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Serbie

Publié le 11/04/2013

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serbie
1 PRÉSENTATION

Serbie, en serbo-croate Srbija, pays du sud-est de l’Europe. Sa capitale est Belgrade.

La Serbie est située dans les Balkans. Elle est bordée au nord par la Hongrie, à l’est par la Roumanie et la Bulgarie, au sud par l’Ancienne République yougoslave de Macédoine (ARYM), au sud-ouest par l’Albanie, à l’ouest par le Monténégro et la Bosnie-Herzégovine, au nord-ouest par la Croatie.

Ancienne république au sein de la République socialiste fédérative de Yougoslavie, la Serbie a constitué de 1992 à 2003, avec le Monténégro, la République fédérale de Yougoslavie (RFY), puis de 2003 à 2006 l’État de Serbie-et-Monténégro. Elle englobe les provinces anciennement autonomes du Kosovo (sous administration de l’ONU), au sud, et de la Voïvodine, au nord.

2 MILIEU NATUREL
2.1 Relief et hydrographie

Le territoire serbe s’insère entre la plaine danubienne et la péninsule des Balkans ; il est enclavé à l’intérieur des terres. Il couvre une superficie totale de 88 361 km2. Couvert de montagnes aux deux tiers, le paysage se caractérise par son aspect morcelé. On y trouve peu de plaines, excepté au nord, au niveau de la frange orientale de la plaine de Pannonie et de la Voïvodine.

Au sud du Danube et de la Save domine un relief de collines et de montagnes. À l’est, le massif du Balkan (la Stara Planina), d’une altitude moyenne de 2 000 m, est marqué à la frontière roumaine par les Portes de Fer. Au sud, les Alpes Dinariques comprennent la région des Prokletije (sur le territoire du Kosovo), où s’élève le mont Djeravica (2 656 m). C’est une région escarpée et difficile d’accès.

La Serbie centrale, ou Stara Umadija (« région boisée «), est une zone vallonnée, un piémont, qui assure la transition entre les ensembles montagneux. Traversée par la Morava, elle constitue une zone fertile.

Le réseau hydrographique de la Serbie est inégalement réparti et les principaux cours d’eau arrosent surtout la plaine septentrionale. Le Danube, qui forme la frontière avec la Roumanie et traverse les plaines fertiles de la Voïvodine, rejoint par la Save et la Tisza, est le fleuve le plus important. La Morava et ses affluents (parmi lesquels la Morava de l’Ouest et la Morava du Sud) ainsi que le Timok arrosent le centre et le sud de la Serbie.

2.2 Climat

La Serbie jouit d’un climat continental avec des hivers secs et froids et des étés chauds. Les températures à Belgrade atteignent en moyenne 1,7 °C en janvier et près de 23 °C en juillet.

2.3 Végétation et faune

La Serbie présente une couverture forestière caractérisée par des arbres à feuilles caduques (hêtres, chênes), sur les versants montagneux, et des conifères en altitude. La faune est constituée d’ours bruns, de loups et de sangliers. Les régions montagneuses comptent de nombreux rapaces (faucons, aigles, vautours).

3 POPULATION ET SOCIÉTÉ
3.1 Démographie

Lors du recensement de 2008, la Serbie comptait 10 159 046 habitants, dont 40 % dans les deux provinces du Kosovo et de Voïvodine. La densité de population serait d’environ 113 habitants au km2.

Avant la guerre, en 1991, les Serbes constituaient 66 % de la population. Les principales minorités étaient les Albanais (17 %), essentiellement installés au Kosovo ; les Hongrois de Voïvodine et du Banat (4 %) ; les Musulmans (2,5 %), des Slaves islamisés constituant, selon les critères yougoslaves, une nationalité ; les Monténégrins (1,4 %) ; les Roms (1,4 %) ; les Croates (1,1 %), vivant surtout en Voïvodine et à Belgrade. Cependant, la guerre qui a éclaté en 1991 a bouleversé ces données : alors que de nombreux Croates et Musulmans ont fui la Serbie, près de 400 000 Serbes de Croatie et de Bosnie-Herzégovine sont venus y trouver refuge. Selon le recensement de 2002, les Serbes constituaient ainsi 82,9 % de la population.

3.2 Villes principales

La capitale et principale ville de Serbie est Belgrade (1 119 020 habitants en 2002). Les autres grandes villes sont Novi Sad (190 602 habitants), port fluvial et centre industriel, capitale de la province de Voïvodine ; Niš (173 390 habitants), centre industriel au sud-est de la Serbie ; Kragujevac (145 890 habitants), ville industrielle et ancienne capitale au centre du pays ; Priština (165 844 habitants), capitale de la province du Kosovo ; Subotica (99 471 habitants), grand marché agricole en Voïvodine ; et Zrenjanin (79 545 habitants), centre industriel en Voïvodine.

3.3 Institutions et vie politique
3.3.1 Organisation des pouvoirs

La Serbie a formé, avec le Monténégro, la République fédérale de Yougoslavie (RFY-Serbie et Monténégro) à partir d’avril 1992. En mars 2002, un accord a été signé entre le président fédéral et les présidents de la Serbie et du Monténégro afin de remplacer la République fédérale de Yougoslavie par un État de Serbie-et-Monténégro. Il a été proclamé en février 2003. Le 5 juin 2006, la Serbie a succédé à l’union Serbie-et-Monténégro après que le Monténégro a proclamé son indépendance le 3 juin 2006. Une nouvelle Constitution a été promulguée en novembre 2006 ; elle remplace la Loi fondamentale adoptée en 1990 sous le gouvernement de Slobodan Miloševiæ. Définissant la Serbie comme un État indépendant, elle proclame la souveraineté inaliénable de la Serbie sur le Kosovo, stipulant que « La province du Kosovo est une partie intégrante du territoire de la Serbie, avec une autonomie substantielle dans le cadre de l’État souverain de Serbie et par conséquent [que] toutes les institutions d’État ont obligation constitutionnelle de défendre les intérêts de la Serbie au Kosovo «. Mais, le Kosovo, qui était sous administration internationale de la MINUK (Mission des Nations unies au Kosovo) depuis le mois de juin 1999 (résolution 1244 du Conseil de sécurité), a déclaré son indépendance le 17 février 2008 de manière unilatérale.

Le pouvoir exécutif appartient au président de la République. Il est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans, renouvelable une fois. Le Premier ministre est élu par l’Assemblée nationale.

Le pouvoir législatif est dévolu à l’Assemblée nationale composée de 250 députés élus au suffrage direct au scrutin proportionnel pour un mandat de quatre ans.

3.3.2 Partis politiques

Les principaux partis politiques de Serbie sont le Parti radical serbe (SRS, ultranationaliste), le Parti démocratique de Serbie (DSS, conservateur) de Vojislav Kostunica, le Parti démocrate (DS, centriste), créé par l’ancien Premier ministre Zoran Djindjic, assassiné en 2003, G-17 Plus (centriste), le Parti socialiste de Serbie (SPS), de l’ancien président Slobodan Miloševic, le Mouvement du renouveau serbe (SPO) et l’Alliance civique de Serbie (GSS, libéral).

3.4 Langues et religions

La langue officielle de la Serbie est le serbe, l’une des deux formes du serbo-croate, langue slave qui n’est plus reconnue par les Serbes ni par les Croates. La principale différence entre les deux idiomes réside dans l’alphabet (cyrillique pour le serbe, latin pour le croate), mais, depuis 1991, Croates et Serbes ont procédé à une révision linguistique visant à débarrasser le serbo-croate des tournures et variantes qui unifiaient la langue.

La liberté de culte est garantie par la Constitution serbe. La religion majoritaire est la branche orthodoxe serbe de l’Église d’Orient. Il existe également des communautés catholiques et réformées.

4 ÉCONOMIE
4.1 Généralités

L’économie de la Serbie a été gravement affectée par le conflit yougoslave en Bosnie-Herzégovine et en Croatie, mais plus encore par les sanctions économiques infligées à la République fédérale de Yougoslavie par les Nations unies en représailles au soutien militaire qu’elle a apporté aux forces serbes de Bosnie. Officiellement décrétées le 30 mai 1992, ces sanctions ont entraîné un embargo complet sur le commerce, la suspension des liaisons aériennes, la fermeture des ambassades, la saisie des avoirs financiers fédéraux à l’étranger et l’annulation des échanges sportifs et culturels.

Même si elles n’ont été que partiellement appliquées — l’Albanie, la Grèce et les pays voisins se montrant particulièrement perméables aux importations de pétrole et aux exportations serbes — le résultat global n’en a pas moins été désastreux pour la Serbie : effondrement de la production lié aux manques de matières premières, inflation, chômage (un quart des actifs), etc.

L’allègement, en octobre 1994, puis la levée définitive des sanctions, en octobre 1996, ont permis à la Serbie de se stabiliser et de s’orienter vers un redressement économique. Dix ans plus tard, la Serbie indépendante affiche un taux de croissance de 6 %, le plus rapide des Balkans, et des investissements étrangers en forte hausse (4 milliards d’euros en 2006 contre moins de 1,5 million en 2005), mais le chômage est toujours important. En outre la situation politique marquée par le manque de coopération de Belgrade avec le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY), qui engage l’Union européenne à suspendre les négociations d’adhésion de la Serbie fin 2006, et la question du Kosovo, entravent un véritable décollage économique du pays.

4.2 Agriculture, forêts, pêche

L’économie serbe repose traditionnellement sur la forte production agricole de la Voïvodine (combinats agroalimentaires et grandes exploitations céréalières) et du bassin de la Morava (petites exploitations familiales, arboriculture, viticulture).

Les principales cultures sont celles du maïs, du blé et des betteraves à sucre. L’élevage (bovin, ovin et porcin) se pratique beaucoup de façon industrielle.

4.3 Mines et industries

Le territoire serbe est riche en gisements métallifères (plomb, cuivre, zinc et bauxite), dont la production a considérablement chuté depuis la guerre. À titre d’exemple, on extrayait 800 000 tonnes de bauxite à la fin des années 1980 contre 120 000 tonnes en 1994. La république possède également des ressources en charbon et en magnésite.

En matière d’énergie, la Serbie a effectué des aménagements sur le Danube, en coopération avec la Roumanie, lui permettant d’exploiter 50 % de l’électricité produite par le barrage des Portes de Fer. La production d’électricité est cependant déficitaire. En 1995, 846 millions de m3 de gaz naturel ont été extraits du territoire serbe. Le lignite (38 millions de tonnes en 1994) est extrait pour les besoins en chauffage de la population.

Du fait de la guerre et des sanctions économiques, la production industrielle n’a atteint que la moitié de son niveau de 1990. Elle s’organise autour du complexe métallurgique de Bor (à l’est), de la sidérurgie à Smederevo (dans le centre), de l’industrie automobile, de la fabrication de textiles, de produits chimiques, de machines et du secteur agroalimentaire en Voïvodine et à Belgrade.

4.4 Secteur tertiaire

La monnaie de la Serbie est le dinar serbe.

Après les destructions provoquées par la guerre, le gouvernement s’est lancé dans une politique de reconstruction des infrastructures et des voies de communication.

Les monastères serbes et les magnifiques parcs nationaux étaient autrefois des lieux très visités ; mais aujourd’hui, le tourisme doit être relancé pour occuper à nouveau une place de choix parmi les diverses activités économiques. En 1992, les recettes touristiques ont représenté 88 millions de dollars.

5 HISTOIRE
5.1 Une région sous domination
5.1.1 Des origines à l’Empire byzantin

Conquise par les Romains en 44 apr. J.-C., la Serbie fait partie de la province de Mésie. Au iiie siècle, les Goths commencent à attaquer la région, qui est englobée dans l’Empire byzantin à partir de 395. Vers le viie siècle, les Serbes, des Slaves du Sud venus de Galicie orientale, s’installent dans la zone située à l’ouest de la Morava et font allégeance aux Byzantins. Organisés en petites principautés dirigées par un ¸upan, ils doivent subir, du viie au xiie siècle, la suzeraineté des grands empires voisins : l’Empire byzantin, puis celui du tsar des Bulgares Siméon, l’Empire macédo-bulgare, puis de nouveau Byzance. Deux entités géographiques commencent à s’esquisser : la Zeta (à l’origine du Monténégro) et la Rascie ou Raška (qui forme la Serbie).

L’empreinte byzantine est fondamentale. La christianisation menée par les disciples de Cyrille et de Méthode apporte la liturgie slave et l’alphabet cyrillique.

5.1.2 La formation de la Serbie

C’est Étienne Nemanja, gouverneur d’une des petites principautés serbes, qui, après la mort de l’empereur byzantin Manuel Ier Comnène, en 1180, unifie les Serbes en créant le premier royaume de Serbie et est le fondateur de la dynastie des Nemanjić.

Son fils et successeur Étienne Ier Nemanjić, qui règne entre 1196 et 1227, semble hésiter un temps entre le rite catholique et le rite orthodoxe. Après avoir reçu la couronne des mains d’un légat du pape (1217), il se fait finalement couronner en 1220 selon le rite orthodoxe ; l’événement est suivi de la création d’une Église orthodoxe serbe autocéphale. La religion orthodoxe devient alors religion d’État.

Malgré les troubles dynastiques qui suivent son règne, le royaume s’étend progressivement jusqu’à englober au xive siècle la plus grande partie de la Serbie actuelle, une partie de la Bosnie, le Monténégro, le Kosovo, la Macédoine, l’Albanie et le nord de la Grèce, ce qui représente les deux tiers de la péninsule des Balkans. Étienne IX Douchan, proclamé empereur des Serbes et des Grecs (1331-1355), à Skopje, permet à la Serbie de connaître une période de stabilité intérieure : il mène une œuvre législative importante, codifiant les lois et le statut des serfs. Son règne se caractérise également par le rayonnement des arts.

Ses successeurs ont du mal à maintenir l’ordre et doivent faire face à la désintégration du royaume, initiée par les nobles. C’est d’ailleurs l’un d’entre eux, Lazare Hrebeljanović, qui monte sur le trône à la mort d’Étienne X. En juin 1389, il est défait à la bataille de Kosovo par Murat Ier, à la tête des Turcs dont le territoire est alors en pleine expansion. Des combats sporadiques ont encore lieu jusqu’en 1459, date à laquelle les Turcs prennent Smederevo, puis Belgrade. La Serbie est quatre siècles durant sous la domination de l’Empire ottoman.

5.1.3 L’occupation ottomane

Les Ottomans laissent en place les structures de la société serbe. La Serbie ne connaît pas, contrairement à la Macédoine ou à la Bosnie voisines, les conversions forcées à l’islam (même si de nombreuses conversions se font spontanément pour des raisons religieuses ou par intérêt) et ne devient pas une colonie de peuplement ; l’autonomie religieuse des Serbes est respectée, et le patriarcat, suspendu en 1459, est rétabli de 1557 à 1765. En revanche, les paysans serbes sont corvéables, soumis à l’impôt et au système féodal turc ; ils doivent régulièrement donner leurs enfants au corps des janissaires. En 1521, Soliman le Magnifique conquiert Belgrade, qui passe aussi sous la domination ottomane.

Cependant, face à cette domination, les haïduks, des paysans en fuite, ne cessent de mener, depuis les montagnes, des actions de guérilla. À partir du xviie siècle, leurs rangs se grossissent lors de la lente reconquête entamée par l’Autriche, puis par la Russie dans les Balkans et en Europe centrale.

Certains Serbes préfèrent s’exiler dans les provinces de la Hongrie méridionale à peine reconquises par les armées de la Sainte Ligue et libérées lors de la signature des traités de Karlovitz (1699) et de Passarovitz (1718). Au service des Habsbourg, ils se transforment en de redoutables paysans-soldats des marches de l’Empire, occupant la Krajina, longtemps disputée aux Ottomans. Les régions abandonnées par les Serbes, quant à elles, sont bientôt occupées par des Slaves et des Albanais islamisés, comme en Bosnie et au Kosovo. Entre 1718 et 1739, les Autrichiens occupent le nord du territoire serbe.

5.2 La renaissance nationale

À la fin du xviiie siècle, la Serbie jouit d’une certaine autonomie. Mais les premiers signes de faiblesse des Ottomans et la lassitude face aux excès des janissaires encouragent les Serbes à se soulever. De 1804 à 1815, les insurrections se multiplient. La première rébellion, soutenue par la Russie et menée par Djorgje Petrovitch, surnommé Karageorges, finit par être matée. Celui-ci est le fondateur d’une longue dynastie, celle des Karageorgévitch. En 1815, une seconde révolte éclate sous la conduite de Miloch Obrénovitch : en quelques mois, une grande partie du pays est libérée : Obrénovitch est reconnu prince héréditaire et la Serbie se voit accorder le statut de principauté vassale du sultan.

Le traité d’Andrinople, qui met fin à la guerre russo-turque de 1828-1829, accorde à la Serbie une plus grande autonomie et le nombre de garnisons turques en territoire serbe est réduit.

Souverain despotique, contesté par les Russes et les Turcs, Obrénovitch est contraint d’abdiquer en 1839, cédant le pouvoir à son fils Michel qui est renversé en 1842 par Alexandre, le fils de Karageorges. Ce dernier a été assassiné en 1817 à la suite d’un complot qui a impliqué Obrénovitch : cet événement est à l’origine d’une haine insurmontable entre les deux familles. Le prince Alexandre Karageorgévitch dote le pays de nouvelles institutions (Code civil, 1844), développe l’enseignement, noue des relations avec les grandes puissances occidentales, et notamment avec la France de Napoléon III. Déposé en 1858, il doit céder le trône aux Obrénovitch.

5.3 L’indépendance
5.3.1 Le départ des Turcs

Le mouvement national est trop fort pour se contenter d’une semi-indépendance. Au cours de la guerre russo-turque de 1877-1878, la Serbie se rapproche de la Russie au sein d’un mouvement panslaviste dont l’ambition est de chasser définitivement les Turcs des Balkans. Ce mouvement s’accompagne d’une réforme linguistique à l’origine de la langue serbo-croate. En 1878, le congrès de Berlin reconnaît l’indépendance serbe, mais le pays reste dans les faits soumis à l’Empire austro-hongrois.

En 1882, Milan Obrénovitch (1868-1889), soutenu par les Autrichiens, est proclamé roi, puis en 1885, il déclare la guerre à la Bulgarie en pleine unification, qu’il entend soumettre en même temps que la Roumélie orientale. Les Serbes sont rapidement mis en déroute, mais sauvés d’une défaite complète grâce à l’intervention in extremis de l’Autriche.

Alexandre Ier Obrénovitch succède à son père sous le contrôle d’un régent et règne à partir de 1893. Autoritaire, comme le prouve la Constitution de 1901, à la tête d’un pouvoir corrompu, le roi, devenu extrêmement impopulaire, est assassiné en 1903 par la Main noire, une société secrète regroupant des officiers. Le Parlement serbe choisit alors Pierre Karageorgévitch (fils d’Alexandre Karageorgévitch) pour roi.

5.3.2 L’alliance avec la Russie

Pierre Ier, instigateur d’un régime démocratique, se montre plus ferme que ses prédécesseurs avec l’Autriche-Hongrie. Appuyée par la Russie, toujours intéressée par une progression vers le sud et vers la mer, la Serbie affronte d’abord les Habsbourg sur le terrain d’une guerre douanière, entre 1905 et 1907, qui vise le blocus de marchandises serbes à l’importation. L’annexion de la Bosnie-Herzégovine par l’Autriche-Hongrie, en 1908, ne fait qu’aggraver les relations tendues entre les deux États. En 1912 et 1913, la Serbie prend une part active aux guerres balkaniques qui mettent fin aux possessions turques en Europe. Ce conflit renforce le prestige de la Serbie, lui donnant un véritable statut de puissance régionale ; elle reçoit une partie du Sandjak (« préfecture «) de Novi Pazar et le Kosovo-Metohija, puis, en 1913, s’empare de la quasi-totalité de la Macédoine.

5.3.3 La Première Guerre mondiale

Les relations sont déjà très tendues entre la Serbie et l’Autriche-Hongrie lorsque, le 28 juin 1914, l’héritier du trône des Habsbourg, l’archiduc François-Ferdinand, et son épouse sont assassinés par un nationaliste serbe, Gavrilo Princip, à Sarajevo, en Bosnie-Herzégovine. Le gouvernement autrichien, tenant la Serbie pour responsable, lui déclare la guerre et l’envahit en août, déclenchant la Première Guerre mondiale par le jeu des alliances, qui précipite immédiatement les grandes puissances européennes dans le conflit. Les Serbes repoussent l’invasion jusqu’en octobre 1915, date à laquelle les renforts allemands et l’attaque des Bulgares alliés aux Empires centraux provoquent l’effondrement du front. En décembre, le pays est occupé ; le gouvernement serbe trouve refuge sur l’île grecque de Corfou en 1916.

5.4 La création de la Yougoslavie
5.4.1 L’union des Slaves du Sud

Le Premier ministre serbe Nikola Pašić est l’artisan de la déclaration de Corfou qui appelle à l’union des Slaves du Sud sous l’autorité des Karageorgévitch. En effet, si la majeure partie de la population croate est restée fidèle à l’Empire austro-hongrois, un comité yougoslave a été formé à Rome puis à Londres par les nationalistes croates. Rejoints par les nationalistes du Monténégro, ils signent, en 1917, cette déclaration qui pose les bases d’un État yougoslave. Le royaume des Serbes, Croates et Slovènes est proclamé sous l’autorité du roi des Serbes, Alexandre Ier Karageorgévitch, le 1er décembre 1918, après la chute de la monarchie d’Autriche-Hongrie ; il devient le royaume de Yougoslavie en 1929.

5.4.2 L’antagonisme serbo-croate

Dès le début, l’opposition entre le centralisme unificateur des Serbes qui dominent l’État et les tendances à l’autonomie des autres nations se fait sentir. En 1934, le souverain Alexandre Ier est assassiné à Marseille par un nationaliste croate. L’opposition avec la Croatie se transforme en une véritable guerre au cours de la Seconde Guerre mondiale, lors de la création, en 1941, d’un État croate oustachi soutenu par l’Allemagne d’Hitler et l’Italie de Mussolini. Les exactions des oustachis creusent plus encore le fossé qui sépare les deux peuples, alors même que la majorité des Croates entre dans le mouvement de résistance animé par Tito. Outre les oustachis de Ante Pavelić et les partisans communistes de Tito, il existe un mouvement royaliste serbe, les tchetniks, autour de Draza Mihajlović. Le général Milan Nedić est à la tête de la Serbie, mais la réalité du pouvoir est détenue par l’Allemagne nazie.

Belgrade est libérée par les troupes de Tito en octobre 1944. En 1945, après la défaite des puissances de l’Axe, la République socialiste fédérative de Yougoslavie est proclamée ; la Serbie, qui est l’une des six républiques constituantes, dispose d’une certaine autonomie au sein du gouvernement fédéral. Le Kosovo-Metohija (appelé Kosovo à partir de 1969), majoritairement peuplé d’Albanais, et la Voïvodine lui sont rattachés avec le statut de principautés autonomes.

5.4.3 La Fédération yougoslave de Tito

Tout le problème de la Fédération yougoslave de Tito est de réussir à créer une Yougoslavie et une citoyenneté yougoslave réelles. La Constitution, remaniée régulièrement, et notamment en 1974, dans le sens de l’autonomisation des nations et des nationalités qui constituent la fédération, offre les voies légales à l’éclatement de la Yougoslavie.

La mort du maréchal Tito, en 1980, précipite les événements. Lors du recensement effectué en 1981, seuls 1 219 045 habitants choisissent de se définir comme Yougoslaves (5,44 % de la population) ; en 1991, ils ne sont plus que 700 403. L’idée d’un État yougoslave a vécu.

5.5 L’éclatement de la Yougoslavie
5.5.1 Le début du conflit

Une réforme de la Constitution, en mars 1989, supprime l’autonomie qui a été accordée au Kosovo et à la Voïvodine ; deux mois plus tard, Slobodan Milošević devient président de la Serbie. En janvier 1990, la Ligue communiste de Yougoslavie accepte d’abandonner son monopole du pouvoir politique ; des élections multipartites, les premières depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, peuvent alors être organisées dans les six républiques de la fédération.

En décembre 1990, Slobodan Milošević est réélu président de Serbie. Ancien dirigeant du Parti communiste, il se pose en chantre du nationalisme et de la protection des intérêts serbes, faisant référence à la « Grande Serbie « — c’est-à-dire la réunion au sein d’un seul territoire de tous les Serbes — et s’appuyant sur un mémorandum de l’Académie des sciences et des arts de Serbie, publié en 1986, qui dénonce l’héritage de Tito, le découpage en républiques et prône le retour à un centralisme qui donne à la Serbie un rôle prépondérant. Ces idées sont, pour la plupart, soutenues par l’Église orthodoxe serbe.

La province autonome du Kosovo est la première à subir les conséquences de cette orientation politique. En 1989, Slobodan Milošević commence par décréter la loi martiale au Kosovo ; en 1991, une majorité d’Albanais s’étant prononcée pour l’indépendance, le gouvernement serbe suspend la législature de cette province et l’administre directement avant d’imposer aux Albanais des mesures discriminatoires. L’opposition se réunit autour d’Ibrahim Rugova. La même année, l’autre province autonome de Serbie, la Voïvodine, où vit une minorité hongroise importante, perd également sa législature.

En juin 1991, la Croatie et la Slovénie, suivies bientôt par la Macédoine (septembre 1991), proclament leur indépendance. La Serbie cherche à maintenir la cohésion de la fédération, dans le but de garder une position dominante et de protéger les minorités serbes des autres républiques. En août 1991, la guerre civile est totale : la Serbie, par le biais de l’Armée populaire yougoslave où elle est majoritaire, appuie les Serbes de Croatie et de Bosnie qui cherchent à créer une « Grande Serbie «. Cette armée serbe est le bras armé de la politique de « nettoyage ethnique « mise en place par le gouvernement. Voir aussi conflit Yougoslave.

Dans la province de Voïvodine, le parti d’extrême droite est dominant, dirigé par Vojislav Šešelj. La région de Sand¸ak, située de part et d’autre de la frontière entre le Monténégro et la Serbie, s’oppose au pouvoir autoritaire du gouvernement serbe. Des affrontements se déroulent entre les Musulmans et les Serbes alliés aux Monténégrins. L’opposition se cristallise autour de Sulejman Ugljanin et de l’Action démocratique du Sand¸ak, qui proclame l’indépendance de la région en octobre 1991.

À la fin du mois d’avril 1992, la sécession de quatre des autres républiques est consommée : la Croatie, la Slovénie et la Bosnie-Herzégovine (qui a proclamé son indépendance en mars 1992) ont été reconnues par la communauté internationale au début de l’année ; la Macédoine, indépendante dans les faits, doit patienter jusqu’en avril 1993 pour obtenir une reconnaissance officielle sous le nom officiel de FYROM (Former Yougoslav Republic of Macedonia), soit en français l’Ancienne République yougoslave de Macédoine (ARYM).

5.5.2 La République fédérale de Yougoslavie (1992-2003)
5.5.2.1 La réunion de la Serbie et du Monténégro

La Serbie et le Monténégro, les seules républiques de l’ex-Yougoslavie n’ayant pas proclamé leur indépendance, annoncent le 27 avril 1992 leur réunion au sein d’une République fédérale de Yougoslavie (RFY). Se présentant comme le successeur légal de l’ancienne République socialiste fédérative de Yougoslavie, elle n’obtient pourtant pas d’occuper le siège laissé vacant à l’Organisation des Nations unies.

Slobodan Milošević remporte l’élection présidentielle de décembre 1992 avec une confortable majorité, bien que son principal opposant, Milan Panić, ait dénoncé de nombreuses irrégularités. En octobre 1993, de sérieuses dissensions éclatent entre le président et son protégé et allié de toujours, Vojislav Šešelj, chef du Parti radical serbe, sur la situation en Bosnie et en particulier sur la volonté de Slobodan Milošević de prendre des distances par rapport aux Serbes de Bosnie afin d’obtenir un allègement des sanctions économiques mises en place par la communauté internationale depuis avril 1992.

Sur le plan intérieur, en effet, la situation économique devient catastrophique : inflation et chômage en hausse, développement d’un marché parallèle, etc. En outre, Slobodan Milošević renforce l’aspect autoritaire de son régime imposant un contrôle des médias afin de mettre en place une propagande nationaliste.

En octobre 1993, les radicaux exigent un vote de confiance, aussi le président décide-t-il de dissoudre l’Assemblée, provoquant ainsi la tenue d’élections en décembre 1993. N’obtenant pas une majorité absolue, il forme une coalition avec l’Opposition démocratique de Serbie.

5.5.2.2 La Serbie en paix ?

Les accords de paix de Dayton, signés le 21 novembre 1995 par les belligérants yougoslaves, parmi lesquels la RFY, mettent un terme au conflit qui ensanglante la région depuis quatre ans. Les sanctions qui pèsent sur la Serbie et le Monténégro sont entièrement levées en octobre 1996.

Homme de guerre, Slobodan Milošević veut néanmoins apparaître comme celui qui a favorisé la paix. Cependant, son régime est de plus en plus contesté à l’intérieur. La Serbie, fragilisée et affaiblie par la guerre, souffre de dysfonctionnements contre lesquels l’opposition commence à s’élever. Celle-ci se manifeste en mai 1996, lors d’une grève des ouvriers de Nič.

Au mois de novembre, le parti de Slobodan Milošević, sur le point de perdre les élections municipales, fait annuler le second tour du scrutin. Des manifestations massives réunissent dès le mois de décembre les opposants au régime, conduits notamment par Vuk Drasković, chef du Mouvement démocrate serbe. D’abord inflexible, le gouvernement finit par reculer et reconnaître, en février 1997, les victoires de l’opposition dans une vingtaine de villes, parmi lesquelles la stratégique municipalité de Belgrade. Pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir, Slobodan Milošević semble sérieusement ébranlé.

Mais les divisions au sein des partis d’opposition favorisent, en septembre 1997, la victoire du Parti socialiste de Serbie (110 sièges sur 250), qui n’obtient cependant pas la majorité absolue. Le ralliement de Vuk Drasković aux ultranationalistes entraîne le limogeage du maire de Belgrade, membre de l’opposition. Dans l’impossibilité constitutionnelle de se présenter à un troisième mandat présidentiel, Slobodan Milošević tente de placer un de ses fidèles. L’élection remportée par Vojislav Šešelj, le chef du Parti radical serbe, est finalement annulée et, c’est un proche de Slobodan Milošević, Milan Milutinovic, qui est élu président de la Serbie, à l’issue du scrutin de décembre 1997.

Slobodan Milošević, qui est demeuré l’homme fort de la Serbie, est confronté à un regain de tension au Kosovo (mars 1998) et aux velléités grandissantes d’autonomie du Monténégro. Afin de renforcer la base politique du pouvoir socialiste minoritaire de Belgrade, il favorise, en mars 1998, l’entrée massive au gouvernement des ultranationalistes de Šešelj, dont l’audience n’a cessé de s’élargir. La nomination de ce dernier au poste de vice-Premier ministre témoigne d’un raidissement certain de la Serbie sur la question albanaise. En mai 1998, le Groupe de contact décide la mise en place d’un embargo sur les investissements et, dès juin 1998, l’OTAN, menaçant de procéder à des représailles armées, se livre à des manœuvres aériennes en Albanie et dans l’ARYM. À la fin de l’année 1998, les affrontements reprennent entre l’UCK (Armée de libération du Kosovo) et les forces serbes, qui ont détaché au Kosovo 20 000 hommes de l’armée régulière, appuyés par 300 chars et 200 pièces d’artillerie, et 15 000 à 20 000 policiers.

En février et mars 1999, le Groupe de contact réunit en France, à Rambouillet et à Paris, les représentants des autorités de Belgrade — qui refusent le déploiement d’une force internationale — et des principales formations albanaises, y compris l’UCK, qui ne se satisfait pas de l’offre d’autonomie. Devant l’échec des négociations, les forces de l’OTAN commencent à bombarder la Serbie le 23 mars, tandis que les forces serbes procèdent à une « purification ethnique «, entraînant l’exode massif des Albanais. Globalement soutenue par la population serbe, la politique du gouvernement n’est ouvertement critiquée que par le vice-Premier ministre Vuk Drasković, du Parti serbe du renouveau (limogé aussitôt après) ; d’autres opposants préfèrent, quant à eux, pour des raisons de sécurité, se « réfugier « au Monténégro, les relations des Serbes avec cette république s’étant, par ailleurs, dégradées.

Après l’acceptation du plan du G8 par Slobodan Milošević et le retrait des forces serbes de la province, retrait considéré par certains Serbes comme une capitulation, l’opposition commence à se manifester et à se positionner pour la période de l’après-guerre, marquée par l’exode de nombreux serbes du Kosovo.

Le plan de reconstruction des pays de la région prévu par les pays du G8 et par l’Union européenne suppose, pour être applicable à la Serbie, dont les infrastructures ont été complètement détruites, une démocratisation de ce pays et donc le départ de Slobodan Milošević. La crise économique profonde qui sévit attise les mécontentements et la contestation, durement réprimée par les forces de police. Visé de plus en plus ouvertement, Slobodan Milošević multiplie les arrestations et restreint les libertés d’expression. D’aucuns réclament son départ de la République fédérale de Yougoslavie (ainsi le Parti démocratique ou l’Église orthodoxe, qui dénonce le « nationalisme malsain «), d’autres des élections libres anticipées (Parti serbe du renouveau, par exemple).

5.5.2.3 La chute de Slobodan Milošević

En septembre 2000, le candidat de l’Opposition démocratique serbe (ODS), Vojislav Kostunica, remporte l’élection présidentielle de la République fédérale de Yougoslavie (RFY). Au terme d’une campagne de désobéissance civile, Slobodan Milošević reconnaît sa défaite. Dans la foulée, l’Union européenne lève ses sanctions contre la Serbie tandis que l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU) vote à l’unanimité une résolution présentée par l’Union européenne en vue de la réintégration de la République fédérale de Yougoslavie (RFY) au sein de l’ONU.

En novembre 2000, l’Opposition démocratique serbe (ODS) remporte triomphalement les élections législatives anticipées. Avec 64,1 % des voix, elle obtient 176 sièges sur les 250 que compte l’Assemblée de Serbie. L’opposition y est dès lors formée par le Parti socialiste serbe (SPS) de Slobodan Milošević (13,7 % des suffrages et 37 sièges), le Parti radical serbe (SRS) de Vojislav Sesejl (8,6 % des voix et 23 sièges) et le Parti de l’Unité serbe (SSJ) de Branislav Pelevic, fondé par l’ancien chef de milice Arkan (5,3 % des voix et 14 sièges).

Confrontée à une grave crise économique, la Serbie doit également faire face à l’apparition d’une rébellion dans le sud du territoire, parmi la communauté albanaise. Soutenus depuis le Kosovo par l’UCK, les rebelles profitent du retrait — imposé par l’OTAN — de l’armée yougoslave dans cette zone-tampon pour développer leur action. En avril 2001, afin d’apaiser la situation, les Serbes libèrent 150 Kosovars arrêtés lors de la retraite de l’armée yougoslave du Kosovo et condamnés à de lourdes peines de prison. De son côté, l’OTAN autorise Belgrade à réoccuper militairement certains secteurs de cette zone.

Dans le même temps, la chute de Slobodan Milošević se poursuit avec son arrestation et son inculpation pour corruption et abus de biens sociaux.

Par ailleurs, les velléités indépendantistes du Monténégro s’affirment, remettant en cause l’existence même de la fédération yougoslave. La victoire de la coalition du président Milo Djukanović lors des élections législatives monténégrines d’avril, pose la question de l’avenir de la Yougoslavie.

À la suite de son arrestation, en avril, Slobodan Milošević est transféré dans la nuit du 28 au 29 juin 2001 au Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY). Les pressions des États-Unis ont en effet conduit le gouvernement yougoslave à signer un décret autorisant l’extradition vers le TPIY des anciens responsables yougoslaves inculpés. Le transfert de Slobodan Milošević à La Haye est alors décidé par le gouvernement de Serbie, dirigé par Zoran Djindjic, mais sans que le président de la République en soit informé. Saluée par la communauté internationale, à l’exception toutefois de la Russie, cette décision provoque des tensions en Yougoslavie et la colère de Vojislav Kostunica. Aussitôt, les pays donateurs s’engagent à débloquer une aide de 1,5 milliard d’euros pour Belgrade. Le TPIY inculpe Slobodan Milošević de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et de génocide perpétrés au Kosovo, en Bosnie et en Croatie. Son procès s’ouvre en février 2002 — inculpé de crimes de guerre et de génocide, il décède en mars 2006 avant qu’un jugement n’ait été prononcé.

5.5.3 L’État de Serbie-et-Monténégro (2003-2006)

Le 15 mars 2002, le Premier ministre serbe, Zoran Djindjic, et le président monténégrin, Milo Djukanovic, ainsi que le chef de l’État fédéral yougoslave, Vojislav Kostunica, et Javier Solana, haut représentant pour la politique étrangère et de sécurité de l’Union européenne (UE), signent un important accord de principe. Après validation par les différents Parlements, il doit conduire à la disparition de la République fédérale de Yougoslavie (RFY) et à son remplacement par l’État de Serbie-et-Monténégro, doté d’une nouvelle Constitution. Cet accord conclu pour trois ans, sous la pression de l’Union européenne, a pour but d’éviter que le Monténégro ne déclare son indépendance et, partant, un nouveau conflit dans la région. Le nouvel État est proclamé en février 2003. Quelques jours après, le 12 mars, le Premier ministre Zoran Djindjic est assassiné, ce qui provoque une très vive émotion et l’instauration de l’état d’urgence durant un mois par la présidente par intérim de la Serbie, Natasa Micic. L’enquête s’oriente vers les groupes mafieux, tandis que Zoran Zivkovic lui succède à la tête du gouvernement.

Les élections législatives de décembre 2003 sont marquées par la victoire des ultranationalistes du Parti radical serbe (SRS), qui recueillent 27,7 % des suffrages et forment le groupe parlementaire le plus important avec 82 députés sur 250. Toutefois, aucune majorité de gouvernement ne se dessine et la Serbie traverse une crise institutionnelle de plusieurs mois. Finalement, en mars 2004, Vojislav Kostunica parvient à former un gouvernement minoritaire composé de son parti, le Parti démocratique de Serbie (DSS), des centristes du G-17 Plus et d’une alliance monarcho-nationaliste (SPO-NS). À la fin du mois, l’administration américaine suspend une aide de 100 millions de dollars à la Serbie, qui n’a pas été en mesure de livrer au TPIY, avant la date butoir du 31 mars, le chef des militaires serbes de Bosnie, Ratko Mladic, accusé de crimes contre l’humanité et de génocide à Srebrenica en 1995 et au cours du siège de Sarajevo. Soumis à l’appui parlementaire des nationalistes serbes, la coopération avec le TPIY n’apparaît pas comme la priorité du nouveau gouvernement, mais les pressions américaines et européennes aboutissent à la reddition d’une douzaine d’accusés serbes inculpés de « crimes de guerre «, qui se rendent au TPIY au début de l’année 2005. Alors que trois scrutins présidentiels avaient échoué en 2002 et 2003, faute d’une participation électorale inférieure à 50 %, une modification de la loi électorale permet l’élection en juin 2004 du candidat du Parti démocrate, Boris Tadic, centriste et proeuropéen, avec 53,24 % des suffrages.

5.6 La Serbie indépendante

En mai 2006, le Monténégro organise un référendum sur son indépendance qui obtient 55,5 % de votes favorables. L’Union européenne ayant annoncé qu’elle reconnaîtrait le résultat s’il était supérieur à 55 %, le Monténégro proclame son indépendance le 3 juin 2006. La Serbie, qui ne souhaitait pas cette partition, ne s’y oppose pas : le Parlement serbe prend acte de la décision du Monténégro et adopte une motion statuant que la Serbie a succédé à l’union Serbie-et-Monténégro. Dans la mesure où ce n’est pas elle qui a choisi de quitter l’union, la Serbie conserve le siège de l’ex-État de Serbie-et-Monténégro dans toutes les organisations internationales. Une nouvelle Constitution, qui affirme la souveraineté inaliénable de la Serbie sur le Kosovo est approuvée par référendum en octobre 2006 par 53,04 % des électeurs, alors que se déroulent au même moment les négociations menées sous l’égide de l’ONU sur le statut du Kosovo. Au sommet de Riga de l’OTAN (novembre 2006), la Serbie est invitée à adhérer au « Partenariat pour la paix «, en même temps que la Bosnie-Herzégovine et le Monténégro, premier pas vers une candidature de ces pays à l’organisation internationale. Certains regrettent cette décision alors que les criminels de guerre Ratko Mladic et Radovan Karadzic ne sont toujours pas arrêtés, tandis que d’autres escomptent qu’elle renforcera les forces progressistes dans le pays. Lors des élections législatives de janvier 2007, les ultranationalistes du Parti radical serbe (SRS) arrivent en tête comme en 2003 avec 28,7 % des suffrages (+ 1,1 point) devant le Parti démocrate (DS) du président Tadic qui obtient 22,9 % des voix (+ 10,3 point) et le Parti démocratique de Serbie du Premier ministre Kostunica qui recueille 16,7 % des suffrages (- 1 point). Aucun parti n’étant en mesure de détenir seul la majorité parlementaire, quatre mois de négociations sont nécessaires à la formation d’un gouvernement de coalition entre les principales formations démocrates. Vojislav Kostunica est reconduit dans ses fonctions de Premier ministre au mois de mai 2007. Début 2008, le président Tadic est réélu pour un second mandat, quelques jours avant la proclamation unilatérale par le Kosovo de son indépendance. Reconnue par les États-Unis et certains pays européens, elle ne l’est pas par la Russie et la Serbie.

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serbie

« Un mélodrame au Moyen Age Devant Notre-Dame de Paris, le jour de l'Épiphanie, le peuple célèbre la fête des Fous ; son parodique évêque estQuasimodo, sonneur de Notre-Dame, difforme, borgne et sourd.

Des comédiens jouent un mystère de Gringoire ; unebohémienne, Esmeralda, et sa chèvre savante dansent sur la place.

Le soir, Quasimodo tente de l'enlever mais elleest sauvée par le capitaine Phœbus de Châteaupers, dont elle s'éprend.

Quasimodo est mis au pilori sous lesquolibets.

Émue, Esmeralda s'approche pour lui donner à boire.

Elle retrouve, plus tard, rougissante, Phœbus.

Maisl'homme qui a élevé Quasimodo, l'archidiacre de Notre-Dame, est épris d'elle, et poignarde Phœbus.

Esmeralda,trouvée évanouie, est accusée, torturée et condamnée avec sa chevrette à être pendue.

Sur le gibet surgitQuasimodo qui l'enlève et l'emmène dans la cathédrale, où elle sera intouchable.

Mais l'archidiacre concupiscenttente de la forcer, cherche à la faire délivrer par le peuple des truands de Paris.

Quasimodo défend Notre-Damecomme un château fort et, occupé à les repousser, il perd Esmeralda, emportée par Gringoire et l'archidiacre.Reprise, elle est pendue sous les yeux de Quasimodo, qui pousse son maître du haut de la cathédrale et disparaît.On retrouvera le squelette de cet être, enlacé à celui d'Esmeralda, au gibet de Montfaucon. L'œuvre monumentale Le roman de Victor Hugo n'est pas sans présenter une certaine outrance.

Le mystère spirituel jouxte la trivialité ; lamonstruosité, la grâce et l'innocence ; la vertu, les vices ; les personnages incarnent tout l'un ou tout l'autre descaractères.

Cependant, dans cette évocation du passé, un souffle de vie anime l'histoire.

La cathédrale est unmonument vivant non seulement par la foi dont elle est le creuset, mais aussi parce qu'on y retrouve une applicationartistique décelable en chaque infime partie, et une figuration de l'esprit humain, parfois gigantesque et merveilleux,d'autres fois grimaçant et païen.

Hugo affirme ici que « le livre tuera la cathédrale » ou que le « livre de pierre »cédera sa place au livre imprimé.

Ne fit-on pas d'Hugo et de son œuvre un monument ? Notre-Dame de Paris de VICTOR HUGO En 1831, Victor Hugo (1802-1885) a vingt-neuf ans.

II écrit Notre-Dame de Paris en cinq mois, à la fois sousl'influence de W.

Scott et dans la fascination de la cathédrale de Paris, bâtie au XII` siècle : « Alors, quiconquenaissait poète se faisait architecte » (p.

203).

Hugo, lui, tente une transposition littéraire de l'architecture.

La jeune bohémienne Esmeralda, qui se produit sur la place de Grève où elle danse pour le peuple avec sa chèvreDjali, est aimée du beau, mais inconstant, capitaine Phoebus, chef des archers.

Elle est en même temps poursuiviedes assiduités d'un inquiétant personnage, Claude Frollo, archidiacre de Notre-Dame, qu'un feu intérieur dévore.Claude Frollo a recueilli et élevé le difforme Quasimodo, carillonneur de la cathédrale, borgne, boiteux, bossu, sourd,que la dérision populaire a élu « pape des fous » : « La grimace était son visage » (p.

75) et « on eût dit un géantbrisé et mal ressoudé » (p.

76).

Comment ce « singe manqué » (p.

164) qui n'a que vingt ans ne tomberait-il pasamoureux d'Esmeralda, « une fée ou un ange » (p.

88) ?Repoussé par Esmeralda, Claude Frollo, plein de haine et de jalousie, poignarde Phoebus en présence de la jeune fillequi s'évanouit : « Au moment où ses yeux se fermaient, où tout sentiment se dispersait en elle, elle crut sentirs'imprimer sur ses lèvres un attouchement de feu, un baiser plus brûlant que le fer rouge du bourreau » (p.

318).

Etc'est au bourreau que la livre cet ardent baiser de Judas : Claude Frollo la laisse accuser du meurtre de Phoebus.

Envain Quasimodo diffère-t-il son supplice en lui donnant asile dans Notre-Dame après un enlèvement spectaculaire ;le peuple la réclame et monte à l'assaut avec la troupe : « C'était comme une couche de monstres vivants sur lesmonstres de pierre de la façade » (p.

438).

Esmeralda échappe un moment à la fureur de la foule ; une recluse follela reconnaît miraculeusement, grâce à une amulette, pour sa fille.

Mais elle est reprise par les gardes et livrée à lapotence : c'est sous le gibet de Montfaucon que Quasimodo se laissera mourir, enlacé au cadavre de celle à qui ilvouait un amour sans espoir, après avoir précipité, dans une scène hallucinante, Claude Frollo du haut des tours.• Un récit gothique : Victor Hugo cherche à traduire le pittoresque et le lyrisme du Moyen Age sous le règne deLouis XI : « C'est une peinture de Paris au quinzième siècle et du quinzième siècle à propos de Paris'.

» Et au coeurde Paris, de ses truands, de ses poètes, il y a Notre-Dame (p.

131 et suivantes).

La fascination de Victor Hugo esttelle que peut-être jamais romancier n'aura créé une telle complicité entre un édifice et un personnage : « Avec letemps, il s'était formé je ne sais quel lien intime qui unissait le sonneur à l'église » (p.

171).En dépit de l'étendue de son érudition, Victor Hugo parvient-il à ressusciter le Moyen Age avec la rectitude d'unhistorien ? Ou n'escamote-t-il pas le passé, même s'il lui donne quelque vraisemblance (p.

439 et suivantes), auprofit de sa propre imagination ?• « Une cathédrale de poésie »: Victor Hugo reconnaissait lui-même que le mérite de Notre-Dame de Paris était «d'être une oeuvre d'imagination, de caprice et de fantaisie' ».

Le souffle créateur qui anime des descriptions toujoursanimées par l'action, le symbolisme des personnages, les thèses humanitaires de l'auteur, sont autant de visionsd'un esprit qui emportent ce sujet extravagant dans une tempête de mots et d'images. Cinéma : William Dieterlé, Notre-Dame de Paris (1930).

Jean Delannoy, Notre-Dame de Paris (1956). Ballet : Roland Petit, ballet, musique de Marius Constant (1967). Théâtre : Robert Hossein, adaptation scénique (1978).. »

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