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Sociologie de la violence

Publié le 31/03/2011

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UE  7 SSH Comportement   Cours 6 : Sociologie de la violence     . Marginalité et déviance   En sociologie, la violence renvoie à une notion de déviance. La déviance est une conduite, cette notion s’est développée dans un contexte social et intellectuel qui se fonde sur l’idée que dans une société ou un groupe donné, la majorité de ses membres partagent un  certain nombre de valeurs et de normes, qui sont conformes à des normes sociales, et la marge est la limite. De fait, ceux qui n’adhèrent pas à ces normes ou valeurs sont considérés comme des déviants, et la déviance est une conduite de désengagement, de non-engagement par rapport à une société donnée.   La déviance est assimilée à une inadaptation sociale liée au fait que les individus adoptent des comportements non conformes aux modèles normatifs de la culture dans laquelle ils vivent.   De fait, lorsque l’individu n’adopte pas ces valeurs, c’est une transgression à la norme, et une menace pour la société, et les individus seront rejetés. On repère la déviance lorsque le passage à l’acte, le comportement d’un individu fait l’objet d’un rejet ou d’une sanction de la part de la société, la sanction étant judiciaire (par la loi) ou morale.   Les normes et les valeurs évoluent dans le temps, et la déviance va évoluer dans le temps. Ce qui est normal aujourd’hui ne le sera pas demain. Par exemple, l’homosexualité était considéré comme des déviants, ce n’est plus le cas aujourd’hui.   La thèse de Becker, qui fait partie de l’école de Chicago, ayant écrit Outsider dans lequel il écrit qu’on étiquette les individus et ils vont porter cette étiquette. Il décrit la déviance comme une désorganisation sociale ou une pathologie, la violence est un mécanisme.   La déviance primaire commence dès qu’un acte déviant est commis. Cela fait que l’individu sera étiqueté par ses proches puis par les instances juridiques. Cela produira deux effets : - L’individu va intérioriser cette image de déviance - Cette stigmatisation délimite le déviant dans un cadre, une fois catalogué, il est difficile de sortir de ce cadre.   Ce sera une spirale où le délit entraîne une réaction en chaîne, qui conduit un autre délit. Il est poussé à entrer dans la carrière de déviant. Cela se fait par différentes étapes. Il va y avoir l’apprentissage de la déviance, cet apprentissage a des côtés positifs.   . La délinquance   Dans la violence, on trouve la délinquance, qui se définit toujours en référence à la loi. C’est un comportement illicite réprimé par la loi. C’est une conduite caractérisée par un rejet de la société. C’est un comportement antisocial. Quelque soit son évolution, la délinquance est un problème d’inadaptation dans une période donnée, dans une société donnée. Dans une période d’inadaptation particulièrement névralgique et vulnérable de la vie, la délinquance s’installe plus durablement qu’elle commence tôt.   Un jeune commettant des actes de vandalismes à l’adolescence pourra devenir un délinquant forcené.   Plusieurs auteurs ont travaillé dessus, entre autres François Dubet avec son livre La galère, un jeune en survis, montre que la déviance des années 80 est une nouvelle délinquance.   Il a confronté dans ses études tous ceux qui étaient concernés, les jeunes, les éducateurs, les politiques, les policiers. Pour lui, la délinquance des années 80 s’inscrit dans une crise économique et politique. On s’engage de moins en moins politiquement, et de fait, dans cette société postindustrielle, il y aurait une réaction chez une partie des jeunes, c’est-à-dire que la déviance est comme une sorte de réaction à une société de plus en plus excluante. La violence actuelle n’a rien à voir avec la violence politique de Mai 68, ni avec la violence des blousons noirs des années 50, ni avec le banditisme.   C’est une violence sans objet, sans but, on fait peur, on dégrade et c’est gratuit. Il l’explique par le fait de l’isolement, de l’abandon, du manque de statut, de reconnaissance identitaire, d’où il parle de galère, les jeunes en galère, et il va retenir trois principes pour expliquer cette déviance : - Dégradation spatiale et sociale : les habitants de la banlieue, et la dégradation de ces espaces, la dégradation du lien avec les adultes sont responsables de cette dégradation sociale, les jeunes adultes sont montrés comme des groupes opposés voire ennemis. - Exclusion : des jeunes qui sont touchés par le chômage et les échecs scolaires, donnant un sentiment de frustration - Rejet : repose sur la rage et la haine. Ce sont des comportements spontanés réfléchis.   Il y a intégration au niveau du groupe de peur, c'est-à-dire la bande, qui ont des règles, et un territoire.   David Lepoutre met en avant la notion de sous-culture. Il est allé s’installer au c½ur des banlieues pour étudier la sociabilité des jeunes, et voit qu’il y a auto-sociabilisation. Il y a une sous-culture de la rue, le business de la rue, qui favorise la violence par la parole et par les actes. Cette sociabilité est hors de la famille et de l’école. Ils ont inventé une culture. Ces nouvelles modes sont souvent contraires à celles de la société, on s’invente des racines mythiques ou fantasmées.   Cette culture est macho, et il y a dégradation de la mixité. C’est une culture de duels. Il s’agit de s’affirmer dans un conflit.   . Violences urbaines   Dans certaines banlieues, on voit des combines perverses de facteurs conduisant à l’isolement et à la violence. Pour expliquer cette violence, on peut avoir recours à la théorie de la Civilisation des m½urs, de Norbert Elias, pour qui l’occident aurait connu depuis le Moyen-âge un long métissage et un long mécanisme de polissage des m½urs. Ce qui faisait des affrontements sanglants tend à s’intérioriser. A notre époque, on intériorise par le sport. Cette évolution serait due à la généralisation dans tous les secteurs publics et privés de plusieurs facteurs comme : - La scolarisation - La diffusion des codes de politesse - L’urbanisation   La ville est réputée de l’intériorisation et du refoulement de la violence. Pour d’autres auteurs, la violence est refoulée aux marges de la ville. Il faut rappeler que des principes d’organisation de la ville ont toujours été pensés comme le refoulement des violents à la marge. Les hôpitaux étaient à l’extérieur de la ville.   Les violents sont refoulés hors des murs. La campagne est un lieu de toutes les révoltes, de tous les pillages. Certains expliquent que le phénomène de l’exode rural est un phénomène à connotation de liberté, mais le côté pervers de l’anonymat et de la liberté sera le lieu de tous les trafics.   Comme le fait remarquer Michel Foucault, les grands complexes industriels européens ont été construits en lisière des villes pour prévenir les révoltes ouvrières. De même, aux Etats-Unis, les campus ont été bâtis hors des villes pour éloigner la menace étudiante.   Dans l’inconscient collectif, la banlieue est considérée comme un lieu de marge. Plusieurs auteurs ont traité les déviants de sauvages, de zoulous, et Sarkozy a repris le terme de racailles.   Les violences urbaines ne sont donc que des violences périurbaines.   La ville a toujours été le théâtre de violences, en 1981, il y a eu dans un quartier de Lyon où des jeunes ont brûlé deux voitures.   Tout le monde s’accorde à dire que les violences urbaines sont présentes dans toutes les sociétés, en variant d’une société à l’autre, il est fou de penser que les violences urbaines françaises serait la transposition de la situation des Etats-Unis. En France, les violences expriment davantage une perte de confiance dans les institutions car souvent les institutions ont un rôle intégrateur, et de fait, ces lois urbaines ont trois cibles principales : - L’école, qui ne correspond plus à l’insertion sociale du 20°. - Les transports urbains - La police, les pompiers, et les médecins.   Les causes de l’apparition des violences urbaines sont : - La situation familiale, monoparentalité, divorce, échec scolaire, chômage. Les échecs scolaires et le chômage sont mal ressentis par la deuxième génération des immigrants, qui veulent mieux que leurs parents. Le chômage crée des discriminations territoriales. - Développement d’une économie parallèle, trafic de drogue. La violence entre bandes a fait augmenter la circulation des armes. - L’absence de mobilité géographique renforce ce sentiment d’exclusion. - Les conflits religieux et les replis communautaires et la montée de l’antisémitisme serait du à l’islamisation. Dans les banlieues, on voit des discriminations raciales. Les crises de la masculinité qui sont liés à la mécanisation du travail qui a dévalorisé le travail difficile, qui fait augmenter la misogynie.   Il y a une difficulté à intervenir face aux violences urbaines, récurrentes depuis les années 80.   . Violences conjugales   ) statistiquement   C’est souvent une violence à l’égard des femmes : « tout acte de violence dirigé contre le sexe féminin, et pouvant causer aux femmes un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques, y compris la menace de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou dans la vie privée. «   Cela se réfère à toute situation dans le cadre privilégié qui va utiliser un rapport de forces pour contrôler l’autre.   En 2008, une femme décède tous les deux jours et demi victime de son compagnon. 13% des hommes sont violentés par les femmes dans les violences conjugales.   En 2008, 156 femmes sont mortes.   ) Les différentes formes de violence dans un couple   Dans la violence psychologique, il y a dénigration des opinions de la personne.   Dans la violence physique, il y a beaucoup d’éléments.   La violence verbale concerne tout ce qui est du chantage, de l’insulte, des hurlements, des menaces.   Il y a la violence économique, ne plus donner de l’argent pour le ménage, confisquer le salaire, empêcher de travailler.   Il y a les violences sexuelles, c’est reconnu au sein du couple, une relation forcée accompagnées de menaces et de violences physiques. C’est la plus difficile à révéler et à en parler, surtout dans le cadre d’un mariage.   Le cycle de la violence est composé de quatre étapes : 1. Phase de tensions, avec un climat de tension, qui se manifeste par des silences, des menaces, par des gestes. La victime essaie d’éviter d’énerver plus son conjoint et va essayer de s’ajuster pour repousser le moment du passage à l’acte. 2. Phase du passage à l’acte, crise, agression, l’agresseur perd son contrôle, il va essayer de dominer l’autre par tous les moyens, cela peut être verbal, économique, physique, ou sexuel. La victime sera démunie, humiliée, désespérée. 3. Phase de justification : l’agresseur va minimiser l’agression, en culpabilisant la victime. La victime va se sentir responsable, 4. Lune de Miel : l’agresseur va dire qu’il regrette, qu’il ne recommencera plus. Il devient attentionné et affectueux. La victime va croire au changement de l’agresseur jusqu’au nouveau climat de tension.     Phase 1 : climat de tension Agresseur : par ses gestes, paroles et attitudes, il installe un climat de tension dans la mais et rend l’autre responsable de ce climat par son incompétence Victime : doute d’elle-même, elle a peur des erreurs et de déplaire. Elle est anxieuse et paralysé devant le climat     Phase 4 : lune de miel Agresseur : assure qu’il regrette, qu’il ne recommencera plus. Il devient attentionné et affectueux Espoir de la victime : elle croit que l’agresseur va changer, il est maintenant agréable     Phase 2 : la crise Agression : éclatement de l’agresseur puisqu’il est insatisfait du résultat obtenu. Actes de violence Réaction de la victime : colère, tristesse, humiliassions, désespoir, etc.   Phase 3 : justification Minimisation de l’agression : l’agresseur invalide sa responsabilité de son comportement. Il accuse la victime de ce qui c’est passé. Responsabilisation de la victime : elle se sent responsable de ce qui lui arrive, elle croit que si elle change son comportement la violence cessera et se perçoit comme incompétente.                                                                   ) Les conséquences de la violence   Les victimes restent car elles espèrent toujours que l’autre va changer. De fait, les hommes et les femmes vont s’enfermer dans la spirale de la violence, et cette spirale va croître en fréquences et en intensité. Dans la majorité des cas, le comportement d’un conjoint violent est de plus en plus dangereux avec le temps.   Il peut y avoir pendant un certain temps des violences psychologiques avant que l’agresseur passe à l’acte définitif, c'est-à-dire le meurtre.   Les conséquences pour la victime sont physiques (lésion, fatigue, troubles digestifs, gynécologiques…) et psychologiques (dévalorisation de la personne qui se fait agresser) qui sont les plus importantes, avec la perte de l’image de soi.   Il y a des conséquences sur les enfants. Ils peuvent reproduire à l’âge adulte, perte de confiance en soi, les enfants témoins peuvent intérioriser des modèles conjugaux (avec comportement destructeur chez le garçon, et de retrait chez les filles), il y a aussi des conséquences pour l’agresseur, avec perte d’emploi, de liens affectifs.   Une enquête nationale a été menée, montrant des violences majoritairement dans la sphère familiale, 1 femme sur 10 touchée par ce phénomène, relevant de toutes les catégories sociales.   Cela coûte très cher à la société, 380 millions d’euros de coûts médicaux pour fractures, problèmes durant la grossesse, 232 millions d’euros pour les frais de traitement de la police.   305 millions d’euros environ sont utilisés pour les décès et les handicaps à la naissance.

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