contre une exclusion de la moitié de la population. La nature de leur revendication est intéressante : elles revendiquent en tant que femme. C'est-ce qu'on appelle une revendication différencialiste. En France elles ne sont pas perçues comme des individus à part entière. Conception fonctionnaliste de la femme. Elle est perçue avant tout comme mère et comme épouse, donc dans sa fonction sociale. Il faut que les femmes au préalable acquièrent un statut à part entière, une identité propre. Selon cette logique, le régime de Vichy en France a cherché à introduire le vote familial, vote plural. Vote des femmes en 1944. Environ 6% de députés femmes qui sont élues. Chiffre faible. ¼ de ces députés st des veuves de guerre donc on a envoyé ces femmes comme des substituts de leur époux. Féministes en France qui vont surtout revendiquer à propos d'une émancipation de la sphère privée donc sur les droits civils des femmes.Ex. George Sand. Mouvement d'universalisation du vote mais pas égalisation. Le droit de vote s'ouvre à de nouvelles catégories de pop, mais en même temps d'autres sont favorisées. Vote multiple (peut voter plusieurs fois selon les propriétés sociales et économiques qu'il détient). Autre : chaque citoyen possède un bulletin de vote, mais le poids de ce bulletin n'est pas identique. Il existe une dernière pratique inégalitaire qui est fondée sur le découpage électoral, « bourg pourris » utilisée en Angleterre en créant des circonscriptions extrêmement réduites et donc peu d'électeurs. La progression du droit de suffrage a du s'accompagner d'un apprentissage électoral. L'intérêt politique ne se décrète pas. 2-L'apprentissage électoral Les partisans de la démocratie ont toujours cru que le peuple allait s'emparer de son droit. Or les populations sont écartées de la chose publique. Facteur d'habitude : on ne sait pas comment l'utiliser et ils ne voient pas l'intérêt à participer. Deux conditions : le degré de politisation suffisant (disposition générale à valoriser la politique et lui apporter de l'intérêt). Et il faut avoir le sentiment que son vote compte. 1er apprentissage : L'apprentissage du vote s'est d'abord fait au niveau local, depuis le XIXème. Autre phénomène : les élections restreintes impliquent l'ensemble de la communauté nationale. Le vote censitaire permet d'intéresser l'ensemble de la population à l'acte électoral (fêtes, défilés dans les rues). Multiples consultations, on a eu les pratiques plébiscitaires très utilisées sous le IInd Empire : Napoléon III fait un appel au peuple où il l'interroge sur sa politique. Italie : référendums pour l'unification du pays dans les années 1860-1870. Elément d'apprentissage significatif. Baisse progressive de l'abstention (autour de 35%). À la fin de l'empire 20%. Développement de l'intérêt pour la politique. On a pensé que la politisation s'est d'abord développée dans les villes (centres politique de débat d'idée, de rencontre). Les campagnes ne se seraient politisées que par la suite. Historien Maurice Agulhon a montré que la politisation des campagnes s'est produite dans la Seconde république, les paysans s'étaient intéressés au débat public et politique. Élément important : avènement du SU Masculin. Lieux de sociabilité dans les villages : cafés, fêtes de village. À l'inverse, le milieu urbain n'a pas été aussi réceptif à la participation électorale. À la fin du XIXe, la participation urbaine n'est pas supérieure à la participation rurale. Va ensuite se développer deux types de vote : Le vote sous dépendance. D'abord le vote de transaction dans le cadre du régime censitaire n'est pas un choix individuel. Intérêt direct que l'on va pouvoir retirer, logique d'échange (l'élu et l'électeur : mm catégorie sociale). Pas d'authenticité du vote. (fraude) Patronnage : (au RU). Gd propriétaire terrien : en échange la pop obtient des subventions.. dons collectif, question des transports. Le vote par allégeance. Élargissement avec le SU masc. Allégeance à un clan, famille, groupe social. Devoir de loyauté : allégeance morale. Vote identitiare (communauté religieuse, territoriale, travail). Pas de pouvoir autonome. Le vote d'opinion. Vote indépendant, autonome, s'appuie sur l'intérêt général. Instauration du vote secret/l'autonomisation du vote (vote individuel et collectif) -> isoloir, bulletin et enveloppe officielle, scrutateurs qui vérifient que les votes ne sont pas truqués, organiser la compétition électorale. 3-Les figures historiques de l'opinion publique L'expression XVIème. L'OP est une croyance commune partagée par une communauté. C'est une opinion qui porte sur la vie privée, en lien avec les bonnes moeurs. *XVIIIème, l'OP va passer aux affaires publiques dans le contexte des Lumières : développement du contre pouvoir, critique de l'autorité royale. On porte un jugement sur la religion, le politique, l'art. La notion d'espace public selon l'Allemand Habermas. C''est le lieu où les personnes privées font un usage public de leur raison. Les comptes de la nation vont être rendus publics -> se développe notre jugement. *XIXème siècle, apparition de la bourgeoisie éclairée. Dvlpmt de cette bourgeoisie : salons littéraires, discussions dans les cafés, les clubs et la presse. Trois dimensions principales : - L'OP est définie comme une force issue de la raison donc dimension rationnelle. - L'OP se construit à partir d'une délibération : l'opinion publique naît d'un échange, elle n'est pas l'addition d'opinions isolées. (discussion, argumentations). - L'OP fait office de contre pouvoir. Doit remettre en cause pvr pol, discuter ses décisions. Avec la Révolution française, on a la vague progressive de démocratisation. * XIXème siècle, l'OP va être transférée de cette élite éclairée vers le peuple. Une idée domine : il est difficile de gouverner contre cette OP. Le peuple est dépositaire de cette OP. Certains se font les portes voix légitimes de cette OP (Robespierre). Lutte entre les portes paroles de l'opinion et oppose clairement les représentants à l'Assemblée aux clubs politiques qui se sont formés. Sous l'ère napoléonienne, la police secrète se doit de mesurer l'opinion publique. A la fin du XIXème siècle, 1ère véritable conceptualisation du rapport entre fonctionnement de la démocratie et de l'OP par James Bryce, observateur du système politique américain. Il remet en cause la théorie classique de la démocratie fondée sur la démocratie représentative. Ainsi, la souveraineté du peuple s'exprime à échéance régulière via les élections. Or Bryce considère qu'il faut passer un nouveau stade de la démocratie et théorise une nouvelle forme : la démocratie d'opinion. C'est un modèle de gouvernement fondé sur un contrôle quasi permanent du peuple sur les décisions politiques. Bryce s'intéresse alors aux EU, il explique que l'opinion publique est créée par les éditorialistes. Cette OP est diffusée par la presse, les groupes de pression. En FR Maurice Hauriou sous la IIIème République qui reprend pour partie cette théorie. A la fin du XXème siècle, un juriste constitutionnaliste a théorisé cette conception : Le contrôle s'effectue par l'opinion publique créée par les sondages et le juge constitutionnel, le CC qui est la garant des libertés et des valeurs. * S'opère un glissement car à la fin du XIXème siècle, on va commencer à s'intéresser aux intentions des électeurs : on va essayer de mesurer une volonté d'agir, les intentions. Aux EU : les journaux vont opérer des « votes de paille ». Pas de véritables méthodes scientifiques, ce sont des techniques approximatives. L'idée est qu'on peut prévoir les résultats électoraux. Idée est reprise sur un ensemble de questions de la société au XIXème et XXème siècle. Une étape importante : l'affaire Dreyfus qui est lancée en 1898. L'affaire Dreyfus s'inscrit dans le modèle d'Habermas avec des opinions qui permettent d'établir l'opinion publique. Au XXème siècle, les journaux français vont reprendre la technique de l'enquête populaire développée aux EU : les journaux vont organiser leur propre référendum. Un dernier seuil franchi avec le recours à l'échantillonnage représentatif : l'utilisation du sondage. La théorie des probabilités. On va construire un échantillonnage représentant en miniature une portion de la population. Résultats proches de la réalité. Cet outil va se diffuser en Europe dès les années 30. Après 1945, il y a eu des instituts dans tout l'Europe donc on a une diffusion de ce dispositif. France : cas à part en Europe, pays où le sondage est le plus utilisé. * Explication avancée est fondée sur la méthode utilisée en France pour construire les sondages : les sondages et les échantillons représentatifs sont construits en totalité à partir de la méthode des quotas. L'échantillon représentatif est construit de manière artificielle, on laisse de côté la méthode aléatoire. En France, l'outil performant est l'INSEE qui permet de bénéficier de ses données. * En réalité, conditions historiques et institutionnelles qui ont favorisé les sondages politique : sous la IVème république, il y a eu un soutien de la presse magazine à cette technique, ce qui a favorisé les sondages. * Mais ce qui est fondamental est le tournant avec la Vème république où apparaissent de nouvelles règles du jeu politique : c'est la nouvelle logique des institutions qui a favorisé le développement des sondages politiques. L'utilisation des sondages a été fortement critiquée (Ex présidentielles 2002 avec LePen second tour). 4-Les conditions de création des nouveaux partis politiques contemporains Il existe des cycles de vie des partis politiques : ils ne sont pas immuables. En Fr, la plupart sont récents, du dernier tiers du XXème. Le plus ancien est le parti radical de 1901. Pour le reste, beaucoup de transformations. Hétérogénéité des variables pesant sur la refondation des partis. Deux séries variables : variables relatives à l'environnement politique et institutionnel et les deuxièmes ont trait à la dynamique de mobilisation liée à la refondation et création des partis ? La dynamique de mobilisation : * Un politiste italien Panebianco a insisté d'abord sur les rapports des leaderships dans cette dynamique de mobilisation. Il montre bien que la création et la refondation d'un parti politique peut être vu comme une entreprise de soutien à un leader. ->En France la création du RPR en 1976 et de l'UMP en 2002. Les transformations partisanes sont liées à une entreprise politique : la création du parti vise à développer une allégeance ou un pouvoir au sein du groupe. En 1976, c'est la prise de pouvoir d'une nouvelle génération dans le mouvement : Chirac sur le mouvement gaulliste. En 2002, il s'agit d'une refondation des droites françaises, qui vise avant tout au soutien au président en faveur du leader Chirac : regroupement autour de la figure présidentielle. L'UMP est au début un label, c'est bien une entreprise personnelle de leadership. ->Enfin, on le retrouve dans un petit parti, la République solidaire, créé à l'été 2010, c'est une organisation qui défend l'intervention de l'Etat. Il se situe à droite de l'échiquier politique et dirigé par Dominique Villepin. * On assiste également à l'importance prise par les rapprochements doctrinaux qui servent les refondations partisanes. -> En France avec la création de l'UMP : il est rendu possible car les traditions doctrinales ont convergé. On peut le voir avec la convergence du mouvement gaulliste avec la famille des centres. Cette convergence a eu lieu sur la question européenne, le tournant étant le traité de Maastricht de 1992 avec un ralliement des leaders du RPR. Le mouvement gaulliste s'engage véritablement dans l'intégration européenne, ce qui permet une refondation des droites. S'opère alors un tournant dans les années 80 : c'est le tournant néo-libéral du mouvement gaulliste en faveur de l'intervention de l'Etat. Jacques Chirac est premier ministre. C'est le développement des privatisations de 1986 à 1988. Ce tournant permet le rapprochement avec la tradition libérale française, la conséquence étant en 2002 avec un long rapprochement doctrinale et donc la démocratie libérale. Le RPR fusionne dans l'UMP. Enfin s'agrège aussi la tradition centriste. ? Les variables de l'environnement * Le mode de scrutin a une influence sur les possibilités de refondation des partis : de fait la dynamique majoritaire pèse sur la création des petits partis. Le risque étant de ne pas avoir d'élus, ce qui provoque l'éclatement des familles politiques. La transformation des partis politiques jouent sur la transformation des partis : en Europe, les membres du parlement européen ne seront plus délégués mais élus au suffrage universel direct. C'est une décision prise par les Etats membres. Conséquence : Apparition de nouvelles formations qui cherchent à être représentées, notamment le mouvement écologiste. ->S'agissant du cas français, on note l'importance prise par l'élection au suffrage universel direct du président qui a conduit à une présidentialisation des partis politiques, ce qui signifie que l'organisation interne des partis s'est calé sur cet objectif. L'activité des partis a aussi été déterminée par cette élection. On le voit s'agissant du PS avec la mise en place des courants qui se développent dès les années 70 et qui sont donc déterminés par l'élection présidentielle. La création de l'UMP naît aussi de la volonté de ne plus être contraint par la compétition entre les différents partis de droite. * On peut noter l'importance prise par les conjonctures politiques : une crise politique aboutit à la refondation des familles partisanes ou en tout cas le favorise indéniablement. -> Le cas le plus illustratif est la situation italienne : au début des années 90, se multiplient les scandales politico financiers et les magistrats enquêtent : c'est l'opération « mains propres ». Sont révélés les financements occultes des principaux partis politiques de droit comme de gauche. C'est un phénomène de corruption avec des financements illégaux des partis DC et SI. Ces deux mouvements se sont partagés le pouvoir après la guerre, la conséquence étant un effondrement de l'électorat qui intervient en 1992 après les élections locales et qui se prolongent. Lors des élections générales de 1994, ces partis disparaissent. -> En France on peut noter l'effet du 21 avril lors de l'élection présidentielle de 2002 : Jean-Marie Le Pen parvient au second tour des présidentielles. Ce résultat a favorisé la refondation des droites françaises. * On peut noter deux cadres de processus de formations des partis : la refondation partisane, les partis existant déjà et la création naturelle des nouvelles formations. Dans la refondation partisans, il y a trois processus possibles avec le cadre européen : * Le premier processus est une création par en haut ou la création d'un parti d'élus. Des élus vont chercher à soutenir une personnalité et donc ils peuvent créer une formation partisane mais également essayer de conserver une assise électorale en créant un parti. Ce cas de figure correspond à « un groupe parlementaire parti ». -> Dans la période récente, dans les années 60, il y a la création de la Fédération nationale des républicains indépendants créée en 1966, qui a pour but de soutenir Giscard d'Estaing qui a été évincé du gouvernement. Il cherche alors à organiser ses soutiens. C'est juste un groupement de soutien à une figure politique. Il correspond aussi à la création du parti du nouveau centre avec les élections présidentielles de 2007 où Bayrou refuse d'apporter un soutien au candidat du 2nd tour, il choisit donc l'autonomie du centre. Or, les élus de son parti, l'UDF, appartiennent à la droite modérée et perdent alors leur siège lors des élections législatives en choisissant l'autonomie (les soutiens de Bayrou seront face à des candidats de l'UMP). Le parti est créé par le groupe parlementaire du centre à l'AN, c'est un parti d'élus. * Le deuxième processus est l'agrégation de partis ou la fusion de partis : C'est le groupement de partis existants qui vont fusionner et se rapprocher. -> En France, le FN peut rentrer dans cette logique d'agrégation préexistante. Le FN est né en 1972 et il naît d'un regroupement de mouvements activistes donc différents mouvements de l'extrême droite française. Ces mouvements ont participé pour certains à des élections. « Front » signifie l'alliance et le regroupement de différents partis. De fait, pendant plusieurs années, le parti gardera une adhésion multiple. Cette agrégation de partis s'inscrit souvent dans la prolongation d'alliances électorales. Le partenariat électoral précède la structuration d'un parti. -> On le voit dans le cadre de la droite française, il y a eu une succession d'accords électoraux entre l'UDF et le RPR à partir de 1981. Ce sont des labels différents qui sont utilisés mais on a des alliances électorales et un seuil est franchit en 1997 lié à un échec électoral. En 1997, la droite modérée va décider de créer un intergroupe parlementaire : une coopération organique se crée avec des rencontres entre les groupes des deux partis. C'est une étape importante dans la fusion de 2002. On peut constater que le parti de François Bayrou, le mouvement démocrate, ne naît pas d'une simple réorganisation idéologique mais correspond à une agrégation de partis. En se créant en 2007, c'est un regroupement entre deux formations : l'ancienne UDF et un petit parti écologiste, Cap 21. Ce cas du modem permet de relever un élément significatif : la refondation partisane est tributaire du positionnement des autres partis au sein de la compétition. De ce point de vue, le modem est l'échec de la création d'un grand parti social libéral. En effet, l'objectif était que l'aile droite du parti socialiste participe du mouvement. * Le troisième processus est la création du parti par scission : ce phénomène s'est vu à droite mais aussi à gauche. -> A droite, c'est lié à l'évolution des positionnements politiques sur quelques grandes thématiques. Il y a deux enjeux importants : la question européenne et les politiques économiques. Donc les grandes familles de la droite modérée se sont positionnées en faveur de l'intégration européenne notamment avec le grand tournant néo-libéral du milieu des années 80. La conséquence est que cela libère un espace politique pour de nouvelles formations favorables à l'intervention de l'Etat (les droites d'Etat). C'est ce qui correspond à une tradition néo-gaulliste (« Debout la République »). De manière plus significative, au milieu des années 90 a été créé le Mouvement pour la France défendant la position souverainiste des parties et qui entent critiquer l'intégration européenne et le processus communautaire. Ce phénomène a été significatif au RU avec l'apparition du mouvement Ukip en 1994 pour l'indépendance du RU. Or, le mouvement est violemment eurosceptique qui n'a pas réussi à percer au niveau national mais avec des scores élevés aux élections européennes comme en 2009. On a une libération d'un espace à droite avec la scission de nouveaux partis. Les leaders de ces mouvements sont des anciens des mouvements conservateurs. ->On retrouve ce mouvement à gauche : on assiste à l'effondrement des partis communistes mais le recentrage des partis socialistes et de la famille sociale démocrate. Cela a conduit à des scissions notamment en France et en Allemagne, cette dernière servant de modèle. On le voit avec la création d'un parti de gauche, Die Linke créé en 2007 par Oscar de la Fontaine qui a appartenu auparavant à un mouvement social démocrate. Ces gauches radicales finissent pas créer un parti qui va s'implanter électoralement. Ce phénomène se retrouve également en France avec l'évolution du parti socialiste : son aile gauche est devenu très minoritaire. C'est le congrès de Reims de 2008 et les leaders de cette aile gauche tirent la conséquence en quittant le mouvement. Ils ont divisé leur importance par deux, le mouvement est dirigé par Mélenchon créant un parti de gauche en 2009. Or, lors du congrès fondateur du parti, il demande à ce qu'Oscar de la Fontaine soit présent. 5-La théorie des clivages de S.Rokkan Ces auteurs disent que l'Europe a été touché par de grandes fractures qui ont structurés les sociétés actuelles : la révolution nationale par la construction de l'Etat nation et la révolution industrielle avec les transformations économiques. Les conflits ont été importants et significatifs et ont été pris en charge politiquement : les partis politiques ont traduit ces conflits ; Ces deux révolutions ont donné lieu à une série de clivage au sein des systèmes politiques. * La révolution nationale 1) La construction de l'Etat nation : Elle a donné naissance à un clivage entre l'Eglise et l'Etat central. L'Etat nation s'est construit au XVI-XVIIème siècles. Le schisme religieux est interdit au même moment avec la réforme qui va se manifester dans différentes sociétés européennes. Tout dépend de la question religieuse de ces pays. Les pouvoirs politiques ont du se positionner par rapport au schisme religieux. On a donc différents cas de figure en Europe : * Premier cas : la réforme l'a emporté dans la communauté nationale. Le conflit religieux ne s'est pas traduit en conflits partisans mais il a été atténué. L'Eglise anglicane épouse la cause nationale. Il n'y a donc pas de création de partis confessionnels. * Deuxième cas de figure : la réforme a divisé la communauté nationale. On a la création de partis confessionnels (création de partis protestants, catholiques notamment dans les PB). Autre cas : Apparition d'un grand parti cherchant à protéger des minorités notamment en Allemagne. * Troisième cas de figure : c'est la situation correspondant à l'Europe du sud avec un lien assez fort avec l'Eglise de Rome. Tensions politiques importantes. On a l'apparition de partis confessionnels dès l'entre deux guerre et un parti laïc puissant (en France, c'est le parti radical et radical socialiste, né en 1901 dont un point de leur programme est la défense de la laïcité). -> Italie et en Espagne avec le développement de partis catholiques. 2) Le clivage entre le pouvoir central et les périphéries : On a les partisans de la centralisation du pouvoir d'un côté et les partisans d'une autonomie territoriale pour la défense d'une minorité sur une partie du territoire. Ce clivage est lié à une dimension culturelle, c'est la revendication d'une contre-culture. Il est lié aussi à un facteur économique car il faut que cette partie du territoire soit économiquement autonome. On voit des situations contrastées : en France, ce clivage est peu pris en charge avec une faiblesse historique de partis autonomistes (partis bretons). Dans d'autres pays, il y avait une culture assez développée avec une bourgeoisie économique qui a contesté le pouvoir central : c'est le cas de l'Espagne avec le développement de partis autonomistes qui vont perdurer. ¨ La révolution industrielle Elle se développe au XIXème siècle, postérieur à la révolution française. Cette fracture donne naissance au clivage le plus porté politiquement, dénommée l'opposition entre possédants et non possédants ou bourgeoise et prolétaire. C'est un clivage économique qu'on retrouve dans tous les Etats européens, il reprend le clivage gauche/droite. C'est l'apparition des familles socialistes et des partis ouvriers. Néanmoins, Rokkan a prolongé ce clivage en parlant d'une troisième révolution, la révolution internationale. Elle est liée à un contexte spécifique, la Révolution russe de 1917. On a des tensions entre la famille socialiste et l'apparition du courant communiste. -> Enfin, cette révolution a opposé les partisans du milieu urbain à ceux du monde rural. Classiquement, c'est le clivage rural/urbain dans le modèle Rokkanien. Il n'est pas lié à une profession ou à un territoire, c'est d'abord une opposition de deux modes de vie. La question est de savoir si les élites rurales ont été négligé et n'ont pas pris part à la modernisation des sociétés. Lorsque ces élites rurales n'ont pas pris part à ce mouvement, cela a donné lieu à une contestation. -> A contrario, on a la situation du RU où les élites rurales et urbaines ont été allié, de fait il n'y a pas de partis ruraux et urbains nés au RU. -> Dans des pays d'Europe du Nord et central, il y a eu apparition de partis paysans (en Suède, Pologne). Il y a aussi eu des tentatives en France et en Italie : en France, les mouvements ont plus été localisés dans un territoire donné. A la sortie de la 2nde GM, il existe un parti paysan d'union sociale, peu implanté au niveau national. ¨ Le modèle de Rokkan a pu être revisité pour montrer qu'en réalité, des partis peuvent prendre en charge plusieurs clivages. On le voit avec la famille socialiste : le parti socialiste a pris en charge la tradition socialiste entre possédants et non possédants à la suite des grands mouvements ouvriers à la fin du XIXème siècle mais aussi le clivage entre Etat et Eglise avec la laïcisation. ¨ En réalité, la principale question sur le modèle de Rokkan apporté sur sa thèse est « la thèse du gel des clivages ». Il insiste sur l'importance de ces deux révolutions. La question se pose : est-ce qu'il n'y a pas de possibilités de création de nouveaux partis ? La thèse de Rokkan est différente, il ne s'agit pas de dire que de nouveaux partis ne peuvent pas être créés. Le modèle pose que les nouveaux partis ont nécessairement un lien avec ces clivages originels, avec la révolution industrielle, internationale ou nationale. Certains l'ont observé dans les transformations actuelles. On peut voir deux manifestations du gel des clivages : * Les nouveaux partis, en réalité, ont pris part avec ces anciens clivages. Multiplication de partis sur un versant de clivages. * On s'aperçoit également récemment qu'il y a de nouveaux partis qui traduisent des clivages latents dans nos sociétés européennes. -> C'est la traduction du clivage rural/urbain dans la dernière décennie du XXème siècle. C'est l'apparition d'un nouveau parti, CPNT. Il défend la proximité, le milieu rural et s'oppose aux écologistes. L'électorat puise à gauche et à droite. * On peut se demander s'il n'y a pas de possibilité de création de nouveaux clivages : ils ne doivent pas traduire que des tensions politiques. -> Les partis écologistes se sont posés la question sur ces nouveaux clivages dès leur création en 1980. Ces partis s'inscrivent dans une nouvelle révolution liée aux transformations des valeurs dans la société européenne. Cette lecture s'appuie sur le constat de l'apparition d'une révolution silencieuse en Europe à partir de 1945. Pour Inglehart, il y a une « révolution silencieuse » de l'après guerre jusqu'aux années 70 qu'on n'a pas perçu sur le moment. Les besoins matérialistes et économiques ont été satisfaits durant les Trente Glorieuses. Clivage entre possédants et non possédants. Les nouvelles revendications sont post-matérialistes, marquées par un déplacement des atteintes qu'on retrouve dans des mouvements associatifs notamment (droits de l'Homme, droits des minorités, revendications homosexuelles, revendications sur l'environnement). Apparition des partis écologistes. -> Par analogie, d'autres auteurs ont définit l'apparition d'une « contre révolution silencieuse » : C'est la montée des peurs, et un nouveau clivage serait apparu autour des libertés et d'une demande de davantage d'autorité. C'est le clivage libertaires/autoritaires avec l'émergence des valeurs traditionnelles par les partis de droite et d'extrême droite. 6-Les trois socialismes en Europe On distingue trois modèles de socialistes auquel s'ajoutent les partis communistes. 1) Le mouvement social démocrate -> Le modèle le plus ancien est le mouvement social démocrate : cette tradition est une spécificité européenne. Le principal représentant est le parti social allemand (SPD). * Ce modèle social démocrate repose sur un type d'organisation des partis : le parti est très structuré et organisé. Il va développer un vaste réseau militant de gauche. Sa puissance résulte de sa capacité à dominer politiquement à gauche : peu de concurrents à l'origine, donc il réussit à monopoliser le vote populaire puis celui des salariés (50-60). * La seconde force de ce parti vient des rapports entre ce parti et les syndicats : il réparti les tâches entre le syndicat et le parti politique. Le modèle social démocrate s'appuie sur un militantisme important, une représentativité forte par le syndicat (70%). * De plus la sociale démocratie est un socialisme de réforme, il n'est pas révolutionnaire. Bernstein considère que la théorie du marxisme doit être revue dans son ouvrage. Il fait un constat empirique : selon la théorie marxiste, le capitalisme aurait du s'écrouler or ce n'est pas le cas et le développement du capitalisme a amélioré la condition des ouvriers. Progressivement, cette vision va devenir dominante, le seuil étant franchi en 59 où le parti abandonne l'ensemble des principes marxistes. C'est l'abandon de la doctrine de la lutte des classes. La sociale démocratie développe une culture de compromis : le parti est fondé sur des logiques de négociations avec ses partenaires politiques. 2) Le courant travailliste * La deuxième tradition est une déclinaison du modèle social démocrate : c'est le courant travailliste. -> En Angleterre, il n'y a pas eu de projet politique d'envergure issu du monde ouvrier. A la fin du XIXème siècle, les membres du syndicat prennent contact avec les libéraux en leur demandant de soutenir leurs revendications. Ceux-ci vont alors faire voter un certain nombre de textes de lois dont l'initiative vient des syndicats. Le deuxième processus est de présenter des candidats ou de soutenir des libéraux soutenant leurs idées. Les syndicats vont alors décider de créer eux-mêmes leur propre parti. Les syndicats ont de nombreux militants (1 500 000 adhérents fin XIXème siècle). A partir de 1913, une loi va permettre aux syndicats d'aider financièrement les partis. L'objectif est d'améliorer la condition ouvrière, les questions sociales et le travail. L'idéologie est assez secondaire. L'histoire du mouvement travailliste est l'histoire de l'autonomisation du parti vis-à-vis des syndicats qui s'est faite progressivement avec des étapes : Première étape : l'adhésion directe après la 1ère GM. Deuxième étape : les tensions lorsque le parti travailliste est au pouvoir. Or, dans les années 70, le parti quitte le pouvoir avec des tensions très fortes avec le syndicat. Troisième étape : dans les années 90, le syndicat devient minoritaire dans la conduite de la direction du parti. Ses représentants ne dirigent plus la politique du mouvement. C'est le dernier stade de l'autonomisation. -> Ce modèle travailliste est un modèle assez relatif. Contrairement à la sociale démocratie qui s'est répandue, il y a peu de modèles ouvriers qui ont suivi ce modèle anglais. 3) Le socialisme républicain, la tradition de l'Europe du Sud * En France on a eu une troisième tradition, c'est le socialisme républicain. * La première différence est la grande faiblesse de l'organisation : le parti socialiste a une structure faible avec une vie très mouvementée par des tendances conflictuelles. Ce sont des pays où l'économie est restée à dominante rurale donc le parti ouvrier n'a pas pu se développer sur le milieu industriel. La logique de division car il n'y a pas de représentation homogène du mouvement. * Cette faiblesse est due aussi à l'existence d'un parti concurrent à gauche. Il y a un parti arrivant à capter le vote ouvrier, le parti communiste. Lors de la scission du mouvement en 1920, les 2/3 des adhérents vont rejoindre le mouvement communiste qui deviendra le PCF, la conséquence étant l'affaiblissement des structures avec une perte des militants. -> Dans le cas français, le socialisme va alors surtout développer son implantation locale, ce qui lui a permis, sous la Vème République, de devenir un parti puissant. De 1936 à 1978, le premier parti ouvrier en France est le parti socialiste. * Le deuxième grand concurrent de ces socialistes républicains est le syndicat. Ce syndicalisme se positionne politiquement en participant à la compétition politique. Il a pour maître mot la révolution qu'il organise à partir de la grève générale. Donc il n'est pas apolitique, il est contre les partis existants. Dès lors, il y a une conséquence pour les partis socialistes notamment le SFIO : ce syndicalisme interdit à ces membres d'appartenir à un parti. 7-Les familles de droite modérée : caractéristiques et mutations 1) La droite conservatrice ¨ Le conservatisme naît contre la Révolution française. C'est une pensée empirique : la loi doit être guidée par la morale en s'appuyant sur la tradition. Elle s'appuie sur la continuité, les coutumes, les traditions du passé ainsi que l'opposition au conflit par la logique de l'ordre. D'abord, c'est un courant qui n'est pas démocratique. Le conservatisme prône les hiérarchies sociales et ne met pas en avant l'égalité. Ce courant prend en charge les intérêts des propriétaires fonciers, là où le libéralisme prendra en charge les intérêts du milieu commerçant et industriel. * Ce courant se convertit ensuite à la démocratie au cours du XIXème siècle et il accepte les réformes sociales mais si elles permettent de lutter contre les conflits. -> Le parti conservateur britannique est le pilier de cette tradition, il va défendre le pragmatisme. La moitié des ouvriers votait conservateur. * Il y a eu un changement important avec la crise des années 70, c'est le choc de la crise économique (choc pétrolier), on a alors un phénomène conjugué avec une faible croissance et une montée du chômage. Forte inflation. Conséquence : radicalisation du conservatisme britannique. On va mettre à la tête du mouvement Margaret Thatcher qui est en réalité en rupture avec le pragmatisme du conservatisme. S'ensuit un tournant néo libérale avec la promotion de l'économie de marché et une politique monétariste. Cela permet aux partis conservateurs d'être au pouvoir pendant plus d'une décennie de 1979-1990. En 1990, on a un essoufflement et un retour vers la tradition originaire du conservatisme. On a le retour au pouvoir de cette famille politique qui est intervenue en 2010 avec une coalition et avec à sa tête David Cameron. Deux éléments importants qui ont servi ce retour au pouvoir : * C'est une radicalisation du parti conservateur sur la question européenne : Le parti conservateur quitte le groupe parlementaire des modérés en créant celui des euro sceptiques (2009). Il y a une reconquête du pouvoir. * Cameron s'inscrit dans la continuité de la politique Thatchérienne : il propose un programme néo libéral classique. -> C'est aussi le cas français avec le gaullisme : très clairement, le parti gaulliste a mué et s'est rapproché de cette tradition des partis conservateurs. a) La première étape est le départ du général de Gaulle avec la refondation du mouvement. b) A cause de la crise des euromissilles et tension Est/Ouest, le parti choisit alors plutôt l'alliance que l'autonomie de l'Etat nation. Donc la stratégie de l'autonomie nationaliste est écartée. La droite modérée va évoluer vers un travaillisme à la française donc vers une aide sociale. c) Le RPR va se caler sur le modèle néo libéral promu par Thatcher. Un autre évènement déclencheur est l'arrivée de la gauche au pouvoir. Cette tendance s'est accentuée avec la création de l'UMP puisque la droite sociale et interventionniste s'est détachée du mouvement. L'UMP peut être rattaché à cette tradition conservatiste. 2) La courant démocrate-chrétien Les catholiques vont s'organiser face aux protestants et face aux libres penseurs. Née en France le courant se développe à partir de la Révolution de 1848. Il s'agit de réconcilier la chrétienté avec la démocratie donc aussi de défendre les valeurs chrétiennes. Donc la démocratie chrétienne correspond alors à deux grands courants : le catholicisme social et le catholicisme libéral qui fait prévaloir le pluralisme et la défense des libertés. * Ce courant démocrate chrétien va promouvoir les législations sociales donc l'amélioration des conditions des ouvriers et du peuple. Avant la 1ère GM, le courant réussit à s'implanter dans quelques pays surtout en Italie et en Allemagne. - Ce courant est promu par des leaders participant au mouvement de résistance dans les pays occupés. - La droite traditionnelle est laminée, cela est lié aux liens entre un parti du personnel politique avec le régime nazi. * De cette tradition, sont nés deux modèles principaux dominants après 1945 : -> Le modèle italien : ce qui caractérise ce modèle est la dimension interclassiste. Le parti a un électorat divers. Spécificité du parti : le parti a une aile droite, une aile gauche et un centre. En Italie, il est dominant. -> On a également le modèle allemand qui est né après la guerre : c'est la CDU-CSU. La grande spécificité est que ce parti est chrétien multiconfessionnel, pluralisme des tendances chrétiennes. En Italie et en France, les partis démocrate chrétien sont catholiques. S'y ajoute la grande décentralisation du mouvement. Dès l'origine ce parti allemand défend les valeurs du libéralisme économique. Le socle doctrinal est de promouvoir l'économie de marché. Comment expliquer la force de ces partis dans certains Etats et la faiblesse dans d'autres Etats ? La théorie des clivages explique leur apparition dans certains Etats et pas dans d'autres mais il y a d'autres facteurs : * L'Eglise a été relativement réticente aux développements des partis démocrates chrétiens. La crainte est l'augmentation des tensions, l'apparition d'une fronde anti-chrétienne. * D'autre part, ces traditions démocrates chrétiennes ont pu être concurrencées à droite : on le voit en France. * Les voix et le militantisme ne sont toutefois pas passés à gauche, c'est le gaullisme qui a capté cet électorat. Toutefois, il y a renaissance de cette démocratie chrétienne de 1998 à 2007. * A partir de 1998, on a l'implosion de ce mouvement : c'est la création de la nouvelle UDF. Les libéraux s'y sont détachés. Cette nouvelle UDF est à nouveau un parti démocrate chrétien. De fait, durant cette décennie les militants du mouvement sont issus des jeunesses catholiques. * Néanmoins, s'opère un tournant avec la candidature de Bayrou en 2007 : c'est la création du Modem. Fin de la démocratie chrétienne française. * En réalité, il existe un dernier courant démocrate chrétien qui s'est développé de manière autonome avec la création de l'UMP : on peut dire que la nouvelle UDF est le courant du catholicisme libéral. Mais il y aussi le catholicisme social porté par Christine Boutin. Elle se présente en 2002 en créant un nouveau forum qui se transformera pour devenir un parti chrétien démocratie (PCD) associé à l'UMP et qui défend la tradition sociale. On a toutefois un dernier résidu de catholicisme social. Le courant libéralisme Le libéralisme est plutôt à gauche : il en est une critique. Il se diffuse en Europe : il est réformateur et se développe en 1830. La droite libérale exprime les intérêts de la bourgeoisie. Doctrinalement, il joint un libéralisme économique à un libéralisme politique (par l'opposition au pouvoir absolu) : il défend les libertés civiles, aussi les intérêts commerciaux. Enfin il promeut la défense des libertés face à la religion. En France, ce qui correspond le plus à ce courant est le parti radical et radical socialiste par son pôle d'opposition sur le plan confessionnel. * Ce courant est apparu dans des pays où il est devenu un parti pivot : c'est le cas de l'Allemagne dans les années 70-80. Il s'est allié tantôt à droite, tantôt à gauche. Aujourd'hui alliance avec les conservateurs. -> Or, ce positionnement de parti pivot n'est pas retrouvé en France. Le parti est en déclin. La conséquence est que le parti a du se scinder : on a un parti radical s'alliant à droite puis l'aile gauche a créé son propre parti s'alliant avec les communistes européens. * On peut observer des mutations dans les dernières décennies : il y a eu un mouvement de convergence des droites européennes. -> La disparition des droites hétérodoxes : cela a longtemps été le cas du gaullisme. Un historien français, René Raymond, définit trois droites : la droite orléaniste défendant les valeurs de la bourgeoisie, la droite légitimiste issue du courant contre révolutionnaire défendant des valeurs traditionnelles et morales et la droite bonapartiste représentant la défense de l'autorité relative à la période du Second Empire : c'est la droite d'Etat avec un Etat interventionniste. -> Or, le gaullisme est caractérisé par la promotion de l'autorité d'un Etat fort donc de cette droite d'Etat : importance du leader, le général de Gaulle. > D'autre part, on a une convergence opérée entre le courant conservateur et la démocratie chrétienne. Il y a désormais un groupe commun, le PPE DE (parti populaire européen et démocrate européen). Regroupement des partis démocrates chrétiens, des partis gaullistes et conservateurs, lié à une nouvelle orientation des partis conservateurs sur la question européenne. Il y a un recentrage, ils sont moins eurosceptiques. Partis démocrates chrétiens sont affaiblis. Ils ont été concurrencés par les partis sociaux démocrates et la droite conservatrice. Ces courants politiques sont affaiblis : le seul parti demeuré puissant est la CDU CSU. Or, il est puissant parce qu'en réalité c'est un parti démocrate chrétien spécifique. Il est plus proche des conservateurs que des démocrates chrétiens. Alors pour survivre, ces partis ont eu tendance à droitiser leur programme en ayant une orientation plus conservatrice. La référence chrétienne a disparu de ces mouvements. > Enfin, on s'aperçoit qu'il y a une adhésion de ces traditions au modèle néo libéral : il y a convergence de ces politiques économiques à partir des années 80. Il y a des convergences sur l'offre politique c'est-à-dire le programme mais la demande politique est diversifiée (valeurs promues par l'électorat de droite). Certaine homogénéité mais on a mesuré les tensions au sein de la CDU CSU et au sein du parti conservateur britannique avec clairement, une aile gauche et droite et un électorat diversifié (notamment sur les sujets concernant la famille et l'homosexualité). On a alors un aperçu des droites européennes. 8)La résurgence des partis ethno-régionalistes. On parle d'ethno-régionalisme parce que ces partis vont promouvoir une identité culturelle spécifique. Ils veulent que cette communauté se traduise politiquement. Cette lecture ethno-régionaliste est fondée sur des caractéristiques communes qui la fonde : une langue, une culture, des traditions. Cette conception peut aboutir à une vision radicale, proche d'un certain racisme ethnique : il y aurait une spécificité de la communauté. On le voit très bien par rapport au mouvement violent qui a traversé le pays basque en Espagne : la revendication basque s'est posée sur une revendication quasi-ethnique entre les basques et les castillans. La communauté politique n'existe pas du fait de l'évolution historique. Le premier fait notable : la très grande diversité. Il y a bien un renouvellement mais il est extrêmement hétérogène. La résurgence de partis extrêmement anciens. S'ajoute l'apparition de nouvelles formations, des partis qui vont revendiquer une autonomie régionale. Ce sont des mouvements radicaux, parfois xénophobes. Ces partis participent aux élections législatives. La stratégie nationale vise à promouvoir le développement des pouvoirs locaux : essayer d'avoir des élus au Parlement national, et prévoir la décentralisation. Néanmoins, dans certains pays, ils ont du mal à s'implanter au niveau national, alors que dans d'autres pays, il font de bons scores. 3 tendances : 1/3 de ces mouvements sont stables, 1/3 en déclin et 1/3 en croissance. Deux aspects négatifs : ces partis dominent les structures régionales. Ces mouvements ont pu avoir un poids au niveau cantonal et servir à une majorité gouvernementale. Ces partis veulent la création d'une nouvelle communauté intégrée à l'union européenne. L'autre principe est celle d'une union nationale. Ces formations politiques appartiennent aux grands partis classiques. Un autre mouvement, c'est l'apparition d'une droite séparatiste : discours extrémiste. Ces partis sont faibles. En France, des formations ont réussi à s'implanter durablement : le cas Breton et le cas Corse. L'UDB, Union Démocratique Bretonne est un mouvement qui vient de l'extrême gauche. Il était proche du parti communiste. Mouvement implanté localement. Son discours s'est progressivement recentré et s'est rapproché plutôt du parti des verts. Le cas Corse est un cas à part. Deux facteurs ont joué dans cette résurgence : Le système politique local est extrêmement fermé. Frustration des élites intellectuelles. Le deuxième facteur est le ressentiment envers les politiques publiques de l'État : volonté d'implanter le nucléaire en Corse. L'État français a permis aux pieds noirs de s'installer. La conséquence est le passage à la violence, la radicalisation de la jeunesse étudiante. L'histoire de ces mouvements est une succession de scissions et d'opposition. Le deuxième mouvement est la création de partis politiques : deux traditions partisanes sont issues de ce mouvement ethno-régionaliste. La première est la vitrine légale des mouvements clandestins. Ce sont des mouvements indépendantistes. Le deuxième courant, plus important est le développement de partis autonomistes, donc de mouvements modérés. Prône l'autonomie, non pas la séparation de l'État Français. C'est le deuxième parti à l'assemblée de Corse. Implantation locale. Enfin, c'est l'importance de l'UE dans le développement de ces partis : l'élection du Parlement européen a joué un rôle. Il a permis de présenter des candidats et des rencontres. Les différents partis régionalistes sont regroupés dans un mouvement transnational européen. Historiquement, ces mouvement ont cherché à opérer des rapprochements avec d'autres mouvements politiques. Ils ont crée une alliance avec les partis écologistes. 9-Le système partisan (question des coalitions, différents pluralismes) A) Les types de structure gouvernementale On peut dire qu'il y a trois systèmes de partis : Le premier est le système dualiste : c'est un multipartisme au sein duquel deux partis alternent au gouvernement. Ce qui caractérise ce dualisme est la capacité d'un parti politique à gouverner seul de manière stable durant au moins une législature. Autre élément : la possibilité de l'alternance par concurrence entre les deux mouvements. On ne parle pas de bipartisme car dans aucune démocratie européenne, il n'existe que deux partis. Il a eu tendance à disparaître. La seconde forme est le système de coalition multiple : on parle d'un système multipolaire. Dans ce cadre, on est face à une multitude de partis et les alliances électorales sont multiples. Ce sont les résultats électoraux qui déterminent les coalitions gouvernementales. C'est le cas belge avec les élections législatives de 2010 : les négociations vont durer plus d'un an et demi sans gouvernement. Les électeurs ne savent pas quelles seront les orientations gouvernementales. En Europe sur une trentaine de pays, il y a en a une douzaine avec une coalition de gauche et de droite au gouvernement, parfois très hétérogènes. Il y a deux situations de ces coalitions au centre : -> Ce sont des coalitions larges avec des alliances de multiples partis : c'est le cas des coalitions au centre. C'est typique des petits Etats (Luxembourg, Belgique, Suisse). -> On a également les grandes coalitions : Système multipolaire avec un clivage entre droite modéré/gauche modéré. Il correspond à la faiblesse des partis alliés avec des petites coalitions aux faibles scores. Le pôle gauche ou droite n'obtient alors pas de majorité. La droite modérée et la gauche modérée peuvent parfois créer un gouvernement, pas forcément lié à une crise politique ou sociale. Le cas allemand représente bien ce système multipolaire avec une alliance à gauche, à droite. La situation stabilisée pendant 50 ans est « le système à deux partis et demi » en Allemagne. * Le dernier système gouvernemental est le système bipolaire avec l'opposition entre deux coalitions : le pivot est le clivage gauche/droite se traduisant au niveau des structures gouvernementales. Les alliances sont souvent préélectorales, il y a des alliances sur la répartition des candidatures sur les circonscriptions. Le mode de scrutin a un effet significatif sur le choix des stratégies. Le système dualiste est favorisé par le scrutin uninominal à un tour. Regroupement pour avoir des élus. Il correspond au système français avec l'alliance à droite et à gauche et l'opposition des blocs. En réalité, on a une spécificité de ces situations : ces blocs ne tiennent pas le temps de la législature. La structure gouvernementale va se disloquer. Autre spécificité : ces blocs sont très hétérogènes, il n'y a pas d'opposition de bloc gauche/droite. Avec l'avènement de la Vème République, le système bipolaire s'instaure en France. On a un système de coalition différent depuis 1958 : Ø La première période est celle de la naissance du régime (1958-1962) : on a une véritable coalition hétérogène de soutien du général de Gaulle de la gauche et de la droite. Ensuite, pour une dizaine d'années, on a un système de coalition bipolaire jusqu'au milieu 70. Cette bipolarisation est progressive : à la fin des années 60, on a un premier pôle autour du général de Gaulle avec le parti gaulliste qui soutient les réformes et le régime. Mais les mouvements du centre sont autonomes. On le voit avec la candidature centriste aux élections de 1965, elle ne permet pas au général de Gaulle d'être élu au premier tour. Il n'y a donc pas d'alliance entre la droite et le centre. Ø Enfin, le troisième pôle est celui de la gauche : on peut parler des gauches parce qu'il n'y a pas d'union et il y a une concurrence entre communistes et socialistes. Il faut attendre le début des années 70 pour qu'il y ait rapprochement entre ces partis. C'est le programme commun de 1972 : la véritable bipolarisation intervient seulement en 1978. Il y a une évolution des systèmes de coalition gouvernementale. Ils ne sont pas stabilisés : on le voit en Allemagne au tournant du siècle. On avait le système à deux partis et demi, maintenant on en a un à cinq partis. La conséquence est l'importance prise par les petits partis qui pèse sur les grands partis. B) Les fondements de la construction des coalitions gouvernementales 1) La stabilité Les alliances doivent permettre une alliance gouvernementale durable. Un politologue s'est intéressé aux contraintes de stabilité (William Riker). Il a essayé de prévoir les coalitions les plus probables. Pour qu'une coalition soit stable, il faut qu'elle permette d'obtenir 50% des sièges plus une voix. Il faut obtenir la majorité absolue. On peut observer plusieurs réalités de ces coalitions gouvernementales : les partis les plus puissants cherchent à s'allier à des partis faibles. Les partis de coalition ont aussi tendance à limiter les partenaires pour que les négociations ne soient pas trop importantes. C'est une situation classique : un parti obtient la majorité absolue des sièges à la Chambre basse, il va néanmoins mettre en place une coalition gouvernementale. On le retrouve en France sous la Vème République en 1968 avec le parti gaulliste qui est majoritaire tout seul. En 1981 avec le succès à la présidentiel par le parti socialiste. On a aussi les deux dernières législatures en 2002 et 2007 où l'UMP a la majorité absolue seul. A chaque fois, il y a eu des coalitions gouvernementales avec des alliés. 2) La connexion idéologique Cela aboutit à des situations de tension significative au sein de ces coalitions : on l'a vu avec la gauche plurielle en France entre 1997 et 2002 avec le gouvernement de Jospin. Au gouvernement, on a des ministres issus des Verts et du PCF. Le principal politologue à s'être intéressée à cette question est Giovanni Sartori qui a montré qu'il existe deux systèmes de connexion de ces coalitions : un système de parti pluraliste et modéré et un système pluraliste polarisé. Or, on s'aperçoit que ces deux systèmes aboutissent à une vie politique différente. Dans le système polarisé, le multipolarisme est modéré et permet aux partis politiques de s'allier. Les divergences ne sont pas assez fortes, donc on peut trouver des ententes. Il est aussi caractérisé par l'existence de parti anti-système. Ce sont des partis extrêmement contestataires qui critiquent les partis concurrents et l'ensemble du système politique. Ils veulent un changement de régime. Ils sont puissants électoralement. On s'aperçoit alors que les partis de gauche ne peuvent s'allier entre eux car ils se concurrencent, de même à droite. La conséquence est qu'il n'y a pas d'alternance. L'autre conséquence est la radicalisation, les tensions sur le régime. Et là clairement, il y a des partis qui veulent changer le régime politique avec le risque de l'implosion du régime ou du système de partis. Les systèmes polarisés sont donc des systèmes bloqués. 10-Les générations de partis politiques §1 Les mutations de génération de partis politiques On a établi des typologies de partis politiques au regard des fonctions qu'ils remplissent dans la compétition électorale. Des fonctions de médiations, ils font le lien entre les citoyens et les institutions, ils sont les modes d'expression, ils créent des débats d'idée. Autres fonctions, celles de machines électorales. Ils servent à sélectionner les candidats, proposer des programmes. Il y a une hiérarchie entre ses fonctions selon les périodes historiques. Les partis ont évolué c'est ce que montre l'expression « génération de partis politiques ». A) La différenciation entre parti de cadres et parti de masse * Cette classification est celle de Maurice Duverger. Les partis politiques sont face à 2 défis. Le 1er est celui de l'organisation de regroupement des membres. L'autre est celui d'organiser la mobilisation dans le cadre de la compétition électorale. Les premiers partis se sont surtout intéressés au premier défi. C'est la naissance des partis de cadres. Ils sont nés dans la période pré-démocratique, censitaire, au 19ème siècle. Ils sont composés de notables (peu de militants) qui sont les candidats du parti. A partir des années 1880 apparaissent les partis de masses. Cela correspond à la création du mouvement ouvrier. Ils vont surtout s'intéresser au deuxième défi de la mobilisation. Ils vont chercher à avoir le plus de militants possibles. C'est dû à l'absence de ressources financières. Les partis de masses veulent représenter un segment de la société. Les mouvements ouvriers veulent capter les couches populaires et les mouvements confessionnels l'électorat religieux. L'autre critère des partis de masses est la logique d'organisation du mouvement. La fonction de programme y est très importante. Créer un sens des symboles, des croyances. Les choses vont se modifier après la 2nde GM. On a alors l'avènement d'un nouveau type de parti. B) L'avènement du parti attrape-tout L'auteur de cette typologie est Otto Kirchheimer. Il indique que les partis de masses ont réussi à mettre en oeuvre leur programme et qu'il va donc y avoir de nouvelles demandes. Les partis politiques vont alors se détacher de leur clientèle habituelle. La conséquence est que le militantisme n'est plus vu comme aussi important pour ces partis. Ils ne cherchent à créer un lien direct avec les électeurs. C'est le développement de la communication politique dans les années 60. En France, ce mouvement a été associé au mouvement gaulliste. Il y a aussi transformation des fonctions. Ce qui est primordial, c'est la désignation des candidats. C) L'avènement du parti cartel A partir des années 70, il y a eu un déclin des familles militantismes. Et il y a eu des cycles de remobilisation dans les années 90. La fonction de médiation est tjrs aussi importante, mais elle s'est réorientée. Les partis cartels sont une sorte d'interpénétration entre les partis politiques et l'E. Les partis sont de + en + dépendants des services publiques. P. Mair a développé cette conception de parti cartel. Apport en ressource, développement des postes de permanents, développement du droit politique, de règles électorales. Cette génération de partis montre des partis existants cherchant à s'entendre pour empêcher l'arrivée de nouveaux entrants dans la compétition politique. Objectif : maintient de leur position dominante. Les fonctions de communication politique sont devenues prépondérantes. La fonction de médiation, de conquête de pouvoir, de machine électorale ne tient pas la même importance selon les périodes. 11-L'abstentionnisme en Europe Occidentale A) La participation électorale Les abstentionnistes sont ceux qui sont inscrits sur les listes mais qui ne vont pas voter. Dans certains pays le vote est obligatoire comme en Belgique, Grèce, Luxembourg. En France le vote n'est pas obligatoire. Pourquoi s'intéresser à la participation électorale ? Cette question permet de renseigner sur le rapport à la démocratie. > Première vision : la vision positive On peut considérer que la passivité des citoyens est un risque pour le régime démocratique. Donc, ne pas participer exprime un désaveu vis-à-vis du fonctionnement de la démocratie. Alexis de Tocqueville : Pour lui le risque est le soulèvement d'un Etat dominateur et que la démocratie devienne assez proche du régime autoritaire. Les citoyens ne participent pas aux élections et donc l'Etat peut décider des politiques publiques en dehors du peuple : c'est l'image de l'Etat Léviathan. > Deuxième vision : la vision critique Elle considère que le déclin de la participation électorale ne signifie pas une désaffection vis-à-vis du système démocratique. Des auteurs considèrent même que la faiblesse de la participation est le signe d'une société performante et développée. Il y a d'abord un apprentissage puis il y a une forte mobilisation électorale. Enfin, dans un troisième temps, il y a un déclin de la participation car le régime est véritablement instauré. Il n'y a plus à le défendre. Europe centrale avec une participation électorale assez faible : en Pologne, elle est autour de 30% à certaines élections. Les modalités : * Elections européennes de 2009 : record d'abstention. C'est la plus forte abstention que le Parlement européen ait connu : on a une moyenne européenne de 57% d'abstention. Il était autour de 30% lors des premières élections au Parlement européen en 1979. France : taux d'abstention supérieur à cette moyenne européenne. Pour les référendums, le taux d'abstention est encore plus critique : il y a eu jusque 70% d'abstention sur le référendum pour le quinquennat. Tendance lourde de la Vème République. Durant les 20 premières années du régime (1958-1978), le taux d'abstention moyen était autour de 20%. Dans les 30 dernières années, elle est descendue à 70%. L'élection présidentielle a été celle la plus mobilisatrice, de fait le taux d'abstention plus faible est celui de l'élection présidentielle de 1965 avec 15% de l'électorat qui s'est abstenu. Situation plus critique avec l'élection présidentielle de 2002. C'est une exception et cela a un impact sur les résultats électoraux : le fait que Jean Marie Le Pen soit au second tour est lié à cette faiblesse de la participation électorale. * Certains ont considéré qu'il y aurait eu une sorte de changement avec les élections présidentielles de 2007 puisqu'il y a eu très forte mobilisation. En réalité il s'agit d'une exception. On voit cette tendance lourde avec un déclin de la participation électorale en Europe occidentale et même dans les démocraties consolidées. La Suisse, le déclin arrive dès 1945, affaiblissement continu de cette participation. * On peut constater d'abord des différences entre Etats européens car la tendance est générale. Il y a des Etats plus civiques que d'autres (Belgique, Luxembourg, Grèce) où le taux de participation est plus élevé car le vote est obligatoire. Il y a de plus en plus de citoyens qui ne se déplacent pas, les sanctions étant peu lourdes. De l'autre côté, il y a des Etats « lanterne rouge » (Portugal, France, les pays anglo-saxons). * On peut relativiser ; on s'aperçoit que pour les élections parlementaires, générales, depuis 1945, dans les 2/3 des Etats, la participation est supérieure à 75%. * Il y a des moments de remobilisation liés à des contextes électoraux particuliers. (La présidentielle française de 2007). En France, c'est l'élection présidentielle et les élections municipales qui mobilisent le plus. Dans d'autres pays le niveau régional mobilise plus (Espagne). Dans d'autres pays, ce sont les nationales qui mobilisent : en Allemagne les élections fédérales mobilisent le plus. On a pu évoquer la thèse d'un déclin de l'abstentionnisme en Europe et surtout en France : on constate une stabilisation de cette participation et même certains disent que dans les décennies suivantes, le taux de participation ne va faire qu'augmenter. Cette thèse s'appuie sur un facteur démographique, cela est lié à la génération du « Baby-Boom ». Cette génération a été élevée dans le cadre républicain. Il y a une batterie de facteurs expliquant cette croissance de l'abstention en Europe. > Premières caractéristiques : elles sont liées aux caractères sociologiques. Les catégories sociales des couches supérieures de la population avec un degré d'instruction élevé ont une plus grande propension à se déplacer. Deux critères : la position sociale liée au revenu et à la profession et le niveau de diplôme. On a des déterminants sociaux jouant sur la participation électorale. Mais ces facteurs sont insuffisants pour comprendre le taux d'abstention. En effet, c'est une transformation sociale de l'Europe occidentale depuis 1945. On a une croissance économique et une élévation de compétence des citoyens. C'est le cas de la France avec la question des classes d'âge arrivant au baccalauréat. Donc si cette seule caractéristique comptait, alors la participation électorale aurait augmenté. > Deuxième caractéristique : elles sont liées aux mutations du rapport à l'acte de vote. On a assisté à un nouveau modèle de citoyenneté. Développement de nos sociétés, modernisation depuis l'après guerre ont pour conséquence l'augmentation des compétences du citoyen : il a une connaissance politique. Ils vont donc développer de nouvelles demandes et revendications et si ses attentes ne sont pas satisfaites, alors la conséquence sera un retrait de la vie politique. C'est donc une posture d'abstention/sanction. L'abstentionnisme est donc lié à des facteurs sociologiques et à ce nouveau modèle de citoyenneté critique. 12-Les déterminants sociaux de l'orientation du vote (le vote sur clivage) 1) Le vote sur clivages sociaux Ce vote sur clivages sociaux est fondé sur les caractéristiques sociologiques de l'électeur. On a des clivages sociaux et des clivages religieux. Ce sont « les variables lourdes de l'orientation du vote » qui ont joué jusque dans les années 80 dans l'Europe occidentale. Il y a aussi des différences de génération. On a alors recours à des enquêtes : la plus complète est l'enquête par palet. On va suivre un même échantillon représentatif pendant la période de la campagne, lors des élections puis après les élections. Elle est chère et difficile à mettre en place. En France, ce type d'enquête est récent : introduit lors des présidentielles et législatives de 2007. Le deuxième type d'enquête est l'enquête par sondage. > Il s'agit d'établir les variables sociologiques pertinentes : le clivage social dépend d'une appartenance à un groupe social qui occupe une position dans la société. C'est celle de la CSP définie par la statistique qui est l'INSEE en France. Variable large car elle tient compte du secteur d'activité et des revenus. Les CSP les plus élevées votent pour la droite modérée, les CSP des couches inférieures votent pour la gauche ou l'extrême gauche (Allemagne, France). Mais on peut affiner cette différenciation : le clivage le plus significatif oppose les indépendants aux ouvriers. Elle tient compte du secteur d'activité. On le voit en France : parmi les artisans et commerçants qu'il y a la plus grande proportion d'électeurs qui n'ont jamais voté à gauche. > La deuxième manière est fondée sur l'opposition de classe : on parle de vote de classe. Cette approche est appuyée par une analyse néo-marxiste. Cette approche insiste sur la place de l'individu dans le système de production. Cette approche de vote de classe insiste tout d'abord sur la dimension conflictuelle du vote : le vote est avant tout un vote d'opposition. Le vote fait aussi référence à l'appartenance à la classe sociale, ce qui renvoie à une conception de son appartenance à un groupe par la conscience de classe. Cette conscience de classe aurait un effet sur le vote ; Lipset, un politologue américain, fait le constat que le sentiment d'appartenance à la classe ouvrière a renforcé le vote pour les partis de la gauche dans l'après guerre (socialistes et communistes). Un deuxième critère sociologique est le clivage religieux, c'est la variable la plus discriminante. Elle joue dans l'orientation entre le vote catholique et la droite modérée. Au RU, le vote catholique a pourtant été opposé aux conservateurs, donc à la droite modérée. Cela est lié aux conditions historiques, les catholiques étant souvent issus de familles irlandaises. Ils ont donc souvent été opposés au parti défavorable à l'autonomie nord irlandaise, donc plutôt un vote technique. En réalité, les choses sont plus précises : l'effet de la variable religieuse joue entre les laïcs et les pratiquants. Le facteur discriminant étant la pratique religieuse. Lors des élections de 2007, les catholiques déclarés se répartissent équitablement entre Nicolas Sakozy et Ségolène Royal au 2ème tour. On s'aperçoit aussi que le catholicisme est un rempart avec le vote d'extrême droite. 13-Les mutations de vote sur clivage Il y a des nuances : * Il n'y a jamais captation intégrale de l'électorat : Les partis de gauche n'ont jamais capté 100% du vote ouvrier. Cela n'a jamais existé dans aucun pays. En France, le PCF n'a jamais capté au plus que 50% du vote ouvrier dans les années 50. Il y a aussi l'effet des personnalités : de fait en 1965, aux élections présidentielles, le général de Gaulle capte plus de vote ouvriers que pour Mitterrand. ->Il y a des spécificités nationales : En Italie le vote de classe est moins marqué que dans d'autres pays voisins. Cela est lié à la dimension interclassiste de la démocratie chrétienne. D'autre part, le clivage social et religieux ne vont pas se renforcer mais vont s'opposer. Sur certaines parties du territoire, il y a des ouvriers catholiques pratiquants. C'est une situation qu'on ne retrouve pas en France. La conséquence est que c'est la variable religieuse qui l'a emporté, donc il y aura un soutien au parti démocrate chrétien. * Il y a d'autres variables qui se sont révélées importantes : en Italie, le sexe a été un facteur explicatif du vote. Il y avait un lien étroit entre les femmes et le vote démocrate chrétien. On peut dire que la supériorité électorale de la démocratie chrétienne est liée au vote des femmes. Après 80 profondes mutations : les effets de cas variables se sont modifiés, on est dans le prolongement de cette période. > Premier fait : l'abaissement de l'importance de ces variables. Pour la variable religieuse l'effet est beaucoup moins important, lié à la sécularisation de notre société. C'est la première fois que les athées, en France, se sont révélés plus nombreux que les catholiques pratiquants. > Deuxième fait : l'affaiblissement des effets du clivage social. Cela est lié à un changement de l'importance de certaines catégories sociales, professions. On constate que le processus de désindustrialisation, de transformation des secteurs d'activité a abaissé la part des ouvriers (60% à moins d'1/4). De plus, le vote ouvrier n'est plus le même, il est moins corrélé avec un vote à gauche dans toute l'Europe. Il y a un changement de génération : les jeunes ouvriers sont moins influencés par le vote communiste que par le passé. Il n'existe plus de communauté ouvrière. Les ouvriers ne travaillent plus dans les mêmes secteurs productifs que par le passé : 2 ouvriers sur 5 en France travaillent désormais dans le secteur des services. Une part importante des ouvriers a tendance à s'abstenir. Cela permet de casser ce lieu commun du basculement du vote ouvrier des communistes vers l'extrême droite qui est une thèse fausse. Le deuxième processus est l'avènement d'un vote ouvrier capté par les partis d'extrême droite : ce ne sont pas les mêmes ouvriers qui votaient communiste par le passé. La dimension générationnelle est cruciale : ces nouveaux ouvriers sont souvent isolés, grande différence avec le passé. * Enfin, il y a eu l'apparition de nouveaux clivages : clivage centre/périphérie qu'on retrouve au niveau électoral. Cela signifie que certains partis nationaux sont très faibles sur des parties du territoire. Un autre clivage est l'opposition entre le secteur public et le secteur privé : ce clivage est en passe de devenir le principal clivage en matière de vote. En France, lors des dernières élections régionales, il a été important. 2) Le vote sur enjeu Néanmoins dans les années 80, un deuxième modèle explicatif du vote s'est développé : le vote sur enjeux. C'est un modèle concurrentiel. Il apparaît à un moment où l'on ne comprenait plus les choix électoraux. On a pu caractériser trois périodes de posture : * De l'après guerre jusqu'aux années 70 : le vote correspondrait à un vote de recensement. Les électeurs voteraient selon une posture identitaire. * A partir des années 70, on voit apparaît une logique du vote d'investiture : on va chercher à voter pour des politiques publiques tournées vers l'avenir. Il y a basculement des clivages sociaux. * A partir des années 80-90, on a de plus en plus un vote sanction. On le voit en France. On le retrouve aussi dans d'autres pays : en 1997, toutes les enquêtes ont montré qu'en Angleterre, l'arrivée des travaillistes correspondait à un vote sanction pour se débarrasser des conservateurs. Cette vision repose sur le postulat d'un électeur rationnel : les déterminants sociaux seraient moins importants et l'électeur serait un consommateur. L'électeur évalue désormais les programmes en faisant un bilan coût avantage. Il y a des éléments importants autour de ces variables à court terme. > Premier élément : l'image des candidats. Cette variable est importante pour les élections personnalisés : en France c'est le cas des présidentielles. > Deuxième élément : la stratégie de campagne avec de « bonnes » campagnes ou de « mauvaises » campagnes. (cf Lors de la campagne de Jospin en 2002, il y a des erreurs de communication). > Troisième élément : la hiérarchie des informations soit « l'effet d'agenda ». Une campagne électorale se caractérise en effet par une lutte de l'agenda, les tentatives de la part des candidats pour imposer leur thématique. Il y a des thématiques dévalorisantes et d'autre valorisantes (ex ; le thème de la sécurité est défavorable pour la droite modérée) et donc peuvent avoir un effet sur le vote. -> Les effets de campagne sont avant tout des effets correcteurs des variables sociologiques, ils vont amplifier l'effet de ces variables et vont les corriger. Ils n'annulent pas le vote sur clivage et les mutations de ce vote sur clivage. 14-Les modèles de conflictualité sociale en Europe Occidentale Ø Premier constat : Il n'y a pas d'arène nationale mais surtout des mobilisations sectorielles et développées au niveau local. On peut alors évaluer ces conflits sociaux à partir de deux critères qui permettent d'avoir un panorama juste des conflits en Europe. - Premier critère : on va utiliser un indicateur statistique qui est le taux de grève d'un pays, l'indicateur JINT (journée individuelle non travaillée) rapportée à 1000 salariés. Cela permet de mesurer le degré de conflictualité social. - Deuxième critère : le critère de politisation des relations sociales. La dimension idéologique de ces différents conflits. On aurait deux modèles en Europe : le modèle de l'Europe du nord (germanique parfois) qui est un modèle apaisé et à l'opposé le modèle latin avec une conflit social important. L'Allemagne serait représentatif du premier modèle et la France serait le pays des grèves du deuxième modèle. -> C'est l'Italie qui a sans doute la conflictualité sociale la plus forte : mobilisations politiques contestataires. Le taux de JINT pour 1000 salariés est supérieur à 900. -> La France pourrait être vue comme un modèle intermédiaire. Il y a une culture politique importante qui se conjugue avec un faible degré de conflictualité. Cela est lié à la confusion entre la dimension politique et la dimension sociale. Par la suite, ce n'est plus qu'un référent qui va se transformer en un autre modèle, la grève de la paralysie. Il s'agit de peser sur le pouvoir politique. On s'aperçoit que les grèves se sont surtout développées dans le secteur de la fonction publique. -> A l'opposé, on a le cas du RU qui s'oppose au cas français. Cela signifie que la dimension politique des grèves a disparu du contexte britannique. C'est l'échec de la grève de paralysie. La spécificité britannique est que les mobilisations se sont centrées sur des revendications liées aux conditions sociales. -> Le modèle allemand est souvent vu comme un modèle pacifique des relations sociales. Il s'agit d'empêcher des crises, ils ont alors signé un accord entre le patronat et le monde ouvrier. C'est le dialogue social conventionnel et il s'effectue à un niveau plutôt intermédiaire au niveau régional. Ces relations bipartites font qu'on cherche un accord pour une durée limitée avec un délai de mise en oeuvre de l'accord, pour 5 ans. En même temps, le degré de conflictualité social demeure significatif : en effet, on a un certain nombre de grève importante lors des cycles de négociation, c'est un modèle de conflictualité cyclique. Néanmoins, on s'aperçoit que ces modèles ont eu tendance à converger aux tournants du XXIème siècle. 15-Les mouvements écologistes, antinucléaires et pacifistes Ces trois mouvements sont souvent coordonnés et vont dominer dans les années 70-80. Une enquête a été mené pour évaluer leur importante : de 1975 à 1995, ces mouvements environnementaux représentent plus de 60% des actions menées à ce moment là. ->Mobilisations pacifistes : En France, il a été faible sans s'implanter durablement ce qui est lié aux faits historiques. Cela est lié au syndrome de Munich. C'est le souvenir que le pacifisme est une faiblesse ce qui a conduit au conflit mondial et à l'occupation de la France. ->Cette situation contraste fortement avec l'Allemagne. Dans les années 60, il y a des mouvements pacifistes regroupant énormément de mobilisations où les allemands s'opposent à la guerre du Vietnam. En Allemagne, c'est le versant naturaliste de l'écologie qui a été disqualifié, lié à la promotion de la nature sous le régime hitlérien. C'est la défense du culte du corps sous le régime nazi donc les mouvements écologistes se développent surtout sur le versant politique avec des revendications antinucléaire militaire et civil. On constate néanmoins qu'il y a des cycles communs de mobilisation pacifiste : -> La crise des euromissiles dans les années 80 : on a des mobilisations conjointes dans différents pays contre l'implantation des missiles américains orientés vers l'URSS. -> Les deux conflits du Golfe : on a des mobilisations en 1991 avec des manifestations dans les capitales ainsi qu'en 2003 du fait de l'intervention américaine en Irak. Ces mobilisations ont été importantes en Allemagne, on voit l'importance du facteur géopolitique avec 2 millions d'allemands mobilisés. C'est le lien avec le contexte international qui est important dans les mobilisations. Plusieurs facteurs : * L'état du système politique et des institutions : En France, on constate un accord politique relatif à la question du nucléaire quelque soit les partis. Il y a une concentration des pouvoirs par l'appareil d'Etat et des moyens d'expertise : il n'y a pas de contre expertise autonome en France car elle est produite par l'Etat ou par des partenaires du pouvoir central. Cette situation est différente du RU où une contre expertise indépendante s'est développée, en France il faut attendre 1986 avec Tchernobyl pour que se développe une contre expertise privée par une commission de recherche indépendante sur les radiations CRII-RAD. Le succès de la politique nucléaire française réside aussi sur la communication politique et son succès. La deuxième déclinaison est l'importance de l'indépendance énergétique avec le développement du nucléaire civil en France, situation différente des pays voisins. La conséquence est une faible mobilisation nucléaire en France. * La réaction des pouvoirs publics face à la réaction : Certains mouvements associatifs ont cherché à bloquer l'installation de centrale nucléaire. Les périodes clés sont l'été 1977 contre le développement de nouveaux types de réacteurs. Mais il y a fermeté avec l'intervention des CRS. Les mobilisations nucléaires sont restées circonscrites à cette période. Ces mobilisations en France ont conduit à des mobilisations transnationales avec l'arrivée de militants allemands et italiens beaucoup plus mobilisés. Il y a une différence avec les politiques scandinaves où les politiques publiques énergétique ont associé les mouvements écologistes à la décision. * Les entrepreneurs de mobilisation : On s'aperçoit qu'il y a des types d'acteurs différents selon les Etats : en France s'agissant de la cause pacifiste, la seule organisation est le PCF. Les communistes vont promouvoir la politique industrielle favorable au développement du nucléaire civile lié à l'implantation de la CGT dans le secteur de la production électrique et principalement à EDF. A contrario, les mouvements pacifistes et antinucléaires ont été porté dans d'autres pays par la société civile. On a un facteur crucial : le développement des mobilisations chrétiennes qui ont été porteur en Allemagne où les églises réformés ont soutenu la cause pacifiste. Les mobilisations écologistes ont été différentes en France et au RU : au RU, elles ont été créé au XVIII-XIXème siècle et après la guerre ces mouvements sont structurés. En France, dans les années 60-70 on a un éclatement de ces mouvements ce qui n'a pas favorisé leur organisation. 16-Les trois types de crise politique L'instabilité politique renvoie à la notion de crise : l'idée de crise correspond à un processus de dysfonctionnement dans un Etat d'équilibre. S'agissant des crises politiques, elles divergent par leur intensité et par leur nature. -> La crise gouvernementale : Cette crise est liée à l'exercice du pouvoir politique mais la crise gouvernementale n'atteint pas la légitimité du régime. La crise concerne le personnel politique, celui des gouvernants, mais aussi la composition de la majorité gouvernementale et à l'orientation de la politique gouvernementale. Le premier cas de figure est la crise interne qui correspond à la crise de la coalition majoritaire : la conséquence est la chute du gouvernement. Cette crise de gouvernement est liée à une crise de la majorité parlementaire. On peut aussi avoir une crise exogène qui signifie qu'elle n'est pas liée à une logique majoritaire : les facteurs sont multiples. Mais le gouvernement peut développer des stratégies pour y faire face : la première stratégie est celle du fusil où un membre du gouvernement est en cause ce qui provoque sa démission pour conserver le gouvernement au pouvoir. Stratégie d'évitement : il faut éviter la mise en cause du pouvoir. Le gouvernement va alors s'engager dans un processus de dépolitisation d'une question, d'un thème, d'un enjeu pour refuser la mise en cause politique. C'est le refus de rendre des comptes pour la politique menée. Une autre stratégie d'évitement est lorsque le gouvernement met en cause la procédure judiciaire et non gouvernementale. La crise de gouvernement avec une instabilité politique liée à la chute successive des gouvernements. Cela correspond au régime de la IIIème et IVème République en France ainsi qu'en Italie. De 1875 à la fin de la IIIème République, on a une centaine de gouvernements qui se succèdent. Sous la IVème République, se succèdent 25 ministères (certains durent 2 jours). Durée moyenne : un an. Autre fait notable : la durée selon laquelle le pays se trouve sans gouvernement. On constate une durée de vie des gouvernements en France beaucoup plus courte que dans les autres pays. En réalité, l'expérience politique des ministres sous la IVème République est inférieure à celle des autres démocraties. Dans les années 20, la majorité est fluctuante, elle s'établit sur des projets de texte. Le modèle qui prévaut alors est la démocratie délibérative : la majorité est créée dans l'hémicycle avec des échanges d'arguments. Or, on s'aperçoit que ces périodes ont servi pour élaborer des réformes et des programmes qui ont ensuite été mis en oeuvre. Ce sont des moments de tractations politiques utiles. -> La crise de régime : Elle ébranle les institutions elles-mêmes. Donc les grandes orientations institutionnelles sont mises en cause. Il y a plusieurs cas de figure. Le premier cas de figure résulte de l'instabilité gouvernementale : elle devient permanente et la conséquence est qu'elle peut saper la légitimité du régime politique dès lors qu'on va chercher à mettre en oeuvre des réformes d'institution. Le deuxième cas de figure : on a une perte de soutien des citoyens vis-à-vis des personnalités occupant des fonctions au sein du pouvoir avec pour conséquence une crise de régime parfois. Ce cas est trouvé en Belgique à la sortie de la II GM : un référendum est organisé favorable au retour du roi Léopold et donc au maintien d'un régime monarchique constitutionnel en Belgique. Néanmoins, il y a des mouvements de contestation contre le retour du roi. On considère que le roi a collaboré avec cette occupation. Les communistes vont appeler à la mise en place de la République : on a une opposition en la personnalité du roi qui crée une crise. Le troisième cas de figure est lié à une lutte sur la répartition du pouvoir au sein du régime. Il correspond à la crise du 16 mai 1877 entre Mac Mahon et les parlementaires. Le président veut imposer le choix du chef du gouvernement. On a une tension entre deux organes au sein du régime démocratique. Le quatrième cas de figure est la volonté d'un titulaire du pouvoir de modifier les institutions : il s'agit de transformer les institutions en désaccord avec la majorité. C'est le cas de 1962 où le général de Gaulle décide de procéder à un changement du mode d'élection du président de la République. Il recourt au référendum, or cette procédure n'avait pas été prévue par le pouvoir constituant. C'est un coup de force institutionnel. -> Le cas particulier de la crise de l'ordre politique : C'est une crise affectant tous les niveaux de l'ordre politique. Souvent elle allie crise de gouvernement et crise de régime mais on peut dire que c'est l'ensemble de la communauté politique qui est atteinte. Sont mis en cause les valeurs démocratiques, les règles de fonctionnement du régime et de la compétition politique puis les titulaires du pouvoir sont mis en cause. Généralement, les acteurs politiques ne sont plus d'accord sur la marche normale de la vie politique. C'est aussi la fin de la pacification politique : on le voit lorsque les parlementaires vont se battre dans les hémicycles. Les grandes modalités de cette crise ont été le cadre d'études sociologiques. Plusieurs phénomènes se conjuguent ; - En temps ordinaire, la société est caractérisée par une différenciation en secteur d'activité. Il y a peu d'interactions entre ces différents secteurs. Il y a des divisions professionnelles, des logiques de conflit propres, des modes de régulations singuliers. En période de stabilité, on a une grande autonomie des secteurs de la société. - Dans le cas d'une crise de l'ordre politique, on a un décloisonnement des activités sociales et politiques entre ces différents secteurs. Certaines professions vont intervenir dans d'autres secteurs d'activités. On le voit avec des prises de parole politiques par des non professionnels de la politique : c'est l'intervention des pouvoirs neutres. Cette situation a été classique à la fin de la IVème République dans le conflit algérien. Ces mobilisations vont aboutir à d'importantes violences : c'est la fin du monopole de la coercition pour l'Etat démocratique. Mai 68 en France : le mouvement part du mouvement étudiant de Nanterre du 22 mars. Il se radicalise, on est dans le cadre de mobilisation violente avec les barricades autour du 6-8 mai 1968. 17-Les voies du basculement en régime autoritaire Ces dispositifs de résolution de crise échouent. Le basculement en régime autoritaire prend plusieurs voies. 1) Le recours au coup d'état C'est une tentative victorieuse ou non de modifier le rapport de force du pouvoir ou de confisquer le pouvoir. Cette tentative s'opère de manière illégale. Il est fondé sur l'usage de la force ou la menace. Logique de violence. Ce qui diffère un coup d'état d'une révolution est que le coup d'état est opéré par un groupe d'acteurs restreints amené par un leader. Il ne s'agit pas d'un mouvement social. On a des coups d'état de l'extrême droite en 1899 en France, en 1920 et 1923 en Allemagne. Après la Ière GM, elles sont faites par des militaires surtout. Ces coups d'Etat sont portés ou organisés par des civils mais c'est l'exception : c'est le cas en Autriche avec le coup d'état organisé par Dollfuss en 1933. Les coups d'Etat peuvent être organisé au sein de l'Etat lui-même. A partir de 1945, les coups d'Etat ont été localisés en Europe méditerranéenne : le premier cas de figure est la France avec le putsch d'Alger en 1961 avec la mauvaise gestion politique de la décolonisation. Tentatives de renversement de ces démocraties. L'armée s'oppose au pouvoir politique vu comme incapable à réguler la société, les militaires se perçoivent donc comme substitut au pouvoir politique. L'autre cas de figure est que les militaires considèrent qu'il y a un risque de révolution d'extrême gauche donc le coup d'état est perçu comme une action préventive. On voit que l'élite militaire concentre des atouts : la capacité d'action liée à une dimension coercitive, l'aptitude à l'organisation, le principe d'obéissance. Il existe des conditions favorables à la réussite du coup d'état. Il faut notamment une grande capacité à tenir les lieux du pouvoir notamment les instruments de communication, de diffusion des informations. L'échec du coup d'état de 1980 en Espagne est lié à ce critère. Ces prises de position ont permis l'échec du coup d'état par une division au sein de l'armée. 2) La modalité de la guerre La guerre peut conduire au basculement en régime autoritaire. On le voit en France avec la chute de la IIIème République en 1943 : c'est un conflit armée et la défaite qui met fin au régime. La République était conservatrice, elle a gardé le soutien des classes moyennes. Elle a développé l'expansion coloniale, lui amenant le soutien des élites économiques. Puis elle a atténué les tensions entre le monde urbain et rural. L'effondrement du régime est donc lié au conflit allemand où l'on va voter pour le maréchal Pétain. Le basculement s'opère sous l'occupation avec une partie du territoire occupée. On peut constater qu'un basculement en régime autoritaire peut aussi être lié à un conflit civil. Il y a un critère : il faut que les populations civiles soient engagées dans le conflit. Cette dimension politique des guerres civiles n'est qu'une modalité. Il y a des enjeux sous jacents : on le voit avec la guerre civile américaine en 1871 entre Etat fédéral et Etats fédérés sur la répartition des pouvoirs avec opposition sur des questions sociales tel que l'esclavage . La principale guerre civile d'Europe fut espagnole : il y eu d'abord un coup d'État des militaires qui s'opposent à une future révolution sociale et ensuite opposition entre des militaires fidèles au régime et les opposés. C'est donc une guerre civile plurielle. 3) La voie légale : le basculement par les urnes On le retrouve en Europe à travers la situation italienne et allemande. Leur avènement se fait par voie démocratique. L'accès au pouvoir est lié à un échec des forces démocratiques. Electoralement, elles ont toujours été minoritaires avec une majorité relative aux élections. Un élément important est le climat de violence dans lequel s'organisent les élections. Cela leur permet d'obtenir des scores élevés. 32 fascistes accèdent à la chambre mais par la suite la conjoncture va être favorable à ces mouvements. Le premier élément notable sont les vagues de violence menées par les mouvements, les fascistes vont s'appuyer sur des groupes de punition armés faisant pression lors du cycle électoral. En Allemagne, le processus est identique : le parti nazi obtient des scores faibles en 1924. En 1932 il devient le premier parti politique. Son score est élevé, autour de 37% des voix. L'avènement de ce mouvement est lié à l'échec des démocrates. Ce qu'a montré Linz : il y a des oppositions loyales puis il y a des oppositions déloyales. Il y a eu un échec des mouvements conservateurs qui ont tenté de tisser des alliances avec les formations fascistes, ce qui a été un échec. En 1932, il y a un recul du parti nazi. A ce moment, le président appelle un général comme chancelier et il va tenter de créer des distensions au sein du parti nazi. Le général va donc démissionner et le président va appeler Hitler au poste de chancelier en 1933. Le basculement au régime est très progressif. Mais cet accès au pouvoir permet de modifier les règles de la compétition électorale. Donc s'opère un basculement définitif des régimes, les dernières élections compétitives ont lieu en 1924 et en 1933 en Italie et en Allemagne. 18)Les trois modèles explicatifs de l'avènement du fascisme 1)Un modèle qui insiste surtout sur les effets de l'avènement d'une société de masse. Cette présentation a été faite au début des 60' par W. Kornhauser. Il va s'intéresser à la société allemande dans les années 20 et 30. Il décrit une société atomisée où il existe une déliquescence du lien social. Sous la république de Weimar, les citoyens sont isolés et seuls face aux changements sociaux et la précarité. Cela entraine des conséquences politiques : Ces individus sont très mobilisables par les élites ou des entrepreneurs de mobilisations comme les mouvements de la droite radicale. Ces individus sont réceptifs aux théories et doctrines extrémistes. C'est la thèse du défaut d'intégration sociale qui aboutirait au régime fasciste. La société de Weimar est en crise du fait de la déliquescence des structures intermédiaires regroupant les individus. C'est le délitement des corps intermédiaires qui entrainerait le nazisme. On constate de fait que le mouvement du NSDAP a bien développé une contre-société. Cette communauté a été rassurante par rapport à la situation économique et sociale. Anthony Oberschall : montre que l'action collective est beaucoup plus probable dans des sociétés extrêmement structurées dans des segments organisés à partir de communautés qui s'opposent. Ces segments font qu'il y a peu de contacts entre ces individus, plus une société est segmentée plus il y a de probabilités qu'il y ait des actions violentes. C'est ce modèle qui prévaut dans la république de Weimar. Des communautés s'opposent, notamment les milieux ouvriers communistes face au mouvement national socialiste. On a bien une organisation des mouvements divers. 2)Un modèle qui impute l'avènement du fascisme à un groupe social spécifique Groupe social qui domine le monde des affaires Cette thèse a d'abord été avancée par les marxistes. Elle prévaut dans les 1930' et considère que le fascisme résulte surtout de la domination du grand capital. On a notamment Nikos Poulantzas qui s'est intéressé au « bloc au pouvoir » en montrant qu'il y avait une fraction de classe qui dominait ce bloc au pouvoir. Le pouvoir politique est aux mains de la petite bourgeoisie sous la république de Weimar mais la fraction de classe qui domine sont les milieux d'affaires. C'est la thèse de la main invisible qui tire les ficelles sans être au gouvernement. Cette thèse a été reprise dans les 1960-70' avec les principaux dirigeants des grandes entreprises. On peut noter que des grands industriels appellent le président à nommer Hitler chancelier. Mais en réalité, le milieu patronal a été en retrait en Allemagne car il soutenait la droite et les courants réactionnaires. On le voit aussi dans le fait que les organisations patronales ne se sont pas engagées en faveur du nazisme dans les 1930'. On voit que le ralliement du milieu d'affaires est postérieur à l'avènement du nazisme et intervient au cours de l'année 1933. Les milieux financiers vont renflouer les dettes du parti mais seulement après l'avènement du nazisme. On ne peut donc pas dire qu'ils sont à l'origine du basculement du régime républicain. Classes moyennes L'avènement du nazisme résulterait surtout du vote des classes moyennes. Lipset : Il indique qu'en période de crise, les courants politiques et les votes se radicalisent. Il y a différentes formes de déviance, de radicalisation politique, différentes formes d'extrémismes qui ne résultent pas des mêmes couches sociales. Classiquement, il distingue deux types d'extrémismes : - L'extrémisme de droite qui correspond à la droite autoritaire. On retrouve cela avec Franco ou encore Salazar. Cet extrémisme de droite est un extrémisme des couches supérieures de la société : les grands propriétaires, la grande bourgeoisie... - L'extrémisme du centre qui correspond à la déviance du vote des classes moyennes. Dans ces périodes de crise, les votes basculent et ont donc permis l'avènement du régime hitlérien. En réalité ce modèle peut être largement contesté. On s'aperçoit notamment lors des élections de 1932 que le vote des indépendants est acquis au parti nazi. On voit aussi que ce groupe social est le principal groupe en ce qui concerne le militantisme politique : les individus du centre représentent plus de 20% des militants du partis en 1923. Mais en même temps ce groupe social est minoritaire dans la société. De fait, il représente 1/3 de la population. Ainsi il ne peut expliquer à lui seul l'avènement du régime nazi : On voit qu'il y a eu une sorte de rempart au vote nazi. Il y a eu des catégories qui ont refusé de basculer dans ce type de vote. C'est le cas du milieu catholique et des catégories sociales ouvrières. On voit que c'était des groupes sociaux encadrés, il existait une véritable communauté. On retrouve le modèle d'Oberschall. Le facteur religieux est le facteur le plus prédictif du vote nazi. C'est chez les protestants qu'on retrouve le plus de suffrages pour les nazis. On a un critère géographique : les zones rurales protestantes ont surtout voté pour le parti nazi. De même dans les petites villes. Les classes moyennes sont bien à incriminer mais ce vote n'est pas expliqué que par cela. 3)Un modèle qui s'intéresse au processus d'entrée dans la modernité donc aux grandes transformations de la société Selon ce 3e modèle explicatif, l'avènement du fascisme est lié à une crise de la modernité d'un monde rural traditionnel. De manière étonnante, la question rurale est centrale dans l'avènement du fascisme. Cette thèse a été portée par Moore. L'auteur ne va pas juste s'intéresser au régime nazi, c'est une analyse sur plusieurs décennies et il s'intéresse aux cas italien et de la Prusse. Ils s'intéressent aux origines des transformations. Il dit que certaines démocraties n'étaient pas suffisamment assises. Il insiste sur les rapports de force entre groupes sociaux : le groupe social aristocrate, la bourgeoise et la classe paysanne. Dans ce modèle le monde ouvrier est laissé de côté. Il considère que dans ces sociétés le monde ouvrier n'est pas structuré en groupe. Ce qui compte c'est la transformation de l'État moderne et les mutations du capitalisme. Or l'enjeu clé c'est de savoir laquelle de ces classes domine dans les conflits politiques ? Pour Moore, quand la question agricole a été importante dans ces sociétés, il a existé un risque de basculement dans les régimes fascistes. Deux voies existent : - La voie suivie par la France et le Royaume-Uni. La bourgeoisie a joué un rôle important car pacificateur. Moore dit qu'il y a eu un rapport de force entre l'aristocratie et la bourgeoise et que la bourgeoisie a dominé dans ce rapport de force. Également, la question paysanne s'est avérée une question secondaire. Cela est dû aux conditions de transformation de ces sociétés. Au Royaume-Uni, il y a eu une industrialisation précoce. La question paysanne a donc été secondaire. L'aristocratie foncière ne s'est pas inquiétée de la montée en puissance du milieu rural. En France, le facteur de l'émancipation ancienne du milieu rural a joué, notamment l'abolition du servage. Les rapports de force étaient pacifiés. - La voie de l'Allemagne et de l'Italie. Le processus de fascisation est lié aux grands propriétaires terriens qui ont voulu contrôler les paysans. Cette aristocratie rurale s'est appuyée sur l'appareil d'État : en Italie sur la royauté et en Prusse ou en Allemagne sur l'empire. La conséquence est des tensions fortes dans ces sociétés. Ces tensions amènent des frustrations qui vont aboutir au processus de fascisation.L'intérêt de l'analyse de Moore est de montrer le rôle des alliances entre groupes sociaux et des blocs qui s'opposent. Indéniablement, cette opposition de groupes a été au coeur du processus de fascisation. 19-Les phases et modes de la transition démocratique Les différentes phases de la transition démocratique Cette transition est l'intervalle entre deux régimes politiques. On ne se situe plus dans le régime autoritaire mais on n'est pas dans le cadre d'une démocratie consolidée. C'est un moment incertain, risqué et il y a des risques de retour en arrière (exemple : l'Espagne). On a trois séquences de basculement dans la démocratie, modèle de Schmitter. A) La phase de libéralisation C'est une phase où les élites du régime autoritaire vont modifier les propres règles qu'ils ont instituées. C'est un processus d'ouverture. Les modalités sont diverses : levée de la censure donc on a des formes d'expression qui sont désormais possibles. Les élections vont devenir semi compétitives. On s'aperçoit que se développe un pluralisme politique avec des mouvements de libération de prisonniers politiques. Le niveau de la violence d'Etat joue un rôle important : plus un régime est répressif et plus il sera difficile d'opérer cette libéralisation. On craint que l'ouverture du régime aboutisse à son effondrement. Il n'y a pas toujours de lien direct entre libéralisation et passage à la démocratie. Parfois, il peut y avoir un abaissement de la répression sans libéralisation. On constate aussi que la libéralisation n'aboutit à pas une démocratisation comme dans l'Empire libéral sous le Second Empire. Enfin, parfois, la libéralisation conduit à de nouvelles tensions qui ne sont pas des tensions en forme de revendication de la démocratisation. On a des tensions entre le centre politique et la périphérie. On l'a vu dans les Etats baltes. On a une revendication nationaliste qui se développe, beaucoup plus qu'une revendication liée au régime politique. B) La phase de démocratisation On a distingué 4 acteurs : * les hard liners : ils sont favorables aux transformations du régime. Gorbatchev. * Les réformistes : ils sont les plus modérés. Ils vont accepter quelques concessions. * Les radicaux, les révolutionnaires aussi. La démocratie ne sera qu'une transition pour eux. Le succès démocratique dépend des relations entre ces acteurs. On doit contenir les forces radicales et les révolutionnaires dans le cadre du pôle démocratique. * Le rôle des citoyens va essayer de peser sur ce groupe d'acteur. On a une configuration complexe mais une relation bilatérale aussi avec des tensions dans les deux camps entre les partisans du régime autoritaire et les partisans du régime démocratique. Il faut alors réaliser un compromis. Il est réalisé plutôt par les modérés du régime autoritaire. On s'aperçoit qu'il faut faire des concessions importantes à certains soutiens du régime. On a un acteur clé qui est le rôle de l'armée. On s'aperçoit qu'on a l'avènement de grandes libertés durant cette phase. Ce sont des libéralités immédiates : la levée de la censure, la possibilité de créer des associations, la libération des prisonniers, les élections libres. L'annonce de futures élections conduit à contraindre les plus durs du régime, c'est un élément psychologique : le basculement est en cours. Un élément important de la démocratisation est le choix des règles institutionnelles. La démocratisation est une phase de tension importante, donc le retour en arrière est possible. C) La phase de consolidation C'est un processus : quel est le seuil à franchir pour parler de démocratie consolidée ? Il faut s'intéresser à des critères * La première vision est la vision minimaliste : la démocratie est consolidée dès lors qu'on a la mise en place d'un régime avec les élections libres. On établit un nouveau Parlement et un nouveau gouvernement. * Il faut une mise en pratique des ces nouvelles institutions. C'est le critère de l'alternance. Or, le régime est démocratique si l'alternance est potentielle. * On retient un critère psychologique aussi. Une démocratie est consolidée lorsque les citoyens sont désintéressés des institutions et du régime. * Enfin, on s'intéresse surtout à la question des tensions : le régime est consolidé lorsqu'il réussit à passer les premières crises politiques. Il y a une véritable résistance aux tensions et aux tentatives de déstabilisation du régime. En Espagne, la démocratie est consolidée après le coup d'état de 1981. On voit alors que la transitologie insiste sur 2 idées centrales : 1) L'ensemble des défis de la démocratie ne doit pas être relevé et affronté simultanément. Il faut une démocratisation par étape. On ne peut répondre aux questions sociales, économiques et politiques. 2) Ces régimes peuvent ne pas avoir de culture démocratique : c'est l'importance de l'héritage. Il faut un accord des élites, partiellement des masses sur la compétition démocratique. §3 Les modes de transition démocratique A) Le modèle de la démocratie négociée Dans le cadre de cette démocratie, la transition est co-gérée. Le pouvoir en place est partie prenante dans la basculement démocratique. Il ne s'agit pas d'une pression d'une élite politique. * Le modèle du pacte : il y a un compromis établi entre les modérés des régimes autoritaires et les forces démocratiques qui font pression. C'est un compromis des élites sans les masses. On va organiser de nouvelles règles institutionnelles. Clairement, dans le modèle du pacte, le pouvoir en place tente de conserver un certain nombre de sièges dans les Parlements. * Le modèle de la réforme : il correspond à l'intervention des citoyens. Ils vont faire pression dans l'arène. On le trouve avec l'importance des manifestations de rues qui font pression sur l'élite. On a des possibilités de basculement en régime sans violence, il s'agit de faire pression sur les négociations. B) Le modèle de la démocratie imposée ou octroyée La démocratie est imposée par le haut et par la force, les masses se trouvant toujours extérieures à cette transition. On a l'action d'une élite restreinte. L'exemple le plus reconnaissant est le coup d'état, les forces armées vont agir pour imposer la transition démocratique. On est dans le modèle de la démocratie imposée, elle n'est pas portée par les citoyens. Il n'y a pas d'expression politique, le coup d'état militaire impose cette expression politique. C) Le modèle de la démocratie conquise Elle correspond au modèle de la révolution avec l'entrée des masses dans la transition démocratie. Elle est imposée par le peuple, les masses qui vont prendre les armes et renverser le régime autoritaire. On s'aperçoit néanmoins que souvent les élites politiques vont tenter de capter le pouvoir, c'est la révolution de palais. Les modérés peuvent devenir partie prenante de la révolution. 20-Les modes de résolution du conflit en démocratie En démocratie le conflit interne est résolu par l'élection donc les conflits se tranchent par le bulletin de vote. La compétition est caractérisée par la loyauté vis-à-vis des règles qui encadrent le processus électoral. Il y a également un respect de l'adversaire et une retenue face à la défaite, l'acceptation des résultats. Cela a mis presque 1 siècle à s'imposer, c'est donc un processus très long de pacification électorale -> logique d'apprentissage. Cette dimension pacificatrice du vote a été propagé par les promoteurs de la démocratie en Europe. Cette vision est très importante en France au début de la IIIe République, on va s'opposer à lui grâce au bulletin de vote. Cette civilité électorale est propagée dès la IIe République et on utilise une multitude de support qui vont servir à propager cette idée (tracts, affichages). Le bulletin prend place d'arme dans les conflits. L'objectif est de s'opposer aux insurrections ouvrières. En réalité cette pacification électorale est très lente donc il y a une propagande à la civilité mais on peut dire qu'il y a eu plusieurs temps dans cet apprentissage. La compétition électorale donne lieu à des luttes violentes. La compétition électorale traduit les conflits sociaux. Néanmoins on va essayer d'établir des règles pour encadrer ces compétitions électorales. Il faut établir l'acte de vote dans une zone franche. On encadre le moment électoral. Cependant, on s'aperçoit que cette pacification va demeurer partielle et fin XIXe, on retrouve encore des résurgences de violence. Il y a des conditions qui favorise cela. C'est le cas lorsque le vote est perturbé par les agitateurs ou bien lorsqu'on doit attendre et que le citoyen s'impatiente et le risque est que des opposants en viennent aux mains dans les files d'attente. Sous la IIIe République, il y a une réapparition des violences collectives. Ce sont des groupes qui s'opposent et pas simplement des individus. On a 3 groupes qui vont s'opposer : les anarchistes, les socialistes et les nationalistes. On a donc des combats à l'arme blanche à l'entrée des bureaux de vote. On s'aperçoit qu'il y a une conception de la violence légitime, on peut utiliser la violence pour faire respecter le vote. Cette perception est propagée par la propagande politique. On s'aperçoit que la pacification électorale, dans les démocraties d'Europe occidentale, intervient uniquement après la 1ère GM. On constate la primauté accordée à une résolution pacifique de ces conflits extérieurs. On peut considérer que la guerre c'est la politique continuée par d'autres moyens, cela signifie que guerre et politique sont de même nature. Il y a bien un lien qui est posé entre la paix et la démocratie. Le premier à insister sur cet idéal pacifique de la démocratie est Kant en 1795. Il considère que les relations entre États doivent être établies à partir d'un traité international virtuel : -Les États doivent être organisés sous forme de République qui s'appuie sur le principe de garantie des droits individuels. -Ces Républiques doivent créer une association harmonieuse qui doit être librement écrite. -Ces États doivent organiser leur conflit de manière pacifique. Cet idéal est le fondement même de l'UE. Une thèse domine : les démocraties se font rarement la guerre. Du point de vue des relations extérieures, les démocraties ont intérêt à développer le doux commerce, les échanges entre elles. Cette thèse considère que les échanges commerciaux remplacent les conflits inter-étatique. On s'aperçoit qu'il y a eu des conflits armés entre démocratie à la fin du XIXe. Le plus célèbre est celui qui a opposé l'Espagne et les USA autour de la question de l'indépendance de Cuba. On s'aperçoit que les déclarations de guerre entre démocraties sont plutôt rares mais les opérations militaires perdurent car la démocratie n'implique pas la paix perpétuelle. Une étude a essayé de mesurer le degré d'implication des démocraties dans les conflits internationaux (1816-1965) -> les démocraties ont autant pris part à des conflits que les régimes autoritaires. Il y a un facteur qui joue sur cette période, c'est la question coloniale -> lien entre décolonisation et conflit explique ces résultats. Les grands conflits du XXe ont tous été initié par des régimes autoritaires. On constate que les démocraties sont fréquemment alliées entre elles dans les conflits : 1ère et 2nde GM et conflit récent en Europe (Yougoslavie et 1ère guerre du Golfe). Les caractéristiques internes des États vont bien affecter la politique internationale. Malgré ces nuances on a bien un lien entre pacification et régime démocratique.

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