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sirs, c eux q ui s ont p lus g

Publié le 19/01/2013

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sirs, c eux q ui s ont p lus g rands e t e n p lus g rande q uantité d oivent t oujours ê tre p référés; si c 'est p eines c ontre p eines, il f aut t oujours c hoisir c elles q ui s ont m oindres e t e n m oindre q uantité; e nfin, si l 'on c ontrebalance les plaisirs e t les p eines, e t q ue les plaisirs l 'emportent s ur les peines, les plaisirs présents s ur les p eines é loignées, o u les plaisirs éloignés s ur les p eines p résentes, il f aut f aire l 'action o ù les c hoses s ont a insi d isposées; si, a u c ontraire, les p eines l 'emportent s ur les plaisirs, (356c) il n e f aut p as la faire. Y a-t-il, l eur d iraisje, q uelque a utre p arti à p rendre? J e suis p ersuadé q u'ils n e p ourraient p as e n a ssigner u n a utre. P rotagoras e n j ugea d e m ême. S 'il e n e st a insi, r épliquerais-je, r épondez à ceci. Les m êmes o bjets n e n ous p araissent-ils pas p lus g rands, é tant vus d e p rès, e t p lus petits, é tant vus d e l oin? N 'en c onviendraient-ils p as? - Sans d ifficulté. - N'en est-il pas d e m ême p our l a grosseur e t p our le n ombre? E t d es sons équivalents, e ntendus d e p rès, n e sont-ils p as p lus f orts, e t p lus f aibles si o n les e ntend d e l oin? Ils n e p ourraient le nier. Si n otre b onheur c onsistait d onc (356d) à faire e t à c hoisir les g randes d imensions, e t à é viter e t n e p as faire les petites, e n q uoi m ettrions-nous n os r essources p our vivre h eureux? Serait-ce d ans l a science des mesures, o u d ans l a faculté q ui n ous f ait j uger d es objets p ar les a pparences? N'est-il pas é vident q ue celle-ci n ous é garerait, q u'elle n ous f erait souvent passer d 'un sentiment à l 'autre, e t n ous o ccasionnerait b ien d es r epentirs d ans n os e ntreprises e t d ans n os c hoix, e n f ait d e g randeur e t d e p etitesse; q ue, a u c ontraire, l 'art d e m esurer d issiperait c es vaines a pparences ( 356e), e t, n ous m ontrant l e v rai à d écouvert, m et- trait n otre â me e n r epos, l 'affermirait d ans l a vérité, e t a ssurerait le b onheur d e n otre v ie? C eux à q ui n ous a vons affaire, diraient-ils q ue n otre c onservation s erait a ttachée à l 'art d e m esurer, o u q uelque a utre a rt? Il avoua q ue ce s erait à l 'art d e m esurer. Mais q uoi, si le b onheur d e n otre vie d épendait d u c hoix d u p air e t d e l 'impair, d ans les cas o ù il s erait à p ropos d e p rendre le plus, e t d ans c eux o ù il f audrait p rendre l e m oins, s oit e n les c omparant avec euxmêmes o u l 'un avec l 'autre, s oit e ncore q u'ils f ussent p rès o u l oin, à q uoi s erions-nous redevables d e n otre s alut? (357a) N e serait-ce pas à u ne s cience, e t à u ne e spèce d e s cience d es m esures, p uisque c 'est u n a rt d e c alculer l 'excès o u l e d éfaut? C omme c et a rt a p our o bjet le p air e t l 'impair, est-il a utre q ue l 'arithmétique? E n c onviendraient-ils, o u n on? P rotagoras r econnut q u'ils e n c onviendraient. F ort b ien, m es amis. Mais, p uisque n ous a vons j ugé q ue l e b onheur d e n otre vie d épend d u j uste c hoix d u p laisir e t d e l a d ouleur, e t d e c e q ui e st e n c e g enre e n p lus g rande o u e n m oindre q uantité, p lus g rand o u p lus p etit ( 357b), plus p roche o u p lus éloigné, n e pensez-vous pas q ue c et e xamen, a yant p our o bjet l 'excès o u le défaut d e l 'un p ar r apport à l 'autre, o u l eur égalité respective, est u ne e spèce d 'art d e m esurer? - Sans contredit. - Et puisque c'est u n a rt d e mesurer, c'est nécessairement u n a rt e t u ne s cience t out e nsemble. Ils e n c onviendront. N ous e xaminerons u ne a utre fois quelle espèce d 'art e t d e s cience ce p eut ê tre. Il n ous suffit d e savoir q ue c 'est u ne s cience, p our l 'explication q ue n ous avons à vous d onner, P rotagoras e t m oi (357c), s ur l a q uestion q ue vous n ous avez posée. Vous n ous l 'avez p osée, souvenez-vous, l orsque n ous s ommes t ombés d 'accord, P rotagoras e t m oi, q ue r ien n 'était p lus f ort q ue l a science e t q ue, p artout o ù e lle se trouvait, elle t riomphait d u plaisir e t d e t outes les a utres p assions, alors q ue vous, a u c ontraire, vous p rétendiez q ue le plaisir é tait s ouvent v ainqueur d e l 'homme m ême q ui a la science e n partage, e t q ue n ous n 'avons pas voulu vous a ccorder c e p oint; v ous n ous avez, d isje, d emandé a près c eci : P rotagoras e t S ocrate, si se laisser vaincre p ar l e plaisir n 'est p as ce q ue n ous p rétendons, q u'est-ce alors? E t a pprenez-nous e n q uoi vous le faites consister. (357d) Si n ous vous avions alors r épondu t out aussitôt q ue c 'est d ans l 'ignorance, vous vous seriez m oqués d e n ous : à p résent vous n e p ourrez l e faire sans vous m oquer e n m ême t emps d e v ous-mêmes. C ar vous avez r econnu q ue c eux q ui p èchent d ans l e c hoix d es plaisirs e t d es peines, c'est-à-dire d es b iens e t d es m aux, p èchent p ar d éfaut d e s cience, e t n on d e s cience s implement, m ais d e c ette e spèce p articulière d e s cience q ui a pprend à m esurer, c omme v ous l'avez a voué e nsuite. O r, v ous savez q ue t oute a ction o ù l 'on p èche p ar d éfaut d e s cience (357e) a l 'ignorance p our p rincipe. Ainsi, se laisser v aincre p ar l e plaisir e st l a p lus g rande d e t outes les i gnorances. Protagoras, q ue voici, se vante d e g uérir c ette m aladie, a insi q ue P rodicos e t H ippias. Mais vous, p arce q ue vous pensez q ue c 'est t out a utre c hose q ue l 'ignorance, v ous n e v ous adressez p oint à c es s ophistes, e t v ous n 'envoyez p as vos e nfants à l eur é cole, c omme si .ces s ortes d e c hoses n e p ouvaient s 'enseigner. S oucieux d e v otre a rgent, vous le m énagez et, p ar là, vous dirigez m al e t vos affaires privées e t les affaires p ubliques. (358a) Voilà ce q ue n ous a urions à r épondre à l a foule. M aintenant j e vous d emande, H ippias e t P rodicos, aussi b ien q u'à P rotagoras, afin q ue vous p reniez p art à l a conversation, si vous j ugez q ue ce q ue j e viens d e d ire e st vrai o u faux. Tous d écidèrent q ue r ien n 'était p lus vrai. Vous avouez d onc, r eprisje, q ue l 'agréable e t le b on, le désagréable e t le mauvais, s ont u ne m ême c hose. E t j e c onjure P rodicos d e n e p as faire usage ici d e s on a rt d e d istinguer les n oms; car,

« égarerait, qu'elle nous ferait souvent passer d'un sen­ timent à l'autre, et nous occasionnerait bien des repentirs dans nos entreprises et dans nos choix, en fait de grandeur et de petitesse; que, au contraire, l'art de mesurer dissiperait ces vaines apparences (356e), et, nous montrant le vrai à découvert, met­ trait notre âme en repos, l'affermirait dans la vérité, et assurerait le bonheur de notre vie? Ceux à qui nous avons affaire, diraient-ils que notre conserva­ tion serait attachée à l'art de mesurer, ou quelque autre art? Il avoua que ce serait à l'art de mesurer.

Mais quoi, si le bonheur de notre vie dépendait du choix du pair et de l'impair, dans les cas où il serait à propos de prendre le plus, et dans ceux où il faudrait prendre le moins, soit en les comparant avec eux­ mêmes ou l'un avec l'autre, soit encore qu'ils fussent près ou loin, à quoi serions-nous redevables de notre salut? (357a) Ne serait-ce pas à une science, et à une espèce de science des mesures, puisque c'est un art de calculer l'excès ou le défaut? Comme cet art a pour objet le pair et l'impair, est-il autre que l'arith­ métique? En conviendraient-ils, ou non? Protagoras reconnut qu'ils en conviendraient.

Fort bien, mes amis.

Mais, puisque nous avons jugé que le bonheur de notre vie dépend du juste choix du plaisir et de la douleur, et de ce qui est en ce genre en plus grande ou en moindre quantité, plus grand ou plus petit. »

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