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« Qu'est-ce que le roman, en effet, sinon cet univers où l'action trouve sa forme, où les mots de la fin sont prononcés, les êtres livrés aux êtres, où toute vie prend le visage du destin.» Albert Camus, L'Homme révolté

Publié le 15/11/2011

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Citation : « Le Roi et les Reines se souvinrent qu'ils ne s'étaient jamais vus, et trouvèrent quelque chose de singulier de les voir danser ensemble sans se connaître «.    Analyse de la citation : L'amour qui naît entre les personnages apparaît ainsi comme prédestiné. Leur passion prend, dès lors, le « visage du destin « qu'évoque Camus. Les êtres semblent bien « livrés aux êtres « par l'auteur. La Princesse de Clèves peut donc être lue comme une tragédie où toute possibilité d'évolution, de revirement se voit neutralisée par le début : le personnage n'aimera jamais son mari, ne cessera jamais d'aimer Nemours. Chaque péripétie du roman, chaque détail, visera ainsi à dramatiser le tragique de la situation initiale et à appuyer la thèse de l'auteur : le véritable amour ne peut advenir que dans la non-réalisation.   

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« prévisible et cohérente.

Le lecteur est ainsi souvent en mesure de deviner la fin du roman à l'aune du début. Exemple : Dans La Princesse de Clèves l'échec du mariage est annoncé avant même sa réalisation lorsque l'auteurprécise que la mère de l'héroïne lui donna « un mari qu'elle ne pût aimer ».

De même la Princesse de Clèves etNemours se reconnaissent sans même avoir été présentés : Citation : « Le Roi et les Reines se souvinrent qu'ils ne s'étaient jamais vus, et trouvèrent quelque chose de singulierde les voir danser ensemble sans se connaître ». Analyse de la citation : L'amour qui naît entre les personnages apparaît ainsi comme prédestiné.

Leur passion prend,dès lors, le « visage du destin » qu'évoque Camus.

Les êtres semblent bien « livrés aux êtres » par l'auteur.

LaPrincesse de Clèves peut donc être lue comme une tragédie où toute possibilité d'évolution, de revirement se voitneutralisée par le début : le personnage n'aimera jamais son mari, ne cessera jamais d'aimer Nemours.

Chaquepéripétie du roman, chaque détail, visera ainsi à dramatiser le tragique de la situation initiale et à appuyer la thèsede l'auteur : le véritable amour ne peut advenir que dans la non-réalisation. Citation critique : Julien Gracq, En lisant, en écrivant : « Il y a un trajet à travers le livre et en fait il n'y en aqu'un.

» 3.

Stylisation : Ces faits relatés choisis avec soin pour leurs effets de sens, reliés les uns aux autres de manière à former unearchitecture cohérente, subissent également un traitement stylistique qui vise à faire croire en leur inéluctabilité. On peut se référer à l'analyse que Barthes fait du choix du passé simple par la plupart des romanciers, comme tempsmajoritairement employé. Citation critique : Le degré zéro de l'écriture : « …il vise à maintenir une hiérarchie dans l'empire des faits.

Par sonpassé simple, le verbe fait implicitement partie d'une chaîne causale (…) Il suppose un monde construit, élaboré,détaché, réduit à des lignes significatives, et non un monde jeté, étalé, offert.

Derrière le passé simple se cachetoujours un démiurge… » Exemple : L'Education sentimentale de Flaubert.

Célèbre phrase décrivant le rencontre de Frédéric Moreau et deMadame Arnoux : « Ce fut comme une apparition.

» Le caractère bref et percutant de la phrase, appuyé par l'emploidu passé simple, qui circonscrit le moment de la rencontre à un instant décisif et lui assigne donc une placedéterminée dans l'histoire, confère un caractère définitif et primordial à l'épisode relaté.

Une telle phrase promet aulecteur le déroulement d'une intrigue.

L'illusion d'un destin des personnages tient donc, en grande partie, à la formedu récit, à un travail sur le style. Cclu partielle : Le roman apparaît donc bien comme un système clos, dont la grande cohérence se veut rassurantepour le lecteur.

Cependant la liberté de celui-ci réside précisément dans la possibilité qu'il a de prendre de ladistance par rapport au monde qui lui est offert, constatant la plurivocité de l'œuvre. II.

Une plurivocité déstabilisante 1.

Effets de polyphonie La polyphonie complexifie le roman, trouble sa cohérence. Exemple : Les Lettres persanes.

Les deux lettres successives sur le suicide (76-77).

Deux discours opposés qui seneutralisent mutuellement.

Le lecteur doit se déterminer seul.

Les « mots de la fin » ne sont pas prononcés. Citation critique : Mikhaïl Bakhtine : « Le roman c'est la diversité sociale de langages, parfois de langues et de voixindividuelles, diversité littérairement organisée.

» 2.

De la plurivocité à l'absence de sens : l'exemple du nouveau Roman « Nouveaux romanciers » ne prétendent pas mettre de l'ordre, à travers leurs œuvres, dans le chaos du monde.

Aucontraire, cherchent à le restituer le plus fidèlement possible.

D'où absence d'intrigue, déconstruction dupersonnage… Exemple : Molloy, Beckett.

Impossible de croire à un destin du personnage qui erre sans but, objet de toutes lescontingences.

Récit marqué par l'incertitude. Citation : Première phrase du roman « Je suis dans la chambre de ma mère.

C'est moi qui y vis maintenant.

Je nesais pas comment j'y suis arrivé.

» 3.

Liberté suprême du lecteur. »

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