Devoir de Philosophie

Shakespeare, le Roi Lear (extrait).

Publié le 07/05/2013

Extrait du document

shakespeare
Shakespeare, le Roi Lear (extrait). Lear est précipité dans ses maux par un acte libre dicté par son orgueil. Son châtiment, sa folie, sa découverte progressive de faits et de vérités qu'il méconnaissait autrefois semblent une suite d'événements d'autant plus tragique et touchante. Trahi par ses filles aînées et leurs époux, contraint de quitter son royaume, Lear, accompagné de son bouffon et du fidèle comte de Kent, erre dans la lande. Le vieux roi perd la raison tandis que l'orage se déchaîne. Ces rafales et ces éclairs paraissent signifier la faillite du sens, la ruine d'un monde révolu. Le Roi Lear de William Shakespeare (acte III, scène 2) Un autre endroit de la lande. « Toujours l'orage. « Entrent LEAR et LE FOU. LEAR Vents, soufflez à crever vos joues, vents, faites rage ! Et vous, tornades et cataractes, jaillissez Jusqu'à noyer nos clochers et leurs coqs ! Feux sulfureux, plus prompts que la pensée, Avant-courriers de la foudre qui fend les chênes, Brûlez ma tête blanche ! Et toi, et toi, Ô tonnerre, ébranleur de tout ce qui est, Aplatis de ton choc l'énorme sphère du monde, Brise les moules de la Nature, détruis d'un coup Les germes qui produisent cet homme ingrat. LE FOU Ô m'n'oncle, de l'eau bénite de courtisan dans une maison bien sèche, ça vaut mieux que ces eaux du ciel en rase campagne. Mon nononcle chéri, rentre vite implorer la bénédiction de tes filles. Cette nuit-ci n'a pitié ni des hommes sages ni des fous. LEAR Gronde, ventre du Ciel ! Crache ton feu ! Que tes pluies se débondent ! Ni vent, ni pluies, ni tonnerre, ni foudres, Ne sont mes filles, que je sache. Ô éléments, Je ne puis vous taxer d'ingratitude, Ne vous ayant jamais donné de royaumes, Jamais dit mes enfants... Vous ne me devez rien, Pas la moindre allégeance. Déchargez donc Votre horrible plaisir ! Je suis là, votre esclave, Un vieil homme sans force, infirme, méprisé, -- Et pourtant je dois bien vous traiter de serfs, Vous qui avez ligué à deux filles pesteuses Vos bataillons vertigineux contre une tête Aussi chenue et vieille ! Ah ! c'est horrible ! LE FOU Qui a maison pour sa tête, ah ! il n'a pas la tête à l'évent, celui-là ! Il faut protéger sa tête Avant d'abriter sa queue, Sinon poux et autres bêtes Feront du marié un gueux. Qui respecte moins son âme, Qu'il ne chérit son orteil, Pour peu qu'un soulier l'entame, Il a perdu le sommeil. Car jamais encore il n'y a eu jolie femme qui ne fit des mines dans son miroir. LEAR Non ! Je serai la patience même. Je ne dirai plus rien. KENT Qui est là ? LE FOU Pardi, la tête et la queue ! Autant dire un sage et un fou ! KENT Hélas, sire, vous êtes là ? Même les êtres Qui chérissent la nuit, redouteraient celles Qui ont cette fureur. La colère du ciel Glace d'effroi même ceux qui errent D'habitude dans les ténèbres ; et les voilà Tapis dans leur tanière. Je n'ai jamais, Depuis que je suis né, ouï parler De telles nappes de feu ! De tels fracas D'un horrible tonnerre ! Et de ces plaintes Dans le rugissement des vents, de la pluie ! La nature de l'homme Ne saurait supporter ces maux, cette peur. LEAR Que les dieux souverains, Qui gardent cet affreux tumulte sur nos têtes, Trouvent leurs ennemis, à la fin ! Misérable, Tremble, qui as en toi des crimes non sus, Non fustigés ! Cache-toi, main sanglante, Et toi, parjure, et toi, faux vertueux Qui pratiques l'inceste ! Et tremble, misérable, À te briser, toi qui, sous les dehors Du bien, as machiné contre une vie. Forfaits Étroitement reclos, voici l'heure de fendre Le voile qui vous cèle -- et d'implorer la grâce De ces juges terribles... Quant à moi, On m'a fait plus de mal que je n'en ai fait. KENT Hélas, la tête nue ? Mon gracieux prince, Il y a une hutte à deux pas d'ici, Et contre la tempête elle vous sera De quelque réconfort. Reposez-vous, Et moi pendant ce temps, à ce dur manoir, Oui, plus dur que les pierres de ses murailles, Et qui, à l'instant même, s'est refusé À ma quête de vous, je vais revenir Et je saurai forcer son accueil avare. LEAR Mes esprits, qui commencent à chavirer ! Viens, mon petit. Comment vas-tu, mon petit ? As-tu froid ? Oh, j'ai bien froid moi-même ! Camarade, Où est cette paillasse ? Le besoin À un art bien étrange pour donner prix Aux choses les plus humbles. Voyons la hutte. Pauvre fou, petit drôle, il y a un peu de mon coeur Qui est triste même pour toi. LE FOU, chantant. Qui a de l'esprit, tout petit, petit, Sous le vent, ohé, la pluie et le vent ! Vaut mieux qu'il s'arrange pour en êt'content, Et même s'il pleut à longueur de vie. LEAR Vrai, mon petit. Allons, mène-nous à la hutte. Lear et Kent sortent. LE FOU L'honnête nuit pour refroidir une courtisane ! Source : Shakespeare (William), le Roi Lear, trad. par Yves Bonnefoy, Paris, Gallimard, 1978. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.
shakespeare

« Qui respecte moins son âme, Qu’il ne chérit son orteil, Pour peu qu’un soulier l’entame, Il a perdu le sommeil. Car jamais encore il n’y a eu jolie femme qui ne fit des mines dans son miroir. LEAR Non ! Je serai la patience même. Je ne dirai plus rien. KENT Qui est là ? LE FOU Pardi, la tête et la queue ! Autant dire un sage et un fou ! KENT Hélas, sire, vous êtes là ? Même les êtres Qui chérissent la nuit, redouteraient celles Qui ont cette fureur.

La colère du ciel Glace d’effroi même ceux qui errent D’habitude dans les ténèbres ; et les voilà Tapis dans leur tanière.

Je n’ai jamais, Depuis que je suis né, ouï parler De telles nappes de feu ! De tels fracas D’un horrible tonnerre ! Et de ces plaintes Dans le rugissement des vents, de la pluie ! La nature de l’homme Ne saurait supporter ces maux, cette peur. LEAR Que les dieux souverains, Qui gardent cet affreux tumulte sur nos têtes, Trouvent leurs ennemis, à la fin ! Misérable, Tremble, qui as en toi des crimes non sus, Non fustigés ! Cache-toi, main sanglante, Et toi, parjure, et toi, faux vertueux Qui pratiques l’inceste ! Et tremble, misérable, À te briser, toi qui, sous les dehors Du bien, as machiné contre une vie.

Forfaits Étroitement reclos, voici l’heure de fendre Le voile qui vous cèle — et d’implorer la grâce De ces juges terribles… Quant à moi, On m’a fait plus de mal que je n’en ai fait. KENT Hélas, la tête nue ? Mon gracieux prince, Il y a une hutte à deux pas d’ici, Et contre la tempête elle vous sera De quelque réconfort.

Reposez-vous,. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles