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Suis je responsable de mes pensées inconscientes

Publié le 10/02/2013

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Suis-je responsable de mes pensées inconscientes ? La notion d'inconscient et de responsabilité sont ici présentée. L'inconscient désigne tout ce qui est inconnu de la conscience réfléchie même lorsque le sujet cherche à le saisir et y applique son attention. Etre responsable c'est se reconnaître en tant que cause et auteur de ses actions, c'est aussi être l'auteur d'un acte issu d'une décision libre. La notion de responsabilité implique alors celle de liberté, est libre celui qui agit selon ses choix, qui décide de sa vie sans être contraint par devers-lui. La liberté au sens philosophique, suppose d'agir selon des motifs sans être manipulé à son insu être libre, c'est agir en conscience. Si nous nous tenons à cette définition, il est clair que la liberté semble peu compatible avec l'idée d'un inconscient qui nous influence, nous manipule sans que nous le sachions, sans savoir ce qui nous fait agir. Si l'idée d'inconscient exclut l'idée de liberté, cela signifierait que les deux idées sont contradictoires, que l'existence même de l'inconscient en nous rendrait impossible notre liberté. Suis-je réellement l'auteur et donc le responsable de quelque chose produit hors de ma conscience ? I) Inconscient et liberté semblent incompatibles : Le sujet n'est pas responsable de ses pensées inconscientes 1) Inconscient et déterminisme psychique. La liberté implique qu'il existe des effets sans cause, à savoir les actes libres. Le principe de déterminisme lui stipule que tout effet a une cause. Or, justement, alors qu'il introduit la notion d'inconscient, Freud introduit aussi le principe d'un déterminisme psychique, déterminisme qui n'est pas accessible à la conscience claire. Non seulement je suis déterminé mais j'ignore ce qui me détermine. Tout se passe à mon insu. Une grande partie de notre vie nous échappe et la conscience est par rapport à l'inconscient comme la partie visible de l'iceberg. La plus grande partie de ce qui se passe en nous nous échappe et agit sans que nous le sachions. " Le moi n'est pas maître dans sa propre maison " écrit Freud, ce qui est bien une façon d'affirmer que nous ne sommes pas libres et donc non responsable. Freud affirme que le hasard psychique n'existe pas. Lapsus, oublis, rêves peuvent s'expliquer par les désirs inconscients qui en sont les causes. Mais dire que tout est déterminé c'est dire que pas plus que le hasard, la liberté n'existe. Le déterminisme mental s'exprime jusque dans la méthode des "associations libres "; qui n'ont de libres que le nom. Si tel symptôme m'évoque tel mot, telle situation, qui me permettra de découvrir le traumatisme psychique, cause du symptôme en question, voilà qui ne relève nullement du hasard. Le déterminisme mental est pour Freud un déterminisme absolu. L'inconscient existe, dit Freud, " chez l'homme sain comme chez le malade." À première vue l'inconscient freudien semble nous décharger de responsabilité. En effet, l'existence d'un inconscient psychique absolument distinct de la conscience révèle l'impuissance de la conscience. L'inconscient fait que nous n'avons pas le contrôle total de ce que nous sommes et de ce que nous faisons : par exemple les oublis, les névroses, les rêves, etc. Par la thèse freudienne, le « moi «, c'est-à-dire la conscience de soi, n'est plus « maître en sa demeure « Comme, selon Freud, nous ne sommes pas responsables de nos désirs inconscients, on peut donc dire que dans une certaine mesure l'inconscient nous décharge de la responsabilité. 2) Les critiques de la psychanalyse. Il est symptomatique que la grande majorité des critiques philosophiques énoncées contre la théorie freudienne voulaient avant tout défendre la liberté. Alain, par exemple, critique non pas l'idée d'inconscient en elle-même mais l'idée d'un inconscient qui serait l'acteur mystérieux qui guiderait à la fois nos discours et nos actes et donc s'opposerait à notre liberté. La psychanalyse lui semble dangereuse parce qu'en niant notre liberté elle nie en même temps notre responsabilité. II ) La responsabilité de l'homme face a ses pensées inconscientes L'inconscient en question. Tout ce que nous venons de dire n'a de sens que si l'on s'en tient à l'inconscient freudien. Or il est de toutes autres façons de concevoir l'inconscient. Sartre et Alain s'opposent à l'hypothèse freudienne, selon eux il n'y a pas de pensée qui s'opère en moi sans moi. Une des citations de Platon dit : « Chacun, parce qu'il pense, est seul responsable de la sagesse ou de la folie de sa vie, c'est-à-dire de sa destinée. «. D'après Sartre et Alain qui défendent l'unique sujet "je", tout homme pourrait être en relation avec lui-même à partir du moment où il en fait l'effort. Conscient et inconscient ne se distingueraient donc pas, l'homme serait un moi, « un sujet  je  «. L'homme serait alors responsable de lui-même et donc de ses pensées inconscientes. Selon Sartre, en invoquant un supposé inconscient le sujet se ment à lui-même. Le sujet s'efforce d'échapper  aux nombreuses responsabilités qui lui appartiennent. Il refuse d'assumer une liberté qui l'angoisse. Mais l'homme est pourtant condamné à être libre selon Sartre. Le moi s'identifie non pas à la conscience mais à l'inconscient en cherchant à déterminer mes choix. Autrement dit, c'est l'inconscient qui cherche à déterminer nos choix tout en nous rendant responsable de ceux-ci.  Pour Sartre et Alain, ce que Freud nomme "censure", pour eux il s'agit de  "mauvaise foi". Malgré cette mauvaise foi, le "je" qui prend conscience de lui-même est autonome objectif et tout de même conscient d'être ce qu'il est. On peut aussi attribuer l'inconscient au corps à la manière de Descartes ou d'Alain qui critique moins l'idée d'inconscient que l'idée d'inconscient psychique « L'erreur n'est pas de supposer des mouvements auxquels on ne pense pas mais au contraire de supposer que ces mouvements auxquels on ne pense pas signifient des pensées auxquelles on ne pense pas et donc comme un double de nous-mêmes qui pense ces pensées auxquelles on ne pense pas «Autrement dit, Alain récuse moins l'idée d'un inconscient que l'idée d'un inconscient psychique. 2) La liberté en question. On peut très bien concevoir que nos actions, nos pensées aient des causes sans pour autant nier l'idée de liberté. Spinoza, par exemple, ne définit pas la liberté par la maîtrise de soi mais par la condition d'être agi par sa seule nécessité. Or, si l'inconscient existe il fait bien partie de mon être. L'idée d'inconscient n'exclut plus alors l'idée de liberté. Du reste, l'inconscient freudien n'est pas un inconscient manipulateur. Le déterminisme psychique n'est pas un déterminisme physique puisque ici, la cause n'est pas antérieure à son effet et l'inconscient n'est pas une réalité neutre mais une volonté. Il n'est du reste nullement exclu de le connaître. C'est tout le but de la psychanalyse qui vise bien à libérer le malade de ses affections ou des événements de son histoire passée. Ce qui semble bien nous dire que rien n'empêche l'individu de reprendre le contrôle de lui-même, de décider ensuite de ce qu'il fera de ces désirs qui étaient enfouis Conclusion Si l'inconscient psychique existe, il n'est plus de place pour une maîtrise de soi à la manière de Descartes. Inversement, il est faux de dire que l'idée d'inconscient nous enlève toute excuse et toute responsabilité, l'idée d'inconscient n'exclut l'idée de liberté que si l'on conçoit la liberté comme spontanéité d'une conscience qui serait maîtresse d'elle-même et. A nous, au contraire, de reconnaître la causalité qui nous fait agir pour reconquérir une certaine faculté d'action qui sans être absolue a pourtant une existence.

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