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Sully Prudhomme : Le cygne

Publié le 20/06/2011

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sully

Sans bruit, sous le miroir des lacs profonds et calmes, Le cygne chasse l'onde avec ses larges palmes, Et glisse. Le duvet de ses flancs est pareil A des neiges d'avril qui croulent au soleil; Mais ferme et d'un blanc mat, vibrant sous le zéphire, Sa grande aile l'entraîne ainsi qu'un lent navire. Il dresse son beau col au-dessus des roseaux, Le plonge, le ramène allongé sur les eaux, Le courbe gracieux comme un profil d'acanthe, Et cache son bec noir dans sa gorge éclatante. Tantôt le long des pins, séjour d'ombre et de paix, Il serpente et, laissant les herbages épais Traîner derrière lui comme une chevelure, Il va, d'une tardive et languissante allure. La grotte où le poète écoute ce qu'il sent, Et la source qui pleure un éternel absent, Lui plaisent, il y rôde; une feuille de saule En silence tombée effleure son épaule. Tantôt il pousse au large, et, loin du bois obscur, Superbe, gouvernant du côté de l'azur, Il choisit, pour fêter sa blancheur qu'il admire, La place éblouissante où le soleil se mire. Puis, quand les bords de l'eau ne se distinguent plus, A l'heure où toute forme est un spectre confus, Où l'horizon brunit, rayé d'un long trait rouge, Alors que pas un jonc, pas un glaïeul ne bouge, Que les rainettes font dans l'air serein leur bruit, Et que la luciole, au clair de lune, luit, L'oiseau, dans le lac sombre où sous lui se reflète La splendeur d'une nuit lactée et violette, Comme un vase d'argent parmi les diamants, Dort, la tête sous l'aile, entre deux firmaments.

(Les Solitudes, A. Lemerre, éditeur.)

QUESTIONS D'EXAMEN

I. — L'ensemble. — Admirable poésie, qui nous présente un vivant portrait du cygne, évoluant, puis dormant sur un lac. — Cette poésie est-elle purement une poésie descriptive? (c'est-à-dire une poésie à la manière de Delille, qui a fait lui aussi un portrait du cygne ? ...) ; Montrez qu'elle est aussi une poésie suggestive (Elle laisse, en effet, à l'imagination quelque chose à trouver.... Combien sont suggestives ces simples expressions : et glisse; — sa grande aile l'entraîne...)? Le poète ne présente-t-il le cygne que dans une seule attitude? (Lire attentivement la poésie); Quelle impression d'ensemble laisse en nous cette poésie? (Impression de grâce..., de beauté..., d'harmonie...).

II. — L'analyse de la poésie. — Cette poésie forme un magnifique ensemble, qu'il est bien difficile de diviser. Cependant, le cygne se présente à nous en des attitudes diverses : distinguez ces attitudes : a) Le cygne chasse l'onde avec ses larges palmes, et glisse; — b) Tantôt, le long des pins, il serpente..., va d'une lente et languissante allure; — c) Tantôt il pousse au. large...; — d) Puis, il dort, la tête sous l'aile (En réalité, on peut distinguer dans l'ensemble quatre petits tableaux); Sur quoi se porte l'attention dans le premier tableau? (L'agilité et la grâce du cygne : ...et glisse; la blancheur éclatante de son duvet : ...des neiges d'avril..., — la comparaison, discrète, du cygne à un navire : Sa grande aile l'entraîne...; la beauté et la souplesse de son col : il le dresse et le plonge, — le promène allongé sur les eaux, et le courbe (oppositions bien marquées). — cache son bec noir dans sa gorge éclatante (autre opposition); Sous quel aspect le cygne se présente-t-il à nous dans le deuxième tableau? (Le long des prés, à l'ombre, il serpente..., va d'une lente et languissante allure... ralentit encore son allure : il rôde auprès de la grotte...); Sous quel aspect nous apparaît-il dans le troisième tableau? (Contraste avec le tableau précédent : il pousse au large, superbe... : allure rapide; — puis choisit, au soleil, une place éblouissante pour fêter sa blancheur); Quelle est l'attitude du cygne dans le quatrième tableau? (Contraste frappant avec les autres attitudes; il dort; la nuit est venue, une nuit lactée et violette...) ; Montrez combien le poète, en véritable artiste, s'attache à retarder le moment où il mettra sous nos yeux cette douce et pure vision : L'oiseau, qui:

Dort, la tête sous l'aile, entre deux firmaments. III. — Le style; — les expressions. — Montrez les caractères distinctifs du style, dans cette poésie : la souplesse, si parfaitement en harmonie avec le sujet; — la précision...; le pittoresque (les images : le miroir des lacs; — le duvet du cygne pareil aux neiges d'avril... la source qui pleure un éternel absent...; Montrez le pouvoir suggestif, évocateur, de cette expression : ...chasse l'onde avec ses larges palmes, et glisse; Expliquez les expressions suivantes : blanc mat, — gorge éclatante, —une nuit lactée et violette, dort..., entre deux firmaments.

IV. — La grammaire. — Indiquez les compléments de chasse (2° vers); nature de chacun d'eux ; Quelles sont les propositions contenues dans la première phrase de la poésie (sans bruit..., et glisse) ? Nature de chacune d'elles.

Rédaction. — Faites le portrait d'une oie. — (Dans la conclusion, comparaison rapide entre l'oie et le cygne.)

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