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se manifestera pas à lui sous forme de visage, de

Publié le 22/10/2012

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se manifestera pas à lui sous forme de visage, de mains, ou de rien qui participe au corps, non plus que sous forme de discours ou de science, ni dans quelque autre être, comme un vivant terrestre ou céleste, mais bien en elle-même et par elle-même, coexistant toujours avec elle-même dans l'unicité d'une forme, alors que toutes les autres choses qui sont belles participent de cette beauté, en telle manière que leur naissance ou leur mort ne lui apportent ni augmentation ni diminution et ne l'affectent en rien. Lors donc qu'aimer comme il faut les jeunes gens a permis de s'élever en partant des choses sensibles et que l'on commence à apercevoir le beau en lui-même, on est bien près de toucher au but. Car voilà bien la bonne manière d'accéder au domaine de l'amour ou d'y être conduit par autrui : partir de belles choses sensibles en ayant en vue cette beauté intelligible, monter continûment en se servant pour ainsi dire d'échelons, passant d'un seul beau corps à deux, puis à tous, passant des beaux corps aux belles conduites, ensuite des belles conduites aux belles sciences, pour aboutir finalement à partir de ces sciences, à cette science qui n'est autre que celle du beau intelligible, pour connaître enfin le beau tel qu'il est en soi. Banquet, 210a-211d 3. DIALECTIQUE, RÉMINISCENCE ET AMOUR [SOCRATE] Il faut que l'homme comprenne ce qu'on appelle : Forme, allant de sensations multiples à l'unité rassemblée par raisonnement. Or c'est là la réminiscence de ce que notre âme vit jadis, quand elle cheminait en compagnie d'un dieu, survolant ce que présentement nous appelons réalité, la tête levée vers ce qui est vraiment réel. Voilà bien pourquoi il est juste que seule la pensée du philosophe soit ailée, car ce à quoi elle ne cesse d'appliquer tant qu'elle peut sa remémoration, c'est cela même qui fait que le dieu est divin. Et l'homme qui recourt correctement à de telles remémorations, initié à des mystères toujours parfaits, est seul à devenir vraiment parfait. Détaché des objets du zèle humain et se consacrant au divin, la foule lui remontre qu'il est dérangé et la foule ne voit pas qu'il est inspiré. Voilà où voulait en venir tout ce qu'on vient de dire de la quatrième forme du délire, celui qui s'empare de l'homme qui, à se remémorer la beauté vraie en voyant d'ici-bas, y gagne des ailes ; impatient de s'envoler, mais incapable d'y parvenir, tel un oiseau fixant le ciel sans se soucier des choses d'ici-bas, on l'accuse d'être en proie au délire. En vérité, c'est de tous les enthousiasmes le meilleur dans sa nature et dans ses origines, tant pour celui qui en est possédé que pour celui qui y prend part et on qualifie d'amoureux celui qui s'éprend de la beauté en participant à ce délire. Pour qu'elle puisse s'incarner dans un tel vivant, il faut, en fonction de ce que je viens de dire, que toute âme d'homme ait, par nature, contemplé les réalités. Mais il n'est pas à la portée de n'importe laquelle de trouver dans les choses d'ici-bas l'occasion de se les remémorer : certaines n'ont fait qu'entrevoir ces réalités supérieures, d'autres, après leur chute ici-bas, ont eu le malheur de se laisser entraîner à l'injustice par certaines fréquentations, et du coup, elles ont oublié les choses sacrées qu'elles avaient vues ; aussi sont-elles peu nombreuses celles qui ont conservé un pouvoir suffisant de se souvenir. Ces dernières, dès qu'elles voient quelque chose qui ressemble aux réalités de là-bas, sont ravies et ne se possèdent plus. Mais elles ignorent ce qui leur arrive, faute d'en avoir une perception suffisamment distincte. Il n'est pas douteux que justice, tempérance et tout ce qui, du reste, a du prix pour les âmes, manquent d'éclat dans les imitations qu'on en trouve ici-bas ; à raison du manque de finesse de nos organes rares sont ceux qui, à grand peine, parviennent à déchiffrer sur les images de ces vertus, le genre de ce dont elles sont l'image... La beauté, nous l'avons dit, resplendissait parmi ces réalités, et lorsque nous sommes venus ici-bas, c'est encore elle que nous avons le plus clairement perçue grâce à la plus claire de nos sensations. Car la vision est la sensation la plus aiguë de toutes celles que le corps nous procure ; pourtant elle ne fait pas percevoir la pensée. Si cette pensée, ainsi que toutes les autres réalités supérieures qui sont dignes d'être aimées, procurait à la vision une image d'elle-même aussi claire que celle-là, ce sont d'incroyables amours qu'elle inspirerait. En fait seule la beauté jouit du privilège du plus haut degré d'éclat et de séduction. Phèdre, 249b-250d 4. MATHÉMATIQUE ET DIALECTIQUE [SOCRATE-GLAUCON] — S. Tu sais, je pense, que les gens qui s'occupent de géométrie, de calcul et autres choses du même genre, prennent pour point de départ le pair et l'impair, les figures, trois espèces d'angles et autres choses de même famille, selon chaque discipline ; ils les traitent comme des choses connues, s'en servent comme de principes, et ils estiment qu'étant claires pour tout le monde, ils n'ont plus à en rendre raison ni à eux-mêmes, ni à autrui ; ils en partent et procèdent dès lors par voie de conséquences pour parvenir finalement à ce dont ils ont fait le but de leur examen. — G. Oui, je sais cela. — S. Tu sais également qu'ils se servent de figures visibles sur lesquelles ils raisonnent, bien que ce ne soit pas elles qu'ils ont en tête, mais bien les originaux auxquels elles ressemblent ; c'est le carré en lui-même, la diagonale en elle-même que visent leurs raisonnements, et non la diagonale qu'ils tracent ; les figures qu'ils

« LA CONCEPTION DU SAVOIR 231 pensée du philosophe soit ailée, car ce à quoi elle ne cesse d'appliquer tant qu'elle peut sa remémoration, c'est cela même qui fait que le dieu est divin.

Et l'homme qui recourt correctement à de telles remé­ morations, initié à des mystères toujours parfaits, est seul à devenir vraiment parfait.

Détaché des objets du zèle humain et se consacrant au divin, la foule lui remontre qu'il est dérangé et la foule ne voit pas qu'il est inspiré.

Voilà où voulait en venir tout ce qu'on vient de dire de la quatrième forme du délire, celui qui s'empare de l'homme qui, à se remémorer la beauté vraie en voyant d'ici-bas, y gagne des ailes ; impatient de s'envoler, mais incapable d'y parvenir, tel un oiseau fixant le ciel sans se soucier des choses d'ici-bas, on l'accuse d'être en proie au délire.

En vérité, c'est de tous les enthousiasmes le meilleur dans sa nature et dans ses origines, tant pour celui qui en est possédé que pour celui qui y prend part et on qualifie d'amou­ reux celui qui s'éprend de la beauté en participant à ce délire.

Pour qu'elle puisse s'incarner dans un tel vivant, il faut, en fonction de ce que je viens de dire, que toute âme d'homme ait, par nature, contemplé les réalités.

Mais il n'est pas à la portée de n'importe laquelle de trouver dans les choses d'ici-bas l'occasion de se les remémorer : certaines n'ont fait qu'entrevoir ces réalités supérieures, d'autres, après leur chute ici­ bas, ont eu le malheur de se laisser entraîner à l'injus­ tice par certaines fréquentations, et du coup, elles ont oublié les choses sacrées qu'elles avaient vues; aussi sont-elles peu nombreuses celles qui ont conservé un pouvoir suffisant de se souvenir.

Ces dernières, dès qu'elles voient quelque chose qui ressemble aux réa­ lités de là-bas, sont ravies et ne se possèdent plus.

Mais elles ignorent ce qui leur arrive, faute d'en avoir une perception suffisamment distincte.

Il n'est pas douteux que justice, tempérance et tout ce qui, du reste, a du prix pour les âmes, manquent d'éclat dans les imitations qu'on en trouve ici-bas; à raison du manque de finesse de nos organes rares sont ceux qui, à grand peine, parviennent à déchiffrer sur les images. »

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